Déclaration de Mme Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies, sur l'importance des équipements de recherche dans la lutte contre le cancer et sur les perspectives ouvertes par l'installation du nouveau microscope ionique à l'Institut Curie, à Orsay le 20 janvier 2003.

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Circonstance : Inauguration du microscope ionique à l'Institut Curie d'Orsay, à Orsay le 20 janvier 2003

Texte intégral

Messieurs les Présidents,
Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honorée de l'accueil que me réservent aujourd'hui, ici à Orsay, l'Institut Curie et ses partenaires et je les en remercie très chaleureusement. Vous m'avez permis de découvrir directement moi-même cet équipement nouveau et très prometteur que constitue le microscope ionique de pointe, premier de ce type installé en Europe et consacré exclusivement à la recherche en cancérologie. Vous me permettez surtout de rencontrer les responsables qui ont eu la lucidité, la générosité et l'intelligence de son choix, et les chercheurs passionnés qui l'utilisent ou vont l'utiliser dans le cadre de leurs travaux. Car vous le savez bien, la première force de la recherche, ce sont les femmes et les hommes de grande qualité qui la réalisent. Ils méritent nos encouragements et notre reconnaissance.
Je me réjouis d'autant plus de cette visite que l'installation d'un tel outil, ici à l'Institut Curie, c'est une brique de plus qui contribue à l'avancée du grand chantier présidentiel de lutte contre le cancer. Cette installation intervient au moment précis où la commission que j'avais chargée, avec mon collègue ministre de la santé, de réfléchir sur les mesures à prendre pour améliorer la prévention et le traitement de cette terrible maladie, nous remet son rapport. Ce rapport souligne toute l'importance de la recherche et du transfert de ses résultats au bénéfice du patient. Il nous appartient désormais, à Jean François Mattéi et à moi-même, d'élaborer dans les semaines qui viennent un plan gouvernemental capable de répondre aux défis qu'identifie le rapport et de le proposer au Président Chirac. Ce rapport est désormais accessible à tous via les serveurs de nos ministères afin que chacun puisse en prendre connaissance et réagir afin de l'enrichir de ses commentaires et avis. Dans ce contexte vous comprendrez tout l'intérêt que représente cette visite pour m'aider à prendre la mesure des besoins et des possibilités d'équipements de la recherche en cancérologie.
Les quelques explications, remarquables, très riches d'informations en dépit du temps toujours trop court, que je viens de recevoir sur ce microscope confirment tout l'intérêt de ce déplacement.
Complexe et fascinante, cette technologie d'imagerie montre à quel point il est important de favoriser une recherche interdisciplinaire, qui ici se fait aux interfaces des disciplines physiques, chimiques et biologiques. L'Institut Curie est justement un des établissements de recherche qui font le mieux vivre cette interdisciplinarité que je souhaite promouvoir chaque fois que cela est souhaitable dans notre stratégie de recherche.
L'Unité Inserm 350, dirigée par le Professeur Daniel Lavalette que je salue, et au sein de laquelle ce nouveau microscopie ionique vient d'être installé, se consacre aux travaux de biophysique moléculaire, avec des objectifs en biochimie structurale, en pharmacologie anti-tumorale et en radiothérapie. Autant de thématiques qui l'inscrivent au cur de la recherche en cancérologie. Sur chacun de ces axes de travail, les chercheurs, ingénieurs et techniciens de l'unité sont devenus des experts dans un grand nombre de disciplines physiques : résonance magnétique nucléaire, résonance paramagnétique électronique et spectroscopies optiques. Je suis convaincue que ce riche potentiel sera la source de progrès importants, à la fois en biologie fondamentale et pour les applications diagnostiques et thérapeutiques en cancérologie.
