Texte intégral
Comme le veut la tradition, il me revient de vous présenter les voeux du Département.
Je le fais au nom de tous les agents, qu'ils servent à Paris, à Nantes, ou dans les postes à l'étranger, sans oublier bien sûr nos collègues de la rue
Monsieur.
Ces voeux, Monsieur le Ministre, s'adressent d'abord à votre personne. Nous savons l'étendue de vos charges. Même s'il est bien connu que les ministres, du fait d'un mystérieux privilège, semblent immunisés contre la fatigue, il reste que les journées n'ont que 24 heures, que l'accélération du carrousel diplomatique donne parfois le tournis, et que la vie politique, nationale ou locale, s'accompagne de contraintes toujours plus lourdes. C'est dire qu'il vous faudra beaucoup de résistance physique et de force morale pour répondre à la tâche. Nous vous souhaitons très sincèrement et l'une et l'autre. Est-ce présomptueux d'espérer aussi que vous pourrez réserver quelque temps de liberté à votre famille, à vos amis, et à ces divertissements - au sens pascalien - que sont le contact avec la nature et l'art ? C'est en tout cas le voeu que nous formons pour vous au seuil de cette année.
Je voudrais aussi associer à ces voeux Madame de Charette et saisir cette occasion pour la remercier de l'intérêt qu'elle porte aux activités de plusieurs associations gravitant dans l'orbite du Département. Je pense notamment à Bienvenue en France ou à l'AFCA.
Enfin, je voudrais dire à Messieurs Godfrain, Barnier et Madame Sudre que nous leur souhaitons une très bonne et très heureuse année.
Monsieur le Ministre, l'année qui s'annonce sera, dans le domaine diplomatique, riche de défis, d'occasions à saisir, mais aussi pleine de risques. Et par conséquent stimulante.
Le président de la République, dans ses discours de Singapour, du Caire, de Brazzaville ou lors de la dernière Réunion des ambassadeurs a clairement identifié les grands chantiers où la diplomatie française se doit d'être active dans les mois qui viennent :
- achever la Conférence intergouvernementale, en obtenant une réforme institutionnelle sérieuse, sans laquelle tout élargissement risquerait d'affaiblir la construction européenne ;
- rénover l'Alliance atlantique en favorisant l'émergence en son sein d'une véritable identité européenne de défense, complément du nécessaire renforcement des capacités opérationnelles propres de l'UEO que notre présidence se devra de promouvoir si l'Union européenne veut se doter un jour d'un instrument de défense crédible ;
- donner sa place légitime à la Russie dans l'architecture européenne de sécurité ;
- faire en sorte que la France et l'Europe puissent jouer le rôle qui leur revient dans la relance et l'aboutissement du processus de paix au Proche-Orient ;
- poursuivre, et même accélérer l'effort de rénovation de notre politique africaine pour tenir compte de la relève des générations et des changements survenus dans l'environnement régional ;
- donner corps et vigueur au processus de Barcelone ; - renforcer les structures de la Francophonie dans la perspective du Sommet d'Hanoï ;
- dynamiser notre politique à l'égard de l'Asie et de l'Amérique latine au moment où le président de la République va se rendre en Chine et dans les pays du Mercosur ;
- tenir notre place dans les négociations sur la non-prolifération et le désarmement ;
- et plus généralement donner à notre diplomatie une vraie dimension économique et commerciale, corollaire indispensable d'une politique de l'emploi.
Certes, tous ces chantiers n'en sont pas au même stade ni ne relèvent d'un même calendrier. Nous voyons bien que certains d'entre eux sont prioritaires par leurs enjeux et nécessitent de notre part un effort décisif en 1997. Qu'il s'agisse de la CIG, de l'architecture européenne de sécurité, du processus de paix au Proche-Orient, nous sommes en quelque sorte au milieu du gué. Il nous faut atteindre l'autre rive et pour y parvenir, il nous faudra faire preuve de conviction, de détermination. Nous devrons aussi veiller constamment à la solidité du lien franco-allemand, et nous efforcer de faire comprendre à nos amis américains que la logique de puissance qui inspire certains de leurs comportements n'est pas compatible avec l'esprit de partenariat qui doit prévaloir dans le monde multipolaire que - et nous ne sommes pas les seuls - nous appelons de nos voeux.
