Déclaration de M. Jean-François Mattéi, ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées, sur les utilisation du cyclotron pour le diagnostic médical notamment le dépistage précoce du cancer, Orsay le 11 septembre 2002.

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Circonstance : Inauguration des nouveaux laboratoires de biochimie de l'hôpital Joliot Curie à Orsay le 11 septembre 2002

Texte intégral

Je suis heureux d'inaugurer avec ma collègue Claudie Haigneré les nouveaux laboratoires de radiochimie associés au cyclotron à usage médical, que nous venons de visiter
Ils sont l'exemple même d'une intrication réussie de la recherche et de ses applications en santé.
Ils offrent en effet une panoplie d'équipements de haute technologie :
outils indispensables pour la recherche
outils qui ne cessent d'évoluer par la recherche et qui déjà s'imposent en médecine où ils sont en passe de révolutionner les pratiques, en neurologie, en cardiologie, et bien sûr en cancérologie.
Une inauguration qui s'inscrit donc très bien dans le prolongement de la mise en place de la commission " cancer " qui nous a déjà réunis en ce début de semaine.
Composante du grand chantier sur le cancer annoncé par le Président de la République, cette commission que nous avons souhaitée commune à nos deux ministères, doit finaliser des propositions d'actions en matière de prévention, de diagnostic, de prise en charge des patients et de recherche en cancérologie.
Les technologies d'imagerie in vivo constituent une révolution fascinante mais exigeante pour notre système de santé.
Révolution fascinante.
Bien sûr, en ce lieu riche des compétences qui permettent de faire évoluer les technologies d'imagerie,
la rapide évolution des progrès auxquels nous assistons comme l'extension rapide des champs d'applications relèvent du quotidien et ne surprennent plus.
Il s'agit bien pourtant d'approches méthodologiques révolutionnaires qui ne cessent d'émerveiller le non spécialiste : le rêve de voir les organes du corps humain en fonctionnement, devient grâce à elle, une réalité.
Avec la tomographie par émission de positons c'est même la détection au sein d'un tissu de quelques cellules qui devient possible. Il suffit que leurs caractéristiques fonctionnelles les différencient de leurs voisines. Ainsi, trahies par le dysfonctionnement de leur métabolisme les cellules cancéreuses, deviennent par exemple repérables.
Une révolution en cancérologie car les masses cancéreuses peuvent être détectées :
précocement, dès que se constituent de petits amas de cellules transformées
précisément, grâce aux reconstitutions des images en trois dimensions
systématiquement par visualisation du corps entier.
Or on le sait,
la précocité du diagnostic améliore la survie,
l'analyse systématique permet de suivre l'efficacité des thérapeutiques et l'apparition d'éventuelles récidives.
Tumeurs pulmonaires, lymphomes, mélanomes, cancers colo-rectaux sont aujourd'hui des indications validées de la scintigraphie avec un analogue du glucose radiomarquée au fluor 18 qui s'accumule fortement dans les cellules transformées de ces types de cancer.
Fascinante cette révolution est également coûteuse et exigeante pour notre système de santé
Aujourd'hui validée la technique doit être accessible à tous ceux qui doivent y avoir recours.
Or, il n'échappe certainement à personne après la visite de ces installations, que les moyens à mettre en oeuvre sont considérables et que tout un environnement est nécessaire pour en assurer une utilisation optimale.
Une carte sanitaire spécifique fixant les modalités d'implantation de ces équipements a été proposée en avril dernier sur la base des recommandations du " Comité d'implantation des TEP en oncologie clinique "
Il faut être bien conscient qu'un plan d'équipement s'étalant sur plusieurs années sera nécessaire pour rattraper le retard et doter la France d'un nombre suffisant de tels équipements. Il faut constituer progressivement un maillage national suffisant en tenant compte de la relative proximité des cyclotrons.
Le défi en ce domaine comme en d'autres est de mettre en adéquation de façon réaliste la programmation des moyens avec les besoins.
Des concertations inter-régionales, une bonne articulation entre politique nationale et régionale, pourront seules permettre de le relever.
C'est cette politique qui sera mise en oeuvre dans le cadre du Plan cancer dont j'ai déjà évoqué le lancement.
Nous le savons, les indications de la TEP seront élargies à d'autres maladies, neurologiques, cardiologiques
A l'instar de ce nous voyons en ce site de référence et d'excellence, nous devrons là aussi privilégier des sites où se côtoient les disciplines, s'établissent des partenariats fructueux entre le public et le privé, s'enrichissent mutuellement la recherche cognitive et ses applications,
Des sites qui devront être au coeur des réseaux de soins publics et privés apportant une prise en charge globale des malades d'autant plus indispensable que les techniques sont sophistiquées et les pathologies chroniques. Je saisis cette occasion pour vous annoncer que j'ai signé ce matin le décret permettant d'assurer le financement des réseaux de soins.
Des sites où la formation à ces nouvelles technologies fera partie des missions premières.
De tels choix sont indispensables, ils doivent être expliqués : nous le devons aux patients, aux chercheurs, aux professionnels de santé. Nous le devons à nos concitoyens qui aspirent à être soignés à l'aide de techniques toujours plus innovantes.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 17 septembre 2002)