Texte intégral
Discours de 14 mai 1997 :
M. Demeyre, mesdames et messieurs, mes chers amis,
Je souhaitais aujourd'hui dans le Nord, en compagnie d'Anne-Marie Couderc, le ministre chargé de l'emploi - ce n'est pas un cadeau que je lui ai fait en lui donnant ce poste il y a deux ans, mais elle s'en est formidablement acquittée - parler précisément de l'emploi et essayer d'expliquer un peu plus en détail, les intentions qui sont les nôtres pour faire reculer le chômage, s'attaquer à ce fléau qui explique bien des difficultés de notre pays et stimuler la création d'emplois.
Eh bien je voudrais remercier d'emblée M. Demeyre d'avoir eu l'idée de m'amener ici. Je le remercie aussi du petit poème de Jacques Brel. Je ne sais pas comment il a deviné mais c'est un de mes chanteurs préférés. J'ai encore dans ma discothèque tous ses disques. Vous remercier parce que l'emploi, c'est exactement ici que ça se passe, et c'est ici sur le terrain que des entreprises comme celle-ci, je ne le dis pas pour vous faire plaisir, que la bataille se gagnera ou se perdra et je crois qu'elle va se gagner bien sûr. D'abord parce que c'est exactement la taille d'entreprise qu'il nous faut en France pour nous développer et assurer nos positions dans le monde. C'est une entreprise déjà moyennement grosse, nous n'en avons pas assez. Nous avons beaucoup de petites et moyennes entreprises, c'est bien ; nous avons des grands groupes très performants ; il nous manque cette taille d'entreprise. Et il faut les aider bien sûr.
Entreprise familiale d'abord et j'ai été heureux que nous nous rappelions un petit peu l'histoire d'un siècle de présence des Demeyre dans cette entreprise. Et ça va se poursuivre. J'imagine tout ce qu'il a fallu de courage, de ténacité, de travail, même s'il n'est pas tout seul. Je sais aussi - et j'ai été très attentif - que vous l'avez fait avec beaucoup de cur. Ce n'est pas souvent qu'on entend un chef d'entreprise parler des valeurs humanistes. Eh bien, je crois qu'on devrait le faire un peu plus parce que, ça aussi ça compte, pour créer dans une équipe l'esprit de solidarité, de participation, de travail, de fraternité qui est aussi l'une des conditions du succès.
Entreprise familiale, entreprise qui investit. Vous nous avez montré les nouvelles machines qui sont là. Entreprise qui exporte 50 % de son chiffre d'affaire en Europe et même ailleurs. Entreprise implantée en Asie. Vous parliez de vos projets commerciaux et de vos réalisations commerciales. Entreprise qui innove sur le plan technique et aussi sur le plan social. Et j'ai été très heureux de ce que vous m'avez dit de l'utilisation du système de la loi Robien. Ce qui permet d'ailleurs peut-être de dépasser le cadre de ce que nous voyons ici - pour répondre aussi à vos questions sur nos intentions. Si nous voulons que ce type d'entreprises se développe, qu'elles puissent créer des emplois, qu'elles puissent faire école dans notre pays, nous devons aller beaucoup plus loin dans ce que nous avons fait depuis trois ou quatre ans. Nous partions de bas. On a complètement oublié dans quel état nous avons trouvé l'entreprise France parce que c'est de celle-là que nous sommes en charge - en 1993. Ça ne se répare pas par un coup de baguette magique en trois mois, en six mois, ni même en deux ou trois ans. On a fait du travail, on a bien remonté la pente et maintenant on peut aller de l'avant. Alors aller de l'avant ça veut dire quoi ?
Premièrement, baisser les charges - j'ai bien compris le message. C'est indispensable et je crois que les Françaises et les Français le comprennent. Permettez-moi de rappeler quand même, comme ça en passant, qu'on a peu commencé. Le 1er octobre 1996, la nouvelle ristourne de 13 % sur tous les salaires compris entre le Smic et 1,33 fois le Smic, c'est à dire jusqu'à 8 000 francs nets à peu près, c'est moins 13 %, c'est un petit effort non négligeable. Et nous avons continué dans certains secteurs comme le textile, en le sait ici dans le Nord, lorsqu'il a été confronté à la crise de la dévaluation compétitive, nous avons mis en place un système de baisse des charges sociales plus avantageux qui a permis de sauver 35 000 emplois. Nous voulons continuer et j'ai dit que notre majorité s'engageait à étendre, en l'adaptant peut-être un petit peu, le système d'allégement des charges sociales du textile à d'autres secteurs parmi lesquels j'ai cité, et je ne le dis pas tout simplement ici pour la circonstance, le meuble et le travail du bois, d'autres aussi : les services, les hôtels, cafés, restaurants, le BTP. Nous sommes en train de négocier cette baisse des charges sociales avec Bruxelles, et j'espère que nous arriverons à vaincre nos partenaires qu'il faut faire preuve d'un peu d'imagination, ce qui n'est pas toujours leur qualité dominante, bon je ne vais pas critiquer la technocratie parce que ça me reviendrait après j'espère que nous arriverons à convaincre nos partenaires droit devant, bien entendu.
Donc, baisser les charges, nous y sommes décidés et nous continuerons dans cette voie, encore faut-il pour baisser les charges - je pense qu'ici chacun en a conscience - ne pas augmenter les dépenses publiques. Il faudra bien qu'on m'explique un jour comment on peut à la fois augmenter les dépenses, ne pas augmenter les déficits et baisser les charges. Si on veut baisser les charges, ce qui est prioritaire, si on veut réduire les déficits, ce qui est indispensable, inévitable, pour éviter de voir notre économie imploser complètement, il faut bien avoir une politique qui ne consiste pas à jeter l'argent par les fenêtres et à ne pas promettre, par exemple, de créer 700 000 emplois publics. Qui seraient payés comment ? Par l'impôt inévitablement, il n'y a pas d'autre solution. Donc baisser les charges.
Deuxième objectif, simplifier la vie. Simplifier la vie des entreprises et en particulier des petites et moyennes entreprises. Là encore je rappellerai qu'on a commencé : la déclaration d'embauche simplifiée que nous avons mise au point est en progrès considérable pour les toutes petites entreprises. Ca se remplit maintenant en dix minutes et tout le travail que devait faire avant le chef d'entreprise lui-même pour communiquer sa décision d'embauche à toute une série d'administrations, il est fait désormais par l'URSSAF. Donc le chef d'entreprise ne déclare plus que sur une feuille à l'URSSAF et c'est l'URSSAF qui dispatche ensuite : Inspection du travail, Sécurité sociale etc. De même, comme le Président de la République nous l'avait demandé - personne ne pourra nier que nous ne le ferions - nous avons passé le nombre de rubriques de la feuille de paye type d'une trentaine de lignes pour un cadre à onze maintenant, et d'une vingtaine de lignes pour un salarié à sept, nous l'avons divisé par trois, ce qui au passage - il ne faut pas se méprendre - n'est pas une diminution de la feuille de paye, c'est une diminution du nombre de lignes à remplir sur la feuille de paye et nous sommes en train de travailler à la détermination d'un salaire de référence unique pour le calcul de toutes les cotisations de façon à ce que l'on ne soit pas obligé de changer à chaque ligne. Ce sont des petites choses mais vous savez que les simplifications, ça se passe comme ça concrètement. Et notre objectif est d'aller plus loin, de mettre au point notamment une déclaration de cotisation sociale simplifiée à laquelle différents services de M. Barrot et d'Anne-Marie Couderc travaillent en ce moment.
Il faudra aller pour la toute petite entreprise encore un petit peu plus loin : imaginer un véritable statut. Ça ne vous concerne pas, vous êtes déjà au-dessus de cela, mais un véritable statut de la TPE comme on dit pour qu'elle ne soit pas assujettie aux mêmes règles administratives, juridiques ou fiscales que le grand groupe international, comme c'est le cas aujourd'hui.
Donc après la baisse des charges, les simplifications, vous voyez notre détermination et je crois que le passé récent plaide pour l'avenir. Nous avons commencé et nous voulons aller plus loin et plus vite.
Enfin, troisième élément : le temps de travail. C'est vrai que l'évolution historique va dans le sens de la diminution du temps de travail, encore faut-il le faire intelligemment si on veut sauver l'emploi. J'étais ce matin au siège de la CGPME, devant son comité directeur, et les orateurs qui m'ont précédé faisaient remarquer que dans le programme de certaines formations politiques que vous identifierez facilement, on nous annonce la semaine de 35 heures payées 39 heures, donc sans diminution de salaire. on oublie de dire quelque chose, comme dans le même programme : il y a une conférence nationale sur les salaires pour les augmenter, ça veut donc bien dire 35 heures payées un peu plus cher que les 39 heures actuelles. Alors je ne dis pas que l'on ne peut pas, je vous ai apporté la démonstration avec la loi Robien que l'on peut, mais je dis que si on l'impose à tout le monde en même temps, sans que l'on discute, sans que l'on regarde un peu les contreparties, alors on mettra en dépôt de bilan des milliers de PME qui ne pourraient pas supporter ce système. C'est donc une approche bureaucratique, dirigiste qui est absurde.
La bonne façon d'aborder le problème c'est au cas par cas, sur le terrain, par la discussion, au sein de l'entreprise, entre les organisations syndicales et les employeurs et c'est ce que vous avez fait. Et j'imagine que lorsque vous dites que l'on passe à 35 payées 39, qu'on embauche - j'ai un peu oublié de dire que dans la paye, une partie des charges sociales étaient prises en charge par l'État, oui, mais je précise comme ça... Pour que ce soit bien dit... Et puis, je pense aussi que vous avez dû améliorer votre processus de production, mieux saisonnaliser votre activité dans l'année, mieux utiliser vos machines et vos matériels que l'on a vus tout à l'heure et donc une négociation à laquelle chacun y met un peu du sien pour que tout le monde gagne l'entreprise, les salariés et les employeurs. Ça, c'est une bonne démarche et nous souhaitons l'encourager, favoriser le temps partiel, le temps choisi, les comptes chèque "temps", de façon à ce qu'il puisse y avoir aussi une vraie négociation au sein de l'entreprise. Bref, agir avec un peu de souplesse, un peu de pragmatisme, un peu de sens des réalités et pas en parachutant d'en haut un système obligatoire pour tout le monde.
Voilà un peu les perspectives qui sont les nôtres, j'évoquerai pour terminer que tout cela marchera si nous nous convainquons bien que la France, comme les autres, a droit à la croissance. Voie - pour développer un peu l'idée - sans laquelle nous serions condamnés dans notre pays à ne jamais dépasser 1,5 % de croissance. C'était très à la mode il y a vingt ans - c'était la croissance zéro, il y a encore quelques mouvements nostalgiques qui disent : il ne faut pas aller trop vite, ça pollue, eh bien moi, je dis qu'il faut une croissance forte respectueuse de l'environnement naturellement. Mais pourquoi est-ce que la France et l'Europe en général seraient le seul grand espace économique au monde aujourd'hui à ne pas se fixer pour objectif une croissance forte ? Toutes les grandes zones géographiques le font : la Chine est à 10, l'Asie du sud-est à 7 ou 8, l'Amérique latine à 5 ou 6, l'Amérique du Nord - c'est un pays développé depuis longtemps - à 4 ou 5 ; il faut que nous nous donnions les moyens de viser 3 % de croissance et pour cela, il faut moins de charges, il faut aussi utiliser cette future monnaie européenne que nous allons mettre en place comme un instrument de croissance et non pas simplement comme un instrument de bonne gestion, il faut qu'il y ait une politique monétaire qui aille dans ce sens - et puis enfin, je terminerai par là, si l'on veut arriver à ce résultat, il faut surtout - et j'ai dit à M. Demeyre - remettre à leur place un certain nombre de valeurs : la liberté, l'esprit d'initiative, la créativité, l'innovation, le mérite, le risque - on n'a rien sans rien - et la récompense de tout cela. Et dire que c'est pour tout le monde, que tout le monde peut partager ces valeurs, l'esprit d'entreprise et l'esprit de conquête. Sortons de cette espèce de morosité ambiante, sortons de cette espèce de conception bureaucratique et fonctionnarisée de l'économie française pour retrouver la voie que vous avez ouverte et que vos parents ont ouverte et qui est la voie de la création, de l'imagination, du travail, de l'entreprise pour tous, pour les patrons et pour les salariés parce que tout le monde doit en profiter. Voilà, je crois, le message que je retiendrai de ma visite ici dans cette entreprise et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de le vivre personnellement à votre contact.
