Texte intégral
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Cher Arnaud Lagardère,
Chers Amis,
Quel est le point commun entre un paléontologue, un commissaire européen, un écrivain, un judoka médaillé olympique, un philosophe, un artiste ou encore un grand patron de banque, bref entre vingt personnalités aussi brillantes qu'éclectiques ?
Elles ont toutes été interviewées par des jeunes représentatifs de la génération des 18 / 24 ans.
C'est une génération exigeante, même si elle doute et si elle subit de plein fouet les incertitudes d'un univers cosmopolite et tout à la fois éclaté et uniformisé. Elle est également plus critique et beaucoup moins innocente que nous ne le fûmes au même âge.
Parce que " l'avenir n'est plus ce qu'il était " pour reprendre le mot fameux de Paul Valéry, les questions que posent les 18 / 24 ans nous désarçonnent souvent mais ne nous laissent, en revanche, jamais indifférents.
Aussi, vous avez eu diablement raison, Cher Arnaud Lagardère, de leur donner la parole à travers " Questions de Génération ". Car ils ont des choses à nous dire et nous avons, à leur égard, un devoir de répondre. Ce dialogue, souvent différé ou escamoté, est d'autant plus urgent que les 18 / 24 ans sont de facto la première génération citoyenne du vingt-et-unième siècle !
A nous de les écouter et de les entendre car leur propos est plein de maturité, d'audace, voire d'insolence - et il en faut aussi pour avancer. La qualité des interviews que ces jeunes ont conduites est éloquente.
Ils questionnent intelligemment. Etre jeune en France aujourd'hui, est-ce vivre dans une société à la française, européenne et mondiale ?
Ils interpellent avec leur sensibilité propre. L'Europe politique et économique ne devrait-elle pas être, avant tout, une aventure humaine ?
Et pour finir, ils osent. La beauté est-elle une condition du bonheur ?
Je me félicite que La Croix, Les Echos, L'Equipe, Le Figaro, L'Humanité, Le Journal du Dimanche, Le Monde et La Tribune aient accepté d'accompagner ces jeunes prometteurs. Vous avez poussé le jeu de rôle très loin, puisque vous avez tous accepté de diffuser leurs travaux journalistiques, consécration suprême !
La présence des médias écrits dans cette opération est importante à plus d'un titre. D'abord, parce qu'il n'y a pas de démocratie sans information. Il n'est pas inutile de rappeler cette banalité apparente alors qu'un triste constat s'impose : s'informer fatigue beaucoup plus que " lofter ". Je n'aurai pas la cruauté de m'appesantir sur cette France épuisée qui se situe au trentième rang des pays pour la lecture de la presse quotidienne bien loin derrière l'Angleterre ou encore la Scandinavie
Mais si la présence des médias écrits est importante, c'est aussi parce que vous aiguisez l'esprit critique de vos lecteurs-citoyens et donc leur faculté de jugement, à l'abri des mises en scène radiophoniques et télévisuelles. Car aujourd'hui, comme le disait le philosophe Michel Serres, " lorsqu'un individu prend son parapluie le matin, il ne regarde pas le ciel par sa fenêtre. Il écoute la radio ou regarde la télévision. Le ciel de la radio comme celui de la télévision n'a plus rien à voir avec le ciel naturel ".
Sans les médias écrits, nous aurions irrémédiablement perdu l'habitude de regarder le ciel naturel et nous nous serions contentés d'images fragmentées et d'impressions. D'aucuns prétendent même qu'une élection pourrait se gagner sur une impression bonne ou mauvaise C'est dire combien votre rôle est important dans la défense et la pérennité de la démocratie, à la veille d'échéances électorales de premier plan.
Les interviews conduites dans le cadre de " questions de génération " sont loin d'être de simples exercices de style. Car l'écrit est une école de la tolérance, une école de la vie et une façon de ne pas juger trop vite les choses même si, comme l'a dit l'écrivain Amélie Nothomb, dans son interview, " écrire est le plus dur métier du monde ".
Bravo donc à Caroline Verdu, Cécile Gaboriau, Amir Sharifi, Jean-Philippe Samarcq, Bruno Durin, Sébastien Brissez, Guillaume Briant, Delphine Naudet, Quentin Baulier, Ludivine Hacquard, Frédéric Delepine, Mathieu Thomas, Nicolas Martin, Caroline Cerruti, Nicolas Vauvillier, Sami Brahim, Katia Gourcilleau, Marie Vander-Gucht, Cynthia-Laure Etom et Mathieu Levilain, bravo, et merci à toutes et tous pour vos talentueuses interviews.
Je suis d'autant plus touché et honoré de recevoir aujourd'hui solennellement, à l'initiative d'Arnaud Lagardère, ce magnifique Livre Blanc, témoignage de votre implication personnelle et de votre contribution collective.
A travers cet ouvrage, votre parole rejoint ainsi les manifestes qui ont contribué à faire évoluer la société. Un de nos illustres prédécesseurs au Sénat, Victor Hugo, aurait sans doute salué cette forme particulière d'engagement.
Je lui laisserai donc le mot de la fin : " la liberté de la presse à côté du suffrage universel, c'est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous ".
