Texte intégral
R. Elkrief-. On parle beaucoup du pétrole bien sûr dans le contexte international très tendu. Ca tombe bien, vous ouvrez aujourd'hui un débat sur la politique énergétique de la France, un débat pendant lequel vous suggérez aux Français de s'exprimer sur les choix importants de la France. Qu'est-ce que vous attendez exactement de cette participation des Français?
- " C'est la première fois en effet qu'on lance un grand débat national, c'est-à-dire un débat qui dépasse les initiés. Je souhaite que les citoyens soient le mieux informés possible, et je souhaite surtout que chacun puisse s'exprimer, que tous ceux qui ont des choses à dire sur le sujet puissent le faire, parce qu'aujourd'hui, ce sont vraiment tous les citoyens qui sont concernés dans leur vie quotidienne."
Donc il y aura un site Internet, il y aura des forums...
- "Voilà, absolument, de très nombreuses initiatives, et notamment dans les écoles aussi ; je suis actuellement en train de préparer un grand plan avec mon collègue Luc Ferry."
On va parler évidemment du nucléaire, de l'énergie éolienne, mais bien sûr du pétrole, parce que ça faisait un peu longtemps qu'on n'avait pas parlé de crise pétrolière. Mais évidemment, aujourd'hui avec la tension sur les prix du pétrole, la conjoncture internationale, on reste très dépendants.
- "Oui, justement, on va parler de sécurité d'approvisionnement et on va parler d'indépendance nationale. Et je crois que ce qui se passe, malheureusement, actuellement sur le pétrole, est tout à fait éclairant sur l'un des objectifs que nous poursuivons."
Très concrètement quand même, si les prix du pétrole continuent à flamber, si la guerre se déclare effectivement, est-ce qu'on est prêts en France à subir une tension sur les prix du pétrole, ou même une pénurie ?
- "Je dirais d'abord que j'ai gardé l'espoir bien sûr, avec le Président J. Chirac et avec notre Gouvernement, que la guerre puisse être évitée. J'ai le sentiment que ce qui s'est passé ces derniers jours a permis de faire des pas dans cette direction. Ceci étant, si malheureusement la guerre a lieu, à ce moment-là bien sûr nous ferons face à cette situation."
Si la guerre se déclarait...
- "Absolument, je crois que les pays de l'OPEP seront bien raisonnables. - en tout cas, je sais que c'est leur intention -, nous sommes bien évidemment en lien direct avec eux.
Concrètement, est-ce qu'on a des stocks ? Est-ce qu'on a prévu des réserves de pétrole au niveau français, au niveau européen, pour faire face à une crise ?
- "Nous avons, bien sûr, des stocks pétroliers. D'ailleurs, c'est un des sujets qui est actuellement débattu dans une directive à Bruxelles. Nous sommes extrêmement attentifs à la gestion des stocks pétroliers."
Donc, nous pourrons faire face. Il y a aussi un débat aujourd'hui, parce que la conjoncture se dégrade. Certains hommes politiques, et notamment l'ancien rapporteur général de la commission des finances, D. Migaud, le socialiste, propose qu'on rétablisse une taxe sur le pétrole, la TIPP, la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Est-ce que le Gouvernement y songe ?
- "Aucune décision n'est prise encore sur ce sujet. Ceci étant, nous sommes ouverts, et encore une fois, en fonction de la conjoncture nous agirons."
Vous ne voulez pas ou vous ne pouvez peut-être pas répondre à cet instant, mais ce que vous nous dites c'est que le Gouvernement réfléchit à tout ça ?
- "Je dis que toute question reste ouverte, en fonction de la conjoncture et en fonction de la situation que nous trouverons. Pour le moment, nous sommes dans une période d'attentisme, qui d'ailleurs comme vous le savez est très préjudiciable, non seulement à l'économie française, mais à l'ensemble des économies. C'est une situation qui est très difficile et qu'il faut maîtriser avec beaucoup de rigueur."
