Texte intégral
Je vous remercie, Monsieur le Ministre, de vos paroles chaleureuses et de votre accueil qui me touchent beaucoup. Ma présence aujourd'hui en Israël témoigne de la volonté de la France d'approfondir les relations de confiance et d'amitié qui existent entre nos deux peuples et entre nos deux pays.
J'arrive dans la région à un moment dramatique et c'est naturellement sur cette situation qu'ont porté pour l'essentiel mes entretiens d'aujourd'hui avec les responsables israéliens. Les événements des dernières heures ne font que renforcer notre préoccupation.
La nôtre, mais aussi celle des Européens, telle qu'ils l'ont exprimée au Conseil européen de Séville, il y a quelques jours. Je sais le tribut cruel versé par votre pays, par Israël, au terrorisme. Et je voudrais exprimer ici, à nouveau, ma sympathie, la compassion de la France, à toutes les victimes de ces barbaries. Il n'y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. La France, qui en a elle-même durement souffert dans son passé, le condamne et le combat. Nous avons connu, encore récemment, au Pakistan cette épreuve pour nombre de nos compatriotes. Mais le peuple israélien, le peuple palestinien, ne doivent pas être otages de ce terrorisme. Il y a urgence à relancer les efforts de paix. Comme le disait Itzhak Rabin, les risques de la paix sont toujours préférables aux tristes certitudes qui attendent une nation en guerre.
Je suis ici aujourd'hui car la communauté internationale doit et veut se mobiliser. Elle peut aider les parties à assumer ce risque de la paix, car aujourd'hui ce risque nous concerne tous. La France et l'Union européenne ont un rôle à jouer dans la relance des efforts de paix. Elles ont un intérêt fondamental à l'établissement de la paix au Proche-Orient, ne serait-ce qu'en raison des liens qui unissent la France à cette région.
Nous avons, vous le savez, en France, la seconde communauté juive au monde, et une communauté musulmane de plusieurs millions de personnes. C'est pourquoi la France y est particulièrement sensible. L'histoire du judaïsme français, vous l'avez rappelé, Monsieur le Ministre, se confond avec l'histoire de France. C'est de France, par un décret adopté en 1791, par l'Assemblée constituante, reconnaissant l'égalité des droits civils, qu'est parti le mouvement d'émancipation des Juifs. A l'inverse, un grand nombre de nos compatriotes, venus d'Afrique du Nord ou de France même, ont pris part à la création de l'Etat d'Israël. Et plus d'un demi-million d'Israéliens perpétuent, aujourd'hui encore, l'usage de leur langue d'origine, et nous en sommes fiers. Rien de ce qui touche Israël ne nous est indifférent, et c'est en raison de l'amitié ancienne, profonde de la France à l'égard d'Israël que je peux tenir aujourd'hui ce discours de vérité et de franchise.
Je sais les blessures que certains épisodes de notre histoire commune ont laissées dans le cur des hommes et des femmes de ce pays. Mais ce qui nous unit est plus profond que ce qui parfois nous divise.
La France a toujours défendu avec détermination le droit d'Israël à exister dans des frontières sûres et reconnues.
Elle lui reconnaît aujourd'hui bien évidemment le droit à vivre libérée de la hantise quotidienne des attaques terroristes. Cette amitié m'autorise à vous dire la conviction française que seule une perspective politique aboutissant à une solution juste, établie sur les respects des droits de chacun, peut permettre de répondre aux aspirations des peuples de la région à une paix durable. Toute solution qui ne serait pas fondée sur une véritable vision de l'avenir, qui se limiterait à un rapport de forces, ne pourrait manquer d'être précaire. L'occupation des villes palestiniennes, et aujourd'hui l'encerclement du siège de l'Autorité palestinienne vont à l'encontre de ces efforts de paix.
Ils ne peuvent qu'alimenter la frustration et le désespoir. Les Palestiniens savent qu'ils n'obtiendront pas la réalisation de leurs aspirations si le droit d'Israël à vivre en sécurité n'est pas solidement et définitivement établi. Les Israéliens savent que leurs exigences légitimes et fondamentales à la reconnaissance et à la sécurité ne pourra se réaliser que par le respect des droits et aspirations également légitimes et fondamentaux de leurs voisins.
Aujourd'hui, il existe un très large consensus au sein de la communauté internationale sur les éléments à prendre en compte pour la relance des négociations, et sur le point d'aboutissement souhaitable d'un tel processus : l'existence côte à côte de deux Etats à l'intérieur de frontières sûres et reconnues jouissant de relations normales avec leurs voisins. Il est important de saisir cette chance. Vous avez, Monsieur le Ministre, évoqué par ailleurs le souhait d'Israël de voir la France active pour contribuer à une meilleure relation avec les voisins du Nord, avec la Syrie et le Liban. Je veux vous redire aujourd'hui l'entière disponibilité française, la volonté française de prendre toute sa part dans la recherche de la paix. La volonté de la France sera au rendez-vous, prête à vous aider dans cette recherche. Merci beaucoup.
