Texte intégral
Madame, Messieurs les Ministres,
Excellences,
Monsieur l'Ambassadeur,
Chers amis,
Le voyage que j'effectue en Asie du Sud Est depuis dimanche dernier m'a conduit à Manille, puis au forum du Pacifique Sud à Palau. Je serai au début de la semaine prochaine en Indonésie et à Timor pour les raisons que vous savez. Mais je voulais réserver au Cambodge l'étape la plus longue car elle est aussi pour moi la plus symbolique, la plus attendue de ce périple, la plus émouvante peut-être.
Bien sûr, les contacts que la France entretient avec le Cambodge sont réguliers au plus haut niveau et toujours d'excellente qualité. De ce point de vue, l'année 1999 aura été riche de rencontres entre nos gouvernements et nos représentations nationales. Mais cette relation privilégiée s'exprime naturellement dans le contexte du Cambodge où, depuis des années, un travail patient de reconstruction a été entrepris, auquel la France a souhaité prendre part, et auquel le Cambodge l'a de son côté invitée à prendre toute sa part.
Cela n'aurait pu se faire, si ce pays et son peuple, après avoir pu désespérer de l'Histoire, n'avaient décidé eux-mêmes de mettre fin au chapitre des souffrances. Le Cambodge est maintenant tout à son avenir.
Mais cela ne se serait pas fait non plus si la France et le Cambodge n'étaient liés par une longue tradition de confiance et d'amitié. Elle a été tissée par le temps et de solides relations humaines, et elle donne tout son sens à cette entreprise de reconstruction et de coopération que d'aucuns auraient pu trouver illusoire mais que nous avons prise à bras le corps, ensemble, parce que nous y croyions.
Bien sûr, et c'est heureux, la France toutes ces années-là n'a pas été seule avec le Cambodge qui a pu compter sur la communauté internationale et pourra continuer de s'appuyer sur elle pour penser et concrétiser son développement. Mais c'est parce que nous voulions pour le Cambodge la paix et l'espoir que nous n'avons jamais douté qu'il y parviendrait. Pas une minute non plus nous n'avons cessé de l'encourager à tenir ce cap.
Nous voyons bien aujourd'hui que nous avons eu raison de miser sur la confiance et sur la fidélité.
A nos amis cambodgiens, que je remercie de leur présence ce soir, je dis combien nous sommes heureux que leur pays ait reconquis la paix, qu'il veuille l'approfondir et la consolider chaque jour davantage et qu'il soit maintenant possible pour lui d'en recueillir le fruit en mobilisant toutes les forces nationales sur le développement.
De ce point de vue, les élections législatives de juillet 1998 ont été une étape décisive : premières élections générales entièrement organisées par les autorités nationales, elles ont installé une nouvelle assemblée et par conséquent un nouveau gouvernement. Surtout, elles ont été un moment de vérité. Car le Cambodge, sous la sage autorité de sa majesté le Roi, a su manifester à ce moment là un esprit de responsabilité et une maturité propres à démentir tous ceux qui pouvaient mettre en doute la solidité de ses institutions et la volonté de ceux qui les animent.
Votre pays en a reçu de l'extérieur un témoignage de reconnaissance renouvelé : il est maintenant à sa place dans la communauté internationale. Il est à sa place dans la communauté régionale, depuis son entrée à l'ASEAN le 30 avril dernier ; et s'il entretient avec l'Europe une relation privilégiée dont il a pu mesurer les effets depuis 1991, cette relation ne demande qu'à s'approfondir et la France y veillera.
Voilà autant d'éléments qui permettent d'envisager avec optimisme les perspectives de développement que votre pays se donne.
Bien sûr, beaucoup souhaiteraient, j'imagine, que ces perspectives, au plan économique et social, se dessinent plus vite et je tiens à leur dire que c'est naturellement ce qui nous anime en coopérant avec le Cambodge.
La France, comme tous les bailleurs de fonds, encourage le gouvernement cambodgien sur la voie qu'il a choisie : il a entrepris de profondes réformes structurelles, dont la communauté internationale a pris acte. C'est sur cette volonté que repose son propre engagement.
Quant au nôtre, il s'applique de façon croissante depuis 1991, vous le savez, à la plupart des domaines touchant au développement de ce pays. Nous l'avons fait en veillant à coordonner nos efforts et nous l'avons fait en recherchant dans tous les domaines le moyen d'agir dans un esprit partenarial avec l'ensemble des acteurs de la société cambodgienne.