Justement, la conjoncture est très difficile. L'industrie française se porte mal. On a eu les chiffres des ventes de voitures neuves, par exemple, qui ont baissé de 7,9 % en février en France.
- "Cela ne doit quand même pas dissimuler quelques grands succès comme celui que PSA a remporté il n'y a pas si longtemps. Ce que je voudrais dire aussi c'est qu'en 1998 et 1999, et ça on l'oublie un peu, il y avait beaucoup plus de plans sociaux qu'il n'y en a aujourd'hui. Alors, bien sûr, ceci ne console pas ceux qui sont concernés - je pense notamment aux salariés - par ces plans sociaux. Et je peux vous dire que le Gouvernement retrousse ses manches, et dans le cadre des responsabilités..."
"Se décarcasse", c'est la formule de J.-P. Raffarin
- " Je n'emploierai pas forcément cette formule. En tout cas, ce que je peux vous dire c'est que je suis sur le terrain toutes les semaines, et je dois dire que dans chaque situation, j'essaie d'obtenir les meilleurs résultats, notamment pour revitaliser les bassins fragilisés. Et ça a été le cas dans les Vosges, ce sera le cas demain à Romorantin. J'ai des outils dans le cadre du ministère de l'Industrie, et j'entends les employer le plus efficacement possible. Et je dois vous dire que pour moi, c'est ma priorité de 2003."
Par exemple ?
- "Par exemple, l'obligation légale qu'une entreprise de plus de mille salariés a, de recréer autant d'emplois qu'elle en a supprimé. Ce fut le cas de TotalFinaElf à Toulouse, ce sera le cas demain de Lagardère à Romorantin. Nous avons aussi la possibilité de créer des missions de conversions. C'est-à-dire que nous confions à des sociétés de développement local un certain nombre de tâches, pour susciter des projets industriels, pour les accompagner, pour les financer par l'intermédiaire de prêts. Nous avons également des actions au niveau des repreneurs, par exemple Daewoo, où nous avons réussi à obtenir un repreneur tout dernièrement, comme vous le savez, et la filiale de Siemens qui va s'installer va recréer plus d'emplois qu'il n'y en a eu de supprimés. Il y a eu 170 licenciements et cette entreprise va créer 200 emplois, dans une spécialité qui est les pièces détachées d'automobiles, et avec des possibilités de développement encore plus grand dans les mois qui viennent. C'est encourageant ! Bien sûr, encore une fois, cela ne règle pas le problème. Je souhaiterais pouvoir faire cela à chaque fois qu'il y a une situation difficile. Nous avons également beaucoup suivi, bien sûr, tout ce qui s'est passé sur les autres sites."
C'est presque à l'ancienne présidente du Parlement européen que je m'adresse : le fait que le déficit public - les chiffres sont connus depuis hier - soit de 3 %, c'est-à-dire qu'on flirte avec les limites de Maastricht...
- "Nous n'avons pas dépassé les 3 % !"
Je vais finir ma question. Cela ne vous fait pas mal au coeur d'être juste à la limite de ces chiffres de Maastricht ?
- "Bien sûr que je préférerais que nous soyons largement au-dessous ! Bien sûr, c'est évident. Mais enfin, je constate que nous ne dépassons pas les 3 %, que la règle de Maastricht, c'est que la Commission ne réagit que lorsque l'on dépasse les 3 %. Ce n'est pas le cas. Et je souhaite que la Commission apprécie de la façon la plus correcte les règles que nous nous sommes fixées, les Quinze partenaires européens."
Vous dites à Bruxelles "attention, pas de sanction, nous ne sommes pas en dehors des clous" ?
