Texte intégral
Je voudrais lancer quelques pistes de réflexion pour engager le débat public, consacré aux Balkans occidentaux.
J'ai choisi ce thème pour notre débat du fait de l'enjeu majeur que cette région représente pour l'UE, la crédibilité de sa politique extérieure, et en raison de l'ampleur des défis que nous aurons à relever, ensemble, dans les mois et les années à venir.
Nous avons déjà eu récemment, plusieurs discussions de fond sur la situation dans les Balkans occidentaux, notamment lors du Gymnich de San Miguel (6-7 mai), sous la Présidence de Jaime Gama.
Le Conseil européen de Lisbonne a permis de réels progrès dans la clarification de nos moyens d'action. Depuis, nous avons également écouté et endossé deux rapports du Haut Représentant et du commissaire Patten, sur la mise en uvre du mandat qui leur a été confié.
Nous avons transmis la semaine dernière un papier qui résume les grandes orientations de la politique que nous entendons poursuivre dans la région.
Je souhaiterais mettre l'accent sur quelques points essentiels.
Depuis un an, l'UE a clarifié les objectifs et les termes de sa politique d'ensemble pour les pays des Balkans occidentaux : il s'agit de conforter l'arrimage des Balkans occidentaux à l'Europe, qui est la clé de leur stabilisation, de leur démocratisation, de leur développement, de la coopération entre eux, en somme de leur européanisation.
Pour cela, l'Union met en place de nouveaux instruments dans le cadre du processus de stabilisation et d'association.
Tous ces pays ont, à des degrés divers, des défis semblables à relever : transition démocratique et consolidation de l'Etat de droit, affirmation de la société civile, coexistence entre communautés, retour et réintégration des réfugiés, développement et assainissement d'économies souffrant, pour la plupart, de problèmes structurels non résolus, amplifiés parfois par la corruption, coopération régionale.
Ces défis appellent des réponses à l'échelle de la région, sachant que la stabilisation véritable des Balkans occidentaux et plus généralement de l'Europe du Sud-Est ne sera complète qu'après un changement démocratique en RFY.
Ils supposent également que la situation propre de chacun des pays soit prise en compte.
Pour améliorer encore l'impact de notre politique, il nous faut clarifier les engagements réciproques entre l'Union et chacun des pays concernés.
Les conditions et les étapes du rapprochement de ces pays avec l'Union européenne doivent donc être explicitées. Les instruments que l'UE met en place pour sa part sont orientés autour de l'idée d'une "perspective d'adhésion" réaliste, conformément aux conclusions du Conseil européen de Cologne. Elle justifie que l'Union soit exigeante sur les progrès à accomplir dans la mise en uvre des conditions qui s'y attachent.
Faute de temps, je me bornerai à quelques brèves remarques sur chacun des pays concernés, pour me concentrer sur les deux problèmes majeurs aujourd'hui : la situation au Kosovo, et la situation à Belgrade.
Notre objectif, avec la Croatie, est d'accompagner l'avancée démocratique remarquable que connaît ce pays depuis le début de l'année. L'intention de la Présidence est bien d'approuver aussi vite que possible des directives de négociation pour un accord de stabilisation et d'association. Avec l'ARYM, nous soutiendrons les efforts entrepris par les autorités de Skopje. Nous espérons clore la négociation sous notre Présidence. Avec la Bosnie-Herzégovine, nous mettrons en uvre la feuille de route approuvée au printemps. Avec l'Albanie, nous veillerons aux progrès dans le processus de démocratisation, qui pourraient permettre d'avancer vers la négociation d'un accord.
J'en viens au Kosovo : l'objectif est de mettre en uvre la Résolution 1244 et, dans ce cadre, de créer les conditions d'une autonomie substantielle. La préparation des élections municipales sera l'enjeu majeur dans les semaines et les mois à venir. Si elles sont bien préparées, et si elles se déroulent dans des conditions incontestables, ces élections peuvent produire le choc démocratique qui permettra d'aller de l'avant et de réfléchir aux étapes suivantes. Certains dirigeants kosovars ont pris leurs responsabilités en choisissant de coopérer réellement avec la MINUK dans le cadre de la co-administration, au prix d'une perte de popularité, voire de l'incompréhension dans leur camp respectif. Je souhaite vivement qu'ils confirment ces choix courageux, qui préparent et conditionnent l'avenir du Kosovo.
