Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur les travaux de la Commission armées-jeunesse concernant la réforme du service national et l'appel de préparation à la défense, les préparations militaires et sur l'importance de cette commission pour renouveler le lien entre l'armée et la Nation, Paris le 24 juin 1998.

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Circonstance : Réunion de la Commission armées-jeunesse à Paris le 24 juin 1998

Texte intégral

C'est désormais une habitude bien établie pour nous que de nous rencontrer à un rythme régulier. C'est une preuve, s'il en fallait, de l'intérêt que revêtent à mes yeux vos travaux.
Les trois groupes ont étudié cette année certains aspects importants de la mise en oeuvre de la loi portant réforme du service national. Vous savez que je les place parmi les priorités du ministère de la Défense : c'est la raison pour laquelle, dès l'année dernière, je vous avais demandé d'y apporter votre contribution.
Vos réflexions ont parfaitement pris en compte le parcours-citoyen, dans ses dispositions à caractère obligatoire et ses espaces de prise de responsabilité. L'enseignement de défense, le recensement, devenu universel, puis la journée d'appel de préparation à la défense offriront ainsi les moyens d'un choix raisonné vers les préparations militaires, le volontariat ou la réserve. Ils offriront surtout les moyens à tous les jeunes Français et Françaises de se forger une opinion personnelle et argumentée sur la Défense. Bonne ou mauvaise, cette opinion existait avec la conscription. Le pire aurait été que nos concitoyens n'aient plus d'opinion du tout, se contentant de déléguer à des professionnels une protection qu'ils n'auraient plus sentie de toute façon menacée.
Le premier objectif du parcours-citoyen reste ainsi naturellement centré sur la défense et les missions des armées. Nous restons attachés à ce qu'il en soit ainsi. Mais il permet aussi au ministère de la Défense de s'insérer dans d'autres priorités de l'action gouvernementale. Le fichier de recensement servira à l'inscription automatique des jeunes sur les listes électorales. De plus, la convocation de toutes les classes d'âges à l'appel de préparation à la défense donne au Gouvernement un outil unique de mise à jour de certaines détresses majeures. Il contribuera ainsi efficacement à la volonté de solidarité nationale qui sous-tend notre action.
Notre action en ce domaine se veut avant tout pragmatique et répond tout à fait aux souhaits émis par le groupe " Vécu ". Les contacts pris avec d'autres ministères se sont ainsi traduits par des actions concrètes. L'Education nationale et l'université de Paris V ont participé à l'élaboration des tests qui seront passés lors de la journée. Elles participeront également à l'exploitation, à l'analyse de leurs résultats. Ces derniers serviront de base aux travaux menés en aval par la Délégation interministérielle à l'insertion des jeunes et le Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme.
L'esprit des protocoles et conventions signés à cet effet répond, M. MALGRAS, aux préoccupations de votre groupe. La contribution éventuelle de la Défense à une politique de santé publique, que vous évoquez, fait actuellement l'objet d'une étude avec Monsieur Bernard KOUCHNER. Un examen préalable à cette journée me semble être une solution intéressante.
Les tests et les bilans seront réalisés par la Direction du service national elle-même. Il s'agit d'un véritable métier auquel les personnels de la DCSN seront formés, en liaison avec les ministères concernés. Je souligne que le premier stage de formation a été organisé la semaine dernière.
La détection de l'illettrisme s'accompagnera d'un véritable suivi des jeunes en difficulté. Je suis d'accord avec la CAJ sur ce point. La population à laquelle nous nous adressons est particulièrement fragile et cumule souvent les handicaps, et il faut se donner les moyens de ne pas perdre le contact avec elle. C'est dans ce but que seront recrutés des correspondants uniques départementaux, par le Groupe permanent de lutte contre l'illettrisme et par le délégation interministérielle à l'insertion des jeunes. Ils seront chargés d'assurer le lien avec les réseaux institutionnels et associatifs.
