Texte intégral
En février 1855, lors d'un discours saluant l'anniversaire de la révolution de 1848, Victor Hugo évoqua la perspective, pour 200 millions d'Européens, d'une " monnaie continentale " qui serait un facteur d'unité et de solidarité pour l'Europe. Cette monnaie a vu le jour le 1er janvier 2002 : c'est l'euro. Et Victor Hugo est présent à ce rendez-vous fixé par l'Histoire, qui lui rend ainsi, d'une nouvelle façon, justice : l'année 2002 est aussi l'année du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo.
Pour Victor Hugo, cette monnaie devait inscrire dans le réel sa vision prophétique, celle des " États-Unis d'Europe " : l'union des nations du continent qui, sans perdre leur " glorieuse individualité ", constitueraient " la fraternité européenne ".
Cette " chimère ", le poète, le visionnaire, le républicain la défendit sa vie durant, avec la puissance de son génie. Hugo s'adressa à la raison de ses contemporains, faisant le décompte de ce que les guerres et les divisions coûtaient à l'Europe, qui se " ruinait en essayant de se suicider ". Il parla aussi à leur coeur, décrivant un projet qui verrait les hommes frères, les nations soeurs et le continent illuminé par " cette immense clarté qu'on appelle la paix ".
En relisant les principaux discours que Victor Hugo consacra à l'idée européenne, on est frappé par la puissance de sa vision et la modernité de ses propos, tellement en avance sur leur temps !
Et il est vrai qu'il a fallu un siècle et demi pour que la " chimère " évoquée par Hugo devienne une réalité. L'Europe - tout du moins celle des quinze Etats - est unie. Elle a construit son unité sans défaire les nations qui la composent. L'Europe vit dans la paix et une prospérité relative que le monde lui envie. Elle est l'espace de la planète où l'Etat de droit est le mieux accompli. Elle est le seul ensemble politique où - aboutissement d'un autre grand combat dans lequel s'engagea Hugo - la peine de mort n'existe plus.
Le message de paix et d'unité que nous a laissé Victor Hugo doit continuer d'inspirer le projet européen. Pour que l'Union européenne, sans rien perdre de son ambition, s'élargisse à d'autres pays. Pour qu'elle fasse mieux vivre encore les valeurs qui sont au fondement de son identité et pour lesquelles Hugo s'est tant battu : l'intégrité de la personne humaine, la démocratie et la justice sociale. Pour qu'elle améliore encore ses institutions afin que nos " compatriotes européens ", comme disait Hugo, y prennent toute leur place. Pour qu'elle protège et enrichisse ce qui fait sa différence : sa culture, ses cultures.
J'ai la conviction que le message de Victor Hugo va au-delà même du projet européen. Son ressort profond était en effet une exigence universelle : l'égale dignité de tout être humain. Payant le prix de l'exil, Hugo s'est battu pour que cet humanisme s'épanouisse en France sous les traits d'une " République démocratique, sociale et libre ". Il a voulu l'étendre à l'Europe entière. Aujourd'hui, il se passionnerait pour les débats sur la mondialisation. Il voudrait que celle-ci ouvre un temps nouveau : celui du développement solidaire de tous les peuples, de l'affirmation des droits de l'homme en tous points du globe, le temps de " la fraternité universelle". Ce combat-là est encore à mener.
Tout en parachevant son unité, l'Europe doit offrir au monde un modèle, fondé sur la paix, la démocratie, la solidarité et le pluralisme. Un homme né il y a deux cents ans a su ouvrir ce chemin. A nous, aujourd'hui, de le poursuivre.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr,le 20 février 2002)
Pour Victor Hugo, cette monnaie devait inscrire dans le réel sa vision prophétique, celle des " États-Unis d'Europe " : l'union des nations du continent qui, sans perdre leur " glorieuse individualité ", constitueraient " la fraternité européenne ".
Cette " chimère ", le poète, le visionnaire, le républicain la défendit sa vie durant, avec la puissance de son génie. Hugo s'adressa à la raison de ses contemporains, faisant le décompte de ce que les guerres et les divisions coûtaient à l'Europe, qui se " ruinait en essayant de se suicider ". Il parla aussi à leur coeur, décrivant un projet qui verrait les hommes frères, les nations soeurs et le continent illuminé par " cette immense clarté qu'on appelle la paix ".
En relisant les principaux discours que Victor Hugo consacra à l'idée européenne, on est frappé par la puissance de sa vision et la modernité de ses propos, tellement en avance sur leur temps !
Et il est vrai qu'il a fallu un siècle et demi pour que la " chimère " évoquée par Hugo devienne une réalité. L'Europe - tout du moins celle des quinze Etats - est unie. Elle a construit son unité sans défaire les nations qui la composent. L'Europe vit dans la paix et une prospérité relative que le monde lui envie. Elle est l'espace de la planète où l'Etat de droit est le mieux accompli. Elle est le seul ensemble politique où - aboutissement d'un autre grand combat dans lequel s'engagea Hugo - la peine de mort n'existe plus.
Le message de paix et d'unité que nous a laissé Victor Hugo doit continuer d'inspirer le projet européen. Pour que l'Union européenne, sans rien perdre de son ambition, s'élargisse à d'autres pays. Pour qu'elle fasse mieux vivre encore les valeurs qui sont au fondement de son identité et pour lesquelles Hugo s'est tant battu : l'intégrité de la personne humaine, la démocratie et la justice sociale. Pour qu'elle améliore encore ses institutions afin que nos " compatriotes européens ", comme disait Hugo, y prennent toute leur place. Pour qu'elle protège et enrichisse ce qui fait sa différence : sa culture, ses cultures.
J'ai la conviction que le message de Victor Hugo va au-delà même du projet européen. Son ressort profond était en effet une exigence universelle : l'égale dignité de tout être humain. Payant le prix de l'exil, Hugo s'est battu pour que cet humanisme s'épanouisse en France sous les traits d'une " République démocratique, sociale et libre ". Il a voulu l'étendre à l'Europe entière. Aujourd'hui, il se passionnerait pour les débats sur la mondialisation. Il voudrait que celle-ci ouvre un temps nouveau : celui du développement solidaire de tous les peuples, de l'affirmation des droits de l'homme en tous points du globe, le temps de " la fraternité universelle". Ce combat-là est encore à mener.
Tout en parachevant son unité, l'Europe doit offrir au monde un modèle, fondé sur la paix, la démocratie, la solidarité et le pluralisme. Un homme né il y a deux cents ans a su ouvrir ce chemin. A nous, aujourd'hui, de le poursuivre.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr,le 20 février 2002)