Texte intégral
A. Hausser : Vous avez été un soutien de l'UEM. Vous adhérez pleinement à l'Union de la majorité présidentielle. Les choses vont vite, puisque les premières réunions d'investiture vont se tenir dès aujourd'hui et ceci malgré le refus d'A. Madelin et de F. Bayrou. Ne redoutez-vous pas que cette nouvelle formation ne soit ce que vous dénonciez dans votre livre "Pour une nouvelle gouvernance", c'est-à-dire un parti qui cherche à imposer des candidats sans consultation des militants ?
- "Je persiste et je signe : il faut une autre organisation politique, moins dispersée, avec plus de cohérence. La dispersion nous a épuisés. Dans les 21 dernières années, la droite a gagné trois fois, la gauche a gagné trois fois. En conquête, on est égaux. Mais pour gouverner, la gauche a gouverné trois fois cinq ans, et nous, on a gouverné trois fois deux ans. Et là, on est moins bon pour gouverner. Pourquoi un parti commun ? Parce que pour gouverner, pour prendre des décisions difficiles, pour avoir des débats profonds, pour mener une action tenace, il faut une famille politique rassemblée. Donc, il faut refonder la droite. Toutes ces chapelles, toutes ces écuries qui sont souvent rivales, qui cherchent à faire des surenchères, cela fait en sorte que ceux qui sont au gouvernement passent plus de temps à négocier avec leurs amis qu'à convaincre leurs adversaires. Donc, il faut à l'Assemblée nationale un groupe commun qui puisse travailler la main dans la main avec le Gouvernement, apporter des idées, écouter le terrain, faire en sorte qu'il y ait de l'imagination et de la créativité. C'est cela que nous voulons."
C'est le bon côté de la chose...
- "Pour avoir un groupe commun, il faut des candidatures communes."
Est-ce que vous n'empêcherez pas les candidatures dissidentes ?
- "On ne les empêchera pas dans tous les cas, mais ils sont dissidents et ils porteront des étiquettes marginales. Celui qui sera candidat de l'Union pour la majorité présidentielle portera l'étiquette de l'Union, l'étiquette du rassemblement. Il sera qualifié pour le second tour. Nous disons aux électeurs : en vous rassemblant, en rassemblant vos votes autour de l'Union pour la majorité présidentielle, vous qualifiez un candidat ou une candidate pour le second tour face aux socialistes. C'est cela l'atout de cette démarche."
Vous dites "face aux socialistes", mais vous oubliez aujourd'hui l'extrême droite. Or, aujourd'hui, il y a quand même un grand risque de triangulaires aux élections législatives.
- "Raison de plus."
Oui, mais raison de plus, si vous ne les empêchez pas, vous risquez de vous retrouver avec des triangulaires et une nouvelle cohabitation ?
- "Quand on a un candidat à gauche, même plusieurs candidats de gauche, et maintenant un candidat d'extrême droite, on n'a pas intérêt à être dispersé, parce que si on est dispersé, on ne fera pas les 12,5 % des inscrits pour être qualifié pour le second tour. L'Union pour la majorité présidentielle, c'est la qualification pour le second tour, et donc, c'est pour nous, la marche vers cette victoire aux législatives qui est nécessaire pour qu'on mette en oeuvre le projet de J. Chirac."
Qu'est-ce qui se passerait s'il y avait une nouvelle cohabitation ?
- "Ce serait très dommageable pour notre pays. On voit aujourd'hui ce qu'il faut faire dans le pays. On a vu le déclin de la France, on a vu les difficultés dans lesquelles beaucoup de catégories sociales françaises aujourd'hui sont enfermées, embourbées. On voit qu'il faut libérer les énergies, on voit les décisions sociales qu'il faut prendre, on voit la dynamique économique qu'il faut développer. Pour ce faire, il faut une majorité. Donc, c'est vraiment un choix très important qui sera proposé aux Français au lendemain de la présidentielle. Mais d'abord, le 5 mai, [il faut assurer] un vote massif pour J. Chirac, parce que la victoire se construit progressivement."
Avant le 5 mai, il y a le 1er mai, avec de grosses manifestations annoncées. Ces manifestations vous inquiètent-elles ? Les lycéens manifestent beaucoup. A droite, on leur dit de ne pas aller dans la rue. Pourquoi ?