Bravo !
Discours du 15 mai 1997 :
Monsieur le Maire de Sainte Croix, merci de nous accueillir dans votre commune. J'ai pu en traverser une petite partie rapidement en arrivant et j'ai vu à quel point elle était fidèle à l'image que je me fais du Périgord, c'est-à-dire chaleureuse, sympathique, verdoyante et, finalement, l'une des plus belles régions de notre France. Je le dis avec d'autant plus de conviction que je suis devenu Périgourdin par mariage puisque ma femme, Isabelle, est originaire, par son père, de Moulébier près de Bergerac, donc je suis un peu Périgourdin.
Je voulais vous remercier de votre patience. Je suis un petit peu en retard mais c'est pour la bonne cause, puisque j'étais en train de soutenir un autre de nos candidats, Patrick Stéfanini, qui va me succéder dans le 18è arrondissement de Paris sur la Butte Montmartre. Voyez, c'est le charme des campagnes électorales, je passe d'une très grande ville, la plus grande de France, à une commune rurale où je suis heureux de vous retrouver.
Je n'aurais qu'un petit reproche à vous faire, malgré tout, c'est que l'on m'a immédiatement servi une viande succulente mais j'avais cru voir qu'il y avait du foie gras avant, je ne l'ai pas vu dans mon assiette. Enfin, ce n'est que partie remise, j'espère !
Je suis venu, ici, pour honorer une promesse, celle que j'avais faite à Frédéric de Saint Sernin de venir lui apporter mon soutien pendant sa campagne, comme j'ai eu l'occasion de le faire dans ses premières campagnes, ici. Et je le fais vraiment avec beaucoup de plaisir et beaucoup de conviction parce que, vous vous en êtes rendus compte, je pense, au fil des années, vous avez, avec Frédéric de Saint Sernin, un garçon d'une qualité tout à fait exceptionnelle, à qui je veux dire, ici, mon amitié.
Il me disait tout à l'heure qu'on lui fait un peu le même reproche que celui que l'on me fait à moi, c'est-à-dire d'être un peu trop sec. Mais, cela va s'arranger. En Périgord, cela ne saurait durer, compte tenu du régime que vous devez lui faire subir ! Mais, au-delà de la plaisanterie, j'ai pu apprécier depuis longtemps, et tout particulièrement depuis deux ans qu'il siège au Parlement, les qualités que vous lui connaissez. C'est d'abord un homme de terrain. Vous avez pu voir à quel point il était disponible pour s'occuper en détail de tous les problèmes de cette circonscription. C'est aussi un homme très efficace au Parlement. J'ai pu le voir, à l'Assemblée Nationale, s'intéresser aux grands dossiers qui pouvaient avoir des retombées sur cette circonscription. C'est un homme de loyauté et de fidélité. Plus difficile, j'ai toujours trouvé Frédéric de Saint Sernin à mes côtés pour me soutenir, ce n'était pas toujours le cas de tout le monde mais, enfin, bon, tout cela est oublié déjà ! Et je voudrais ici lui en dire toute ma reconnaissance.
Je sais qu'il a poursuivi son implantation en se faisant élire conseiller général de ce canton, et je voudrais saluer, à mon tour, Madame Roland qui nous fait l'amitié d'être présente à cette table, dont je sais que le mari représentait beaucoup pour cette région.
Nous sommes maintenant dans la dernière ligne droite, c'est le cas de le dire, 10 jours à peine avant le premier tour.
Je crois que les choses ont un peu changé depuis une semaine et que la mobilisation, que l'on ne sentait pas au début, parce qu'on a tous été un petit peu pris par surprise par cette élection anticipée, cette mobilisation est maintenant - oui, presque tous ! Je vois les journalistes me regarder en rigolant -, je crois que maintenant la mobilisation se fait bien et, partout où je passe, je sens que nos concitoyens, d'abord, s'intéressent davantage à ce qui est en cause et, parce qu'ils s'y intéressent, comprennent bien l'enjeu.
L'enjeu, quel est-il ? Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut quand même faire un tout petit retour en arrière. Je sais bien qu il faut plutôt regarder vers l'avenir quand on fait de la politique mais, pour bien comprendre la situation de la France, il faut quand même se rappeler d'où nous venons. Et si j'avais un reproche à nous faire ou à me faire, c'est peut-être de ne pas avoir dit suffisamment dans quel état nous avons trouvé la France en 1993. Parce que nous ne partons pas sur terrain vierge, nous avons reçu un héritage, nous n'avons pas tout à fait choisi et, sans esprit de polémique, je voudrais quand même le rappeler très succinctement : des déficits et des dettes qui se sont accumulés pendant des années et des années.
Quand je pense que l'on ose maintenant nous reprocher le montant de la dette de l'État, en disant qu'elle est très importante, je voudrais quand même rappeler que la dette d'aujourd'hui, c'est tout simplement l'addition des déficits d'hier. Quand l'État est en déficit, que fait-il ? Il emprunte et cela s'additionne. Et puis, après, il faut rembourser. Ce sont donc les impôts que nos enfants auront à supporter. Et nous avons hérité de milliards, de dizaines de milliards, de centaines de milliards de déficits et de dettes.
Nous avons également hérité d'une gestion désastreuse des entreprises publiques - on parle toujours du Crédit Lyonnais mais il y en a d'autres (le Comptoir des Entrepreneurs, le Crédit Foncier, le GAN et quelques autres encore), d'une situation aussi où l'État n'assumait plus ses responsabilités dans beaucoup de domaines, l'insécurité, l'immigration illégale. Bref je ne vais pas allonger la liste. Nous étions, je terminerai simplement par-là ce bref rappel, en situation de récession économique. Pour la première fois depuis des décennies, l'économie française n'augmentait plus. Nous étions même à moins quelque chose en 1993, ne l'oublions pas, c'était il y a 4 ans !
Aujourd'hui, on se lamente parce que l'on est à plus de 2, 2,5, j'y reviendrai ! Mais en 1993, nous étions à -1 et quelque chose. Les affaires étaient vraiment retombées au plus bas niveau. Et voilà ce qu il a fallu gérer.
Alors, je n'ai pas de baguette magique. Il est évident qu'une telle situation ne se transforme pas en un an, en deux ans ou en trois ans. A partir de 1993, avec le Gouvernement d'Édouard Balladur et puis, bien sûr, à partir de 1995, lorsque nous sommes sortis de ce système qui, vous le savez bien, n'est pas un bon système, je veux parler de la cohabitation, parce que ce n'est pas un bon attelage que d'avoir un Président d'une couleur politique et un Gouvernement d'une autre couleur politique, on fait avec, parce qu'on est bien obligé ! Mais ce n'est pas un bon attelage, quand, en 1995, Jacques Chirac est arrivé à l'Élysée, une nouvelle impulsion a pu être donnée et nous nous sommes attaqués sérieusement aux problèmes de la France.
Nous avons d'abord essayé de redresser nos Finances. Cela n'a pas été facile. Cela n'a pas été populaire. C'est vrai que nous avons fait appel à vous. C'est vrai que nous vous avons demandé des efforts et vous les avez consentis, et je crois que ça marche.
On parle beaucoup de quelque chose qui peut paraître loin de vos préoccupations quotidiennes, ce sont les taux d'intérêt. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui nous avons des taux d'intérêt plus bas que nous n'en avons jamais eus ? Et cela concerne beaucoup d'entre vous, ceux qui veulent acheter une maison - il vaut mieux emprunter de l'argent à 5 ou 6 qu'à 9 ou 10, quand on fait le calcul, mois par mois, cela fait une sacrée différence -, cela concerne aussi les chefs d'entreprise qui veulent investir ou se développer, les agriculteurs qui ont besoin d'acheter du matériel. Pourquoi avons-nous obtenu cette chute spectaculaire des taux d'intérêt ? Pas uniquement parce que la Banque de France l'a décidée et je dirais même : pas principalement parce que la Banque de France l'a décidé, c'est parce que, autour de nous, les grands pays se sont dit : "Tiens, la France est redevenue un pays sérieux. Elle est à nouveau bien gérée, On peut lui faire confiance pour l'avenir", et donc les taux d'intérêt ont baissé. Cela aussi, c'est une très grande réussite de la gestion qui a été la notre, parce que cela a apporté beaucoup d'oxygène à l'économie française pour les raisons que je viens de rappeler. Donc, nous avons fait ce travail de remise en ordre.
Nous nous sommes aussi attaqués à des dossiers qui étaient prioritaires, peut-être pas pour des régions calmes comme la vôtre, mais partout où le problème se pose, je veux parler de l'insécurité. Nous avons repris les choses en main, et Jean-Louis Debré a fait, de ce point de vue, au ministère de l'Intérieur, un travail tout à fait formidable, qui a permis de faire baisser la criminalité et la délinquance depuis quelques années en France.
De la même manière, nous nous sommes dotés des moyens de maîtriser l'immigration illégale et le travail clandestin qui ne sont pas des bonnes choses pour notre pays. Nous sommes tous d'accord, bien sûr, pour accueillir les étrangers en situation régulière, qui respectent nos lois et qui sont prêts à s'intégrer à notre pays en respectant ses coutumes. Mais nous savons bien que si l'immigration illégale se développe et si le travail clandestin augmente, cela rend impossible l'intégration des étrangers en situation régulière. Il fallait donc agir pour se donner les moyens de faire quelque chose dans ce domaine, parce qu'il fallait, là aussi, remonter une pente.
Quand ils sont arrivés au pouvoir en 1988, quelle a été la première, l'une des toutes premières mesures qu'ont prise les Socialistes ? Abroger les lois Pasqua-Pandraud à l'époque. Déjà à l'époque ! Et le résultat, on le connaît, c'est que, dans les années qui ont suivi, l'immigration irrégulière s'est beaucoup développée et que l'on n'a pas été capable de maîtriser le système.
Et, là, qu'est-ce qu ils feraient s'ils gagnaient ? La même chose : abrogation des lois Pasqua-Debré, sans nous dire ce qu'ils mettraient à la place. Voilà un domaine où nous avons, je crois, fait beaucoup de progrès.
Et puis nous avons engagé de grandes réformes :
- la réforme de l'assurance-maladie que nous avons eu un peu de mal, peut-être, à faire comprendre, mais qui est une grande réforme qui sauvera notre médecine libérale à la française, sans rationnement des soins et sans diminution des remboursements des assurés sociaux. C'est la première fois, dans une réforme de la Sécurité Sociale, que ça se passe comme cela.
- nous avons réformé le Service Militaire Obligatoire, professionnalisé nos armées.
- nous avons complètement changé tout le système de l'aide au logement, avec le prêt à taux zéro.
J'étais il y a trois jours à Moulins et j'accueillais un jeune couple - ils avaient quoi ? 25 ou 30 ans - l'un était fonctionnaire, sa femme était agent dans une collectivité locale, ils avaient une petite fille de 4, 5 ans, ils venaient d'acheter leur maison avec un prêt à taux zéro. Et ils m'ont dit : "C'est parce qu'il y a le prêt à taux zéro qu'on a pu acheter, sans cela on n'aurait pas pu supporter les mensualités."
