Déclaration de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-saoudiennes, Paris le 28 avril 1997.

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Circonstance : Visite en France du gouverneur de la province de Riyad, le prince Saoudien Salman Bin Abdul-Aziz à Paris le 28 avril 1997

Texte intégral

C'est pour moi un honneur et une grande joie d'accueillir ici ce soir un très illustre représentant de la famille royale saoudienne, fils du fondateur du royaume, le grand roi Abdul-Aziz et gouverneur de la province de Riyad.

Votre visite, Altesse, après celle de son Altesse le prince Sultan, témoigne de la qualité exceptionnelle des relations entre nos deux pays et entre leurs dirigeants.

En allant à Djeddah, en juillet dernier, le président de la République a donné un nouvel élan à la grande tradition d'amitié franco-saoudienne, inaugurée par le roi Abdul-Aziz et fermement établie par le roi Fayçal et le général de Gaulle lors de leur entrevue historique de juin 1967 au Palais de l'Elysée.

Berceau de l'Islam, abritant les villes saintes de La Mecque et de Médine, votre pays, Altesse, est un grand pays ami. Tous les Français, et pas seulement les quatre millions de musulmans de nationalité française ou résidant en France, connaissent le rôle moral, spirituel, et donc politique de l'Arabie saoudite, son rayonnement dans le monde arabe et musulman, comme son importance sur la scène internationale.

Permettez-moi, Altesse, d'évoquer votre action personnelle dans la défense de plusieurs grandes causes internationales. Vous avez joué et continuez à jouer un rôle essentiel pour susciter et rassembler une aide humanitaire massive vers la Bosnie. La France, elle aussi, a beaucoup donné, en aide matérielle, et, hélas, aussi en vies humaines : celles de ses soldats combattant pour la paix et la justice dans ce pays déchiré par des luttes fratricides. Il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à une Bosnie réunifiée et prospère ; plus que jamais, nous devons conjuguer nos efforts.

Ce rôle de coordonnateur, de rassembleur, vous le jouez aussi, depuis longtemps, pour l'aide saoudienne au peuple palestinien. Dans les circonstances actuelles, le soutien matériel et moral à ces populations éprouvées qui souffrent est plus vital que jamais. Là encore, la France et l'Arabie saoudite se retrouvent côte à côte.

Notre dialogue politique est soutenu et harmonieux. La politique arabe de la France menée par le président Chirac est connue et appréciée par les dirigeants saoudiens qui souhaitent, je le crois, en ces temps de crise et de blocage du processus de paix, une implication plus active de la France et de l'Europe. Vous savez qu'à notre initiative, l'Union européenne a soumis un plan en dix propositions pour relancer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens et la mise en oeuvre des accords déjà conclus. Sur bien des questions, nos objectifs sont semblables, nos vues sont convergentes. Il nous faut, en particulier, unir nos efforts pour relancer la logique de la paix.


C'est à partir de la province du Nejd et de sa capitale Riyad que votre père, le roi Abdul-Aziz, a entrepris, au début de ce siècle, de rétablir le royaume d'Arabie saoudite que vos ancêtres avaient créé il y a plus de deux cents ans. Votre ville, Riyad, capitale du royaume, est l'un des témoins de ce passé : à la fin de l'an prochain, vous célébrerez le centenaire de l'entrée à Riyad de votre père le roi Abdul-Aziz. Que de changements en quelques décennies ! Riyad, naguère ville de quelque cent mille habitants, est aujourd'hui une grande métropole moderne, de plus de 3 millions d'habitants, avec une architecture d'avant-garde, un réseau dense d'autoroutes urbaines, d'innombrables espaces verts ; elle est résolument tournée vers l'avenir, un avenir qui verra sans doute sa population augmenter encore très rapidement.

Je voudrais saluer ce soir la présence de vos plus proches collaborateurs, qui ont mené avec vous ce développement prodigieux, et en particulier celle du maire de Riyad. De manière générale, en moins de cinquante ans, votre pays a su utiliser au mieux ses ressources naturelles immenses pour transformer de fond en comble ses structures, son mode de vie, sa communication, son système d'éducation et de santé, tout en conservant, et ce n'est pas la moindre de vos performances, ses traditions et son identité profonde.

On ne sait pas assez, en France, qu'en Arabie Saoudite, le secteur privé en plein essor contribue davantage au PIB que le pétrole. C'est avec cette économie en plein développement que la France souhaite construire une coopération plus intense. Les réalisations françaises à Riyad ont été importantes dans le passé : nous sommes fiers et reconnaissants de la place que le royaume a fait à la France dans ses projets de développement. Je citerai l'immense université du roi Séoud, le siège de votre gouvernorat, des autoroutes urbaines. Il s'agit aujourd'hui de régénérer cette tradition de coopération. Nos entreprises, grandes ou petites, souhaitent, Altesse, participer à cet effort. Définissons ensemble ce que nous souhaitons faire en commun pour l'avenir de votre pays, et de sa capitale en particulier, dans l'intérêt mutuel des uns et des autres.

Altesse, je voudrais évoquer enfin la dimension culturelle de nos relations, dont le président de la République a tenu à souligner l'importance en juillet dernier. Nos deux peuples doivent mieux se connaître, voire se découvrir. Je citerai ici des secteurs prometteurs : la coopération universitaire, la défense du patrimoine archéologique et culturel, la diffusion de la langue française bien sûr à laquelle nous accordons la plus grande importance, la contribution que nous pourrions éventuellement apporter à la formation de votre jeunesse qui prendra en main le développement de l'Arabie. Je songe aussi à la réalisation d'une grande exposition sur l'Arabie saoudite de l'an 2000, dans les locaux prestigieux de l'Institut du Monde arabe, qui contribuerait à donner de votre grand et beau pays une image plus exacte et plus actuelle. Il ne fait pas de doute que, à l'instar de l'exposition "Ryad d'hier à aujourd'hui" que vous aviez inauguré en 1986, au Grand Palais, avec le Premier ministre d'alors, M. Jacques Chirac, cette nouvelle manifestation connaîtrait un grand retentissement.

Altesse, vous venez nous voir en ami de la France et de sa culture, en ami de Paris et en ami du président Chirac. Votre amitié nous est très chère. Nous savons votre rôle éminent et votre influence dans votre pays. Nous savons combien vous avez à coeur de prendre part à l'essor de nos relations bilatérales et de nous accompagner sur le chemin qui reste à accomplir. Soyez assuré, Altesse, que, pour sa part, le gouvernement français est particulièrement attentif aux souhaits de son partenaire saoudien.

Permettez-moi donc, Altesse, de lever mon verre à l'amitié franco-saoudienne si bien incarnée par votre présence.

Permettez-moi, enfin de former des voeux pour votre santé personnelle, pour celle du serviteur des deux Saintes Mosquées, le roi Fahd Bin Abdul-Aziz, du prince héritier Abdallah, du prince Sultan et du prince Naef, de tous les hauts dirigeants du royaume et pour la prospérité et le bonheur du peuple saoudien.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2001)