Il nous faudra enfin mobiliser tous nos moyens. A cet égard chacun sait que nous devrons vivre longtemps encore sous le signe de la rigueur. Celle-ci, pour pénible qu'elle soit, n'a pas que des mauvais côtés. Elle nous oblige à être beaucoup plus sélectifs dans le choix de nos initiatives et de nos interventions, beaucoup plus imaginatifs dans l'emploi de nos moyens, beaucoup plus sévères dans l'évaluation des résultats. La réforme de l'Etat, voulue par le président de la République et le Premier ministre, constitue de ce point de vue un aiguillon efficace. D'ores et déjà, vous avez tenu, Monsieur le Ministre, à ce que nous revoyions notre carte diplomatique et consulaire, ainsi que notre réseau culturel pour mieux les adapter aux nouveaux objectifs de notre politique étrangère. De même ont été lancées dans le cadre du CIMEE et seront mises progressivement en oeuvre toute une série de réformes permettant de rationaliser la gestion de l'Administration centrale et des postes à l'étranger, de renforcer le rôle de coordination des ambassadeurs : globalisation des crédits de fonctionnement, réforme des procédures comptables, comités locaux d'aide au développement, cellules de communication, innovations dans la gestion immobilière permettant une meilleure utilisation de notre patrimoine, regroupement sur site unique chaque fois que possible, formules de coopération avec nos partenaires européens.
Tout ceci doit permettre de mieux dépenser, puisque nous devons dépenser moins. Je puis vous assurer, Monsieur le Ministre, que les agents de cette maison comprennent de mieux en mieux l'utilité de ces réformes et la nécessité de faire des économies.
Il est un domaine cependant où nous aurons des difficultés majeures à progresser. Je veux parler de la réduction des effectifs. Certes, on peut supprimer encore quelques postes ici ou là. Mais il faut savoir que certaines directions de l'Administration centrale ou certains postes ont atteint la cote d'alerte, au détriment de la sécurité, parfois même de la santé et de la vie familiale des agents, et partant, de la qualité de leur travail.
C'est pourquoi il sera difficile d'envisager des réductions supplémentaires d'effectifs au delà du schéma d'adaptation sur cinq ans arrêté en 1993. D'autant que, comme vous le savez, toute réduction entraîne des conséquences automatiques sur les possibilités de promotion interne, à un moment, de surcroît, où la pyramide des âges au sein du Département s'annonce très défavorable. Tout au plus pourrons nous - et devons nous - procéder à des redéploiements au sein de l'Administration centrale comme entre les postes bien dotés et ceux qui fonctionnent à la limite du raisonnable.
C'est dire que, comme vous l'avez fait, - et nous vous en sommes très reconnaissants - pour obtenir que soit confirmée la spécificité des corps du ministère des Affaires étrangères, nous espérons votre soutien pour que cette question des effectifs soit traitée en haut lieu avec le plus d'objectivité possible. Après tout le Département est un ministère régalien. Il a une mission de souveraineté qui lui interdit de faire l'impasse sur tous les dossiers internationaux - et ils sont de plus en plus nombreux - où les intérêts de la France sont en jeu.
Il ne peut pas non plus renoncer à une diplomatie culturelle, scientifique et technique qui est intrinsèquement liée à l'exception française.
Cela dit, nous avons, j'en suis bien conscient, encore beaucoup de progrès à faire pour tirer un meilleur parti de nos ressources en hommes et en crédits, pour en assurer la synergie, et renforcer ainsi notre cohésion, gage d'efficacité et donc de crédibilité.
Vous savez, Monsieur le Ministre, pouvoir compter sur le dévouement de tous nos collègues. Nombre d'entre eux exercent leurs fonctions dans des conditions difficiles, parfois même dangereuses, si l'on en juge par les nombreux cas d'agression sur les personnes ou les biens que nous avons connus en 1996. Tous, cependant, sont attachés au service de l'Etat, heureux et fiers de contribuer, chacun à sa place, au rayonnement de la France. Car en fin de compte, c'est de cela qu'il s'agit.
Lors du transfert des cendres d'André Malraux au Panthéon, le président de la République observait et je cite - que "la France, aujourd'hui comme hier, peut faire entendre sa voix, défendre ses convictions, affirmer ses valeurs, au premier rang desquelles son idéal de paix et de justice. C'est ainsi qu'elle est fidèle à sa vocation".