(Source http://www.senat.fr, le 18/04/02)
Cher Arnaud Lagardère,
Chers Amis,
Quel est le point commun entre un paléontologue, un commissaire européen, un écrivain, un judoka médaillé olympique, un philosophe, un artiste ou encore un grand patron de banque, bref entre vingt personnalités aussi brillantes qu'éclectiques ?
Elles ont toutes été interviewées par des jeunes représentatifs de la génération des 18 / 24 ans.
C'est une génération exigeante, même si elle doute et si elle subit de plein fouet les incertitudes d'un univers cosmopolite et tout à la fois éclaté et uniformisé. Elle est également plus critique et beaucoup moins innocente que nous ne le fûmes au même âge.
Parce que " l'avenir n'est plus ce qu'il était " pour reprendre le mot fameux de Paul Valéry, les questions que posent les 18 / 24 ans nous désarçonnent souvent mais ne nous laissent, en revanche, jamais indifférents.
Aussi, vous avez eu diablement raison, Cher Arnaud Lagardère, de leur donner la parole à travers " Questions de Génération ". Car ils ont des choses à nous dire et nous avons, à leur égard, un devoir de répondre. Ce dialogue, souvent différé ou escamoté, est d'autant plus urgent que les 18 / 24 ans sont de facto la première génération citoyenne du vingt-et-unième siècle !
A nous de les écouter et de les entendre car leur propos est plein de maturité, d'audace, voire d'insolence - et il en faut aussi pour avancer. La qualité des interviews que ces jeunes ont conduites est éloquente.
Ils questionnent intelligemment. Etre jeune en France aujourd'hui, est-ce vivre dans une société à la française, européenne et mondiale ?
Ils interpellent avec leur sensibilité propre. L'Europe politique et économique ne devrait-elle pas être, avant tout, une aventure humaine ?
Et pour finir, ils osent. La beauté est-elle une condition du bonheur ?
Je me félicite que La Croix, Les Echos, L'Equipe, Le Figaro, L'Humanité, Le Journal du Dimanche, Le Monde et La Tribune aient accepté d'accompagner ces jeunes prometteurs. Vous avez poussé le jeu de rôle très loin, puisque vous avez tous accepté de diffuser leurs travaux journalistiques, consécration suprême !
La présence des médias écrits dans cette opération est importante à plus d'un titre. D'abord, parce qu'il n'y a pas de démocratie sans information. Il n'est pas inutile de rappeler cette banalité apparente alors qu'un triste constat s'impose : s'informer fatigue beaucoup plus que " lofter ". Je n'aurai pas la cruauté de m'appesantir sur cette France épuisée qui se situe au trentième rang des pays pour la lecture de la presse quotidienne bien loin derrière l'Angleterre ou encore la Scandinavie
Mais si la présence des médias écrits est importante, c'est aussi parce que vous aiguisez l'esprit critique de vos lecteurs-citoyens et donc leur faculté de jugement, à l'abri des mises en scène radiophoniques et télévisuelles. Car aujourd'hui, comme le disait le philosophe Michel Serres, " lorsqu'un individu prend son parapluie le matin, il ne regarde pas le ciel par sa fenêtre. Il écoute la radio ou regarde la télévision. Le ciel de la radio comme celui de la télévision n'a plus rien à voir avec le ciel naturel ".
Sans les médias écrits, nous aurions irrémédiablement perdu l'habitude de regarder le ciel naturel et nous nous serions contentés d'images fragmentées et d'impressions. D'aucuns prétendent même qu'une élection pourrait se gagner sur une impression bonne ou mauvaise C'est dire combien votre rôle est important dans la défense et la pérennité de la démocratie, à la veille d'échéances électorales de premier plan.
Les interviews conduites dans le cadre de " questions de génération " sont loin d'être de simples exercices de style. Car l'écrit est une école de la tolérance, une école de la vie et une façon de ne pas juger trop vite les choses même si, comme l'a dit l'écrivain Amélie Nothomb, dans son interview, " écrire est le plus dur métier du monde ".
Bravo donc à Caroline Verdu, Cécile Gaboriau, Amir Sharifi, Jean-Philippe Samarcq, Bruno Durin, Sébastien Brissez, Guillaume Briant, Delphine Naudet, Quentin Baulier, Ludivine Hacquard, Frédéric Delepine, Mathieu Thomas, Nicolas Martin, Caroline Cerruti, Nicolas Vauvillier, Sami Brahim, Katia Gourcilleau, Marie Vander-Gucht, Cynthia-Laure Etom et Mathieu Levilain, bravo, et merci à toutes et tous pour vos talentueuses interviews.
Je suis d'autant plus touché et honoré de recevoir aujourd'hui solennellement, à l'initiative d'Arnaud Lagardère, ce magnifique Livre Blanc, témoignage de votre implication personnelle et de votre contribution collective.
A travers cet ouvrage, votre parole rejoint ainsi les manifestes qui ont contribué à faire évoluer la société. Un de nos illustres prédécesseurs au Sénat, Victor Hugo, aurait sans doute salué cette forme particulière d'engagement.
Je lui laisserai donc le mot de la fin : " la liberté de la presse à côté du suffrage universel, c'est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous ".
(Source http://www.senat.fr, le 18/04/02)