Texte intégral
Merci Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
et d'abord, Mesdames et Messieurs les Lauréats,
Je suis très heureux de vous recevoir ici, au Quai d'Orsay, dans ce lieu qui, il est vrai, est historique, puisque c'est ici que Robert Schuman a lancé le 9 mai 1950 l'aventure européenne, pour cette réception amicale en l'honneur des quatre premiers lauréats des "bourses de la presse diplomatique", décernées par l'Association de la Presse diplomatique.
Je salue le président Pierre Beylau, le vice-président Joseph Limagne qui a joué un grand rôle dans toute cette affaire, et aussi tous les animateurs et membres de cette association, pour cette excellente initiative de créer cette bourse, qui donc va récompenser désormais, chaque année, des étudiants en journalisme, en fin d'études.
Ces bourses vous permettront d'effectuer un stage personnalisé au Quai d'Orsay, sous la houlette de la direction de la communication et de l'information - ce que je crois vous faites précisément cette même semaine -, puis un stage à Bruxelles, voyez, moi je connais l'ordre, auprès des institutions communautaires et, enfin, un stage d'au moins un mois dans un des journaux représentés au sein de votre Association.
Je saisis également cette occasion pour remercier le bureau de la Commission européenne à Paris et son directeur, M. Giraudy, qui a apporté un soutien enthousiaste - mais aussi et surtout sonnant et trébuchant ! - à cette opération.
Je n'ai pas besoin de souligner devant vous combien le métier de journaliste est passionnant et enrichissant. Monsieur le Président vient de vous en parler et vous le savez vous-même puisque vous avez déjà effectué plusieurs stages dans différents médias. Mais aussi à mon tour, je voudrais dire combien la fonction que vous remplissez est nécessaire à la vie démocratique.
C'est vrai qu'il arrive aux responsables politiques de ne pas nourrir uniquement des sentiments de gratitude béate à l'égard de tel ou tel journaliste ou de tel journal. Vous avez déjà dû le noter, et c'est quelque chose que vous éprouverez tout au long de votre vie professionnelle. Mais, bien sûr, cela demeure extrêmement rare et fugace, et en général nos relations sont faites uniquement de miel et d'amour !
Plus sérieusement, je me réjouis que vous ayez choisi de vous intéresser spécialement aux questions internationales. L'étude des grands équilibres mondiaux, des relations diplomatiques, l'intérêt porté aux évolutions des grandes régions de la planète sont, depuis toujours, au coeur du métier de journaliste. Ils en sont l'une des expressions les plus utiles à la compréhension de chacun et, pour chaque journaliste, j'en suis convaincu, c'est aussi une des sources les plus fructueuses d'enrichissement et de connaissance des autres.
S'intéresser à l'international, c'est aussi, pour un journaliste et pour tous les citoyens attachés à la liberté de la presse et à la liberté d'expression en général, prendre conscience des combats qui restent à mener en ce domaine. Et je crois que nous pouvons avoir une pensée pour tous les journalistes, notamment dans votre secteur, qui ont été et qui sont encore menacés, emprisonnés ou même tués, victimes de leur seule volonté d'informer. Et j'ai bien sûr en ce moment même une pensée particulière pour notre compatriote et votre collègue photographe Brice Fleutiaux, qui est toujours détenu en Tchétchénie. Vous savez que les autorités françaises font de sa libération une priorité de leur action. Nous souhaitons bien le voir de retour parmi nous prochainement.
Je souhaite terminer en disant, bien sûr, un mot de l'Europe. Je crois que c'est une grande chance pour vous, une grande opportunité, que le début de votre carrière de journaliste diplomatique se déroule à un moment où la construction européenne connaît des développements importants, difficiles aussi. Elle fait face à des défis et à des interrogations qui vous fourniront, je le crois, matière à commentaire, à analyse, à réflexion pendant plusieurs années.
Il y a bien sûr, à très court terme, dans trois semaines maintenant, la présidence française de l'Union européenne. Les autorités françaises ont bien la ferme volonté d'utiliser ces quelques mois, très courts, six mois en théorie, quatre mois en pratique, donc ce sera très bref et très intense, pour faire avancer l'Europe sur quelques dossiers essentiels, comme la préparation de l'élargissement à nos voisins d'Europe centrale et orientale. Il s'agit de la grande perspective historique de l'Europe, qui passe aussi par la réforme concrète de nos institutions et c'est crucial. Nous accorderons aussi une grande priorité pour faire progresser l'Europe quotidienne, l'Europe capable de répondre aux préoccupations réelles de nos concitoyens, qu'il s'agisse de l'emploi et de la croissance, bien sûr, mais aussi de la protection de l'environnement, de l'espace européen de justice et de liberté et de toutes les sécurités en général.