Q - Si je vous disais, Monsieur le Ministre, qu'Israël est une parenthèse de l'histoire, une formule que certains en France, et je fais allusion entre autres à un livre du rédacteur en chef du Monde, vous ont attribuée. Qu'est-ce que vous me répondez ?
R - D'abord de vérifier vos sources, ce qui est je crois le premier travail d'un journaliste. Et deuxièmement, qu'il faut se méfier des rumeurs. Dans cette région, vous avez suffisamment éprouvé le soupçon pour savoir distinguer le soupçon de la vérité.
Q - Monsieur le Ministre, lors de votre rencontre avec Arafat, quel message allez-vous lui transmettre ? Est-ce que vous émettrez des critiques sur le comportement d'Arafat ces derniers temps ?
R - La France vient dans votre région pour soutenir les efforts de paix. Elle vient donc pour porter cette conviction de la nécessité d'avancer dans ce sens, parce qu'elle est convaincue que sans solution politique, sans espoir et perspective de paix, le cercle de la violence ne peut que se poursuivre. Il n'y a pas de véritable politique de sécurité qui puisse créer une sécurité totale. Il faut un espoir, il faut une perspective de paix, et c'est à cela que chacun doit s'efforcer de contribuer.
Q - Est-ce que la France soutient l'inclusion du Hezbollah dans la liste des organisations terroristes de l'UE ?
R - Concernant votre question, je ne suis évidemment pas ici pour stigmatiser tel ou tel, mais pour aider à la paix. S'agissant du Hezbollah, nous attendons qu'il se comporte avec la plus grande retenue possible au Sud Liban, et partout ailleurs. Nous le lui disons, de même qu'à tous les Etats qui exercent une influence sur lui. Nous n'avons jamais fait preuve de la moindre complaisance à ce sujet. Vous avez évoqué l'inscription sur une liste européenne. Vous savez que l'examen se fait au cas par cas, dans des conditions qui relèvent d'un processus de consultation entre Européens. Il s'agit d'un processus de décision collective et d'un processus de décision continu. Certaines inscriptions ont été faites au cours des dernières semaines.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2002)
J'arrive dans la région à un moment dramatique et c'est naturellement sur cette situation qu'ont porté pour l'essentiel mes entretiens d'aujourd'hui avec les responsables israéliens. Les événements des dernières heures ne font que renforcer notre préoccupation.
La nôtre, mais aussi celle des Européens, telle qu'ils l'ont exprimée au Conseil européen de Séville, il y a quelques jours. Je sais le tribut cruel versé par votre pays, par Israël, au terrorisme. Et je voudrais exprimer ici, à nouveau, ma sympathie, la compassion de la France, à toutes les victimes de ces barbaries. Il n'y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. La France, qui en a elle-même durement souffert dans son passé, le condamne et le combat. Nous avons connu, encore récemment, au Pakistan cette épreuve pour nombre de nos compatriotes. Mais le peuple israélien, le peuple palestinien, ne doivent pas être otages de ce terrorisme. Il y a urgence à relancer les efforts de paix. Comme le disait Itzhak Rabin, les risques de la paix sont toujours préférables aux tristes certitudes qui attendent une nation en guerre.
Je suis ici aujourd'hui car la communauté internationale doit et veut se mobiliser. Elle peut aider les parties à assumer ce risque de la paix, car aujourd'hui ce risque nous concerne tous. La France et l'Union européenne ont un rôle à jouer dans la relance des efforts de paix. Elles ont un intérêt fondamental à l'établissement de la paix au Proche-Orient, ne serait-ce qu'en raison des liens qui unissent la France à cette région.
Nous avons, vous le savez, en France, la seconde communauté juive au monde, et une communauté musulmane de plusieurs millions de personnes. C'est pourquoi la France y est particulièrement sensible. L'histoire du judaïsme français, vous l'avez rappelé, Monsieur le Ministre, se confond avec l'histoire de France. C'est de France, par un décret adopté en 1791, par l'Assemblée constituante, reconnaissant l'égalité des droits civils, qu'est parti le mouvement d'émancipation des Juifs. A l'inverse, un grand nombre de nos compatriotes, venus d'Afrique du Nord ou de France même, ont pris part à la création de l'Etat d'Israël. Et plus d'un demi-million d'Israéliens perpétuent, aujourd'hui encore, l'usage de leur langue d'origine, et nous en sommes fiers. Rien de ce qui touche Israël ne nous est indifférent, et c'est en raison de l'amitié ancienne, profonde de la France à l'égard d'Israël que je peux tenir aujourd'hui ce discours de vérité et de franchise.