Aujourd'hui que ce pays fait partie de la zone de solidarité prioritaire voulue par notre Premier ministre pour concentrer nos concours sur les pays qui nous sont les plus proches et auxquels nous souhaitons manifester la preuve d'une solidarité utile, nous pouvons je crois sans complexe évaluer les premiers résultats : ils sont plus que tangibles dans la santé, avec l'hôpital Calmette que je visiterai demain, mais aussi dans l'éducation et la formation des cadres supérieurs, dans l'économie et le développement rural, première ressource du pays. A Angkor, où je me rendrai samedi, la France poursuit aux côtés du Cambodge une oeuvre historique de développement, de préservation et de valorisation de l'un des éléments les plus remarquables du patrimoine mondial.
Je m'arrêterai quelques instants sur l'intérêt que nous portons ici comme chez beaucoup de nos partenaires à l'organisation et à la consolidation d'un Etat de droit. Qu'il s'agisse de la formation de juristes et de magistrats, mais aussi de celles de hauts cadres de l'Etat, préparés ici au sein de l'Ecole royale d'administration, nous le faisons avec la conviction très forte qu'il s'agit du premier pilier d'un développement durable, qui garantisse une société dynamique et équitable. Les entreprises et toutes les filières productives en ont besoin et l'Etat a besoin de leur investissement pour gagner la bataille de la croissance.
Mais dans le cas particulier du Cambodge, qui veut tourner la page la plus sombre de son histoire, l'Etat a naturellement besoin d'une justice solide et d'une administration compétente qui lui permettent, en pleine responsabilité, d'établir la vérité sur le passé et de garantir au peuple cambodgien le respect de droits individuels et collectifs qui restaureront et conditionneront la confiance. Il y faudra une rigueur de tous les instants et une volonté politique puissante, chacun le sait. La France mesure l'enjeu et ne cessera d'accompagner le Cambodge sur cette voie difficile car il n'en est pas d'autre pour regarder l'avenir en face, et redonner à chacun la sérénité et l'espoir.
A tous nos compatriotes qui sont installés ici et dont la communauté, chaque année un peu plus nombreuse, témoigne ainsi sa confiance et son attachement au Cambodge, je rends hommage pour tous les efforts qu'elle accomplit : entrepreneurs, experts au service de notre coopération bilatérale, associations et ONG, tous vous oeuvrez dans des conditions souvent difficiles mais avec une énergie, un dynamisme et une volonté de réussir que le Cambodge apprécie et que la France, de son côté, mesure pleinement.
Permettez-moi de souligner tout particulièrement l'action pionnière des ONG françaises dans l'entreprise de reconstruction du Cambodge, dès avant la signature des accords de Paris. Ce sont elles qui ont les premières donné à la société cambodgienne meurtrie et fragilisée par les séquelles de la guerre, la preuve que la France était à ses côtés, fraternellement, pour l'aider, à Phnom Penh, dans les provinces, à reprendre espoir. Je veux au nom du gouvernement français leur dire notre admiration et notre volonté de les soutenir dans leur effort.
Mesdames, Messieurs,
En venant au Cambodge, dans ce pays si proche de nous par l'histoire et dont l'appartenance à la francophonie manifeste l'attachement à notre langue commune, l'un des atouts de son ouverture au monde, je suis certain de rencontrer une puissante détermination à prendre sans retour le chemin du développement.
Mais je sais ce que vaut et apporte à cet effort, la profonde amitié entre le Cambodge et la France. Je forme le voeu qu'elle soit pour ce pays non seulement un témoignage de confiance, mais l'assurance d'une volonté de l'accompagner dans sa reconstruction, dans la paix, le progrès et la modernité.
Monsieur l'Ambassadeur, Madame,
Merci d'avoir dès mon arrivée réuni tous ces amis. Mon épouse et moi-même y sommes extrêmement sensibles, mais aussi toute la délégation qui m'accompagne : vous y avez remarqué la jeune cambodgienne Amélie Smoeun, étudiante à Rennes, chez moi, en Bretagne. Je l'ai rencontrée au Sommet de la Francophonie à Moncton, au début septembre ; elle y portait avec beaucoup d'assurance et de force la parole des jeunes, venus rencontrer les Chefs d'Etat et de gouvernement et leur traduire les aspirations de la jeunesse francophone. Cette parole m'a frappé ; je le lui ai dit ; elle m'a en peu de mots dit sa vie. J'ai alors pensé qu'il ne pourrait y avoir à mes côtés de meilleur ambassadeur entre nos deux peuples. Son sourire, sa force, son amour de la vie, ne sont-ils pas l'emblème de ce qui nous réunit ?
Vive le Cambodge !
Vive l'amitié entre la France et le Cambodge !