Voilà, je ne vais pas allonger la liste des réformes que nous avons faites. Je crois que depuis 1993, depuis 1995, avec le soutien de notre Majorité, avec le concours de députés comme Frédéric, nous avons pu remettre la France en bon ordre et engager des réformes de fond. Ceci est maintenant acquis et il va falloir passer à la vitesse supérieure.
J'ajoute que durant cette période, je l'oubliais, mais je ne voudrais pas l'oublier ici, nous nous sommes aussi beaucoup attachés à un secteur d'activité qui, pour le Président de la République et pour moi, aussi, est un secteur essentiel : je veux parler, bien sûr, du secteur agricole.
Il y a quelques ministres qui sont particulièrement connus et populaires dans notre Gouvernement, je le vois tous les jours, il y a d'abord le ministre des PME, du commerce et de l'artisanat, Jean-Pierre Raffarin. Je ne sais pas s'il y a, ici, des artisans et des commerçants mais ils savent tout le boulot que nous avons fait pour défendre et aider le commerce de proximité. Et puis, nous avons eu aussi l'un des meilleurs ministres de l'agriculture que nous ayons eus depuis longtemps, dans la personne de Philippe Vasseur qui connaît bien les problèmes agricoles et qui s'est battu avec une énergie formidable.
Je voudrais le rappeler aux agriculteurs qui sont ici, l'une des premières choses que nous avons faites, - c'était, je crois, en novembre 1995 -, c'est de définir, avec la profession et notamment avec le Centre National des Jeunes Agriculteurs, une Charte de l'installation des jeunes en agriculture pour aider, précisément, à la relève, pour que les anciennes générations, qui quittent la terre, puissent être remplacées par de nouvelles générations, et cette Charte commence à donner des résultats positifs. Le nombre d'installations en agriculture a recommencé à augmenter en 1996, alors qu'il avait baissé tout au long des années précédentes.
Ensuite, nous nous sommes attachés à faire face aux crises qui nous sont un peu tombées sur la tête, et cela, ce n'était évidemment la faute de personne, je pense en particulier à la crise de la viande bovine. Si Philippe Vasseur ne s'était pas battu avec l'énergie qui était la sienne, avec mon soutien et celui du Président de la République, nous n'aurions pas pu atténuer les conséquences que cette crise a eues, et qui commencent à s'effacer.
Et, enfin, et là je déborde déjà de ce rapide bilan pour me projeter vers l'avenir : nous avons pu, avec les organisations professionnelles agricoles, définir ce qui va être la nouvelle grande loi d'orientation agricole pour l'an 2 000.
Vous savez qu'au début des années 60, après le retour du Général de Gaulle au pouvoir, - Michel Debré était Premier ministre à l'époque -, on a fait une grande loi d'orientation agricole, qui a fixé les grandes lignes de développement de notre agriculture pour 20 ans ou 30 ans. C'était il y a près de 40 ans.
Eh bien, aujourd'hui, il faut à nouveau donner des perspectives à notre agriculture et nous avons élaboré, avec la profession, un texte qui est prêt, que nous sommes en train, d'ailleurs, d'améliorer sur un certain nombre de points, sur la fiscalité agricole, sur la ruralité, sur le développement de la filière agro-alimentaire à l'exportation, sur les retraites où, malgré les quelques efforts qui ont été faits, il y a encore beaucoup à faire, dans la perspective, notamment, tracée par le rapport d'un député, d'un autre député de la Dordogne, je voudrais parler de Daniel Garrigue. Tout ceci est prêt, et ce sera l'une de nos priorités lorsque la future Assemblée Nationale s'installera. Voilà ce que je voulais rappeler.
Maintenant, précisément, je voudrais me tourner vers l'avenir : qu'est-ce qui va se passer le 25 mai et le 1er juin ?
Le choix est clair : allons-nous recommencer le socialisme, avec ce que cela nous a apporté durant la période que je viens de rappeler ? Est-ce que nous allons recommencer le socialisme avec les Communistes et avec les mêmes vieilles recettes ? Je crois qu'il faut vraiment se poser cette question parce que certains hésitent encore, certains ne sont pas très contents - je comprends les mécontentements - et donc pourraient se laisser aller à, au premier tour, manifester leur mauvaise humeur et puis peut-être au deuxième tour aller à la pêche. Je crois que le résultat de tels comportements, il faut bien se le mettre dans la tête, cela consisterait à recommencer avec le socialisme et tout ce que cela comporte !
J'essaie vainement d'obtenir de Monsieur Jospin un certain nombre de réponses aux vraies questions que je lui ai posées. Il me répond par des petites phrases ou des plaisanteries, que j'ai du mal, d'ailleurs, parfois à démêler : la rue des Morillons, j'ai cherché sur mon plan de Paris, j'ai eu un peu de mal à trouver mais, enfin, cela c'est pour les initiés, j'imagine ! Oui, ce sont les objets trouvés mais, comme avant, c'était un avis de recherche, je n'ai pas bien compris où était la logique de tout cela. Enfin, peu importe !
En tout cas, notre projet existe. Moi, je l'ai rencontré. Je l'ai même dans mes dossiers. Frédéric le connaît et vous le connaissez tous. Il veut proposer à la France, avec Jacques Chirac, un nouvel élan pour profiter de tout le travail qui a été fait, de tous les efforts qui ont été faits par les Français entre 1993 et 1997 et, maintenant, redémarrer.
Redémarrer pour quoi ? D'abord, pour l'emploi. C'est évidemment notre objectif n°1. Et quand on parle de l'emploi, il faut toujours avoir en tête ce que cela représente sur le plan humain : chômage, souffrance, désarroi de beaucoup de familles. Et croyez bien que nous sommes au contact avec elles. J'étais, hier, dans la banlieue de Lille et je discutais avec des personnes qui étaient là dans la rue, qui étaient venues à ma rencontre. Chaque fois je leur disais: "Avez-vous des enfants ?", ils me disaient : "Oui, un, deux, trois", "Quel âge à l'aîné ?", "20 ans, 21 ans" et, malheureusement, trop souvent, quand je disais: "Qu'est-ce qu'il fait ?", on me disait : "Il est au chômage".
Donc, le drame du chômage, il est là, il nous touche tous et il n'y a pratiquement pas une famille qui, directement ou indirectement, ne soit concernée.
Donc, notre priorité plus que jamais, ce sera d'essayer de consolider les choses en matière d'emploi et d'aller de l'avant.
Je dis : consolider les choses, pourquoi ? Parce que, même si nous n'avons pas atteint nos objectifs, même si aujourd'hui la situation reste difficile, même si nous sommes très en-deça de ce que nous avions espéré, les choses ont commencé à changer.
Entre 1988 et 1993, je ne me lasserai pas de le répéter, même si cela ne plaît pas à nos adversaires, la législature socialiste nous a amené 700 000 chômeurs de plus. Depuis 1993, le chômage est stabilisé. Depuis 1993, il y a 100 000 jeunes de moins de 25 ans, de moins au chômage en France. Depuis 1993, nous recommençons à créer des emplois. Depuis 1993, le nombre de licenciements collectifs a baissé d'un tiers par rapport à la période précédente. Cela veut dire que, - non pas que l'on ait réussi -, cela veut dire que le virage est pris, que la tendance commence à s'inverser et qu'il faut donc, maintenant, la renforcer et l'accélérer, comment ? Et, là, on voit bien le choix. Je me bornerai à cet exemple, parce que je ne veux pas être trop long, sur l'emploi.
Quelles sont les propositions des Socialistes et des Communistes ? Il y en a deux pour l'essentiel :
- la première, c'est : on va financer sur fonds publics : 700 000 emplois, 350 000 emplois de fonctionnaires et 350 000 emplois dans les collectivités territoriales subventionnés par l'État.
Je me borne à une question : qui paie ? Cela coûte à peu prés 50 milliards de francs environ. Comment va t-on payer ? Quels impôts va-t-on augmenter ? On le sait déjà. Monsieur Vaillant, qui est un des principaux responsables du Parti Socialiste, indiquait avant hier, c'était une information intéressante, que les Socialistes remettraient en cause la baisse de l'impôt sur le revenu, qui a été voté par la Majorité actuelle, il y a quelques mois, et qui commence à produire ses effets et qui les produira dans 5 ans. Donc, cela, c'est clair.
Là, nous avions prévu 75 milliards d'allégement de l'impôt sur le revenu pendant 5 ans, principalement sur les familles. Il faut savoir qu'avec cette réforme 1 400 000 familles vont être exonérées complètement de l'impôt. Avec le programme socialiste, on rétablit l'ancien impôt sur le revenu, c'est-à-dire 75 milliards de plus.
- deuxième proposition : celle-là me paraît vraiment particulièrement dangereuse. Parce que, quand on la regarde comme cela, à première vue, elle est sympathique, ce sont les fameuses 35 heures. Qui ne souhaiterait travailler 35 heures plutôt que 39 ? Tout le monde, bien sûr ! C'est sans doute un peu le sens de l'histoire. Donc, c'est sympathique.
Mais qu'est-ce que cela veut dire quand on y regarde de plus près ? Si l'on fait une loi - et c'est cela que nous proposent les Socialistes - qui impose, à partir d'un jour J, à toutes les entreprises de France et de Navarre de faire travailler leurs salariés 35 heures, en les payant 39 heures, avec à la clé des augmentations de salaires, d'ailleurs, - puisque c'est aussi au programme -, je suis convaincu, et peut-être y a-t-il, ici, des petits chefs d'entreprise ou des moyens, ou des artisans ou des commerçants qui ont des salariés, que c'est le dépôt de bilan pour des milliers de Petites et Moyennes Entreprises françaises qui ne pourront pas, naturellement, payer, et donc c'est du chômage.
Voilà pourquoi je dis que ces deux propositions sont mauvaises.
Alors, qu'est-ce que nous voulons faire ? Pour l'emploi, nous voulons d'abord baisser les charges et les impôts, et continuer à les baisser, parce que nous avons commencé. Nous avons fait, par exemple, pour l'industrie textile, une baisse des charges qui a permis de sauver 35 000 emplois l'année dernière. Notre objectif, c'est d'étendre cette baisse des charges sociales à d'autres secteurs : je pense au secteur de la chaussure ou du textile - c'est déjà fait pour le textile -, je pense au Bâtiment ou aux Travaux Publics, je pense aux Cafés, Hôtels restaurants, je pense à la filière agro-alimentaire.
Donc, baisse des charges, parce que je ne peux pas mettre les pieds où que ce soit sans rencontrer un artisan, un commerçant, un petit patron qui me disent : "Finalement, moi, j'ai du travail, les carnets de commandes se garnissent, je pourrais bien embaucher, mais je ne peux pas parce que j'ai trop de charges", et, donc, si nous n'allégeons pas les charges, nous ne créerons pas d'emplois.
Deuxièmement, il faut simplifier la vie des Petites et Moyennes Entreprises, parce que c'est elles qui créent des emplois. Elles sont souvent confrontées à des tracasseries administratives ou à des formalités inacceptables. Là aussi, je pourrais citer des exemples, mais je veux être bref.
Et c'est la raison pour laquelle nous avons annoncé que, si nous gagnons ces élections, nous essaierons très rapidement de mettre au point, avec toutes les organisations concernées, un statut de la Toute Petite Entreprise, celle qui a 1, 2, 3, 4, 5 salariés, cela représente des millions d'emplois en France, parce qu'on ne peut pas la traiter de la même manière que la multinationale qui a 100 000 salariés.
Troisième chose que nous proposons pour l'emploi, c'est de nous occuper plus sérieusement encore de la formation des jeunes.
