Texte intégral
A juste titre, la dernière décennie a placé le projecteur sur les nouvelles technologies comme facteur d'accélérateur de la croissance à long terme. La formidable croissance américaine des années 90 a bel et bien été tirée par ces innovations successives et leur large diffusion dans l'ensemble des activités productives et commerciales. Les réserves de productivité aux Etats-Unis sont toujours très importantes et ce serait une grave erreur de jeter le rôle très porteur des NTIC avec l'eau de la récession cyclique. Ces nouvelles technologies ont été introduites via un exceptionnel effort d'investissement, qui a permis de renouveler en profondeur le stock de capital, en élevant de manière très marquée sa qualité. Le ralentissement actuel, conforme au déroulement d'un business cycle, est d'ailleurs le contrecoup transitoire de la croissance de l'investissement : nous sommes dans la phase " digestive " du cycle. Reconnaître pleinement le rôle qu'à joué le facteur " capital " ne doit pas conduire à minorer l'autre facteur de la croissance, c'est-à-dire le capital humain. La même période de développement technologique et capitalistique a été concomitante à une croissance de la population active aux Etats-Unis. La croissance de la population participant effectivement à l'effort productif a été encore plus forte du fait de la très importante diminution du taux de chômage. Et l'on sait que les perspectives de croissance de la population restent très positives aux Etats-Unis, contrairement à celles de tous les autres pays industrialisés sans exception.
Croissance quantitative, mais aussi croissance qualitative, car contrairement aux idées reçues, les Etats-Unis ont procédé à une modernisation en profondeur de leur politique d'éducation et de formation professionnelle, en recourant notamment aux nouvelles technologies. On dispose d'ailleurs de nombreuses preuves de l'efficacité de l'éducation américaine en regardant le leadership des chercheurs américains dans tous les domaines du savoir ou en observant que l'élite de la plupart des pays au monde choisit les Etats-Unis pour se former. Si la croissance américaine a été tirée par les NTIC, il a bien fallu (1) les mettre au point et (2) que la population sache les utiliser. CQFD.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de ces évolutions pour notre pays qui continue de manière un peu naïve à s'enorgueillir d'être la patrie de Jules Ferry (loi du 28 mars 1882) et d'avoir le " meilleur système d'éducation possible que le monde entier nous envie " ?
Les performances du système éducatif Français ne sont pas exceptionnelles, loin de là. Il suffit de constater le nombre d'élèves qui en sortent sans diplômes, que 10 à 15 % des élèves ne savent ni lire ni écrire à la sortie du collège, que la probabilité d'avoir un emploi un an après la sortie du système éducatif est inférieure à celle observée chez nos partenaires européens, que les entreprises ont des difficultés croissantes à trouver des qualifications pointues, etc Les performances ne sont pas non plus brillantes quand on voit notre lent décrochage dans le domaine de la recherche fondamentale et appliquée ou encore la diminution du nombre de dépôts de brevets.
Ce sont les politiques éducatives qui vont à terme déterminer le développement économique des nations. Pour trois raisons.
Tout d'abord, même dans la société moderne, le capital humain reste prédominant. Et l'entrée dans la société de la connaissance est déjà largement amorcée. En France, le capital humain peut être estimé à 120 000 milliards de F (la somme actualisée des revenus sur le cycle de vie des générations existantes), alors que le capital physique et financier est de l'ordre de 30000 milliards de F. C'est pour cette raison que la priorité est bel et bien l'élévation du capital humain des Français au travers d'une mobilisation sans précédent de tous les acteurs concernés. D'autant plus qu'il ne faut pas croire que le capital humain soit immobile : nous sommes désormais dans un véritable marché mondial des compétences. Les hommes seront demain aussi mobiles que les capitaux et les technologies.
Ensuite, les politiques éducatives restent l'apanage des nations, tandis que les politiques monétaires, budgétaires, fiscales, industrielles leur échappent peu à peu. Ce qui signifie que l'avantage comparatif en terme de croissance réside directement dans les politiques d'éducation et de formation. Nos gains de productivité de demain, donc notre niveau de vie futur, sont liés aux décisions éducatives aujourd'hui.