Je sais les blessures que certains épisodes de notre histoire commune ont laissées dans le cur des hommes et des femmes de ce pays. Mais ce qui nous unit est plus profond que ce qui parfois nous divise.
La France a toujours défendu avec détermination le droit d'Israël à exister dans des frontières sûres et reconnues.
Elle lui reconnaît aujourd'hui bien évidemment le droit à vivre libérée de la hantise quotidienne des attaques terroristes. Cette amitié m'autorise à vous dire la conviction française que seule une perspective politique aboutissant à une solution juste, établie sur les respects des droits de chacun, peut permettre de répondre aux aspirations des peuples de la région à une paix durable. Toute solution qui ne serait pas fondée sur une véritable vision de l'avenir, qui se limiterait à un rapport de forces, ne pourrait manquer d'être précaire. L'occupation des villes palestiniennes, et aujourd'hui l'encerclement du siège de l'Autorité palestinienne vont à l'encontre de ces efforts de paix.
Ils ne peuvent qu'alimenter la frustration et le désespoir. Les Palestiniens savent qu'ils n'obtiendront pas la réalisation de leurs aspirations si le droit d'Israël à vivre en sécurité n'est pas solidement et définitivement établi. Les Israéliens savent que leurs exigences légitimes et fondamentales à la reconnaissance et à la sécurité ne pourra se réaliser que par le respect des droits et aspirations également légitimes et fondamentaux de leurs voisins.
Aujourd'hui, il existe un très large consensus au sein de la communauté internationale sur les éléments à prendre en compte pour la relance des négociations, et sur le point d'aboutissement souhaitable d'un tel processus : l'existence côte à côte de deux Etats à l'intérieur de frontières sûres et reconnues jouissant de relations normales avec leurs voisins. Il est important de saisir cette chance. Vous avez, Monsieur le Ministre, évoqué par ailleurs le souhait d'Israël de voir la France active pour contribuer à une meilleure relation avec les voisins du Nord, avec la Syrie et le Liban. Je veux vous redire aujourd'hui l'entière disponibilité française, la volonté française de prendre toute sa part dans la recherche de la paix. La volonté de la France sera au rendez-vous, prête à vous aider dans cette recherche. Merci beaucoup.
Q - Si je vous disais, Monsieur le Ministre, qu'Israël est une parenthèse de l'histoire, une formule que certains en France, et je fais allusion entre autres à un livre du rédacteur en chef du Monde, vous ont attribuée. Qu'est-ce que vous me répondez ?
R - D'abord de vérifier vos sources, ce qui est je crois le premier travail d'un journaliste. Et deuxièmement, qu'il faut se méfier des rumeurs. Dans cette région, vous avez suffisamment éprouvé le soupçon pour savoir distinguer le soupçon de la vérité.
Q - Monsieur le Ministre, lors de votre rencontre avec Arafat, quel message allez-vous lui transmettre ? Est-ce que vous émettrez des critiques sur le comportement d'Arafat ces derniers temps ?
R - La France vient dans votre région pour soutenir les efforts de paix. Elle vient donc pour porter cette conviction de la nécessité d'avancer dans ce sens, parce qu'elle est convaincue que sans solution politique, sans espoir et perspective de paix, le cercle de la violence ne peut que se poursuivre. Il n'y a pas de véritable politique de sécurité qui puisse créer une sécurité totale. Il faut un espoir, il faut une perspective de paix, et c'est à cela que chacun doit s'efforcer de contribuer.
Q - Est-ce que la France soutient l'inclusion du Hezbollah dans la liste des organisations terroristes de l'UE ?
R - Concernant votre question, je ne suis évidemment pas ici pour stigmatiser tel ou tel, mais pour aider à la paix. S'agissant du Hezbollah, nous attendons qu'il se comporte avec la plus grande retenue possible au Sud Liban, et partout ailleurs. Nous le lui disons, de même qu'à tous les Etats qui exercent une influence sur lui. Nous n'avons jamais fait preuve de la moindre complaisance à ce sujet. Vous avez évoqué l'inscription sur une liste européenne. Vous savez que l'examen se fait au cas par cas, dans des conditions qui relèvent d'un processus de consultation entre Européens. Il s'agit d'un processus de décision collective et d'un processus de décision continu. Certaines inscriptions ont été faites au cours des dernières semaines.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2002)