J'en parlais tout à l'heure avec celui de vos amis, qui me pilotait en voiture, votre secrétaire de circonscription, je crois, qui appartient au monde enseignant, et qui me disait : "Je suis navré de voir combien, pendant trop de temps, il y a eu coupure entre le monde de l'Éducation Nationale et le monde de l'entreprise", et le résultat, c'est qu'on a formé des jeunes qui n'avaient aucune idée de ce que c'était que la vie de l'entreprise et la vie professionnelle et qui, donc, ensuite, n'arrivaient pas à entrer dans le monde du travail. Et c'est cela qu'il faut changer, et la meilleure manière de changer, c'est de développer les formations en alternance, c'est-à-dire les formations dans lesquelles on passe une partie du temps à l'école et une partie du temps en entreprise.
Et notre objectif, c'est de mettre 400 000 jeunes en France, dès 1997, dans des formations en alternance, apprentissage, contrats de qualification et, même pour les étudiants à l'université, avec nos expériences, nos premières expériences professionnelles que nous sommes en train de mettre au point pour la rentrée prochaine.
On me dit parfois : "C'est bien mais ce n'est pas des emplois". Il faut que vous sachiez que les jeunes, qui passent par ces filières, à 85 % trouvent un emploi à la sortie parce qu'ils sont mieux préparés à la future vie de travail, et c'est donc un passeport pour l'emploi.
Quatrième chose que nous voulons faire pour l'emploi, c'est aménager intelligemment la durée du travail, parce que c'est vrai que tout le monde a envie de profiter du progrès technique, mais la seule façon de le faire intelligemment, ce n'est pas de faire une loi parachutée d'en haut, en même temps pour tout le monde, c'est de permettre à chaque entreprise, au niveau de l'entreprise de discuter pour voir comment on peut aménager le travail, parfois c'est la réduction de la semaine mais, parfois, cela peut être une meilleure répartition du temps de travail sur l'année. Il y a des entreprises qui, à certains moments de l'année, travaillent plus et puis, à d'autres moments, travaillent moins. Il faut donc pouvoir moduler le temps de travail. Cela peut être aussi un encouragement au temps choisi, au temps partiel. Bref, tout ce que nous avons fait avec la Loi Robien, qui fonctionne très bien, qui a sauvé ou créé des emplois.
Hier encore, je visitais près de Lille une entreprise de 500 salariés, du mobilier, qui fabriquait du meuble pour l'exportation ou pour le marché national et qui me disait qu'elle avait conclu un accord sur la Loi Robien et qu'avec cet accord elle venait de créer 50 emplois, c'est-à-dire d'augmenter de 10 % ses effectifs, en réduisant le temps de travail, en réorganisant le processus de production dans l'entreprise et en bénéficiant, parce qu'on oublie toujours de le dire, ce qu'apporte la Loi Robien, d'une exonération de charges sociales importante. Voilà quelque chose qui est intelligent, et c'est cela que nous nous proposons de développer pour faciliter l'aménagement du temps de travail.
Enfin, toujours pour l'emploi, notre dernière proposition, après la baisse des charges, après la simplification administrative, après la formation en alternance après l'aménagement du temps de travail, c'est le développement de ce qu'on appelle les emplois de proximité, c'est-à-dire ces nouveaux emplois qui correspondent à des besoins de services, le soutien scolaire, l'aide ménagère, les emplois dans les quartiers difficiles, et là nous avons des projets qui démarrent ou qui démarreront demain, les emplois de Ville que nous avons définis dans le cadre de notre Pacte de Relance pour la Ville, les emplois d'initiative locale qui figurent dans le projet de loi de cohésion sociale.
Et un point très important, que je voudrais souligner, parce que c'est passé un petit peu inaperçu : sachez qu'au 1er juillet prochain va démarrer ce que Jacques Chirac avait annoncé dans son programme de 1995, c'est-à-dire la Prestation Dépendance pour les Personnes âgées.
Nous avons de plus en plus de personnes âgées qui ont besoin d'être aidées, parce qu'elles vivent plus âgées, parce qu'elles ont des problèmes de santé. La solution, ce n'est pas toujours de les mettre dans une maison spécialisée, il faut essayer le plus souvent possible de les maintenir à leur domicile, mais en les aidant.
A partir du mois de juillet, nous mettons en place la Prestation Autonomie, qu'est-ce que cela veut dire ? Ce n'est pas un chèque comme cela, c'est la possibilité de disposer d'une somme d'argent pour payer une aide à domicile. C'est une prestation en nature, si je puis dire, cela va concerner 300 à 400 000 personnes âgées, et c'est susceptible de créer 50 000 emplois dans l'année ou les 2 ans qui viennent. Voilà encore une proposition, je crois, efficace et intelligente.
Voilà, mes chers amis, ce que je voulais vous dire sur l'emploi. Voilà ce qu'est notre politique de l'emploi. Alors, quand vous entendez, ici, certains polémiquer en disant que la Majorité R.P.R - U.D.F. n'a pas grand chose à proposer, eh bien, souvenez-vous de ce que je viens de vous dire et puis allez le dire autour de vous, ce sera la meilleure manière de faire campagne.
Pour conclure, je voudrais terminer en revenant sur l'enjeu politique de cette élection : il y a un choix de société, il y a un choix de gouvernement, je vous l'ai dit. En substance, pour résumer, soit un peu plus de dirigisme, un peu plus d'impôts, un peu plus de bureaucratie, avec les Socialistes et les Communistes, soit un peu plus d'initiative, un peu plus de responsabilité, dans la solidarité et dans le partage, avec la Majorité R.P.R. et U.D.F.
Il y a aussi d'autres enjeux derrière tout cela. Je voudrais dire un mot de l'un de ces enjeux dont j'ai beaucoup parlé, avant hier à Strasbourg, dont Simone Veil parlait avec moi, beaucoup aussi hier à Lille, qui est l'enjeu européen. Je sais que nous sommes ici dans une zone rurale, il y a sans doute beaucoup de paysans qui savent ce que la politique agricole commune de l'Europe leur a apporté.
Comment pouvez-vous imaginer une situation dans laquelle il y aurait, d'un côté, le Président de la République, Jacques Chirac, et, de l'autre, un gouvernement français dans lequel siègeraient à la fois les amis de Monsieur Jospin et les amis de Monsieur Hue ? Ca ne peut pas marcher. Et la France se trouverait donc dans une situation - oui, si vous rajoutez Chevènement, alors, évidemment ! Vous préférez Chevènement ? Bon, cela c'est votre choix. Mais cela n'arrangerait rien, je crois ! - et, donc, vous voyez bien que nous risquerions, là, le blocage et l'affaiblissement de la France, alors que nous allons avoir besoin d'une France forte pour défendre nos intérêts parce que, quand on se défend bien, on gagne.
Il y a un petit souvenir que je voudrais évoquer dans la tête de nos amis agriculteurs qui sont présents ici, cela porte le nom d'un lieu qui se trouve à Washington, je crois, c'est Blair House. Vous vous souvenez de Blair House ? Non ? Oui, vous vous souvenez ! Quand j'ai été nommé ministre des Affaires Étrangères, en 1993, la première mission qui m'a été confiée par le Premier ministre de l'époque, Édouard Balladur, a été d'aller dire à nos partenaires européens "Cet accord de Blair House, négocié par le gouvernement socialiste qui nous précédait, et dans lequel nous avions capitulé en rase-campagne devant les exigences américaines, ma mission a été de dire : ne l'acceptons pas, nous n'en voulons pas et il faut le changer". Alors, on a commencé par me dire: "Ce n'est pas possible parce que les Américains ne voudront pas". On a insisté et l'on a dit : "Nous, on n'acceptera pas". Et qu'est-ce qui s'est passé en décembre 1993 ? On a gagné, et l'on a transformé l'accord de Blair House en un accord qui était acceptable et même, au total, profitable pour l'agriculture française.
Alors, c'est cela dont nous avons besoin demain, c'est d'un Président de la République fort, avec à ses côtés un gouvernement et une Majorité parlementaire qui le soutiennent, qui soient en harmonie avec lui et qui nous permettent de bien défendre les intérêts de la France, en Europe et dans le monde, comme Jacques Chirac est en train de le faire, en Chine aujourd'hui, en essayant de promouvoir aussi nos entreprises et notre industrie.
Au-delà de tout cela, nous défendons aussi, un petit peu plus encore, dans cette union de la Majorité..... J'en profite d'ailleurs pour faire une remarque sur l'union au passage : il y a eu des élections où l'union a eu un peu de mal à se réaliser sur le terrain, parce que nous appartenons à des familles proches mais un peu différentes malgré tout. Eh bien, je pense que c'est la même chose en Dordogne, et on me le disait tout à l'heure, cette fois-ci, pour ces élections, à de rarissimes exceptions près, il y a quelques dissidences, entre le R.P.R et l'U.D.F., on assiste à une union spontanée, profonde, convaincue et chaleureuse, qui constitue notre meilleur gage de victoire dans cette circonscription comme dans les autres.
Je disais donc que nous nous battions aussi pour encore plus que tout cela, nous nous battons aussi pour des valeurs dans cette campagne électorale.
Et je voudrais, pour terminer, vous rappeler ce que sont ces valeurs qui fondent l'Union entre le R.P.R. et l'U.D.F. :
- ce sont d'abord, bien sûr, les valeurs de la République qui sont résumées dans sa devise Liberté, Égalité, Fraternité. Ce ne sont pas des mots creux, même en 1997. Je pourrais les reprendre un par un et essayer de dire ce qu'il y a derrière, chaque fois.
- ce sont aussi les valeurs de l'humanisme. Ce mot "humanisme", il est peut-être un petit peu, comment dire, savant, mais cela veut dire tout simplement que, dans notre philosophie à nous, nous plaçons au coeur de tout la personne humaine, que nous la respectons, que nous considérons que tout homme, quel que soit son statut social, qu'il soit en haut ou qu'il soit en bas, quelle que soit la couleur de sa peau, mérite respect, solidarité et fraternité. Et, donc, nous aimons la tolérance et l'esprit d'ouverture plutôt que l'exclusion et les discours de haine.
- et puis, enfin, dans nos valeurs, on oublie de le rappeler, moi j'aime bien le rappeler, parce que j'y crois autant qu'aux autres : ce sont les valeurs patriotiques aussi. Nous sommes Français. Si nous le disions un petit plus souvent que nous ne le disons aujourd'hui, qu'on a bien de la chance d'être Français et qu'on devrait être fiers d'être Français, peut-être que cela irait un petit par mieux dans nos têtes.
Le patriotisme, c'est tout simplement l'amour de la France, l'attachement à tout ce qu'elle représente au fil des siècles, cette terre, cette terre périgourdine, ici, notre civilisation, notre culture, notre gastronomie, notre langue, bref, notre identité. Et je le dis souvent, je constate que beaucoup de Françaises et de Français pensent comme moi sur ce point : ne laissons à personne le monopole du patriotisme et du drapeau tricolore qui nous appartient à nous aussi, en tant que Français.
Voilà, mes chers amis, ce que je voulais vous dire. Vous voyez que nous avons des choses à faire, ensemble. Nous avons des idées précises sur la manière de redonner à la France l'élan partagé que Jacques Chirac veut lui donner. Alors, maintenant, la décision est entre vos mains. Nous, nous nous battons. Nous allons continuer à nous battre. Il faut nous aider jusqu'au bout. Il faut faire campagne jusqu'au 25 et jusqu'au 1er. Il faut faire campagne avec Frédéric de Saint-Sernin, avec tous les candidats qui sont ici présents. Je sais que vous y êtes décidés. C'est comme cela que nous allons gagner, pour Jacques Chirac, pour la République et pour la France.
Je vais être obligé de prolonger un peu mon séjour parce qu'on m'a donné le fromage mais on m'a apporté aussi le foie gras.