- "Nous comprenons l'émotion, nous comprenons l'inquiétude. Moi, je comprends aujourd'hui quelqu'un de 20 ans qui voit l'extrême droite au deuxième tour de l'élection présidentielle, qui voit donc des nuages sombres, des nuages noirs au-dessus de notre pays. Donc, je comprends cette inquiétude. Mais je dis "attention" aux manifestations. D'abord, parce que dans cette situation de la France aujourd'hui, le danger est dans l'urne : le danger, c'est le score de monsieur Le Pen le 5 mai. C'est dans l'urne qu'il faut faire en sorte que le score de monsieur Le Pen soit limité à l'extrême. Donc, c'est en votant massivement le 5 mai pour J. Chirac, pour la République, qu'on limitera ce danger d'extrême droite. Donc, les manifestations aujourd'hui sont des formes d'expression naturellement évidemment acceptables dans une démocratie. Mais le vrai débat, il est dans l'urne. Et puis, attention ! les manifestations peuvent être soumises à des provocations et faisons en sorte qu'il n'y ait pas un effet boomerang, que ces manifestations qui sont faites contre l'extrême droite ne provoquent pas des désordres qui finiraient par servir la cause de l'extrême droite. Donc, grande vigilance à tous les manifestants, aux organisateurs et aussi aux pouvoirs publics."
Le deuxième tour, dimanche prochain, voit se constituer un vaste front républicain. Le PS appelle à voter J. Chirac, à l'exception de L. Jospin, mais c'est son choix. V. Peillon, le porte-parole du PS disait hier : "C'est nous qui faisons l'essentiel du travail, parce que finalement, la droite ne cogne pas autant sur l'extrême droite que nous" ?
- "C'est particulièrement injuste. D'abord, parlons quand même du cas de monsieur Jospin. Je le trouve particulièrement mauvais perdant dans cette situation. Quand on a à donner des leçons de morale dans toute notre démocratie, je crois qu'aujourd'hui, la mobilisation, l'engagement clair, net pour la République, pour J. Chirac, est une nécessité. Ce silence est incompréhensible. Quant aux dirigeants socialistes, ils font en effet, pour certains d'entre eux, une campagne utile. Mais il ne s'agit pas pour nous de front républicain. Il s'agit pour nous d'un élan républicain pour le 5 mai."
Il y a une différence ?
- "Absolument. Il s'agit de rassembler l'ensemble des républicains pour limiter à l'extrême le score de monsieur Le Pen. Nous avons, le 5 mai, un rassemblement républicain, et nous aurons, au mois de juin, pour les élections législatives, un choix démocratique. Ce choix démocratique, il se fera entre le projet de la gauche - les cinq ans de socialisme que nous venons de vivre - et le projet que nous avons construit avec J. Chirac et l'Union pour la majorité présidentielle. Ce sera le choix de juin. Pour le moment, nous sommes à un rassemblement. Quant à l'action, je voudrais dire clairement que tous les amis de J. Chirac, tous ceux qui sont aujourd'hui engagés dans sa campagne, nous sommes tous les soirs en meeting, nous sommes sur le terrain. Il ne s'agit pas de l'agitation parisienne. Il ne s'agit pas de manifestations médiatico-spectaculaires. Il s'agit d'un travail en profondeur que nous faisons. Là, nous ne voyons pas beaucoup le Parti socialiste sur le terrain."
Vous ne voyez pas de Parti socialiste dans vos réunions quand même ?
- "Il s'agit de faire en sorte qu'ils soient présents sur le terrain, sur l'ensemble des marchés, là où se vit la vie quotidienne des Français. Ce que nous ont dit les Français le 21 avril, c'est que la République d'en bas, c'est elle qui veut être écoutée, c'est elle qui veut participer, et c'est avec elle aujourd'hui qu'il faut parler."
Et quel devra être le premier geste fort pour cette France d'en bas après le 5 mai ?
- "Il s'agit de tenir nos promesses."
Mais il y en a beaucoup. Le premier ?
- "Le premier, il est évident qu'en ce qui nous concerne, la politique de sécurité et l'allégement de l'impôt sur le revenu sont deux priorités qui nous ont été demandées. Il faut dans un nouveau gouvernement, dans une nouvelle perspective, à la fois l'autorité républicaine, mais aussi le dialogue social. Attention ! Notre pays est extrêmement fragile. La cohésion sociale est aussi nécessaire que l'autorité républicaine."
Et pour alléger les impôts et la sécurité, il faut des lois, donc il faut d'abord attendre les élections législatives.