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 1999)
Excellences,
Monsieur l'Ambassadeur,
Chers amis,
Le voyage que j'effectue en Asie du Sud Est depuis dimanche dernier m'a conduit à Manille, puis au forum du Pacifique Sud à Palau. Je serai au début de la semaine prochaine en Indonésie et à Timor pour les raisons que vous savez. Mais je voulais réserver au Cambodge l'étape la plus longue car elle est aussi pour moi la plus symbolique, la plus attendue de ce périple, la plus émouvante peut-être.
Bien sûr, les contacts que la France entretient avec le Cambodge sont réguliers au plus haut niveau et toujours d'excellente qualité. De ce point de vue, l'année 1999 aura été riche de rencontres entre nos gouvernements et nos représentations nationales. Mais cette relation privilégiée s'exprime naturellement dans le contexte du Cambodge où, depuis des années, un travail patient de reconstruction a été entrepris, auquel la France a souhaité prendre part, et auquel le Cambodge l'a de son côté invitée à prendre toute sa part.
Cela n'aurait pu se faire, si ce pays et son peuple, après avoir pu désespérer de l'Histoire, n'avaient décidé eux-mêmes de mettre fin au chapitre des souffrances. Le Cambodge est maintenant tout à son avenir.
Mais cela ne se serait pas fait non plus si la France et le Cambodge n'étaient liés par une longue tradition de confiance et d'amitié. Elle a été tissée par le temps et de solides relations humaines, et elle donne tout son sens à cette entreprise de reconstruction et de coopération que d'aucuns auraient pu trouver illusoire mais que nous avons prise à bras le corps, ensemble, parce que nous y croyions.
Bien sûr, et c'est heureux, la France toutes ces années-là n'a pas été seule avec le Cambodge qui a pu compter sur la communauté internationale et pourra continuer de s'appuyer sur elle pour penser et concrétiser son développement. Mais c'est parce que nous voulions pour le Cambodge la paix et l'espoir que nous n'avons jamais douté qu'il y parviendrait. Pas une minute non plus nous n'avons cessé de l'encourager à tenir ce cap.
Nous voyons bien aujourd'hui que nous avons eu raison de miser sur la confiance et sur la fidélité.
A nos amis cambodgiens, que je remercie de leur présence ce soir, je dis combien nous sommes heureux que leur pays ait reconquis la paix, qu'il veuille l'approfondir et la consolider chaque jour davantage et qu'il soit maintenant possible pour lui d'en recueillir le fruit en mobilisant toutes les forces nationales sur le développement.
De ce point de vue, les élections législatives de juillet 1998 ont été une étape décisive : premières élections générales entièrement organisées par les autorités nationales, elles ont installé une nouvelle assemblée et par conséquent un nouveau gouvernement. Surtout, elles ont été un moment de vérité. Car le Cambodge, sous la sage autorité de sa majesté le Roi, a su manifester à ce moment là un esprit de responsabilité et une maturité propres à démentir tous ceux qui pouvaient mettre en doute la solidité de ses institutions et la volonté de ceux qui les animent.
Votre pays en a reçu de l'extérieur un témoignage de reconnaissance renouvelé : il est maintenant à sa place dans la communauté internationale. Il est à sa place dans la communauté régionale, depuis son entrée à l'ASEAN le 30 avril dernier ; et s'il entretient avec l'Europe une relation privilégiée dont il a pu mesurer les effets depuis 1991, cette relation ne demande qu'à s'approfondir et la France y veillera.
Voilà autant d'éléments qui permettent d'envisager avec optimisme les perspectives de développement que votre pays se donne.
Bien sûr, beaucoup souhaiteraient, j'imagine, que ces perspectives, au plan économique et social, se dessinent plus vite et je tiens à leur dire que c'est naturellement ce qui nous anime en coopérant avec le Cambodge.
La France, comme tous les bailleurs de fonds, encourage le gouvernement cambodgien sur la voie qu'il a choisie : il a entrepris de profondes réformes structurelles, dont la communauté internationale a pris acte. C'est sur cette volonté que repose son propre engagement.
Quant au nôtre, il s'applique de façon croissante depuis 1991, vous le savez, à la plupart des domaines touchant au développement de ce pays. Nous l'avons fait en veillant à coordonner nos efforts et nous l'avons fait en recherchant dans tous les domaines le moyen d'agir dans un esprit partenarial avec l'ensemble des acteurs de la société cambodgienne.