Les derniers événements à Belgrade, je veux parler de l'adoption, par le Parlement fédéral, d'amendements à la Constitution yougoslave - et notamment d'une disposition prévoyant l'élection au suffrage universel direct du président fédéral - montrent que, au prix de manuvres, le régime, même isolé, même affaibli, tient toujours. Cet événement confirme la justesse du choix arrêté au Conseil européen de Lisbonne, rappelé à Feira, d'élargir et de renforcer notre dialogue avec la société civile serbe. C'est la priorité du Haut Représentant, qui met en uvre ses initiatives en étroite coordination avec la Commission pour renforcer notre aide aux médias indépendants, notre soutien aux municipalités d'opposition, aux associations indépendantes, et plus généralement à tous ceux qui s'engagent en faveur d'une réelle transition démocratique et d'une orientation européenne.
Nous devons aussi poursuivre un dialogue exigeant avec les partis d'opposition en insistant sur la nécessité d'un programme démocratique commun qui offre une véritable alternative au régime.
De leur côté, les Serbes doivent prendre leur avenir en mains. Il doivent comprendre que leurs divisions, autant que la politique de Milosevic, les mènent à l'impasse.
Il nous faudra enfin poursuivre la réflexion sur l'efficacité des sanctions en fonction de nos objectifs. Nous avons besoin d'en discuter sereinement, le moment venu.
Notre proposition d'un Sommet UE-Balkans occidentaux répond aux objectifs et aux préoccupations que je viens d'évoquer. Il devrait permettre de procéder à l'indispensable clarification des engagements réciproques de l'UE et des pays de la région, et de confirmer l'approche adaptée à chaque pays, en fonction de leurs progrès respectifs. Ce Sommet devrait contribuer à renforcer la visibilité de l'UE, à la hauteur de son engagement politique, financier, et militaire dans cette région. Il permettra ainsi de rappeler que l'Europe maintient la porte ouverte à une RFY démocratique, disposée à coopérer et vivant en paix avec ses voisins. Il n'y a pas d'alternative à terme pour la RFY, pour les pays des Balkans occidentaux, pour l'Europe.
Je serais heureux maintenant de recueillir vos réactions.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26/07/2000).
J'ai choisi ce thème pour notre débat du fait de l'enjeu majeur que cette région représente pour l'UE, la crédibilité de sa politique extérieure, et en raison de l'ampleur des défis que nous aurons à relever, ensemble, dans les mois et les années à venir.
Nous avons déjà eu récemment, plusieurs discussions de fond sur la situation dans les Balkans occidentaux, notamment lors du Gymnich de San Miguel (6-7 mai), sous la Présidence de Jaime Gama.
Le Conseil européen de Lisbonne a permis de réels progrès dans la clarification de nos moyens d'action. Depuis, nous avons également écouté et endossé deux rapports du Haut Représentant et du commissaire Patten, sur la mise en uvre du mandat qui leur a été confié.
Nous avons transmis la semaine dernière un papier qui résume les grandes orientations de la politique que nous entendons poursuivre dans la région.
Je souhaiterais mettre l'accent sur quelques points essentiels.
Depuis un an, l'UE a clarifié les objectifs et les termes de sa politique d'ensemble pour les pays des Balkans occidentaux : il s'agit de conforter l'arrimage des Balkans occidentaux à l'Europe, qui est la clé de leur stabilisation, de leur démocratisation, de leur développement, de la coopération entre eux, en somme de leur européanisation.
Pour cela, l'Union met en place de nouveaux instruments dans le cadre du processus de stabilisation et d'association.
Tous ces pays ont, à des degrés divers, des défis semblables à relever : transition démocratique et consolidation de l'Etat de droit, affirmation de la société civile, coexistence entre communautés, retour et réintégration des réfugiés, développement et assainissement d'économies souffrant, pour la plupart, de problèmes structurels non résolus, amplifiés parfois par la corruption, coopération régionale.
Ces défis appellent des réponses à l'échelle de la région, sachant que la stabilisation véritable des Balkans occidentaux et plus généralement de l'Europe du Sud-Est ne sera complète qu'après un changement démocratique en RFY.
Ils supposent également que la situation propre de chacun des pays soit prise en compte.
Pour améliorer encore l'impact de notre politique, il nous faut clarifier les engagements réciproques entre l'Union et chacun des pays concernés.
