Communiqués du ministère des affaires étrangères, en date des 14 et 17 juillet 1994, sur la situation au Rwanda.

Prononcé le

Auteur(s) moral(aux) : Ministère des Affaires étrangères

Circonstance : Tirs de mortier provenant du Rwanda sur Goma (Zaïre) où affluent de nombreux réfugiés rwandais, le 17 juillet 1994

Média : Bulletin d'information du ministère des affaires étrangères - Bulletin d'information du ministère des affaires étrangères

Texte intégral

Premier communiqué :
- La situation au Rwanda connaît aujourd'hui une très grave détérioration. A une situation humanitaire désastreuse du fait de plusieurs millions de personnes déplacées, s'ajoute maintenant un afflux massif de réfugiés à la frontière du Zaïre en raison de la poursuite des combats.
- La mobilisation de la communauté internationale que la France appelle de ses voeux depuis plusieurs semaines s'impose aujourd'hui pour l'obtention d'un cessez-le-feu, si l'on veut éviter le risque d'une déstabilisation de l'ensemble de la région et une nouvelle catastrophe humanitaire.
- La France qui est intervenue solennellement devant le Conseil de sécurité le lundi 11 juillet saisit aujourd'hui de nouveau le secrétaire général des Nations unies et demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. Elle saisit également la présidence et le secrétariat général de l'OUA. Elle en appelle aux chefs d'Etat de la région, les Présidents du Zaïre, de l'Ouganda, de la Tanzanie, du Burundi et du Kenya pour qu'ils organisent sans délai un sommet destiné à trouver les conditions d'un règlement politique tant il apparaît évident qu'aucune solution militaire ne permettra une réconciliation durable au Rwanda. Elle se tient en liaison avec l'ensemble de ses partenaires africains et en particulier avec les chefs d'Etat des pays africains qui participent ou qui sont prêts à participer à l'opération Turquoise.
- Elle demande aux membres du Conseil de sécurité et à ses partenaires de l'Union européenne d'exercer leur influence pour mobiliser l'aide humanitaire indispensable et accélérer la mise en place d'un cessez-le-feu.
- La France, en liaison avec le Général Dallaire, commandant de la MINUAR, et directement, poursuit en ce moment même ses contacts avec les responsables du FPR.
- Deuxième communiqué :
- La France condamne les bombardements contre les populations civiles réfugiées à Goma au Zaïre qui se sont produits cet après-midi. Ces tirs de mortier notamment contre l'aéroport ont provoqué la mort de près de 60 personnes dont une large majorité d'enfants, et causé de nombreux blessés graves. Ces atteintes à la sécurité des populations sont inacceptables.
- Le Général Dallaire, commandant de la Force des Nations unies au Rwanda (MINUAR) a indiqué que ces tirs qui provenaient de l'Est et donc du Rwanda étaient vraisemblablement d'origine FPR.
- Alors qu'un million de personnes sont déjà réfugiées dans la région de Goma, ces tirs ont contraint, en outre, le HCR à suspendre son pont aérien et compromettent donc gravement l'acheminement de l'aide internationale indispensable à la survie des millions de réfugiés et personnes déplacées au Zaïre et au Rwanda.
- Par ailleurs, des incidents dûs à des tentatives de pénétration d'éléments armés du FPR dans la zone humanitaire sûre ont eu lieu ces derniers jours et notamment cet après-midi. La France rappelle qu'elle a reçu mandat des Nations unies pour assurer la protection des populations et qu'aucune infiltration d'éléments armés, d'où qu'ils viennent ne peut être tolérée dans la zone humanitaire sûre où toute activité militaire est proscrite par nature.
- Conformément à la résolution 929 du Conseil de sécurité, les autorités françaises ont informé ce soir le Président du Conseil de sécurité ainsi que la Secrétaire général de la situation en appelant leur attention sur le fait que les opérations militaires se poursuivent contrairement aux exigences de la communauté internationale.