Texte intégral
A. Hausser : Hier, à l'issue du bureau politique du RPR, vous avez annoncé la mutation de votre parti. Il y aura une fusion des chiraquiens des autres partis de l'opposition d'aujourd'hui avec le RPR ? Ou est-ce que ce sera une confédération, une fédération ? On s'y perd un peu...
- "Il y a effectivement la volonté de regrouper tous ceux qui partagent les idées de J. Chirac. Donc, bien entendu, tout le RPR et puis un certain nombre de personnes élues ou d'ailleurs non élues - j'en ai rencontrées beaucoup sur le terrain en faisant la campagne - qui se sentent très proches de J. Chirac. Il s'agit donc de faire une sorte de pôle chiraquien effectivement."
Autrefois, il y avait ce qu'on appelait les "adhérents directs" à l'UDF. C'est ce qui va se passer ? Ou le RPR va disparaître ? Vous allez vous faire hara-kiri ?
- "Il ne s'agit pas de se faire hara-kiri ! Il s'agit au contraire d'augmenter la puissance de frappe, la puissance de conviction, la puissance d'action de ceux qui sont très proches du président de la République et qui partagent ses idées. Au sein, je l'espère, de la nouvelle majorité, il y aura le pôle de tous ceux-ci et puis il y aura ceux qui préfèrent rester à l'extérieur, tout en participant à cette majorité. Nous construisons une maison commune, à laquelle peuvent venir tous ceux qui se sentent bien, mais nous respectons pour autant les autres, bien entendu."
Il y a quand même de très fortes réticences de la part de F. Bayrou, de la part d'A. Madelin aussi, même si les députés de son groupe ne sont pas tout à fait d'accord avec lui. On l'a entendu parler de "Corée du Nord", de manoeuvres tendant à enfermer la majorité présidentielle dans un "pré-carré de grognards droitiers". Ce n'est pas très sympathique, tout cela...
- "Il faut être très respectueux des autres. Pour ma part, c'est ce que je fais. Ce qui est important, c'est qu'effectivement, nous puissions tous travailler ensemble. Que des gens qui se sentent très proches se regroupent dans cette Union pour la majorité présidentielle, c'est une très bonne chose, mais bien entendu, il n'est pas question d'exclure les autres, et pour ma part, je souhaite effectivement que nous trouvions les moyens et les modalités de travailler plus étroitement ensemble. C'est peut-être là où nous pourrons faire justement une grande confédération où chacun sera respecté, c'est tout à fait normal."
Vous dites "Il faudrait que nous trouvions les moyens", mais on a l'impression que le but était déjà trouvé. On a fait la démarche à l'envers...
- "Je ne crois pas. Ce qui est important, c'était de dire, de montrer un signe fort aux Français sur la volonté d'un grand nombre de personnes, de mettre en oeuvre, très concrètement, les propositions du président de la République. Et puis il faudra le faire aussi avec d'autres. Nous avons un pôle fort, une refondation, c'est quelque chose de très bien. Et puis, il y a d'autres personnes, avec lesquelles nous voulons dialoguer. Mais je ne voudrais pas que quelque chose, qui est presque de la cuisine interne, occulte les choses. Nous avons un deuxième tour de l'élection présidentielle, dans lequel J. Chirac a des choses, un message très important à faire, à passer aux Français..."
Justement, on ne l'entend pas beaucoup, c'est cela qui prime...
- "Je souhaiterais que ce matin, cela ne prime pas et que nous puissions passer sur le fond. Ce qui est important effectivement, c'est que les Français ont envoyé dimanche dernier un message important. Ce message important, nous essayons d'y répondre - et J. Chirac y répond - en faisant des propositions non seulement concrètes sur les problèmes de sécurité, sur la fiscalité..."
On va y venir... Je voudrais juste terminer sur l'affaire de la majorité présidentielle. Quel est votre calendrier dans ce domaine ?
- "C'est un calendrier tout à fait normal. Aujourd'hui, nous nous sommes regroupés en disant que nous avions l'intention à l'automne, si tout le monde en est d'accord, de faire un mouvement qui regroupera tous les chiraquiens. Pour cela, bien entendu, comme je l'ai toujours dit d'ailleurs, le RPR, en ce qui le concerne, puisqu'il arrive comme parti organisé, fera des assises dans lesquelles les adhérents se prononceront pour leur adhésion à ce grand parti moderne, démocratique, où là aussi, ils auront, sur toutes les décisions importantes, leur mot à dire, pour élire également les dirigeants. Avant, puisqu'il y a quelques échéances avant, il y a les élections législatives et donc la constitution d'un groupe qui représentera, en anticipation en quelque sorte, la constitution de ce parti. Mais ce sont, encore une fois, des modalités pour réussir à mieux mettre en oeuvre concrètement les projets de J. Chirac pour les Français. Il s'agit, pour nous, simplement, d'un moyen d'action. Il ne s'agit pas du fond. L'essentiel, c'est l'action."
Les message des urnes, c'est uniquement le message sur l'insécurité ?