Aujourd'hui que ce pays fait partie de la zone de solidarité prioritaire voulue par notre Premier ministre pour concentrer nos concours sur les pays qui nous sont les plus proches et auxquels nous souhaitons manifester la preuve d'une solidarité utile, nous pouvons je crois sans complexe évaluer les premiers résultats : ils sont plus que tangibles dans la santé, avec l'hôpital Calmette que je visiterai demain, mais aussi dans l'éducation et la formation des cadres supérieurs, dans l'économie et le développement rural, première ressource du pays. A Angkor, où je me rendrai samedi, la France poursuit aux côtés du Cambodge une oeuvre historique de développement, de préservation et de valorisation de l'un des éléments les plus remarquables du patrimoine mondial.
Je m'arrêterai quelques instants sur l'intérêt que nous portons ici comme chez beaucoup de nos partenaires à l'organisation et à la consolidation d'un Etat de droit. Qu'il s'agisse de la formation de juristes et de magistrats, mais aussi de celles de hauts cadres de l'Etat, préparés ici au sein de l'Ecole royale d'administration, nous le faisons avec la conviction très forte qu'il s'agit du premier pilier d'un développement durable, qui garantisse une société dynamique et équitable. Les entreprises et toutes les filières productives en ont besoin et l'Etat a besoin de leur investissement pour gagner la bataille de la croissance.
Mais dans le cas particulier du Cambodge, qui veut tourner la page la plus sombre de son histoire, l'Etat a naturellement besoin d'une justice solide et d'une administration compétente qui lui permettent, en pleine responsabilité, d'établir la vérité sur le passé et de garantir au peuple cambodgien le respect de droits individuels et collectifs qui restaureront et conditionneront la confiance. Il y faudra une rigueur de tous les instants et une volonté politique puissante, chacun le sait. La France mesure l'enjeu et ne cessera d'accompagner le Cambodge sur cette voie difficile car il n'en est pas d'autre pour regarder l'avenir en face, et redonner à chacun la sérénité et l'espoir.
A tous nos compatriotes qui sont installés ici et dont la communauté, chaque année un peu plus nombreuse, témoigne ainsi sa confiance et son attachement au Cambodge, je rends hommage pour tous les efforts qu'elle accomplit : entrepreneurs, experts au service de notre coopération bilatérale, associations et ONG, tous vous oeuvrez dans des conditions souvent difficiles mais avec une énergie, un dynamisme et une volonté de réussir que le Cambodge apprécie et que la France, de son côté, mesure pleinement.
Permettez-moi de souligner tout particulièrement l'action pionnière des ONG françaises dans l'entreprise de reconstruction du Cambodge, dès avant la signature des accords de Paris. Ce sont elles qui ont les premières donné à la société cambodgienne meurtrie et fragilisée par les séquelles de la guerre, la preuve que la France était à ses côtés, fraternellement, pour l'aider, à Phnom Penh, dans les provinces, à reprendre espoir. Je veux au nom du gouvernement français leur dire notre admiration et notre volonté de les soutenir dans leur effort.
Mesdames, Messieurs,
En venant au Cambodge, dans ce pays si proche de nous par l'histoire et dont l'appartenance à la francophonie manifeste l'attachement à notre langue commune, l'un des atouts de son ouverture au monde, je suis certain de rencontrer une puissante détermination à prendre sans retour le chemin du développement.
Mais je sais ce que vaut et apporte à cet effort, la profonde amitié entre le Cambodge et la France. Je forme le voeu qu'elle soit pour ce pays non seulement un témoignage de confiance, mais l'assurance d'une volonté de l'accompagner dans sa reconstruction, dans la paix, le progrès et la modernité.
Monsieur l'Ambassadeur, Madame,
Merci d'avoir dès mon arrivée réuni tous ces amis. Mon épouse et moi-même y sommes extrêmement sensibles, mais aussi toute la délégation qui m'accompagne : vous y avez remarqué la jeune cambodgienne Amélie Smoeun, étudiante à Rennes, chez moi, en Bretagne. Je l'ai rencontrée au Sommet de la Francophonie à Moncton, au début septembre ; elle y portait avec beaucoup d'assurance et de force la parole des jeunes, venus rencontrer les Chefs d'Etat et de gouvernement et leur traduire les aspirations de la jeunesse francophone. Cette parole m'a frappé ; je le lui ai dit ; elle m'a en peu de mots dit sa vie. J'ai alors pensé qu'il ne pourrait y avoir à mes côtés de meilleur ambassadeur entre nos deux peuples. Son sourire, sa force, son amour de la vie, ne sont-ils pas l'emblème de ce qui nous réunit ?
Vive le Cambodge !
Vive l'amitié entre la France et le Cambodge !
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 1999)