- "Absolument. Mais on peut d'ores et déjà lancer un certain nombre de décisions très importantes pour montrer la direction dans laquelle nous voulons aller, avec cette fermeté républicaine mais aussi ce sens du dialogue social très important dans un pays qui aura été très fragilisé."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 avril 2002)
- "Je persiste et je signe : il faut une autre organisation politique, moins dispersée, avec plus de cohérence. La dispersion nous a épuisés. Dans les 21 dernières années, la droite a gagné trois fois, la gauche a gagné trois fois. En conquête, on est égaux. Mais pour gouverner, la gauche a gouverné trois fois cinq ans, et nous, on a gouverné trois fois deux ans. Et là, on est moins bon pour gouverner. Pourquoi un parti commun ? Parce que pour gouverner, pour prendre des décisions difficiles, pour avoir des débats profonds, pour mener une action tenace, il faut une famille politique rassemblée. Donc, il faut refonder la droite. Toutes ces chapelles, toutes ces écuries qui sont souvent rivales, qui cherchent à faire des surenchères, cela fait en sorte que ceux qui sont au gouvernement passent plus de temps à négocier avec leurs amis qu'à convaincre leurs adversaires. Donc, il faut à l'Assemblée nationale un groupe commun qui puisse travailler la main dans la main avec le Gouvernement, apporter des idées, écouter le terrain, faire en sorte qu'il y ait de l'imagination et de la créativité. C'est cela que nous voulons."
C'est le bon côté de la chose...
- "Pour avoir un groupe commun, il faut des candidatures communes."
Est-ce que vous n'empêcherez pas les candidatures dissidentes ?
- "On ne les empêchera pas dans tous les cas, mais ils sont dissidents et ils porteront des étiquettes marginales. Celui qui sera candidat de l'Union pour la majorité présidentielle portera l'étiquette de l'Union, l'étiquette du rassemblement. Il sera qualifié pour le second tour. Nous disons aux électeurs : en vous rassemblant, en rassemblant vos votes autour de l'Union pour la majorité présidentielle, vous qualifiez un candidat ou une candidate pour le second tour face aux socialistes. C'est cela l'atout de cette démarche."
Vous dites "face aux socialistes", mais vous oubliez aujourd'hui l'extrême droite. Or, aujourd'hui, il y a quand même un grand risque de triangulaires aux élections législatives.
- "Raison de plus."
Oui, mais raison de plus, si vous ne les empêchez pas, vous risquez de vous retrouver avec des triangulaires et une nouvelle cohabitation ?
- "Quand on a un candidat à gauche, même plusieurs candidats de gauche, et maintenant un candidat d'extrême droite, on n'a pas intérêt à être dispersé, parce que si on est dispersé, on ne fera pas les 12,5 % des inscrits pour être qualifié pour le second tour. L'Union pour la majorité présidentielle, c'est la qualification pour le second tour, et donc, c'est pour nous, la marche vers cette victoire aux législatives qui est nécessaire pour qu'on mette en oeuvre le projet de J. Chirac."
Qu'est-ce qui se passerait s'il y avait une nouvelle cohabitation ?
- "Ce serait très dommageable pour notre pays. On voit aujourd'hui ce qu'il faut faire dans le pays. On a vu le déclin de la France, on a vu les difficultés dans lesquelles beaucoup de catégories sociales françaises aujourd'hui sont enfermées, embourbées. On voit qu'il faut libérer les énergies, on voit les décisions sociales qu'il faut prendre, on voit la dynamique économique qu'il faut développer. Pour ce faire, il faut une majorité. Donc, c'est vraiment un choix très important qui sera proposé aux Français au lendemain de la présidentielle. Mais d'abord, le 5 mai, [il faut assurer] un vote massif pour J. Chirac, parce que la victoire se construit progressivement."
Avant le 5 mai, il y a le 1er mai, avec de grosses manifestations annoncées. Ces manifestations vous inquiètent-elles ? Les lycéens manifestent beaucoup. A droite, on leur dit de ne pas aller dans la rue. Pourquoi ?
