Déclaration de M.Georges Sarre, président du Mouvement des citoyens, sur la constitution du "Pôle républicain", en remplacement du MDC, et sur l'échec des discussions avec le PS en vue de l'élection législative, Paris le 11 mai 2002.

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Circonstance : Congrès extraordinaire du MDC à Paris, le 11 mai 2002

Texte intégral

Citoyennes, Citoyens,
Chers camarades,
Vous le sentez bien, l'enjeu de notre congrès est exceptionnel. Dix ans après la fondation de notre Mouvement, à un moment où le pays est en crise, à un moment où le paysage politique est un champ de ruines et où tous les repères semblent avoir disparu, c'est une nouvelle fois à votre courage, à votre abnégation, à votre mobilisation sans faille que nous faisons appel.
La résolution qui a été soumise à la discussion de nos adhérents les invite à s'engager dans une entreprise qui sera en effet difficile, mais en tout point conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés, il y moins d'un an, à Marseille : " constituer le Pôle républicain dont la France a besoin ".
Pour des raisons juridiques et financières, il faut dès maintenant, c'est à dire avant les élections législatives, transformer l'association de financement du Mouvement des Citoyens en association de financement du Pôle républicain. C'est la révolution numéro 5 Avec les assises, nous préciserons le contenu politique du Pôle républicain dans l'immédiat. En revanche, à partir de septembre, nous prendrons le temps nécessaire pour préparer démocratiquement à travers une large discussion notre congrès constitutif.
Nous avons prévu qu'il se tiendra en novembre. Mais, s'il le faut, il pourrait avoir lieu en décembre.
Vous le voyez, dans le nouveau contexte, nous poursuivons la démarche illustrée par la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement.
Avant d'engager le débat et de nous mettre en ordre de marche, je tiens à répondre à toutes les inquiétudes et les interrogations qui se sont exprimées au cours des réunions préparatoires à notre Congrès qui se sont tenues ces derniers jours dans toute la France.
Je sais que ces interrogations sont de trois ordres : la nature du " Pôle républicain" et sa composition, notre positionnement par rapport au clivage gauche/droite, et notre participation aux prochaines élections législatives.
La constitution du " Pôle républicain " en formation politique solide et organisée est, plus que jamais, à l'ordre du jour. Malgré bien des obstacles, force est de constater que Jean-Pierre Chevènement a rassemblé, sur son nom et sur les orientations qu'il a définies à Vincennes, plus d'un million et demi d'électeurs. Or, s'il y a une leçon à retenir du résultat de l'élection présidentielle, c'est bien un profond rejet des formations politiques traditionnelles et des politiques suivies.
Le " Pôle républicain " sera donc une force neuve aussi bien dans sa composition que dans son mode de fonctionnement. Il rassemblera ceux qui, venus d'horizons divers, ont soutenu Jean-Pierre Chevènement parce qu'ils adhéraient aux orientations qu'il a présenté aux Français à Vincennes. Il rassemblera tous ceux qui veulent poursuivre ce nécessaire et beau combat. Rien de plus, et rien de moins !
On trouvera dans ce rassemblement, aux côtés des membres du Mouvement des Citoyens sans qui la candidature de Jean-Pierre Chevènement n'aurait pas été possible, des militants venus du gaullisme, de l'extrême gauche, du Parti socialiste, du Parti communiste, du radicalisme. On y trouvera, aussi, beaucoup de personnalités, qui n'avaient pas jusqu'alors d'engagement précis, et des citoyens qui, spontanément, ont pour la première fois été politiquement actifs.
Ce sera donc une force neuve, une force du renouveau si nécessaire à la France.
Mais pour que ce renouveau soit possible, il faut que le " Pôle républicain " s'appuie sur des repères solides. Trop de mots ont été galvaudés, détournés, confisqués. Qui, dans ce pays, représente la gauche ? Et qui représente la droite ? Qui peut se permettre de parler en leurs noms respectifs ? Ceux-là mêmes qui privatisent les services publics et cèdent aux intérêts financiers ? Ceux-là mêmes qui oublient la Nation et subordonnent la France à la " mondialisation heureuse ", qui ont réintégré la France de l'OTAN !
Vous le sentez bien : les citoyens en ont assez d'être dupés. Nous, nous voulons toujours leur présenter l'étroite alliance entre l'économique et le social, bref la République sociale.
Mais, nous ne voulons pas nous confondre avec ceux qui proposent d'autres choix. Nous devons nous définir nous-même parce que nous disons, proposons et faisons : nous sommes des républicains avancés, des femmes et des hommes de progrès, nous sommes pour la République sociale, nous sommes hostiles à la mondialisation financière, aux délocalisations sauvages, aux licenciements pour convenance boursière. Nous sommes des patriotes.
Fermes sur nos orientations et nos principes, nous entendons dès à présent jouer un rôle actif dans la recomposition du paysage politique français : nous n'avons pas le temps de nous retirer sur l'Aventin, car la France est malade !
Portons un regard lucide sur la situation née du second tour de l'élection présidentielle : c'est Jacques Chirac et la droite libérale qui sortent vainqueurs de cette partie truquée ! Le " Pôle républicain " se place dans une opposition résolue à cette majorité là !
Mais j'appelle votre attention sur le fait qu'il existe quatre oppositions au gouvernement Chirac-Juppé et à leur prête-nom Raffarin : l'extrême gauche, l'extrême droite, la gauche unie et le Pôle républicain. Deux de ces oppositions seulement sont de nature démocratique et parlementaire. Il n'est pas certain, à ce jour, qu'elles seront correctement représentées dans un mois, à l'Assemblée nationale.
La situation est grave. C'est pourquoi nous avons fait suite à l'appel de François Hollande avec une proposition simple : un code de bonne conduite, sans négociation politique préalable, permettant d'assurer un pluralisme de l'opposition qui sera représentée au soir du 16 juin.
Cela se serait traduit par un retrait réciproque de candidatures dès le premier tour, dans environ quatre vingt circonscriptions, vingt pour nous, soixante pour eux, proportion conforme aux résultats obtenus respectivement par nos candidats à l'élection présidentielle. Finalement hier soir après une tentative de la direction du P.S de faire croire à un accord, nous avons constaté l'échec d'une discussion qui n'a jamais vraiment été engagé.
Vous êtes, citoyennes, citoyens, l'aile marchante de la République. Vous avez toujours su, devant tant d'obstacles, mettre l'intérêt de notre peuple au-dessus de toute autre considération.
Une fois de plus, dans la tempête, pas un seul d'entre vous ne devra manquer à l'appel que Jean-Pierre Chevènement vous lance !
Avec toute la force de ses convictions - de nos convictions - il a su porter notre message en bravant les embûches placées sur son chemin.
Il a tout fait pour éviter à notre pays, en prônant un salutaire sursaut républicain, l'approfondissement de la crise politique. La France ne sait plus où elle va. Il faut, dans ces conditions, garder le cap.
Alors, citoyennes, citoyens, n'est-ce pas le moment de faire front, avec lui, ensemble, pour la République et pour la France ?
(source http://www.mdc-France.org, le 15 mai 2002)