M. Demeyre, mesdames et messieurs, mes chers amis,
Je souhaitais aujourd'hui dans le Nord, en compagnie d'Anne-Marie Couderc, le ministre chargé de l'emploi - ce n'est pas un cadeau que je lui ai fait en lui donnant ce poste il y a deux ans, mais elle s'en est formidablement acquittée - parler précisément de l'emploi et essayer d'expliquer un peu plus en détail, les intentions qui sont les nôtres pour faire reculer le chômage, s'attaquer à ce fléau qui explique bien des difficultés de notre pays et stimuler la création d'emplois.
Eh bien je voudrais remercier d'emblée M. Demeyre d'avoir eu l'idée de m'amener ici. Je le remercie aussi du petit poème de Jacques Brel. Je ne sais pas comment il a deviné mais c'est un de mes chanteurs préférés. J'ai encore dans ma discothèque tous ses disques. Vous remercier parce que l'emploi, c'est exactement ici que ça se passe, et c'est ici sur le terrain que des entreprises comme celle-ci, je ne le dis pas pour vous faire plaisir, que la bataille se gagnera ou se perdra et je crois qu'elle va se gagner bien sûr. D'abord parce que c'est exactement la taille d'entreprise qu'il nous faut en France pour nous développer et assurer nos positions dans le monde. C'est une entreprise déjà moyennement grosse, nous n'en avons pas assez. Nous avons beaucoup de petites et moyennes entreprises, c'est bien ; nous avons des grands groupes très performants ; il nous manque cette taille d'entreprise. Et il faut les aider bien sûr.
Entreprise familiale d'abord et j'ai été heureux que nous nous rappelions un petit peu l'histoire d'un siècle de présence des Demeyre dans cette entreprise. Et ça va se poursuivre. J'imagine tout ce qu'il a fallu de courage, de ténacité, de travail, même s'il n'est pas tout seul. Je sais aussi - et j'ai été très attentif - que vous l'avez fait avec beaucoup de cur. Ce n'est pas souvent qu'on entend un chef d'entreprise parler des valeurs humanistes. Eh bien, je crois qu'on devrait le faire un peu plus parce que, ça aussi ça compte, pour créer dans une équipe l'esprit de solidarité, de participation, de travail, de fraternité qui est aussi l'une des conditions du succès.
Entreprise familiale, entreprise qui investit. Vous nous avez montré les nouvelles machines qui sont là. Entreprise qui exporte 50 % de son chiffre d'affaire en Europe et même ailleurs. Entreprise implantée en Asie. Vous parliez de vos projets commerciaux et de vos réalisations commerciales. Entreprise qui innove sur le plan technique et aussi sur le plan social. Et j'ai été très heureux de ce que vous m'avez dit de l'utilisation du système de la loi Robien. Ce qui permet d'ailleurs peut-être de dépasser le cadre de ce que nous voyons ici - pour répondre aussi à vos questions sur nos intentions. Si nous voulons que ce type d'entreprises se développe, qu'elles puissent créer des emplois, qu'elles puissent faire école dans notre pays, nous devons aller beaucoup plus loin dans ce que nous avons fait depuis trois ou quatre ans. Nous partions de bas. On a complètement oublié dans quel état nous avons trouvé l'entreprise France parce que c'est de celle-là que nous sommes en charge - en 1993. Ça ne se répare pas par un coup de baguette magique en trois mois, en six mois, ni même en deux ou trois ans. On a fait du travail, on a bien remonté la pente et maintenant on peut aller de l'avant. Alors aller de l'avant ça veut dire quoi ?
Premièrement, baisser les charges - j'ai bien compris le message. C'est indispensable et je crois que les Françaises et les Français le comprennent. Permettez-moi de rappeler quand même, comme ça en passant, qu'on a peu commencé. Le 1er octobre 1996, la nouvelle ristourne de 13 % sur tous les salaires compris entre le Smic et 1,33 fois le Smic, c'est à dire jusqu'à 8 000 francs nets à peu près, c'est moins 13 %, c'est un petit effort non négligeable. Et nous avons continué dans certains secteurs comme le textile, en le sait ici dans le Nord, lorsqu'il a été confronté à la crise de la dévaluation compétitive, nous avons mis en place un système de baisse des charges sociales plus avantageux qui a permis de sauver 35 000 emplois. Nous voulons continuer et j'ai dit que notre majorité s'engageait à étendre, en l'adaptant peut-être un petit peu, le système d'allégement des charges sociales du textile à d'autres secteurs parmi lesquels j'ai cité, et je ne le dis pas tout simplement ici pour la circonstance, le meuble et le travail du bois, d'autres aussi : les services, les hôtels, cafés, restaurants, le BTP. Nous sommes en train de négocier cette baisse des charges sociales avec Bruxelles, et j'espère que nous arriverons à vaincre nos partenaires qu'il faut faire preuve d'un peu d'imagination, ce qui n'est pas toujours leur qualité dominante, bon je ne vais pas critiquer la technocratie parce que ça me reviendrait après j'espère que nous arriverons à convaincre nos partenaires droit devant, bien entendu.
Donc, baisser les charges, nous y sommes décidés et nous continuerons dans cette voie, encore faut-il pour baisser les charges - je pense qu'ici chacun en a conscience - ne pas augmenter les dépenses publiques. Il faudra bien qu'on m'explique un jour comment on peut à la fois augmenter les dépenses, ne pas augmenter les déficits et baisser les charges. Si on veut baisser les charges, ce qui est prioritaire, si on veut réduire les déficits, ce qui est indispensable, inévitable, pour éviter de voir notre économie imploser complètement, il faut bien avoir une politique qui ne consiste pas à jeter l'argent par les fenêtres et à ne pas promettre, par exemple, de créer 700 000 emplois publics. Qui seraient payés comment ? Par l'impôt inévitablement, il n'y a pas d'autre solution. Donc baisser les charges.
Deuxième objectif, simplifier la vie. Simplifier la vie des entreprises et en particulier des petites et moyennes entreprises. Là encore je rappellerai qu'on a commencé : la déclaration d'embauche simplifiée que nous avons mise au point est en progrès considérable pour les toutes petites entreprises. Ca se remplit maintenant en dix minutes et tout le travail que devait faire avant le chef d'entreprise lui-même pour communiquer sa décision d'embauche à toute une série d'administrations, il est fait désormais par l'URSSAF. Donc le chef d'entreprise ne déclare plus que sur une feuille à l'URSSAF et c'est l'URSSAF qui dispatche ensuite : Inspection du travail, Sécurité sociale etc. De même, comme le Président de la République nous l'avait demandé - personne ne pourra nier que nous ne le ferions - nous avons passé le nombre de rubriques de la feuille de paye type d'une trentaine de lignes pour un cadre à onze maintenant, et d'une vingtaine de lignes pour un salarié à sept, nous l'avons divisé par trois, ce qui au passage - il ne faut pas se méprendre - n'est pas une diminution de la feuille de paye, c'est une diminution du nombre de lignes à remplir sur la feuille de paye et nous sommes en train de travailler à la détermination d'un salaire de référence unique pour le calcul de toutes les cotisations de façon à ce que l'on ne soit pas obligé de changer à chaque ligne. Ce sont des petites choses mais vous savez que les simplifications, ça se passe comme ça concrètement. Et notre objectif est d'aller plus loin, de mettre au point notamment une déclaration de cotisation sociale simplifiée à laquelle différents services de M. Barrot et d'Anne-Marie Couderc travaillent en ce moment.
Il faudra aller pour la toute petite entreprise encore un petit peu plus loin : imaginer un véritable statut. Ça ne vous concerne pas, vous êtes déjà au-dessus de cela, mais un véritable statut de la TPE comme on dit pour qu'elle ne soit pas assujettie aux mêmes règles administratives, juridiques ou fiscales que le grand groupe international, comme c'est le cas aujourd'hui.
Donc après la baisse des charges, les simplifications, vous voyez notre détermination et je crois que le passé récent plaide pour l'avenir. Nous avons commencé et nous voulons aller plus loin et plus vite.
Enfin, troisième élément : le temps de travail. C'est vrai que l'évolution historique va dans le sens de la diminution du temps de travail, encore faut-il le faire intelligemment si on veut sauver l'emploi. J'étais ce matin au siège de la CGPME, devant son comité directeur, et les orateurs qui m'ont précédé faisaient remarquer que dans le programme de certaines formations politiques que vous identifierez facilement, on nous annonce la semaine de 35 heures payées 39 heures, donc sans diminution de salaire. on oublie de dire quelque chose, comme dans le même programme : il y a une conférence nationale sur les salaires pour les augmenter, ça veut donc bien dire 35 heures payées un peu plus cher que les 39 heures actuelles. Alors je ne dis pas que l'on ne peut pas, je vous ai apporté la démonstration avec la loi Robien que l'on peut, mais je dis que si on l'impose à tout le monde en même temps, sans que l'on discute, sans que l'on regarde un peu les contreparties, alors on mettra en dépôt de bilan des milliers de PME qui ne pourraient pas supporter ce système. C'est donc une approche bureaucratique, dirigiste qui est absurde.
La bonne façon d'aborder le problème c'est au cas par cas, sur le terrain, par la discussion, au sein de l'entreprise, entre les organisations syndicales et les employeurs et c'est ce que vous avez fait. Et j'imagine que lorsque vous dites que l'on passe à 35 payées 39, qu'on embauche - j'ai un peu oublié de dire que dans la paye, une partie des charges sociales étaient prises en charge par l'État, oui, mais je précise comme ça... Pour que ce soit bien dit... Et puis, je pense aussi que vous avez dû améliorer votre processus de production, mieux saisonnaliser votre activité dans l'année, mieux utiliser vos machines et vos matériels que l'on a vus tout à l'heure et donc une négociation à laquelle chacun y met un peu du sien pour que tout le monde gagne l'entreprise, les salariés et les employeurs. Ça, c'est une bonne démarche et nous souhaitons l'encourager, favoriser le temps partiel, le temps choisi, les comptes chèque "temps", de façon à ce qu'il puisse y avoir aussi une vraie négociation au sein de l'entreprise. Bref, agir avec un peu de souplesse, un peu de pragmatisme, un peu de sens des réalités et pas en parachutant d'en haut un système obligatoire pour tout le monde.
Voilà un peu les perspectives qui sont les nôtres, j'évoquerai pour terminer que tout cela marchera si nous nous convainquons bien que la France, comme les autres, a droit à la croissance. Voie - pour développer un peu l'idée - sans laquelle nous serions condamnés dans notre pays à ne jamais dépasser 1,5 % de croissance. C'était très à la mode il y a vingt ans - c'était la croissance zéro, il y a encore quelques mouvements nostalgiques qui disent : il ne faut pas aller trop vite, ça pollue, eh bien moi, je dis qu'il faut une croissance forte respectueuse de l'environnement naturellement. Mais pourquoi est-ce que la France et l'Europe en général seraient le seul grand espace économique au monde aujourd'hui à ne pas se fixer pour objectif une croissance forte ? Toutes les grandes zones géographiques le font : la Chine est à 10, l'Asie du sud-est à 7 ou 8, l'Amérique latine à 5 ou 6, l'Amérique du Nord - c'est un pays développé depuis longtemps - à 4 ou 5 ; il faut que nous nous donnions les moyens de viser 3 % de croissance et pour cela, il faut moins de charges, il faut aussi utiliser cette future monnaie européenne que nous allons mettre en place comme un instrument de croissance et non pas simplement comme un instrument de bonne gestion, il faut qu'il y ait une politique monétaire qui aille dans ce sens - et puis enfin, je terminerai par là, si l'on veut arriver à ce résultat, il faut surtout - et j'ai dit à M. Demeyre - remettre à leur place un certain nombre de valeurs : la liberté, l'esprit d'initiative, la créativité, l'innovation, le mérite, le risque - on n'a rien sans rien - et la récompense de tout cela. Et dire que c'est pour tout le monde, que tout le monde peut partager ces valeurs, l'esprit d'entreprise et l'esprit de conquête. Sortons de cette espèce de morosité ambiante, sortons de cette espèce de conception bureaucratique et fonctionnarisée de l'économie française pour retrouver la voie que vous avez ouverte et que vos parents ont ouverte et qui est la voie de la création, de l'imagination, du travail, de l'entreprise pour tous, pour les patrons et pour les salariés parce que tout le monde doit en profiter. Voilà, je crois, le message que je retiendrai de ma visite ici dans cette entreprise et je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de le vivre personnellement à votre contact.
