Déclarataion de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question d'actualité sur l'intervention militaire de la Russie en Tchétchénie, à l'Assemblée nationale le 9 novembre 1999.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale, Paris le 9 novembre 1999.

Texte intégral

Depuis déjà plusieurs semaines, d'abord avec mes homologues allemand et italien, puis à quinze, nous avons dit clairement que même si l'intégrité territoriale de la Russie n'est contestée par personne, et si le terrorisme sévit depuis des années dans cette région, cela ne justifie pas l'escalade à laquelle procède l'armée russe en Tchétchénie. Nous avons dit qu'il était intolérable que les populations civiles soient frappées par une action militaire à grande échelle, qui semble en outre aveugle, et que nous ne croyions pas à une solution purement militaire. Nous avons demandé depuis des semaines que soit repris le dialogue politique, tel qu'il avait été envisagé en 1996, puis abandonné, par les uns et les autres il est vrai, mais ce n'est pas une raison. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour que soient rouverts des couloirs humanitaires et pour que l'aide humanitaire parvienne, celle du CICR et celle d'autres ONG, celle de toutes les ONG qui acceptent de venir dans une région où il y a de grands risques. Cela a été fait en grande partie à partir de l'Ingouchie. Nous pensons que les Russes se fourvoient : ils doivent reconnaître qu'il y a un problème tchétchène, et un problème du Caucase du nord qui dépasse de loin la question du terrorisme - il existe - et qui doit être traité sur des bases politiques. C'est ce que j'ai dit sans ambiguïté à mon homologue russe, M. Ivanov, lors de sa visite à Paris et c'est ce que nous allons dire au sommet de l'OSCE à Istanbul. La Russie va faire l'objet de pressions de tous les pays qui veulent que prévale en Tchétchénie une solution d'une autre nature./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 1999)