J'ajouterai que je veille personnellement, aux cotés d'Hubert Védrine, à ce que le travail de la presse, française et internationale, soit rendu le plus facile possible pendant cette présidence. Nous y consacrons des efforts importants. Au titre des outils qui seront mis à votre disposition figurera le Centre d'accueil de la presse, situé à la Maison de la Radio, que j'aurai le plaisir d'inaugurer la semaine prochaine, le 14 juin, et le site Internet de la présidence française, qui sera en ligne dans les derniers jours de juin mais dont ceux d'entre vous qui assisteront au Conseil européen de Feira, à la mi-juin, pourront déjà avoir un aperçu. Il comprendra, bien sûr, une section réservée aux journalistes et destinée à leur fournir informations et outils pratiques.
Au-delà de ce semestre de présidence, s'ouvrira bien sûr une grande réflexion sur l'Europe du XXIème siècle. Une Europe forte, une Europe réunifiée, qui comprendra sans doute une trentaine de membres. Cette réflexion est légitime et nécessaire, vous en avez parlé avec Joshka Fischer, il y a apporté sa pierre, il n'est pas le premier, il n'est pas le seul, même si c'est une pierre importante. Et la France entend bien prendre toute sa place dans cette réflexion. Vous serez non seulement les observateurs, mais aussi des acteurs, c'est évident, dans ce débat. Votre vocation sera d'y contribuer, de vous faire les médiateurs de la société civile, qui ne devra plus être tenu à l'écart de ces grands débats européens, comme cela a pu être, souvent, trop souvent, le cas dans le passé.
Mais je ne veux pas être plus long. Je vous souhaite surtout beaucoup de bonheur personnel et de réussite dans vos carrières qui débutent, je le crois, sous les meilleurs auspices puisque vous avez déjà été reconnus par vos pairs qui sont là, et qui ne sont pas n'importe qui.
Bon courage et merci.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juin 2000)
Mesdames, Messieurs,
et d'abord, Mesdames et Messieurs les Lauréats,
Je suis très heureux de vous recevoir ici, au Quai d'Orsay, dans ce lieu qui, il est vrai, est historique, puisque c'est ici que Robert Schuman a lancé le 9 mai 1950 l'aventure européenne, pour cette réception amicale en l'honneur des quatre premiers lauréats des "bourses de la presse diplomatique", décernées par l'Association de la Presse diplomatique.
Je salue le président Pierre Beylau, le vice-président Joseph Limagne qui a joué un grand rôle dans toute cette affaire, et aussi tous les animateurs et membres de cette association, pour cette excellente initiative de créer cette bourse, qui donc va récompenser désormais, chaque année, des étudiants en journalisme, en fin d'études.
Ces bourses vous permettront d'effectuer un stage personnalisé au Quai d'Orsay, sous la houlette de la direction de la communication et de l'information - ce que je crois vous faites précisément cette même semaine -, puis un stage à Bruxelles, voyez, moi je connais l'ordre, auprès des institutions communautaires et, enfin, un stage d'au moins un mois dans un des journaux représentés au sein de votre Association.
Je saisis également cette occasion pour remercier le bureau de la Commission européenne à Paris et son directeur, M. Giraudy, qui a apporté un soutien enthousiaste - mais aussi et surtout sonnant et trébuchant ! - à cette opération.
Je n'ai pas besoin de souligner devant vous combien le métier de journaliste est passionnant et enrichissant. Monsieur le Président vient de vous en parler et vous le savez vous-même puisque vous avez déjà effectué plusieurs stages dans différents médias. Mais aussi à mon tour, je voudrais dire combien la fonction que vous remplissez est nécessaire à la vie démocratique.
C'est vrai qu'il arrive aux responsables politiques de ne pas nourrir uniquement des sentiments de gratitude béate à l'égard de tel ou tel journaliste ou de tel journal. Vous avez déjà dû le noter, et c'est quelque chose que vous éprouverez tout au long de votre vie professionnelle. Mais, bien sûr, cela demeure extrêmement rare et fugace, et en général nos relations sont faites uniquement de miel et d'amour !
