Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "France Soir" du 7 juin 2002, sur la campagne du MPF pour le deuxième tour des élections législatives et sur les accords passés avec l'UMP.

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Média : France soir

Texte intégral

Thomas de Rochechouart : Comment se déroule pour vous la campagne des législatives ?
Philippe de Villiers : Très bien ! Le Mouvement Pour la France présente 301 candidats dans toute la France, que je vais soutenir pour ma part sur le terrain. L'accueil est très bon, et les gens identifient très bien le sens de notre démarche souverainiste, malgré la multiplicité des candidatures.
TR : Sur quels thèmes justement marquez-vous votre différence ?
PV : Il y a en ce moment dans notre pays un malaise, avec une société qui perd ses valeurs et une classe politique qui souffre de paralysie. L'un des principaux problèmes, c'est le glissement de nos pouvoirs vers Bruxelles. Un pays qui doit demander une autorisation à des commissaires pour mener sa politique est un pays qui a disparu de la carte. En 2004, c'est Bruxelles qui définira notamment notre politique dans le domaine fiscal, dans les relations internationales ou en matière d'immigration. Aujourd'hui, notre Parlement a autant de pouvoir qu'un conseil général ! Je pense que l'Europe, au contraire, doit se construire sur l'identité des peuples et la souveraineté nationale.
TR : Quel objectif comptez-vous atteindre lors de ces législatives ?
PV : J'espère avoir entre 5 et 10 députés. Avec L'UMP, nous avons signé un accord national de désistement politique pour le second tour. Nous allons ainsi soutenir l'action du gouvernement, mais la mouvance souverainiste que nous représentons restera à l'extérieur de l'UMP.
TR : C'est ce que vous avez convenu avec Jean-Pierre Raffarin que vous avez rencontré récemment ?
PV : Tout à fait. L'UMP a une vocation centriste et euro-fédéraliste et, à côté, nous aurons un MPF souverainiste. Les débats sur le destin de la France prendront prochainement de l'importance dans la vie politique, et le MPF sera alors incontournable.
TR : Vous n'avez pas peur d'être en concurrence avec le RPF de Charles Pasqua ?
PV : Le RPF a déjà rejoint l'UMP : tous ses députés partent ainsi avec l'étiquette UMP pour les législatives. Le RPF ne sera donc qu'un courant de l'UMP.
TR : Vous ne risquez pas d'être pris en tenaille entre l'UMP et le Front national ?
PV : Non. Je pense que le MPF est la dernière chance de la droite française. Malgré sa victoire du 5 mai, elle est en mauvais état : elle a perdu ses convictions et elle est tétanisée par une gauche qui gouverne les esprits. Aujourd'hui, le FN est fort car il comble un vide laissé par la droite. Il est nécessaire de reconstruire avec le MPF une identité forte à droite.
TR : Votre absence lors de l'élection présidentielle ne va-t-elle pas vous compliquer la tâche ?
PV : Au contraire, cette élection a fait beaucoup de victimes ! Il y a aujourd'hui un espace à la droite de l'UMP pour un mouvement de conviction. Ainsi, UMP-MPF, ce sera un peu l'équivalent de la CDU-CSU en Allemagne.
TR : L'éclatement de la gauche au lendemain de sa défaite du 5 mai semble offrir à la droite une occasion unique
PV : Oui c'est pour nous une chance historique. Aujourd'hui, à gauche, c'est la course à l'archaïsme : " plus archaïque que moi tu meurs ! " La PS me fait ainsi penser au travaillisme des années 70 en Angleterre, qui avait amené la droite au pouvoir pendant des années. Il a fallu finalement l'arrivée d'un Tony Blair pour réformer la gauche en profondeur. Nous avons du temps devant nous ! Car, comme vous avez pu le remarquer, Hollande ou Emmanuelli ne ressemblent pas à proprement parler à Tony Blair
(source http://www.mpf-villiers.org, le 10 juin 2002)