Bravo !
Discours du 15 mai 1997 :
Monsieur le Maire de Sainte Croix, merci de nous accueillir dans votre commune. J'ai pu en traverser une petite partie rapidement en arrivant et j'ai vu à quel point elle était fidèle à l'image que je me fais du Périgord, c'est-à-dire chaleureuse, sympathique, verdoyante et, finalement, l'une des plus belles régions de notre France. Je le dis avec d'autant plus de conviction que je suis devenu Périgourdin par mariage puisque ma femme, Isabelle, est originaire, par son père, de Moulébier près de Bergerac, donc je suis un peu Périgourdin.
Je voulais vous remercier de votre patience. Je suis un petit peu en retard mais c'est pour la bonne cause, puisque j'étais en train de soutenir un autre de nos candidats, Patrick Stéfanini, qui va me succéder dans le 18è arrondissement de Paris sur la Butte Montmartre. Voyez, c'est le charme des campagnes électorales, je passe d'une très grande ville, la plus grande de France, à une commune rurale où je suis heureux de vous retrouver.
Je n'aurais qu'un petit reproche à vous faire, malgré tout, c'est que l'on m'a immédiatement servi une viande succulente mais j'avais cru voir qu'il y avait du foie gras avant, je ne l'ai pas vu dans mon assiette. Enfin, ce n'est que partie remise, j'espère !
Je suis venu, ici, pour honorer une promesse, celle que j'avais faite à Frédéric de Saint Sernin de venir lui apporter mon soutien pendant sa campagne, comme j'ai eu l'occasion de le faire dans ses premières campagnes, ici. Et je le fais vraiment avec beaucoup de plaisir et beaucoup de conviction parce que, vous vous en êtes rendus compte, je pense, au fil des années, vous avez, avec Frédéric de Saint Sernin, un garçon d'une qualité tout à fait exceptionnelle, à qui je veux dire, ici, mon amitié.
Il me disait tout à l'heure qu'on lui fait un peu le même reproche que celui que l'on me fait à moi, c'est-à-dire d'être un peu trop sec. Mais, cela va s'arranger. En Périgord, cela ne saurait durer, compte tenu du régime que vous devez lui faire subir ! Mais, au-delà de la plaisanterie, j'ai pu apprécier depuis longtemps, et tout particulièrement depuis deux ans qu'il siège au Parlement, les qualités que vous lui connaissez. C'est d'abord un homme de terrain. Vous avez pu voir à quel point il était disponible pour s'occuper en détail de tous les problèmes de cette circonscription. C'est aussi un homme très efficace au Parlement. J'ai pu le voir, à l'Assemblée Nationale, s'intéresser aux grands dossiers qui pouvaient avoir des retombées sur cette circonscription. C'est un homme de loyauté et de fidélité. Plus difficile, j'ai toujours trouvé Frédéric de Saint Sernin à mes côtés pour me soutenir, ce n'était pas toujours le cas de tout le monde mais, enfin, bon, tout cela est oublié déjà ! Et je voudrais ici lui en dire toute ma reconnaissance.
Je sais qu'il a poursuivi son implantation en se faisant élire conseiller général de ce canton, et je voudrais saluer, à mon tour, Madame Roland qui nous fait l'amitié d'être présente à cette table, dont je sais que le mari représentait beaucoup pour cette région.
Nous sommes maintenant dans la dernière ligne droite, c'est le cas de le dire, 10 jours à peine avant le premier tour.
Je crois que les choses ont un peu changé depuis une semaine et que la mobilisation, que l'on ne sentait pas au début, parce qu'on a tous été un petit peu pris par surprise par cette élection anticipée, cette mobilisation est maintenant - oui, presque tous ! Je vois les journalistes me regarder en rigolant -, je crois que maintenant la mobilisation se fait bien et, partout où je passe, je sens que nos concitoyens, d'abord, s'intéressent davantage à ce qui est en cause et, parce qu'ils s'y intéressent, comprennent bien l'enjeu.
L'enjeu, quel est-il ? Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut quand même faire un tout petit retour en arrière. Je sais bien qu il faut plutôt regarder vers l'avenir quand on fait de la politique mais, pour bien comprendre la situation de la France, il faut quand même se rappeler d'où nous venons. Et si j'avais un reproche à nous faire ou à me faire, c'est peut-être de ne pas avoir dit suffisamment dans quel état nous avons trouvé la France en 1993. Parce que nous ne partons pas sur terrain vierge, nous avons reçu un héritage, nous n'avons pas tout à fait choisi et, sans esprit de polémique, je voudrais quand même le rappeler très succinctement : des déficits et des dettes qui se sont accumulés pendant des années et des années.
Quand je pense que l'on ose maintenant nous reprocher le montant de la dette de l'État, en disant qu'elle est très importante, je voudrais quand même rappeler que la dette d'aujourd'hui, c'est tout simplement l'addition des déficits d'hier. Quand l'État est en déficit, que fait-il ? Il emprunte et cela s'additionne. Et puis, après, il faut rembourser. Ce sont donc les impôts que nos enfants auront à supporter. Et nous avons hérité de milliards, de dizaines de milliards, de centaines de milliards de déficits et de dettes.
Nous avons également hérité d'une gestion désastreuse des entreprises publiques - on parle toujours du Crédit Lyonnais mais il y en a d'autres (le Comptoir des Entrepreneurs, le Crédit Foncier, le GAN et quelques autres encore), d'une situation aussi où l'État n'assumait plus ses responsabilités dans beaucoup de domaines, l'insécurité, l'immigration illégale. Bref je ne vais pas allonger la liste. Nous étions, je terminerai simplement par-là ce bref rappel, en situation de récession économique. Pour la première fois depuis des décennies, l'économie française n'augmentait plus. Nous étions même à moins quelque chose en 1993, ne l'oublions pas, c'était il y a 4 ans !
Aujourd'hui, on se lamente parce que l'on est à plus de 2, 2,5, j'y reviendrai ! Mais en 1993, nous étions à -1 et quelque chose. Les affaires étaient vraiment retombées au plus bas niveau. Et voilà ce qu il a fallu gérer.
Alors, je n'ai pas de baguette magique. Il est évident qu'une telle situation ne se transforme pas en un an, en deux ans ou en trois ans. A partir de 1993, avec le Gouvernement d'Édouard Balladur et puis, bien sûr, à partir de 1995, lorsque nous sommes sortis de ce système qui, vous le savez bien, n'est pas un bon système, je veux parler de la cohabitation, parce que ce n'est pas un bon attelage que d'avoir un Président d'une couleur politique et un Gouvernement d'une autre couleur politique, on fait avec, parce qu'on est bien obligé ! Mais ce n'est pas un bon attelage, quand, en 1995, Jacques Chirac est arrivé à l'Élysée, une nouvelle impulsion a pu être donnée et nous nous sommes attaqués sérieusement aux problèmes de la France.
Nous avons d'abord essayé de redresser nos Finances. Cela n'a pas été facile. Cela n'a pas été populaire. C'est vrai que nous avons fait appel à vous. C'est vrai que nous vous avons demandé des efforts et vous les avez consentis, et je crois que ça marche.
On parle beaucoup de quelque chose qui peut paraître loin de vos préoccupations quotidiennes, ce sont les taux d'intérêt. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui nous avons des taux d'intérêt plus bas que nous n'en avons jamais eus ? Et cela concerne beaucoup d'entre vous, ceux qui veulent acheter une maison - il vaut mieux emprunter de l'argent à 5 ou 6 qu'à 9 ou 10, quand on fait le calcul, mois par mois, cela fait une sacrée différence -, cela concerne aussi les chefs d'entreprise qui veulent investir ou se développer, les agriculteurs qui ont besoin d'acheter du matériel. Pourquoi avons-nous obtenu cette chute spectaculaire des taux d'intérêt ? Pas uniquement parce que la Banque de France l'a décidée et je dirais même : pas principalement parce que la Banque de France l'a décidé, c'est parce que, autour de nous, les grands pays se sont dit : "Tiens, la France est redevenue un pays sérieux. Elle est à nouveau bien gérée, On peut lui faire confiance pour l'avenir", et donc les taux d'intérêt ont baissé. Cela aussi, c'est une très grande réussite de la gestion qui a été la notre, parce que cela a apporté beaucoup d'oxygène à l'économie française pour les raisons que je viens de rappeler. Donc, nous avons fait ce travail de remise en ordre.
Nous nous sommes aussi attaqués à des dossiers qui étaient prioritaires, peut-être pas pour des régions calmes comme la vôtre, mais partout où le problème se pose, je veux parler de l'insécurité. Nous avons repris les choses en main, et Jean-Louis Debré a fait, de ce point de vue, au ministère de l'Intérieur, un travail tout à fait formidable, qui a permis de faire baisser la criminalité et la délinquance depuis quelques années en France.
De la même manière, nous nous sommes dotés des moyens de maîtriser l'immigration illégale et le travail clandestin qui ne sont pas des bonnes choses pour notre pays. Nous sommes tous d'accord, bien sûr, pour accueillir les étrangers en situation régulière, qui respectent nos lois et qui sont prêts à s'intégrer à notre pays en respectant ses coutumes. Mais nous savons bien que si l'immigration illégale se développe et si le travail clandestin augmente, cela rend impossible l'intégration des étrangers en situation régulière. Il fallait donc agir pour se donner les moyens de faire quelque chose dans ce domaine, parce qu'il fallait, là aussi, remonter une pente.
Quand ils sont arrivés au pouvoir en 1988, quelle a été la première, l'une des toutes premières mesures qu'ont prise les Socialistes ? Abroger les lois Pasqua-Pandraud à l'époque. Déjà à l'époque ! Et le résultat, on le connaît, c'est que, dans les années qui ont suivi, l'immigration irrégulière s'est beaucoup développée et que l'on n'a pas été capable de maîtriser le système.
Et, là, qu'est-ce qu ils feraient s'ils gagnaient ? La même chose : abrogation des lois Pasqua-Debré, sans nous dire ce qu'ils mettraient à la place. Voilà un domaine où nous avons, je crois, fait beaucoup de progrès.
Et puis nous avons engagé de grandes réformes :
- la réforme de l'assurance-maladie que nous avons eu un peu de mal, peut-être, à faire comprendre, mais qui est une grande réforme qui sauvera notre médecine libérale à la française, sans rationnement des soins et sans diminution des remboursements des assurés sociaux. C'est la première fois, dans une réforme de la Sécurité Sociale, que ça se passe comme cela.
- nous avons réformé le Service Militaire Obligatoire, professionnalisé nos armées.
- nous avons complètement changé tout le système de l'aide au logement, avec le prêt à taux zéro.
J'étais il y a trois jours à Moulins et j'accueillais un jeune couple - ils avaient quoi ? 25 ou 30 ans - l'un était fonctionnaire, sa femme était agent dans une collectivité locale, ils avaient une petite fille de 4, 5 ans, ils venaient d'acheter leur maison avec un prêt à taux zéro. Et ils m'ont dit : "C'est parce qu'il y a le prêt à taux zéro qu'on a pu acheter, sans cela on n'aurait pas pu supporter les mensualités."