Plus sérieusement, je me réjouis que vous ayez choisi de vous intéresser spécialement aux questions internationales. L'étude des grands équilibres mondiaux, des relations diplomatiques, l'intérêt porté aux évolutions des grandes régions de la planète sont, depuis toujours, au coeur du métier de journaliste. Ils en sont l'une des expressions les plus utiles à la compréhension de chacun et, pour chaque journaliste, j'en suis convaincu, c'est aussi une des sources les plus fructueuses d'enrichissement et de connaissance des autres.
S'intéresser à l'international, c'est aussi, pour un journaliste et pour tous les citoyens attachés à la liberté de la presse et à la liberté d'expression en général, prendre conscience des combats qui restent à mener en ce domaine. Et je crois que nous pouvons avoir une pensée pour tous les journalistes, notamment dans votre secteur, qui ont été et qui sont encore menacés, emprisonnés ou même tués, victimes de leur seule volonté d'informer. Et j'ai bien sûr en ce moment même une pensée particulière pour notre compatriote et votre collègue photographe Brice Fleutiaux, qui est toujours détenu en Tchétchénie. Vous savez que les autorités françaises font de sa libération une priorité de leur action. Nous souhaitons bien le voir de retour parmi nous prochainement.
Je souhaite terminer en disant, bien sûr, un mot de l'Europe. Je crois que c'est une grande chance pour vous, une grande opportunité, que le début de votre carrière de journaliste diplomatique se déroule à un moment où la construction européenne connaît des développements importants, difficiles aussi. Elle fait face à des défis et à des interrogations qui vous fourniront, je le crois, matière à commentaire, à analyse, à réflexion pendant plusieurs années.
Il y a bien sûr, à très court terme, dans trois semaines maintenant, la présidence française de l'Union européenne. Les autorités françaises ont bien la ferme volonté d'utiliser ces quelques mois, très courts, six mois en théorie, quatre mois en pratique, donc ce sera très bref et très intense, pour faire avancer l'Europe sur quelques dossiers essentiels, comme la préparation de l'élargissement à nos voisins d'Europe centrale et orientale. Il s'agit de la grande perspective historique de l'Europe, qui passe aussi par la réforme concrète de nos institutions et c'est crucial. Nous accorderons aussi une grande priorité pour faire progresser l'Europe quotidienne, l'Europe capable de répondre aux préoccupations réelles de nos concitoyens, qu'il s'agisse de l'emploi et de la croissance, bien sûr, mais aussi de la protection de l'environnement, de l'espace européen de justice et de liberté et de toutes les sécurités en général.
J'ajouterai que je veille personnellement, aux cotés d'Hubert Védrine, à ce que le travail de la presse, française et internationale, soit rendu le plus facile possible pendant cette présidence. Nous y consacrons des efforts importants. Au titre des outils qui seront mis à votre disposition figurera le Centre d'accueil de la presse, situé à la Maison de la Radio, que j'aurai le plaisir d'inaugurer la semaine prochaine, le 14 juin, et le site Internet de la présidence française, qui sera en ligne dans les derniers jours de juin mais dont ceux d'entre vous qui assisteront au Conseil européen de Feira, à la mi-juin, pourront déjà avoir un aperçu. Il comprendra, bien sûr, une section réservée aux journalistes et destinée à leur fournir informations et outils pratiques.
Au-delà de ce semestre de présidence, s'ouvrira bien sûr une grande réflexion sur l'Europe du XXIème siècle. Une Europe forte, une Europe réunifiée, qui comprendra sans doute une trentaine de membres. Cette réflexion est légitime et nécessaire, vous en avez parlé avec Joshka Fischer, il y a apporté sa pierre, il n'est pas le premier, il n'est pas le seul, même si c'est une pierre importante. Et la France entend bien prendre toute sa place dans cette réflexion. Vous serez non seulement les observateurs, mais aussi des acteurs, c'est évident, dans ce débat. Votre vocation sera d'y contribuer, de vous faire les médiateurs de la société civile, qui ne devra plus être tenu à l'écart de ces grands débats européens, comme cela a pu être, souvent, trop souvent, le cas dans le passé.
Mais je ne veux pas être plus long. Je vous souhaite surtout beaucoup de bonheur personnel et de réussite dans vos carrières qui débutent, je le crois, sous les meilleurs auspices puisque vous avez déjà été reconnus par vos pairs qui sont là, et qui ne sont pas n'importe qui.
Bon courage et merci.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juin 2000)