Monsieur le Ministre, y-a-t-il d'autres voeux à former pour la France que celui d'être fidèle à sa vocation ?.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2001)
Je le fais au nom de tous les agents, qu'ils servent à Paris, à Nantes, ou dans les postes à l'étranger, sans oublier bien sûr nos collègues de la rue
Monsieur.
Ces voeux, Monsieur le Ministre, s'adressent d'abord à votre personne. Nous savons l'étendue de vos charges. Même s'il est bien connu que les ministres, du fait d'un mystérieux privilège, semblent immunisés contre la fatigue, il reste que les journées n'ont que 24 heures, que l'accélération du carrousel diplomatique donne parfois le tournis, et que la vie politique, nationale ou locale, s'accompagne de contraintes toujours plus lourdes. C'est dire qu'il vous faudra beaucoup de résistance physique et de force morale pour répondre à la tâche. Nous vous souhaitons très sincèrement et l'une et l'autre. Est-ce présomptueux d'espérer aussi que vous pourrez réserver quelque temps de liberté à votre famille, à vos amis, et à ces divertissements - au sens pascalien - que sont le contact avec la nature et l'art ? C'est en tout cas le voeu que nous formons pour vous au seuil de cette année.
Je voudrais aussi associer à ces voeux Madame de Charette et saisir cette occasion pour la remercier de l'intérêt qu'elle porte aux activités de plusieurs associations gravitant dans l'orbite du Département. Je pense notamment à Bienvenue en France ou à l'AFCA.
Enfin, je voudrais dire à Messieurs Godfrain, Barnier et Madame Sudre que nous leur souhaitons une très bonne et très heureuse année.
Monsieur le Ministre, l'année qui s'annonce sera, dans le domaine diplomatique, riche de défis, d'occasions à saisir, mais aussi pleine de risques. Et par conséquent stimulante.
Le président de la République, dans ses discours de Singapour, du Caire, de Brazzaville ou lors de la dernière Réunion des ambassadeurs a clairement identifié les grands chantiers où la diplomatie française se doit d'être active dans les mois qui viennent :
- achever la Conférence intergouvernementale, en obtenant une réforme institutionnelle sérieuse, sans laquelle tout élargissement risquerait d'affaiblir la construction européenne ;
- rénover l'Alliance atlantique en favorisant l'émergence en son sein d'une véritable identité européenne de défense, complément du nécessaire renforcement des capacités opérationnelles propres de l'UEO que notre présidence se devra de promouvoir si l'Union européenne veut se doter un jour d'un instrument de défense crédible ;
- donner sa place légitime à la Russie dans l'architecture européenne de sécurité ;
- faire en sorte que la France et l'Europe puissent jouer le rôle qui leur revient dans la relance et l'aboutissement du processus de paix au Proche-Orient ;
- poursuivre, et même accélérer l'effort de rénovation de notre politique africaine pour tenir compte de la relève des générations et des changements survenus dans l'environnement régional ;
- donner corps et vigueur au processus de Barcelone ; - renforcer les structures de la Francophonie dans la perspective du Sommet d'Hanoï ;
- dynamiser notre politique à l'égard de l'Asie et de l'Amérique latine au moment où le président de la République va se rendre en Chine et dans les pays du Mercosur ;
- tenir notre place dans les négociations sur la non-prolifération et le désarmement ;
- et plus généralement donner à notre diplomatie une vraie dimension économique et commerciale, corollaire indispensable d'une politique de l'emploi.
Certes, tous ces chantiers n'en sont pas au même stade ni ne relèvent d'un même calendrier. Nous voyons bien que certains d'entre eux sont prioritaires par leurs enjeux et nécessitent de notre part un effort décisif en 1997. Qu'il s'agisse de la CIG, de l'architecture européenne de sécurité, du processus de paix au Proche-Orient, nous sommes en quelque sorte au milieu du gué. Il nous faut atteindre l'autre rive et pour y parvenir, il nous faudra faire preuve de conviction, de détermination. Nous devrons aussi veiller constamment à la solidité du lien franco-allemand, et nous efforcer de faire comprendre à nos amis américains que la logique de puissance qui inspire certains de leurs comportements n'est pas compatible avec l'esprit de partenariat qui doit prévaloir dans le monde multipolaire que - et nous ne sommes pas les seuls - nous appelons de nos voeux.
