Texte intégral
Madame la Ministre,
Messieurs les préfets,
Monsieur le Maire-adjoint
Monsieur le président de région,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les présidents des conseils régionaux, généraux,
Mesdames et Messieurs les maires,
Mesdames et Messieurs les présidents, les directeurs,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de me trouver parmi vous cet après-midi et très honoré d'ouvrir ces assises consacrées à la Charte de l'environnement. Je serai naturellement très attentif aux résultats des travaux que vous allez conduire, le sujet qui nous réunit aujourd'hui s'avérant de plus en plus crucial pour l'avenir de nos sociétés. Je crois que nous sommes nombreux sans doute à penser à ce drame consternant qui se déroule non loin d'ici, à ce pétrole charrié, marée après marée, sur les plages basques et landaises. Plus que jamais il est urgent et impératif qu'une action déterminée soit conduite pour préserver et léguer intact aux générations futures notre patrimoine le plus précieux.
Si l'environnement est affaire d'information, de réglementation et de politique, je crois qu'il est d'abord affaire d'éducation. C'est pourquoi, depuis les années 70, les instances internationales ont très régulièrement appelé l'Ecole à apporter sa contribution pour relever les grands défis environnementaux qui se posent à nos sociétés. Ainsi, le coup d'envoi de l'éducation à l'environnement a été donné par la conférence des Nations Unies de Stockholm en juin 1972 ; chaque conférence, de Rio à Johannesburg en passant par Kyoto, a amené son lot de préconisations.
En même temps, les analyses et les problématiques ont évolué, intégrant de façon plus explicite les volets sociaux et économiques aux aspects environnementaux, les mots ont changé : après le rapport Bruntland, le terme de "développement durable" s'est imposé progressivement, et a gagné aussi le terrain de l'éducation.
Voici donc trente années qu'un travail pédagogique, appelé dans un premier temps "pédagogie de l'environnement", puis "éducation à l'environnement", a été mis en place dans notre système éducatif, reposant sur des textes dont la production correspond plus ou moins au rythme de ces grandes conférences mondiales.
Au terme de cette période, il m'a paru nécessaire de faire le point. C'est pourquoi, j'ai demandé à l'inspection générale de l'Education nationale d'effectuer un état des lieux de la situation existante et de tracer des perspectives et des propositions. Le rapport d'étape de cette mission, qui associe le groupe d'histoire-géographie et celui des sciences de la vie et de la terre, vient de m'être remis. Le constat d'ensemble qui en ressort est que, malgré l'existence de réussites ponctuelles brillantes reposant sur des académies pilotes et des équipes passionnées, il n'existe pas de véritable éducation à l'environnement dans notre système éducatif.
Pour quelles raisons ? Tout d'abord, l'éducation à l'environnement repose aujourd'hui sur des textes fondateurs désormais anciens. C'est notamment une circulaire de 1977 qui définit le cadrage pédagogique toujours en vigueur. Celui-ci a d'ailleurs le mérite d'être extrêmement clair et de proposer une approche à la fois " instruite " et interdisciplinaire, qui privilégie le recours aux projets et invite à développer des partenariats hors de l'école. L'importance du partenariat a de nouveau été soulignée par le protocole interministériel de 1993, qui insiste également sur la dimension patrimoniale de l'environnement et son lien avec l'éducation civique.
Si ces approches restent pertinentes dans leurs principes, les textes ne suffisent pas à fonder une véritable politique nationale d'éducation à l'environnement, notamment parce que cette dernière n'y est pas affirmée comme un domaine à part entière. En outre, on peut s'étonner qu'aucun texte-cadre n'ait été publié depuis dix ans, ce qui pourrait laisser supposer une relative indifférence de l'institution à l'égard de cette question.
S'agissant en deuxième lieu des programmes, il faut souligner que, si les références à l'environnement y sont nombreuses, il n'existe pas explicitement de cohérence verticale à l'intérieur de chaque discipline concernée, notamment la géographie et les SVT. Ni les élèves, ni les enseignants n'ont l'impression, au travers des différents niveaux d'enseignement, de suivre un parcours cohérent, à l'instar de celui que nous voulons mettre en évidence en matière d'éducation civique. Par ailleurs, les incitations aux approches interdisciplinaires sont peu suivies.
Aussi l'application des programmes permet-elle bien l'acquisition d'un certain nombre de connaissances, mais d'une façon globalement trop dispersée pour constituer un corpus robuste, bien défini et identifié par les élèves comme constituant la base de ce qu'il faut savoir sur l'environnement.
