Voeux de M. Lionel Jospin, Premier ministre au Président de la République, M. Jacques Chirac, sur la cohabitation, et sur les principes qui guident la République tout au long des manifestations prévues pour 1998, Paris le 2 janvier 1998.

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Circonstance : Voeux de M. Lionel Jospin à M. Jacques Chirac à Paris le 2 janvier 1998

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
Alors que nous nous apprêtons à reprendre pleinement un travail que quelques moments de repos ou de détente ont allégé, je suis heureux de perpétuer avec vous la coutume selon laquelle le Premier ministre, au nom du gouvernement, présente ses voeux au Chef de l'Etat.
Cette cérémonie, toute simple et naturelle qu'elle soit, participe d'une pérennité des usages qu'a forgée la tradition républicaine à laquelle nous sommes profondément attachés.
Car la République est notre bien commun.
Avant même de s'inscrire dans des institutions, la République est une exigence de l'esprit, un ferment de lutte active et obstinée contre les menaces et les inerties de l'injustice.
Notre société a toujours à craindre d'un individualisme exacerbé, de la tentation du repli sur soi, mais aussi de l'incertitude et de la peur du lendemain que suscite le chômage, de la persistance des inégalités sociales, de la désespérance de ceux qui sont accablés par les difficultés matérielles et psychologiques de l'existence.
Plusieurs manifestations sont prévues tout au long de l'année qui permettront opportunément à nos concitoyens de se rassembler autour des principes qui guident notre République : le centième anniversaire du (" J'accuse " d'Emile Zola, le quatre centième anniversaire de l'Edit de Nantes, le cent cinquantième anniversaire de l'abolition de l'esclavage et le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Autant de symboles du combat toujours renouvelé pour la liberté, l'égalité et la fraternité.
Dans le monde, la liberté reste fragile et doit être défendue ; chez nous, l'égalité constitue un objectif primordial qui sollicite plus que jamais notre volonté politique ; partout, la fraternité doit inspirer plus de solidarité. Ces exigences inspireront constamment l'action du Gouvernement.
Dans la situation politique que le pays a appelée de ses suffrages, l'esprit- de la République veut aussi que Ses institutions fonctionnent conformément à la volonté de nos concitoyens.
Vous pouvez être assuré, Monsieur le Président de la République, que le Gouvernement s'y attachera pleinement. En particulier son attitude et son action seront scrupuleusement attentives à vos prérogatives constitutionnelles éminentes, et aussi authentiquement respectueuses de votre personne.
Nous savons que le service de la France est notre tâche et notre responsabilité suprême, lequel nous réunit au delà de tout différend politique.
C'est dans cet esprit, Monsieur le Président, qu'au nom du Gouvernement et en mon nom propre, je vous présente très sincèrement et chaleureusement, pour vous-même, votre femme et votre famille, des voeux Très vifs au seuil de cette nouvelle année.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 13 juin 2001)