Aujourd'hui, la mise en oeuvre du microscope ionique SIMS - Secondary Ion Mass Spectrometry - dédié à la pharmacologie cellulaire fait de ce laboratoire le premier en France à aborder l'imagerie sub-cellulaire par spectrométrie de masse. Je sais que l'équipe d'Alain Croisy et de Jean-Luc Guerquin-Kern a eu la responsabilité de promouvoir et de mettre en oeuvre cet outil au sein de l'Institut Curie, dans le cadre d'un projet de laboratoire national pilote. Je leur souhaite le meilleur succès et les remercie de leur engagement personnel total à cette fin, avec tous leurs collaborateurs.
L'installation de ce laboratoire est une réussite éclatante. Elle résulte de l'action de chercheurs dynamiques et entreprenants, qui ont fait preuve d'une énergie considérable pour réunir les moyens financiers nécessaires, près de 2 millions d'euros (1,8), auprès de multiples partenaires: l'Institut Curie, l'Inserm, EDF, la région Ile de France, l'ARC.
J'adresse à tous ces partenaires mes plus vifs remerciements pour leur contribution à ce succès.
Le Ministère chargé de la recherche est fier, pour sa part, d'avoir participé à cette entreprise, dans le cadre de l'actuel contrat de plan Etat-région et sous la forme d'un réseau, appelé "Biosims", associant le Ministère chargé de la recherche et une confédération de régions du grand bassin parisien. Ce réseau va permettre de créer en France un pôle de niveau international, en rassemblant les analyseurs SIMS qui seront prochainement installés et utilisés dans les domaines des sciences du vivant et de la santé, à la suite de celui-ci.
Comme vous l'avez si bien démontré lors de la visite du laboratoire, les applications en biologie de cette technique d'imagerie sont très diverses. Compte-tenu de l'histoire de l'Unité 350 et de son appartenance à l'Institut Curie, vous vous êtes positionnés sur le domaine de la cancérologie, où la microscopie SIMS devrait apporter des données cruciales pour la compréhension de l'action des drogues anticancéreuses, au niveau cellulaire et sub-cellulaire.
Ce thème de recherche, je vous le disais en commençant, mobilise activement le Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République qui a fait de la lutte contre le cancer un grand chantier de son quinquennat. Car, malgré les progrès constants de la science et de la médecine, la mortalité par le cancer n'a cessé de s'accroître ces dernières années en France. Les recommandations du rapport de la Commission de réflexion sur le cancer, comme je le disais il y a quelques instants, donnent lieu à un examen très attentif ainsi qu'à une consultation vaste de l'ensemble des acteurs, afin de recueillir, au-delà des nombreuses consultations déjà effectuées par la Commission, des commentaires, des propositions alternatives et des suggestions pour la mise en oeuvre d'un plan d'action gouvernemental sur ce grand chantier.
Dans le domaine de la recherche, nous avons prévu un effort significatif de financement avec un montant supplémentaire de 25 Millions d'euros au sein du budget 2003 du Fonds National de la Science, mais aussi d'organisation, avec la mise en place, au sein ou en relation étroite avec l'INSERM, d'un Institut National du Cancer, qui sera réalisé dès 2003. La recherche sur les nouveaux traitements, fondée sur une meilleure compréhension du fonctionnement altéré des gènes dans les tumeurs, sera au coeur du plan d'action gouvernemental qui sera lancé d'ici deux mois au plus tard. Je suis convaincue que l'Institut Curie, et ses équipes présentes ici, sauront mettre leur créativité et leur haute technicité au service de cette mobilisation.
Ce nouvel équipement de microscopie ionique sera pour l'Institut un atout considérable dans cette perspective de recherche thérapeutique. Vous avez là un outil exceptionnel. Cet équipement unique en France et en Europe, je souhaite que vous le rendiez aussi accessible que possible à des collaborations nombreuses au niveau national, mais aussi dans le cadre des réseaux européens d'excellence qui se mettent en place avec le 6ème PCRD et auquel vous êtes naturellement invités à participer activement en raison même de votre excellence Je suis convaincue que cette dimension européenne doit être prise en compte au meilleur niveau et dès maintenant dans notre effort de recherche sur le cancer. Je suis convaincue qu'elle est la condition du succès de vos recherches, de notre succès.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 21 janvier 2003)