- "Non, le message des urnes, ce n'est pas uniquement le message sur l'insécurité. Le message des urnes, c'est d'abord le fait d'avoir mis J. Chirac en tête, donc c'est un élément de confiance..."
Mais c'est aussi d'avoir mis J.-M. Le Pen en numéro 2...
- "Exactement. D'avoir mis le leader du Front national en numéro 2... Et je crois que dans ce vote, il y a une large part de gens qui ont voulu dire qu'ils en avaient assez d'être gouvernés par des gens qui les méprisent, qui ne les écoutent pas ; qu'ils en avaient assez de l'inaction sur un certain nombre de leurs préoccupations essentielles : l'insécurité, qui est la préoccupation première des Français, mais également le problème des retraites qui n'a pas été réglé pendant les cinq ans de gouvernement de L. Jospin. Mais également toutes ces petites choses que j'ai entendues sur le terrain et qui exaspèrent les gens. C'est-à-dire qu'on veut leur imposer des choses, même si cela ne correspond à aucun bon sens."
Et la démocratie directe ?
- "La démocratie directe, vous savez que je suis pour, je l'ai toujours dit. Il y a très longtemps, bien avant que je sois même présidente du RPR, que j'ai souhaité que notamment au plan local, il puisse y avoir une participation, des sortes de référendums locaux sur des sujets importants, parce que les Français, qui sont aujourd'hui formés et informés, ont envie de plus participer aux décisions qui les concernent, au plan local, mais je pense aussi au plan national. C'est pour cela qu'il faut les écouter et probablement gouverner autrement. C'est ce que j'ai dit pendant toute la campagne que j'ai faite, dans chacune des circonscriptions de France. Les gens ont envie qu'on aille les voir. Et il faudra que les ministres d'un prochain gouvernement le sachent et aillent à la rencontre des Français, pour qu'ils se rendent compte sur place des conséquences que peuvent avoir certaines de leurs décisions. Quand on veut appliquer les 35 heures à un artisan ou à un commerçant qui n'a que deux personnes, cela veut dire souvent pour lui, à titre personnel, travailler 70 heures. Ignorer l'insécurité, quand vous avez une infirmière dans un HLM qui vous dit que le soir, elle ne peut pas aller voir s'il y a besoin d'une piqûre, parce qu'elle risque d'être agressée au bas de son escalier, ce sont des réalités qu'on ne perçoit qu'en étant au plus près des gens."
Il y a beaucoup de manifestations contre le Front national en ce moment. Est-ce que vous dites aussi qu'il faut arrêter ?
- "Il y a plusieurs façons d'exprimer son opposition. En démocratie, la manifestation en est une forme. Il faut bien entendu que ces manifestations gardent une certaine mesure, sinon elles peuvent aller à l'encontre du but poursuivi."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 avril 2002)
- "Il y a effectivement la volonté de regrouper tous ceux qui partagent les idées de J. Chirac. Donc, bien entendu, tout le RPR et puis un certain nombre de personnes élues ou d'ailleurs non élues - j'en ai rencontrées beaucoup sur le terrain en faisant la campagne - qui se sentent très proches de J. Chirac. Il s'agit donc de faire une sorte de pôle chiraquien effectivement."
Autrefois, il y avait ce qu'on appelait les "adhérents directs" à l'UDF. C'est ce qui va se passer ? Ou le RPR va disparaître ? Vous allez vous faire hara-kiri ?
- "Il ne s'agit pas de se faire hara-kiri ! Il s'agit au contraire d'augmenter la puissance de frappe, la puissance de conviction, la puissance d'action de ceux qui sont très proches du président de la République et qui partagent ses idées. Au sein, je l'espère, de la nouvelle majorité, il y aura le pôle de tous ceux-ci et puis il y aura ceux qui préfèrent rester à l'extérieur, tout en participant à cette majorité. Nous construisons une maison commune, à laquelle peuvent venir tous ceux qui se sentent bien, mais nous respectons pour autant les autres, bien entendu."
Il y a quand même de très fortes réticences de la part de F. Bayrou, de la part d'A. Madelin aussi, même si les députés de son groupe ne sont pas tout à fait d'accord avec lui. On l'a entendu parler de "Corée du Nord", de manoeuvres tendant à enfermer la majorité présidentielle dans un "pré-carré de grognards droitiers". Ce n'est pas très sympathique, tout cela...
- "Il faut être très respectueux des autres. Pour ma part, c'est ce que je fais. Ce qui est important, c'est qu'effectivement, nous puissions tous travailler ensemble. Que des gens qui se sentent très proches se regroupent dans cette Union pour la majorité présidentielle, c'est une très bonne chose, mais bien entendu, il n'est pas question d'exclure les autres, et pour ma part, je souhaite effectivement que nous trouvions les moyens et les modalités de travailler plus étroitement ensemble. C'est peut-être là où nous pourrons faire justement une grande confédération où chacun sera respecté, c'est tout à fait normal."
Vous dites "Il faudrait que nous trouvions les moyens", mais on a l'impression que le but était déjà trouvé. On a fait la démarche à l'envers...