Les conditions et les étapes du rapprochement de ces pays avec l'Union européenne doivent donc être explicitées. Les instruments que l'UE met en place pour sa part sont orientés autour de l'idée d'une "perspective d'adhésion" réaliste, conformément aux conclusions du Conseil européen de Cologne. Elle justifie que l'Union soit exigeante sur les progrès à accomplir dans la mise en uvre des conditions qui s'y attachent.
Faute de temps, je me bornerai à quelques brèves remarques sur chacun des pays concernés, pour me concentrer sur les deux problèmes majeurs aujourd'hui : la situation au Kosovo, et la situation à Belgrade.
Notre objectif, avec la Croatie, est d'accompagner l'avancée démocratique remarquable que connaît ce pays depuis le début de l'année. L'intention de la Présidence est bien d'approuver aussi vite que possible des directives de négociation pour un accord de stabilisation et d'association. Avec l'ARYM, nous soutiendrons les efforts entrepris par les autorités de Skopje. Nous espérons clore la négociation sous notre Présidence. Avec la Bosnie-Herzégovine, nous mettrons en uvre la feuille de route approuvée au printemps. Avec l'Albanie, nous veillerons aux progrès dans le processus de démocratisation, qui pourraient permettre d'avancer vers la négociation d'un accord.
J'en viens au Kosovo : l'objectif est de mettre en uvre la Résolution 1244 et, dans ce cadre, de créer les conditions d'une autonomie substantielle. La préparation des élections municipales sera l'enjeu majeur dans les semaines et les mois à venir. Si elles sont bien préparées, et si elles se déroulent dans des conditions incontestables, ces élections peuvent produire le choc démocratique qui permettra d'aller de l'avant et de réfléchir aux étapes suivantes. Certains dirigeants kosovars ont pris leurs responsabilités en choisissant de coopérer réellement avec la MINUK dans le cadre de la co-administration, au prix d'une perte de popularité, voire de l'incompréhension dans leur camp respectif. Je souhaite vivement qu'ils confirment ces choix courageux, qui préparent et conditionnent l'avenir du Kosovo.
Les derniers événements à Belgrade, je veux parler de l'adoption, par le Parlement fédéral, d'amendements à la Constitution yougoslave - et notamment d'une disposition prévoyant l'élection au suffrage universel direct du président fédéral - montrent que, au prix de manuvres, le régime, même isolé, même affaibli, tient toujours. Cet événement confirme la justesse du choix arrêté au Conseil européen de Lisbonne, rappelé à Feira, d'élargir et de renforcer notre dialogue avec la société civile serbe. C'est la priorité du Haut Représentant, qui met en uvre ses initiatives en étroite coordination avec la Commission pour renforcer notre aide aux médias indépendants, notre soutien aux municipalités d'opposition, aux associations indépendantes, et plus généralement à tous ceux qui s'engagent en faveur d'une réelle transition démocratique et d'une orientation européenne.
Nous devons aussi poursuivre un dialogue exigeant avec les partis d'opposition en insistant sur la nécessité d'un programme démocratique commun qui offre une véritable alternative au régime.
De leur côté, les Serbes doivent prendre leur avenir en mains. Il doivent comprendre que leurs divisions, autant que la politique de Milosevic, les mènent à l'impasse.
Il nous faudra enfin poursuivre la réflexion sur l'efficacité des sanctions en fonction de nos objectifs. Nous avons besoin d'en discuter sereinement, le moment venu.
Notre proposition d'un Sommet UE-Balkans occidentaux répond aux objectifs et aux préoccupations que je viens d'évoquer. Il devrait permettre de procéder à l'indispensable clarification des engagements réciproques de l'UE et des pays de la région, et de confirmer l'approche adaptée à chaque pays, en fonction de leurs progrès respectifs. Ce Sommet devrait contribuer à renforcer la visibilité de l'UE, à la hauteur de son engagement politique, financier, et militaire dans cette région. Il permettra ainsi de rappeler que l'Europe maintient la porte ouverte à une RFY démocratique, disposée à coopérer et vivant en paix avec ses voisins. Il n'y a pas d'alternative à terme pour la RFY, pour les pays des Balkans occidentaux, pour l'Europe.
Je serais heureux maintenant de recueillir vos réactions.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26/07/2000).