- " Je ne leur dis pas attention, je leur fais confiance pour appliquer les règles avec une certaine ouverture, parce qu'il n'y a pas que la France qui est en difficulté. Aujourd'hui, il y a un problème, en effet, pour l'industrie européenne, et je dois vous dire que j'appelle de mes voeux une stratégie industrielle européenne. Je me réjouis infiniment qu'hier nous ayons pu, après tant d'années, conclure sur un brevet communautaire qui est considéré par tous les industriels européens comme un moyen formidable de renforcer leur compétitivité."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 mars 2003
- " C'est la première fois en effet qu'on lance un grand débat national, c'est-à-dire un débat qui dépasse les initiés. Je souhaite que les citoyens soient le mieux informés possible, et je souhaite surtout que chacun puisse s'exprimer, que tous ceux qui ont des choses à dire sur le sujet puissent le faire, parce qu'aujourd'hui, ce sont vraiment tous les citoyens qui sont concernés dans leur vie quotidienne."
Donc il y aura un site Internet, il y aura des forums...
- "Voilà, absolument, de très nombreuses initiatives, et notamment dans les écoles aussi ; je suis actuellement en train de préparer un grand plan avec mon collègue Luc Ferry."
On va parler évidemment du nucléaire, de l'énergie éolienne, mais bien sûr du pétrole, parce que ça faisait un peu longtemps qu'on n'avait pas parlé de crise pétrolière. Mais évidemment, aujourd'hui avec la tension sur les prix du pétrole, la conjoncture internationale, on reste très dépendants.
- "Oui, justement, on va parler de sécurité d'approvisionnement et on va parler d'indépendance nationale. Et je crois que ce qui se passe, malheureusement, actuellement sur le pétrole, est tout à fait éclairant sur l'un des objectifs que nous poursuivons."
Très concrètement quand même, si les prix du pétrole continuent à flamber, si la guerre se déclare effectivement, est-ce qu'on est prêts en France à subir une tension sur les prix du pétrole, ou même une pénurie ?
- "Je dirais d'abord que j'ai gardé l'espoir bien sûr, avec le Président J. Chirac et avec notre Gouvernement, que la guerre puisse être évitée. J'ai le sentiment que ce qui s'est passé ces derniers jours a permis de faire des pas dans cette direction. Ceci étant, si malheureusement la guerre a lieu, à ce moment-là bien sûr nous ferons face à cette situation."
Si la guerre se déclarait...
- "Absolument, je crois que les pays de l'OPEP seront bien raisonnables. - en tout cas, je sais que c'est leur intention -, nous sommes bien évidemment en lien direct avec eux.
Concrètement, est-ce qu'on a des stocks ? Est-ce qu'on a prévu des réserves de pétrole au niveau français, au niveau européen, pour faire face à une crise ?
- "Nous avons, bien sûr, des stocks pétroliers. D'ailleurs, c'est un des sujets qui est actuellement débattu dans une directive à Bruxelles. Nous sommes extrêmement attentifs à la gestion des stocks pétroliers."
Donc, nous pourrons faire face. Il y a aussi un débat aujourd'hui, parce que la conjoncture se dégrade. Certains hommes politiques, et notamment l'ancien rapporteur général de la commission des finances, D. Migaud, le socialiste, propose qu'on rétablisse une taxe sur le pétrole, la TIPP, la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Est-ce que le Gouvernement y songe ?
- "Aucune décision n'est prise encore sur ce sujet. Ceci étant, nous sommes ouverts, et encore une fois, en fonction de la conjoncture nous agirons."
Vous ne voulez pas ou vous ne pouvez peut-être pas répondre à cet instant, mais ce que vous nous dites c'est que le Gouvernement réfléchit à tout ça ?
- "Je dis que toute question reste ouverte, en fonction de la conjoncture et en fonction de la situation que nous trouverons. Pour le moment, nous sommes dans une période d'attentisme, qui d'ailleurs comme vous le savez est très préjudiciable, non seulement à l'économie française, mais à l'ensemble des économies. C'est une situation qui est très difficile et qu'il faut maîtriser avec beaucoup de rigueur."
Justement, la conjoncture est très difficile. L'industrie française se porte mal. On a eu les chiffres des ventes de voitures neuves, par exemple, qui ont baissé de 7,9 % en février en France.