Voilà, je ne vais pas allonger la liste des réformes que nous avons faites. Je crois que depuis 1993, depuis 1995, avec le soutien de notre Majorité, avec le concours de députés comme Frédéric, nous avons pu remettre la France en bon ordre et engager des réformes de fond. Ceci est maintenant acquis et il va falloir passer à la vitesse supérieure.
J'ajoute que durant cette période, je l'oubliais, mais je ne voudrais pas l'oublier ici, nous nous sommes aussi beaucoup attachés à un secteur d'activité qui, pour le Président de la République et pour moi, aussi, est un secteur essentiel : je veux parler, bien sûr, du secteur agricole.
Il y a quelques ministres qui sont particulièrement connus et populaires dans notre Gouvernement, je le vois tous les jours, il y a d'abord le ministre des PME, du commerce et de l'artisanat, Jean-Pierre Raffarin. Je ne sais pas s'il y a, ici, des artisans et des commerçants mais ils savent tout le boulot que nous avons fait pour défendre et aider le commerce de proximité. Et puis, nous avons eu aussi l'un des meilleurs ministres de l'agriculture que nous ayons eus depuis longtemps, dans la personne de Philippe Vasseur qui connaît bien les problèmes agricoles et qui s'est battu avec une énergie formidable.
Je voudrais le rappeler aux agriculteurs qui sont ici, l'une des premières choses que nous avons faites, - c'était, je crois, en novembre 1995 -, c'est de définir, avec la profession et notamment avec le Centre National des Jeunes Agriculteurs, une Charte de l'installation des jeunes en agriculture pour aider, précisément, à la relève, pour que les anciennes générations, qui quittent la terre, puissent être remplacées par de nouvelles générations, et cette Charte commence à donner des résultats positifs. Le nombre d'installations en agriculture a recommencé à augmenter en 1996, alors qu'il avait baissé tout au long des années précédentes.
Ensuite, nous nous sommes attachés à faire face aux crises qui nous sont un peu tombées sur la tête, et cela, ce n'était évidemment la faute de personne, je pense en particulier à la crise de la viande bovine. Si Philippe Vasseur ne s'était pas battu avec l'énergie qui était la sienne, avec mon soutien et celui du Président de la République, nous n'aurions pas pu atténuer les conséquences que cette crise a eues, et qui commencent à s'effacer.
Et, enfin, et là je déborde déjà de ce rapide bilan pour me projeter vers l'avenir : nous avons pu, avec les organisations professionnelles agricoles, définir ce qui va être la nouvelle grande loi d'orientation agricole pour l'an 2 000.
Vous savez qu'au début des années 60, après le retour du Général de Gaulle au pouvoir, - Michel Debré était Premier ministre à l'époque -, on a fait une grande loi d'orientation agricole, qui a fixé les grandes lignes de développement de notre agriculture pour 20 ans ou 30 ans. C'était il y a près de 40 ans.
Eh bien, aujourd'hui, il faut à nouveau donner des perspectives à notre agriculture et nous avons élaboré, avec la profession, un texte qui est prêt, que nous sommes en train, d'ailleurs, d'améliorer sur un certain nombre de points, sur la fiscalité agricole, sur la ruralité, sur le développement de la filière agro-alimentaire à l'exportation, sur les retraites où, malgré les quelques efforts qui ont été faits, il y a encore beaucoup à faire, dans la perspective, notamment, tracée par le rapport d'un député, d'un autre député de la Dordogne, je voudrais parler de Daniel Garrigue. Tout ceci est prêt, et ce sera l'une de nos priorités lorsque la future Assemblée Nationale s'installera. Voilà ce que je voulais rappeler.
Maintenant, précisément, je voudrais me tourner vers l'avenir : qu'est-ce qui va se passer le 25 mai et le 1er juin ?
Le choix est clair : allons-nous recommencer le socialisme, avec ce que cela nous a apporté durant la période que je viens de rappeler ? Est-ce que nous allons recommencer le socialisme avec les Communistes et avec les mêmes vieilles recettes ? Je crois qu'il faut vraiment se poser cette question parce que certains hésitent encore, certains ne sont pas très contents - je comprends les mécontentements - et donc pourraient se laisser aller à, au premier tour, manifester leur mauvaise humeur et puis peut-être au deuxième tour aller à la pêche. Je crois que le résultat de tels comportements, il faut bien se le mettre dans la tête, cela consisterait à recommencer avec le socialisme et tout ce que cela comporte !
J'essaie vainement d'obtenir de Monsieur Jospin un certain nombre de réponses aux vraies questions que je lui ai posées. Il me répond par des petites phrases ou des plaisanteries, que j'ai du mal, d'ailleurs, parfois à démêler : la rue des Morillons, j'ai cherché sur mon plan de Paris, j'ai eu un peu de mal à trouver mais, enfin, cela c'est pour les initiés, j'imagine ! Oui, ce sont les objets trouvés mais, comme avant, c'était un avis de recherche, je n'ai pas bien compris où était la logique de tout cela. Enfin, peu importe !
En tout cas, notre projet existe. Moi, je l'ai rencontré. Je l'ai même dans mes dossiers. Frédéric le connaît et vous le connaissez tous. Il veut proposer à la France, avec Jacques Chirac, un nouvel élan pour profiter de tout le travail qui a été fait, de tous les efforts qui ont été faits par les Français entre 1993 et 1997 et, maintenant, redémarrer.
Redémarrer pour quoi ? D'abord, pour l'emploi. C'est évidemment notre objectif n°1. Et quand on parle de l'emploi, il faut toujours avoir en tête ce que cela représente sur le plan humain : chômage, souffrance, désarroi de beaucoup de familles. Et croyez bien que nous sommes au contact avec elles. J'étais, hier, dans la banlieue de Lille et je discutais avec des personnes qui étaient là dans la rue, qui étaient venues à ma rencontre. Chaque fois je leur disais: "Avez-vous des enfants ?", ils me disaient : "Oui, un, deux, trois", "Quel âge à l'aîné ?", "20 ans, 21 ans" et, malheureusement, trop souvent, quand je disais: "Qu'est-ce qu'il fait ?", on me disait : "Il est au chômage".
Donc, le drame du chômage, il est là, il nous touche tous et il n'y a pratiquement pas une famille qui, directement ou indirectement, ne soit concernée.
Donc, notre priorité plus que jamais, ce sera d'essayer de consolider les choses en matière d'emploi et d'aller de l'avant.
Je dis : consolider les choses, pourquoi ? Parce que, même si nous n'avons pas atteint nos objectifs, même si aujourd'hui la situation reste difficile, même si nous sommes très en-deça de ce que nous avions espéré, les choses ont commencé à changer.
Entre 1988 et 1993, je ne me lasserai pas de le répéter, même si cela ne plaît pas à nos adversaires, la législature socialiste nous a amené 700 000 chômeurs de plus. Depuis 1993, le chômage est stabilisé. Depuis 1993, il y a 100 000 jeunes de moins de 25 ans, de moins au chômage en France. Depuis 1993, nous recommençons à créer des emplois. Depuis 1993, le nombre de licenciements collectifs a baissé d'un tiers par rapport à la période précédente. Cela veut dire que, - non pas que l'on ait réussi -, cela veut dire que le virage est pris, que la tendance commence à s'inverser et qu'il faut donc, maintenant, la renforcer et l'accélérer, comment ? Et, là, on voit bien le choix. Je me bornerai à cet exemple, parce que je ne veux pas être trop long, sur l'emploi.
Quelles sont les propositions des Socialistes et des Communistes ? Il y en a deux pour l'essentiel :
- la première, c'est : on va financer sur fonds publics : 700 000 emplois, 350 000 emplois de fonctionnaires et 350 000 emplois dans les collectivités territoriales subventionnés par l'État.
Je me borne à une question : qui paie ? Cela coûte à peu prés 50 milliards de francs environ. Comment va t-on payer ? Quels impôts va-t-on augmenter ? On le sait déjà. Monsieur Vaillant, qui est un des principaux responsables du Parti Socialiste, indiquait avant hier, c'était une information intéressante, que les Socialistes remettraient en cause la baisse de l'impôt sur le revenu, qui a été voté par la Majorité actuelle, il y a quelques mois, et qui commence à produire ses effets et qui les produira dans 5 ans. Donc, cela, c'est clair.
Là, nous avions prévu 75 milliards d'allégement de l'impôt sur le revenu pendant 5 ans, principalement sur les familles. Il faut savoir qu'avec cette réforme 1 400 000 familles vont être exonérées complètement de l'impôt. Avec le programme socialiste, on rétablit l'ancien impôt sur le revenu, c'est-à-dire 75 milliards de plus.
- deuxième proposition : celle-là me paraît vraiment particulièrement dangereuse. Parce que, quand on la regarde comme cela, à première vue, elle est sympathique, ce sont les fameuses 35 heures. Qui ne souhaiterait travailler 35 heures plutôt que 39 ? Tout le monde, bien sûr ! C'est sans doute un peu le sens de l'histoire. Donc, c'est sympathique.
Mais qu'est-ce que cela veut dire quand on y regarde de plus près ? Si l'on fait une loi - et c'est cela que nous proposent les Socialistes - qui impose, à partir d'un jour J, à toutes les entreprises de France et de Navarre de faire travailler leurs salariés 35 heures, en les payant 39 heures, avec à la clé des augmentations de salaires, d'ailleurs, - puisque c'est aussi au programme -, je suis convaincu, et peut-être y a-t-il, ici, des petits chefs d'entreprise ou des moyens, ou des artisans ou des commerçants qui ont des salariés, que c'est le dépôt de bilan pour des milliers de Petites et Moyennes Entreprises françaises qui ne pourront pas, naturellement, payer, et donc c'est du chômage.
Voilà pourquoi je dis que ces deux propositions sont mauvaises.
Alors, qu'est-ce que nous voulons faire ? Pour l'emploi, nous voulons d'abord baisser les charges et les impôts, et continuer à les baisser, parce que nous avons commencé. Nous avons fait, par exemple, pour l'industrie textile, une baisse des charges qui a permis de sauver 35 000 emplois l'année dernière. Notre objectif, c'est d'étendre cette baisse des charges sociales à d'autres secteurs : je pense au secteur de la chaussure ou du textile - c'est déjà fait pour le textile -, je pense au Bâtiment ou aux Travaux Publics, je pense aux Cafés, Hôtels restaurants, je pense à la filière agro-alimentaire.
Donc, baisse des charges, parce que je ne peux pas mettre les pieds où que ce soit sans rencontrer un artisan, un commerçant, un petit patron qui me disent : "Finalement, moi, j'ai du travail, les carnets de commandes se garnissent, je pourrais bien embaucher, mais je ne peux pas parce que j'ai trop de charges", et, donc, si nous n'allégeons pas les charges, nous ne créerons pas d'emplois.
Deuxièmement, il faut simplifier la vie des Petites et Moyennes Entreprises, parce que c'est elles qui créent des emplois. Elles sont souvent confrontées à des tracasseries administratives ou à des formalités inacceptables. Là aussi, je pourrais citer des exemples, mais je veux être bref.
Et c'est la raison pour laquelle nous avons annoncé que, si nous gagnons ces élections, nous essaierons très rapidement de mettre au point, avec toutes les organisations concernées, un statut de la Toute Petite Entreprise, celle qui a 1, 2, 3, 4, 5 salariés, cela représente des millions d'emplois en France, parce qu'on ne peut pas la traiter de la même manière que la multinationale qui a 100 000 salariés.
Troisième chose que nous proposons pour l'emploi, c'est de nous occuper plus sérieusement encore de la formation des jeunes.