Il nous faudra enfin mobiliser tous nos moyens. A cet égard chacun sait que nous devrons vivre longtemps encore sous le signe de la rigueur. Celle-ci, pour pénible qu'elle soit, n'a pas que des mauvais côtés. Elle nous oblige à être beaucoup plus sélectifs dans le choix de nos initiatives et de nos interventions, beaucoup plus imaginatifs dans l'emploi de nos moyens, beaucoup plus sévères dans l'évaluation des résultats. La réforme de l'Etat, voulue par le président de la République et le Premier ministre, constitue de ce point de vue un aiguillon efficace. D'ores et déjà, vous avez tenu, Monsieur le Ministre, à ce que nous revoyions notre carte diplomatique et consulaire, ainsi que notre réseau culturel pour mieux les adapter aux nouveaux objectifs de notre politique étrangère. De même ont été lancées dans le cadre du CIMEE et seront mises progressivement en oeuvre toute une série de réformes permettant de rationaliser la gestion de l'Administration centrale et des postes à l'étranger, de renforcer le rôle de coordination des ambassadeurs : globalisation des crédits de fonctionnement, réforme des procédures comptables, comités locaux d'aide au développement, cellules de communication, innovations dans la gestion immobilière permettant une meilleure utilisation de notre patrimoine, regroupement sur site unique chaque fois que possible, formules de coopération avec nos partenaires européens.
Tout ceci doit permettre de mieux dépenser, puisque nous devons dépenser moins. Je puis vous assurer, Monsieur le Ministre, que les agents de cette maison comprennent de mieux en mieux l'utilité de ces réformes et la nécessité de faire des économies.
Il est un domaine cependant où nous aurons des difficultés majeures à progresser. Je veux parler de la réduction des effectifs. Certes, on peut supprimer encore quelques postes ici ou là. Mais il faut savoir que certaines directions de l'Administration centrale ou certains postes ont atteint la cote d'alerte, au détriment de la sécurité, parfois même de la santé et de la vie familiale des agents, et partant, de la qualité de leur travail.
C'est pourquoi il sera difficile d'envisager des réductions supplémentaires d'effectifs au delà du schéma d'adaptation sur cinq ans arrêté en 1993. D'autant que, comme vous le savez, toute réduction entraîne des conséquences automatiques sur les possibilités de promotion interne, à un moment, de surcroît, où la pyramide des âges au sein du Département s'annonce très défavorable. Tout au plus pourrons nous - et devons nous - procéder à des redéploiements au sein de l'Administration centrale comme entre les postes bien dotés et ceux qui fonctionnent à la limite du raisonnable.
C'est dire que, comme vous l'avez fait, - et nous vous en sommes très reconnaissants - pour obtenir que soit confirmée la spécificité des corps du ministère des Affaires étrangères, nous espérons votre soutien pour que cette question des effectifs soit traitée en haut lieu avec le plus d'objectivité possible. Après tout le Département est un ministère régalien. Il a une mission de souveraineté qui lui interdit de faire l'impasse sur tous les dossiers internationaux - et ils sont de plus en plus nombreux - où les intérêts de la France sont en jeu.
Il ne peut pas non plus renoncer à une diplomatie culturelle, scientifique et technique qui est intrinsèquement liée à l'exception française.
Cela dit, nous avons, j'en suis bien conscient, encore beaucoup de progrès à faire pour tirer un meilleur parti de nos ressources en hommes et en crédits, pour en assurer la synergie, et renforcer ainsi notre cohésion, gage d'efficacité et donc de crédibilité.
Vous savez, Monsieur le Ministre, pouvoir compter sur le dévouement de tous nos collègues. Nombre d'entre eux exercent leurs fonctions dans des conditions difficiles, parfois même dangereuses, si l'on en juge par les nombreux cas d'agression sur les personnes ou les biens que nous avons connus en 1996. Tous, cependant, sont attachés au service de l'Etat, heureux et fiers de contribuer, chacun à sa place, au rayonnement de la France. Car en fin de compte, c'est de cela qu'il s'agit.
Lors du transfert des cendres d'André Malraux au Panthéon, le président de la République observait et je cite - que "la France, aujourd'hui comme hier, peut faire entendre sa voix, défendre ses convictions, affirmer ses valeurs, au premier rang desquelles son idéal de paix et de justice. C'est ainsi qu'elle est fidèle à sa vocation".
Monsieur le Ministre, y-a-t-il d'autres voeux à former pour la France que celui d'être fidèle à sa vocation ?.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2001)