- "Cela ne doit quand même pas dissimuler quelques grands succès comme celui que PSA a remporté il n'y a pas si longtemps. Ce que je voudrais dire aussi c'est qu'en 1998 et 1999, et ça on l'oublie un peu, il y avait beaucoup plus de plans sociaux qu'il n'y en a aujourd'hui. Alors, bien sûr, ceci ne console pas ceux qui sont concernés - je pense notamment aux salariés - par ces plans sociaux. Et je peux vous dire que le Gouvernement retrousse ses manches, et dans le cadre des responsabilités..."
"Se décarcasse", c'est la formule de J.-P. Raffarin
- " Je n'emploierai pas forcément cette formule. En tout cas, ce que je peux vous dire c'est que je suis sur le terrain toutes les semaines, et je dois dire que dans chaque situation, j'essaie d'obtenir les meilleurs résultats, notamment pour revitaliser les bassins fragilisés. Et ça a été le cas dans les Vosges, ce sera le cas demain à Romorantin. J'ai des outils dans le cadre du ministère de l'Industrie, et j'entends les employer le plus efficacement possible. Et je dois vous dire que pour moi, c'est ma priorité de 2003."
Par exemple ?
- "Par exemple, l'obligation légale qu'une entreprise de plus de mille salariés a, de recréer autant d'emplois qu'elle en a supprimé. Ce fut le cas de TotalFinaElf à Toulouse, ce sera le cas demain de Lagardère à Romorantin. Nous avons aussi la possibilité de créer des missions de conversions. C'est-à-dire que nous confions à des sociétés de développement local un certain nombre de tâches, pour susciter des projets industriels, pour les accompagner, pour les financer par l'intermédiaire de prêts. Nous avons également des actions au niveau des repreneurs, par exemple Daewoo, où nous avons réussi à obtenir un repreneur tout dernièrement, comme vous le savez, et la filiale de Siemens qui va s'installer va recréer plus d'emplois qu'il n'y en a eu de supprimés. Il y a eu 170 licenciements et cette entreprise va créer 200 emplois, dans une spécialité qui est les pièces détachées d'automobiles, et avec des possibilités de développement encore plus grand dans les mois qui viennent. C'est encourageant ! Bien sûr, encore une fois, cela ne règle pas le problème. Je souhaiterais pouvoir faire cela à chaque fois qu'il y a une situation difficile. Nous avons également beaucoup suivi, bien sûr, tout ce qui s'est passé sur les autres sites."
C'est presque à l'ancienne présidente du Parlement européen que je m'adresse : le fait que le déficit public - les chiffres sont connus depuis hier - soit de 3 %, c'est-à-dire qu'on flirte avec les limites de Maastricht...
- "Nous n'avons pas dépassé les 3 % !"
Je vais finir ma question. Cela ne vous fait pas mal au coeur d'être juste à la limite de ces chiffres de Maastricht ?
- "Bien sûr que je préférerais que nous soyons largement au-dessous ! Bien sûr, c'est évident. Mais enfin, je constate que nous ne dépassons pas les 3 %, que la règle de Maastricht, c'est que la Commission ne réagit que lorsque l'on dépasse les 3 %. Ce n'est pas le cas. Et je souhaite que la Commission apprécie de la façon la plus correcte les règles que nous nous sommes fixées, les Quinze partenaires européens."
Vous dites à Bruxelles "attention, pas de sanction, nous ne sommes pas en dehors des clous" ?
- " Je ne leur dis pas attention, je leur fais confiance pour appliquer les règles avec une certaine ouverture, parce qu'il n'y a pas que la France qui est en difficulté. Aujourd'hui, il y a un problème, en effet, pour l'industrie européenne, et je dois vous dire que j'appelle de mes voeux une stratégie industrielle européenne. Je me réjouis infiniment qu'hier nous ayons pu, après tant d'années, conclure sur un brevet communautaire qui est considéré par tous les industriels européens comme un moyen formidable de renforcer leur compétitivité."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 mars 2003