Pour les préparations militaires, les travaux menés par votre groupe, M. JEZEQUEL, me semblent tout à fait intéressants. L'enquête réalisée auprès des jeunes pourra être utilement exploitée par les armées et les services. Cette enquête souligne la bonne image dont jouit notre armée auprès de la jeunesse ; je n'en suis pas surpris, mais il nous faudra veiller à ce qu'il en soit toujours ainsi. Je pense en particulier à la journée d'appel de préparation à la défense, qui sera pour beaucoup de jeunes la seule occasion de contact direct avec les militaires. Je compte sur les qualités de dévouement et de professionnalisme des militaires pour que les jeunes en retirent une impression favorable, ce dès le 3 octobre prochain.
Je suis en outre satisfait de constater, à travers les travaux de votre groupe, la bonne adéquation entre les souhaits des jeunes et ceux des armées en matière de préparations militaires. Ceci est un atout très important qu'il convient de valoriser.
Madame DIGNE, vous avez souligné le besoin d'une rénovation des liens unissant les différents partenaires, et en particulier l'Education nationale et la Défense. Les propositions de votre groupe, auxquelles je souscris entièrement, vont dans le sens d'une rénovation des rapports entre ces deux institutions.
L'un des mérites principaux de la réforme est de renouer le dialogue entre la Défense et l'Education nationale qui, au fil du temps et par méconnaissance réciproque, avaient pu s'éloigner l'une de l'autre. Une première illustration de l'élan qui a été insufflé par Claude ALLEGRE, Ségolène ROYAL et moi-même a été la rédaction commune par les services de l'Education nationale et ceux de la Défense d'un document d'accompagnement à l'attention des enseignants pour l'année scolaire 1998-1999. Ce document permettra de réaliser dans les meilleures conditions et dans les délais fixés par le Parlement la sensibilisation des jeunes Françaises et des jeunes Français aux questions de Défense. Ce travail en commun répond à certaines des préoccupations exprimées par le rapport de votre groupe.
La dynamique de la collaboration entre l'Education nationale et la Défense doit être relancée également par l'élaboration d'un nouveau protocole. J'attache une importance particulière à ce qu'il soit animé par une structure pérenne qui en assurera le suivi. Les apports de vos travaux y contribueront.
L'ensemble de ces travaux permettra de nourrir la réflexion préalable à la grande campagne de communication qui sera organisée par la Délégation à l'information et à la communication de la Défense (DICOD) en septembre prochain. Autour du lien entre la Nation et son armée, elle accompagnera les premières journées d'appel de préparation à la défense et permettra de valoriser l'action entreprise.
Je terminerai mon propos en insistant sur l'intérêt des domaines d'études retenus pour la prochaine session. L'observation par le groupe " Vécu " des journées d'appel de préparation à la défense permettra d'y apporter éventuellement certaines évolutions.
L'approfondissement des attentes des jeunes en matière de préparations militaires est à mes yeux nécessaire. Le suivi de cette question par le groupe " Actualité " me semble donc justifié. Je souhaite que cette observation soit étendue aux motivations des jeunes quant aux diverses formes d'engagement, de volontariat et de réserves.
Les travaux du groupe " Réflexion " devront nous permettre d'évaluer concrètement la qualité du lien entre la Nation et son armée au niveau local.
Avant de conclure, je voudrais saluer ici votre président, le général RENIER, et votre secrétaire général, le général DAUFRESNE, dont c'est la dernière séance. Je veillerai à ce que l'état d'esprit d'ouverture, de disponibilité et d'initiative dont vous avez fait preuve préside toujours aux travaux de cette instance et je vous en remercie pour votre action. J'assure également vos successeurs de ma confiance.
Le devenir de la Commission armées-jeunesse, qui était intimement liée au service militaire, a pu faire l'objet de diverses interrogations. Je tiens à vous dire clairement et sans ambiguïté que la CAJ est une instance dont l'intérêt n'est pas démenti par la suspension de l'appel sous les drapeaux. La qualité de vos travaux, la diversité d'approche des problèmes liés à la défense qui caractérisent cette instance, trouvent pleinement leur place dans un contexte de renouvellement du lien entre la Nation et son armée. La CAJ reste un lieu privilégié d'approfondissement et d'enrichissement des questions relatives à la jeunesse, à son appréhension des questions de défense, et à notre perception de leurs attentes.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 septembre 2001)