Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, en réponse à une question sur l'amalgame entre Front national et Front populaire et la préparation des élections législatives de 1998, à l'Assemblée nationale le 18 mars 1997.

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Circonstance : Séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 18 mars 1997

Texte intégral

Question :
Samedi dernier, le président d'une des deux formations principales de la majorité n'a pas hésité à comparer, même à égaliser, le Front national et le Front populaire. Ceci venait après d'autres propos tenus quelques jours plus tôt par un membre de votre Gouvernement, parlant à propos du Parti socialiste et du Front national, de la peste et du choléra.
Ces propos sont, non seulement une insulte à l'histoire, non seulement une insulte aux millions de français qui ne confondent pas ceux qui ont défendu les valeurs de la République et ceux qui ne cessent de les menacer, mais ils constituent une insulte à des hommes qui ont mis leur vie en péril pour que, ici, nous puissions parler libres. Je pense à Léon BLUM déporté, à SALENGRO suicidé, à Victor BASCH supplicié, à Jean ZAY exécute ou à Gabriel PERI fusillé, qui firent des héros du Front populaire, des leçons pour la gauche et la fierté de tous les français Ma demande est donc simple, Monsieur le Premier Ministre; Monsieur le Premier Ministre, je vous demande de désavouer.
Réponse :
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députes, chacun ici connaît mes convictions et mon attachement aux valeurs de la République.
J'estime donc, comme beaucoup d'entre vous, comme vous tous, ne pas avoir de leçons de morale à recevoir, surtout lorsqu'elles `,tiennent de ceux-là même qui, pendant tant d'années, ont fait objectivement le jeu du Front national, jusqu'à lui ouvrir les bancs de cet hémicycle en instituant le scrutin t in proportionnel intégral.
Personne n'a le monopole de la résistance et dois je vous dire que beaucoup d'entre nous ont été aussi profondément blessés quand ils ont entendu certains de vos propres amis comparer la situation d'aujourd'hui à celle du Gouvernement de Vichy.
Quant au combat électoral qui va s'ouvrir, Mesdames et Messieurs les députés, notre objectif est clair. Dans le respect de nos valeurs et dans le refus de toute alliance contre nature, nous allons nous battre pour épargner à la France votre retour au pouvoir.
Et chacun, je pense, le comprendra en constatant combien il est difficile pour notre pays de solder le bilan de deux septennats socialistes.
Chacun le comprendra aussi en lissant le programme économique public aujourd'hui même par votre parti et qui ramènerait la France dans la spirale du déclin.
Mesdames et Messieurs les députes de la majorité, c'est en restant fidèles à nous-mêmes que nous nous donnerons les meilleures chances de victoire et que nous donnerons à la France les meilleures chances de progrès.

(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 13 mai 2002)