- "Je ne crois pas. Ce qui est important, c'était de dire, de montrer un signe fort aux Français sur la volonté d'un grand nombre de personnes, de mettre en oeuvre, très concrètement, les propositions du président de la République. Et puis il faudra le faire aussi avec d'autres. Nous avons un pôle fort, une refondation, c'est quelque chose de très bien. Et puis, il y a d'autres personnes, avec lesquelles nous voulons dialoguer. Mais je ne voudrais pas que quelque chose, qui est presque de la cuisine interne, occulte les choses. Nous avons un deuxième tour de l'élection présidentielle, dans lequel J. Chirac a des choses, un message très important à faire, à passer aux Français..."
Justement, on ne l'entend pas beaucoup, c'est cela qui prime...
- "Je souhaiterais que ce matin, cela ne prime pas et que nous puissions passer sur le fond. Ce qui est important effectivement, c'est que les Français ont envoyé dimanche dernier un message important. Ce message important, nous essayons d'y répondre - et J. Chirac y répond - en faisant des propositions non seulement concrètes sur les problèmes de sécurité, sur la fiscalité..."
On va y venir... Je voudrais juste terminer sur l'affaire de la majorité présidentielle. Quel est votre calendrier dans ce domaine ?
- "C'est un calendrier tout à fait normal. Aujourd'hui, nous nous sommes regroupés en disant que nous avions l'intention à l'automne, si tout le monde en est d'accord, de faire un mouvement qui regroupera tous les chiraquiens. Pour cela, bien entendu, comme je l'ai toujours dit d'ailleurs, le RPR, en ce qui le concerne, puisqu'il arrive comme parti organisé, fera des assises dans lesquelles les adhérents se prononceront pour leur adhésion à ce grand parti moderne, démocratique, où là aussi, ils auront, sur toutes les décisions importantes, leur mot à dire, pour élire également les dirigeants. Avant, puisqu'il y a quelques échéances avant, il y a les élections législatives et donc la constitution d'un groupe qui représentera, en anticipation en quelque sorte, la constitution de ce parti. Mais ce sont, encore une fois, des modalités pour réussir à mieux mettre en oeuvre concrètement les projets de J. Chirac pour les Français. Il s'agit, pour nous, simplement, d'un moyen d'action. Il ne s'agit pas du fond. L'essentiel, c'est l'action."
Les message des urnes, c'est uniquement le message sur l'insécurité ?
- "Non, le message des urnes, ce n'est pas uniquement le message sur l'insécurité. Le message des urnes, c'est d'abord le fait d'avoir mis J. Chirac en tête, donc c'est un élément de confiance..."
Mais c'est aussi d'avoir mis J.-M. Le Pen en numéro 2...
- "Exactement. D'avoir mis le leader du Front national en numéro 2... Et je crois que dans ce vote, il y a une large part de gens qui ont voulu dire qu'ils en avaient assez d'être gouvernés par des gens qui les méprisent, qui ne les écoutent pas ; qu'ils en avaient assez de l'inaction sur un certain nombre de leurs préoccupations essentielles : l'insécurité, qui est la préoccupation première des Français, mais également le problème des retraites qui n'a pas été réglé pendant les cinq ans de gouvernement de L. Jospin. Mais également toutes ces petites choses que j'ai entendues sur le terrain et qui exaspèrent les gens. C'est-à-dire qu'on veut leur imposer des choses, même si cela ne correspond à aucun bon sens."
Et la démocratie directe ?
- "La démocratie directe, vous savez que je suis pour, je l'ai toujours dit. Il y a très longtemps, bien avant que je sois même présidente du RPR, que j'ai souhaité que notamment au plan local, il puisse y avoir une participation, des sortes de référendums locaux sur des sujets importants, parce que les Français, qui sont aujourd'hui formés et informés, ont envie de plus participer aux décisions qui les concernent, au plan local, mais je pense aussi au plan national. C'est pour cela qu'il faut les écouter et probablement gouverner autrement. C'est ce que j'ai dit pendant toute la campagne que j'ai faite, dans chacune des circonscriptions de France. Les gens ont envie qu'on aille les voir. Et il faudra que les ministres d'un prochain gouvernement le sachent et aillent à la rencontre des Français, pour qu'ils se rendent compte sur place des conséquences que peuvent avoir certaines de leurs décisions. Quand on veut appliquer les 35 heures à un artisan ou à un commerçant qui n'a que deux personnes, cela veut dire souvent pour lui, à titre personnel, travailler 70 heures. Ignorer l'insécurité, quand vous avez une infirmière dans un HLM qui vous dit que le soir, elle ne peut pas aller voir s'il y a besoin d'une piqûre, parce qu'elle risque d'être agressée au bas de son escalier, ce sont des réalités qu'on ne perçoit qu'en étant au plus près des gens."
Il y a beaucoup de manifestations contre le Front national en ce moment. Est-ce que vous dites aussi qu'il faut arrêter ?
- "Il y a plusieurs façons d'exprimer son opposition. En démocratie, la manifestation en est une forme. Il faut bien entendu que ces manifestations gardent une certaine mesure, sinon elles peuvent aller à l'encontre du but poursuivi."
(Source :Premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 avril 2002)