Enfin, beaucoup de pays émergents ont compris l'importance de l'éducation comme facteur de développement. Contrairement à beaucoup d'idées reçues, la variance des niveaux relatifs d'éducation et de formation - qui gouvernent les rapports de productivité du travail et donc les rapports de coûts salariaux - s'est resserrée. Beaucoup de responsables d'entreprises sont surpris par la croissance du niveau des qualifications et de la productivité dans les pays émergents. Les politiques d'éducation sont au cur de la recherche de compétitivité.
Il y a donc urgence en France à redoubler d'efforts et à mener une entreprise ambitieuse de réforme de l'éducation et de la formation. Il en va de notre position économique dans le concert futur des nations, il en va de l'avenir de toutes les générations montantes.
(Source http://www.medef.fr, le 4 décembre 2001)
Croissance quantitative, mais aussi croissance qualitative, car contrairement aux idées reçues, les Etats-Unis ont procédé à une modernisation en profondeur de leur politique d'éducation et de formation professionnelle, en recourant notamment aux nouvelles technologies. On dispose d'ailleurs de nombreuses preuves de l'efficacité de l'éducation américaine en regardant le leadership des chercheurs américains dans tous les domaines du savoir ou en observant que l'élite de la plupart des pays au monde choisit les Etats-Unis pour se former. Si la croissance américaine a été tirée par les NTIC, il a bien fallu (1) les mettre au point et (2) que la population sache les utiliser. CQFD.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de ces évolutions pour notre pays qui continue de manière un peu naïve à s'enorgueillir d'être la patrie de Jules Ferry (loi du 28 mars 1882) et d'avoir le " meilleur système d'éducation possible que le monde entier nous envie " ?
Les performances du système éducatif Français ne sont pas exceptionnelles, loin de là. Il suffit de constater le nombre d'élèves qui en sortent sans diplômes, que 10 à 15 % des élèves ne savent ni lire ni écrire à la sortie du collège, que la probabilité d'avoir un emploi un an après la sortie du système éducatif est inférieure à celle observée chez nos partenaires européens, que les entreprises ont des difficultés croissantes à trouver des qualifications pointues, etc Les performances ne sont pas non plus brillantes quand on voit notre lent décrochage dans le domaine de la recherche fondamentale et appliquée ou encore la diminution du nombre de dépôts de brevets.
Ce sont les politiques éducatives qui vont à terme déterminer le développement économique des nations. Pour trois raisons.
Tout d'abord, même dans la société moderne, le capital humain reste prédominant. Et l'entrée dans la société de la connaissance est déjà largement amorcée. En France, le capital humain peut être estimé à 120 000 milliards de F (la somme actualisée des revenus sur le cycle de vie des générations existantes), alors que le capital physique et financier est de l'ordre de 30000 milliards de F. C'est pour cette raison que la priorité est bel et bien l'élévation du capital humain des Français au travers d'une mobilisation sans précédent de tous les acteurs concernés. D'autant plus qu'il ne faut pas croire que le capital humain soit immobile : nous sommes désormais dans un véritable marché mondial des compétences. Les hommes seront demain aussi mobiles que les capitaux et les technologies.
Ensuite, les politiques éducatives restent l'apanage des nations, tandis que les politiques monétaires, budgétaires, fiscales, industrielles leur échappent peu à peu. Ce qui signifie que l'avantage comparatif en terme de croissance réside directement dans les politiques d'éducation et de formation. Nos gains de productivité de demain, donc notre niveau de vie futur, sont liés aux décisions éducatives aujourd'hui.
Enfin, beaucoup de pays émergents ont compris l'importance de l'éducation comme facteur de développement. Contrairement à beaucoup d'idées reçues, la variance des niveaux relatifs d'éducation et de formation - qui gouvernent les rapports de productivité du travail et donc les rapports de coûts salariaux - s'est resserrée. Beaucoup de responsables d'entreprises sont surpris par la croissance du niveau des qualifications et de la productivité dans les pays émergents. Les politiques d'éducation sont au cur de la recherche de compétitivité.
Il y a donc urgence en France à redoubler d'efforts et à mener une entreprise ambitieuse de réforme de l'éducation et de la formation. Il en va de notre position économique dans le concert futur des nations, il en va de l'avenir de toutes les générations montantes.
(Source http://www.medef.fr, le 4 décembre 2001)