J'en parlais tout à l'heure avec celui de vos amis, qui me pilotait en voiture, votre secrétaire de circonscription, je crois, qui appartient au monde enseignant, et qui me disait : "Je suis navré de voir combien, pendant trop de temps, il y a eu coupure entre le monde de l'Éducation Nationale et le monde de l'entreprise", et le résultat, c'est qu'on a formé des jeunes qui n'avaient aucune idée de ce que c'était que la vie de l'entreprise et la vie professionnelle et qui, donc, ensuite, n'arrivaient pas à entrer dans le monde du travail. Et c'est cela qu'il faut changer, et la meilleure manière de changer, c'est de développer les formations en alternance, c'est-à-dire les formations dans lesquelles on passe une partie du temps à l'école et une partie du temps en entreprise.
Et notre objectif, c'est de mettre 400 000 jeunes en France, dès 1997, dans des formations en alternance, apprentissage, contrats de qualification et, même pour les étudiants à l'université, avec nos expériences, nos premières expériences professionnelles que nous sommes en train de mettre au point pour la rentrée prochaine.
On me dit parfois : "C'est bien mais ce n'est pas des emplois". Il faut que vous sachiez que les jeunes, qui passent par ces filières, à 85 % trouvent un emploi à la sortie parce qu'ils sont mieux préparés à la future vie de travail, et c'est donc un passeport pour l'emploi.
Quatrième chose que nous voulons faire pour l'emploi, c'est aménager intelligemment la durée du travail, parce que c'est vrai que tout le monde a envie de profiter du progrès technique, mais la seule façon de le faire intelligemment, ce n'est pas de faire une loi parachutée d'en haut, en même temps pour tout le monde, c'est de permettre à chaque entreprise, au niveau de l'entreprise de discuter pour voir comment on peut aménager le travail, parfois c'est la réduction de la semaine mais, parfois, cela peut être une meilleure répartition du temps de travail sur l'année. Il y a des entreprises qui, à certains moments de l'année, travaillent plus et puis, à d'autres moments, travaillent moins. Il faut donc pouvoir moduler le temps de travail. Cela peut être aussi un encouragement au temps choisi, au temps partiel. Bref, tout ce que nous avons fait avec la Loi Robien, qui fonctionne très bien, qui a sauvé ou créé des emplois.
Hier encore, je visitais près de Lille une entreprise de 500 salariés, du mobilier, qui fabriquait du meuble pour l'exportation ou pour le marché national et qui me disait qu'elle avait conclu un accord sur la Loi Robien et qu'avec cet accord elle venait de créer 50 emplois, c'est-à-dire d'augmenter de 10 % ses effectifs, en réduisant le temps de travail, en réorganisant le processus de production dans l'entreprise et en bénéficiant, parce qu'on oublie toujours de le dire, ce qu'apporte la Loi Robien, d'une exonération de charges sociales importante. Voilà quelque chose qui est intelligent, et c'est cela que nous nous proposons de développer pour faciliter l'aménagement du temps de travail.
Enfin, toujours pour l'emploi, notre dernière proposition, après la baisse des charges, après la simplification administrative, après la formation en alternance après l'aménagement du temps de travail, c'est le développement de ce qu'on appelle les emplois de proximité, c'est-à-dire ces nouveaux emplois qui correspondent à des besoins de services, le soutien scolaire, l'aide ménagère, les emplois dans les quartiers difficiles, et là nous avons des projets qui démarrent ou qui démarreront demain, les emplois de Ville que nous avons définis dans le cadre de notre Pacte de Relance pour la Ville, les emplois d'initiative locale qui figurent dans le projet de loi de cohésion sociale.
Et un point très important, que je voudrais souligner, parce que c'est passé un petit peu inaperçu : sachez qu'au 1er juillet prochain va démarrer ce que Jacques Chirac avait annoncé dans son programme de 1995, c'est-à-dire la Prestation Dépendance pour les Personnes âgées.
Nous avons de plus en plus de personnes âgées qui ont besoin d'être aidées, parce qu'elles vivent plus âgées, parce qu'elles ont des problèmes de santé. La solution, ce n'est pas toujours de les mettre dans une maison spécialisée, il faut essayer le plus souvent possible de les maintenir à leur domicile, mais en les aidant.
A partir du mois de juillet, nous mettons en place la Prestation Autonomie, qu'est-ce que cela veut dire ? Ce n'est pas un chèque comme cela, c'est la possibilité de disposer d'une somme d'argent pour payer une aide à domicile. C'est une prestation en nature, si je puis dire, cela va concerner 300 à 400 000 personnes âgées, et c'est susceptible de créer 50 000 emplois dans l'année ou les 2 ans qui viennent. Voilà encore une proposition, je crois, efficace et intelligente.
Voilà, mes chers amis, ce que je voulais vous dire sur l'emploi. Voilà ce qu'est notre politique de l'emploi. Alors, quand vous entendez, ici, certains polémiquer en disant que la Majorité R.P.R - U.D.F. n'a pas grand chose à proposer, eh bien, souvenez-vous de ce que je viens de vous dire et puis allez le dire autour de vous, ce sera la meilleure manière de faire campagne.
Pour conclure, je voudrais terminer en revenant sur l'enjeu politique de cette élection : il y a un choix de société, il y a un choix de gouvernement, je vous l'ai dit. En substance, pour résumer, soit un peu plus de dirigisme, un peu plus d'impôts, un peu plus de bureaucratie, avec les Socialistes et les Communistes, soit un peu plus d'initiative, un peu plus de responsabilité, dans la solidarité et dans le partage, avec la Majorité R.P.R. et U.D.F.
Il y a aussi d'autres enjeux derrière tout cela. Je voudrais dire un mot de l'un de ces enjeux dont j'ai beaucoup parlé, avant hier à Strasbourg, dont Simone Veil parlait avec moi, beaucoup aussi hier à Lille, qui est l'enjeu européen. Je sais que nous sommes ici dans une zone rurale, il y a sans doute beaucoup de paysans qui savent ce que la politique agricole commune de l'Europe leur a apporté.
Comment pouvez-vous imaginer une situation dans laquelle il y aurait, d'un côté, le Président de la République, Jacques Chirac, et, de l'autre, un gouvernement français dans lequel siègeraient à la fois les amis de Monsieur Jospin et les amis de Monsieur Hue ? Ca ne peut pas marcher. Et la France se trouverait donc dans une situation - oui, si vous rajoutez Chevènement, alors, évidemment ! Vous préférez Chevènement ? Bon, cela c'est votre choix. Mais cela n'arrangerait rien, je crois ! - et, donc, vous voyez bien que nous risquerions, là, le blocage et l'affaiblissement de la France, alors que nous allons avoir besoin d'une France forte pour défendre nos intérêts parce que, quand on se défend bien, on gagne.
Il y a un petit souvenir que je voudrais évoquer dans la tête de nos amis agriculteurs qui sont présents ici, cela porte le nom d'un lieu qui se trouve à Washington, je crois, c'est Blair House. Vous vous souvenez de Blair House ? Non ? Oui, vous vous souvenez ! Quand j'ai été nommé ministre des Affaires Étrangères, en 1993, la première mission qui m'a été confiée par le Premier ministre de l'époque, Édouard Balladur, a été d'aller dire à nos partenaires européens "Cet accord de Blair House, négocié par le gouvernement socialiste qui nous précédait, et dans lequel nous avions capitulé en rase-campagne devant les exigences américaines, ma mission a été de dire : ne l'acceptons pas, nous n'en voulons pas et il faut le changer". Alors, on a commencé par me dire: "Ce n'est pas possible parce que les Américains ne voudront pas". On a insisté et l'on a dit : "Nous, on n'acceptera pas". Et qu'est-ce qui s'est passé en décembre 1993 ? On a gagné, et l'on a transformé l'accord de Blair House en un accord qui était acceptable et même, au total, profitable pour l'agriculture française.
Alors, c'est cela dont nous avons besoin demain, c'est d'un Président de la République fort, avec à ses côtés un gouvernement et une Majorité parlementaire qui le soutiennent, qui soient en harmonie avec lui et qui nous permettent de bien défendre les intérêts de la France, en Europe et dans le monde, comme Jacques Chirac est en train de le faire, en Chine aujourd'hui, en essayant de promouvoir aussi nos entreprises et notre industrie.
Au-delà de tout cela, nous défendons aussi, un petit peu plus encore, dans cette union de la Majorité..... J'en profite d'ailleurs pour faire une remarque sur l'union au passage : il y a eu des élections où l'union a eu un peu de mal à se réaliser sur le terrain, parce que nous appartenons à des familles proches mais un peu différentes malgré tout. Eh bien, je pense que c'est la même chose en Dordogne, et on me le disait tout à l'heure, cette fois-ci, pour ces élections, à de rarissimes exceptions près, il y a quelques dissidences, entre le R.P.R et l'U.D.F., on assiste à une union spontanée, profonde, convaincue et chaleureuse, qui constitue notre meilleur gage de victoire dans cette circonscription comme dans les autres.
Je disais donc que nous nous battions aussi pour encore plus que tout cela, nous nous battons aussi pour des valeurs dans cette campagne électorale.
Et je voudrais, pour terminer, vous rappeler ce que sont ces valeurs qui fondent l'Union entre le R.P.R. et l'U.D.F. :
- ce sont d'abord, bien sûr, les valeurs de la République qui sont résumées dans sa devise Liberté, Égalité, Fraternité. Ce ne sont pas des mots creux, même en 1997. Je pourrais les reprendre un par un et essayer de dire ce qu'il y a derrière, chaque fois.
- ce sont aussi les valeurs de l'humanisme. Ce mot "humanisme", il est peut-être un petit peu, comment dire, savant, mais cela veut dire tout simplement que, dans notre philosophie à nous, nous plaçons au coeur de tout la personne humaine, que nous la respectons, que nous considérons que tout homme, quel que soit son statut social, qu'il soit en haut ou qu'il soit en bas, quelle que soit la couleur de sa peau, mérite respect, solidarité et fraternité. Et, donc, nous aimons la tolérance et l'esprit d'ouverture plutôt que l'exclusion et les discours de haine.
- et puis, enfin, dans nos valeurs, on oublie de le rappeler, moi j'aime bien le rappeler, parce que j'y crois autant qu'aux autres : ce sont les valeurs patriotiques aussi. Nous sommes Français. Si nous le disions un petit plus souvent que nous ne le disons aujourd'hui, qu'on a bien de la chance d'être Français et qu'on devrait être fiers d'être Français, peut-être que cela irait un petit par mieux dans nos têtes.
Le patriotisme, c'est tout simplement l'amour de la France, l'attachement à tout ce qu'elle représente au fil des siècles, cette terre, cette terre périgourdine, ici, notre civilisation, notre culture, notre gastronomie, notre langue, bref, notre identité. Et je le dis souvent, je constate que beaucoup de Françaises et de Français pensent comme moi sur ce point : ne laissons à personne le monopole du patriotisme et du drapeau tricolore qui nous appartient à nous aussi, en tant que Français.
Voilà, mes chers amis, ce que je voulais vous dire. Vous voyez que nous avons des choses à faire, ensemble. Nous avons des idées précises sur la manière de redonner à la France l'élan partagé que Jacques Chirac veut lui donner. Alors, maintenant, la décision est entre vos mains. Nous, nous nous battons. Nous allons continuer à nous battre. Il faut nous aider jusqu'au bout. Il faut faire campagne jusqu'au 25 et jusqu'au 1er. Il faut faire campagne avec Frédéric de Saint-Sernin, avec tous les candidats qui sont ici présents. Je sais que vous y êtes décidés. C'est comme cela que nous allons gagner, pour Jacques Chirac, pour la République et pour la France.
Je vais être obligé de prolonger un peu mon séjour parce qu'on m'a donné le fromage mais on m'a apporté aussi le foie gras.