- "Nous comprenons l'émotion, nous comprenons l'inquiétude. Moi, je comprends aujourd'hui quelqu'un de 20 ans qui voit l'extrême droite au deuxième tour de l'élection présidentielle, qui voit donc des nuages sombres, des nuages noirs au-dessus de notre pays. Donc, je comprends cette inquiétude. Mais je dis "attention" aux manifestations. D'abord, parce que dans cette situation de la France aujourd'hui, le danger est dans l'urne : le danger, c'est le score de monsieur Le Pen le 5 mai. C'est dans l'urne qu'il faut faire en sorte que le score de monsieur Le Pen soit limité à l'extrême. Donc, c'est en votant massivement le 5 mai pour J. Chirac, pour la République, qu'on limitera ce danger d'extrême droite. Donc, les manifestations aujourd'hui sont des formes d'expression naturellement évidemment acceptables dans une démocratie. Mais le vrai débat, il est dans l'urne. Et puis, attention ! les manifestations peuvent être soumises à des provocations et faisons en sorte qu'il n'y ait pas un effet boomerang, que ces manifestations qui sont faites contre l'extrême droite ne provoquent pas des désordres qui finiraient par servir la cause de l'extrême droite. Donc, grande vigilance à tous les manifestants, aux organisateurs et aussi aux pouvoirs publics."
Le deuxième tour, dimanche prochain, voit se constituer un vaste front républicain. Le PS appelle à voter J. Chirac, à l'exception de L. Jospin, mais c'est son choix. V. Peillon, le porte-parole du PS disait hier : "C'est nous qui faisons l'essentiel du travail, parce que finalement, la droite ne cogne pas autant sur l'extrême droite que nous" ?
- "C'est particulièrement injuste. D'abord, parlons quand même du cas de monsieur Jospin. Je le trouve particulièrement mauvais perdant dans cette situation. Quand on a à donner des leçons de morale dans toute notre démocratie, je crois qu'aujourd'hui, la mobilisation, l'engagement clair, net pour la République, pour J. Chirac, est une nécessité. Ce silence est incompréhensible. Quant aux dirigeants socialistes, ils font en effet, pour certains d'entre eux, une campagne utile. Mais il ne s'agit pas pour nous de front républicain. Il s'agit pour nous d'un élan républicain pour le 5 mai."
Il y a une différence ?
- "Absolument. Il s'agit de rassembler l'ensemble des républicains pour limiter à l'extrême le score de monsieur Le Pen. Nous avons, le 5 mai, un rassemblement républicain, et nous aurons, au mois de juin, pour les élections législatives, un choix démocratique. Ce choix démocratique, il se fera entre le projet de la gauche - les cinq ans de socialisme que nous venons de vivre - et le projet que nous avons construit avec J. Chirac et l'Union pour la majorité présidentielle. Ce sera le choix de juin. Pour le moment, nous sommes à un rassemblement. Quant à l'action, je voudrais dire clairement que tous les amis de J. Chirac, tous ceux qui sont aujourd'hui engagés dans sa campagne, nous sommes tous les soirs en meeting, nous sommes sur le terrain. Il ne s'agit pas de l'agitation parisienne. Il ne s'agit pas de manifestations médiatico-spectaculaires. Il s'agit d'un travail en profondeur que nous faisons. Là, nous ne voyons pas beaucoup le Parti socialiste sur le terrain."
Vous ne voyez pas de Parti socialiste dans vos réunions quand même ?
- "Il s'agit de faire en sorte qu'ils soient présents sur le terrain, sur l'ensemble des marchés, là où se vit la vie quotidienne des Français. Ce que nous ont dit les Français le 21 avril, c'est que la République d'en bas, c'est elle qui veut être écoutée, c'est elle qui veut participer, et c'est avec elle aujourd'hui qu'il faut parler."
Et quel devra être le premier geste fort pour cette France d'en bas après le 5 mai ?
- "Il s'agit de tenir nos promesses."
Mais il y en a beaucoup. Le premier ?
- "Le premier, il est évident qu'en ce qui nous concerne, la politique de sécurité et l'allégement de l'impôt sur le revenu sont deux priorités qui nous ont été demandées. Il faut dans un nouveau gouvernement, dans une nouvelle perspective, à la fois l'autorité républicaine, mais aussi le dialogue social. Attention ! Notre pays est extrêmement fragile. La cohésion sociale est aussi nécessaire que l'autorité républicaine."
Et pour alléger les impôts et la sécurité, il faut des lois, donc il faut d'abord attendre les élections législatives.
- "Absolument. Mais on peut d'ores et déjà lancer un certain nombre de décisions très importantes pour montrer la direction dans laquelle nous voulons aller, avec cette fermeté républicaine mais aussi ce sens du dialogue social très important dans un pays qui aura été très fragilisé."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 avril 2002)