En ce qui concerne la démarche de projet préconisée par les textes, je tiens à souligner que c'est là une démarche d'un grand intérêt éducatif, parce qu'elle favorise l'investissement personnel des élèves, leur responsabilisation et le développement de leur sens de la solidarité, et qui peut fortement s'appuyer sur les dispositifs mis en place, comme les itinéraires de découverte au collège ou les travaux personnels encadrés au lycée. Mais, si cette démarche aboutit à des actions parfois remarquables, celles-ci s'avèrent difficiles à généraliser, en raison notamment de l'investissement considérable qu'elles exigent de la part des équipes pédagogiques. Elles ne prendraient tout leur sens que si elles s'intégraient, à chaque niveau, dans une véritable politique cohérente d'éducation à l'environnement.
Un mot enfin des partenariats. En matière d'éducation à l'environnement, ceux-ci s'avèrent indispensables et l'Education nationale a réussi à fortement les développer, aussi bien avec d'autres structures ministérielles qu'avec les collectivités territoriales ou les associations. Ces partenaires de l'Ecole contribuent activement à la réalisation des projets et font montre de pratiques pédagogiques souvent pertinentes. Mais leurs disponibilités sont inégales, mal identifiées et donc difficiles à solliciter. Par ailleurs, ils se trouvent le plus souvent en situation d'initiative et proposent donc des actions qui correspondent davantage à leurs objectifs propres qu'à ceux de l'Education nationale. Il faudrait donc définir plus nettement les rôles et les responsabilités de chacun et parvenir à contractualiser les actions construites en partenariat.
Tel est, retracé dans ses grandes lignes, le bilan que l'on peut faire de la situation actuelle. Malgré d'indéniables réussites, celle-ci n'est pas vraiment satisfaisante et ne permet pas une réelle visibilité en matière d'éducation à l'environnement. C'est pourquoi il nous faut parvenir à une véritable généralisation de cette éducation, en lui assignant des finalités claires et ambitieuses, s'appuyant sur l'existant.
Le but n'est évidemment pas de créer une nouvelle discipline pas plus que de nouveaux dispositifs. L'objectif est de délimiter, dans le système éducatif, un " domaine " réservé à l'environnement, comme nous le faisons actuellement pour l'éducation civique. Il est surtout de définir une politique nationale d'éducation relative à l'environnement, avec des objectifs en termes de contenus et de méthodes, permettant de fixer de façon cohérente l'acquisition progressive d'une culture de l'environnement et d'en intégrer les implications dans les comportements.
Cette véritable éducation à l'environnement qu'il me semble nécessaire de mettre en oeuvre doit s'ancrer dans les territoires, afin de s'appuyer à la fois sur les problématiques et sur les compétences locales. Elle doit être pleinement transversale et interdisciplinaire et se relier étroitement à l'éducation à la santé, aux risques, à la sécurité ainsi qu'à l'éducation civique. Elle doit être également progressive et cohérente, à chaque niveau d'enseignement comme sur l'ensemble de la scolarité primaire et secondaire. Elle doit enfin pouvoir s'accompagner d'une validation : des contenus, des connaissances, des comportements et des savoir-faire.
Par ailleurs, elle implique de mettre plus fortement en cohérence les ressources et de développer, de mieux structurer et gérer les partenariats.
Afin de redéfinir une politique nationale claire, qui couvre tous les niveaux de l'enseignement scolaire et envisage une approche globale de la démarche éducative, afin également de remobiliser l'ensemble des acteurs du monde éducatif, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Education nationale, autour de ce grand projet, je souhaite pouvoir lancer un plan national d'action, qui s'appuiera sur les conclusions du rapport de mission de l'inspection générale mais aussi, bien évidemment, sur les résultats des assises qui nous réunissent aujourd'hui. Il va de soi que vous serez prioritairement informés de l'ensemble des mesures qui seront alors envisagées.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire brièvement en ouverture de vos débats. J'espère que mon propos contribuera à nourrir la réflexion que vous allez conduire au sein des différents ateliers et je vous souhaite d'y mener un travail fructueux.
(source http://www.education.gouv.fr, le 24 février 2003)
Messieurs les préfets,
Monsieur le Maire-adjoint
Monsieur le président de région,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les présidents des conseils régionaux, généraux,
Mesdames et Messieurs les maires,
Mesdames et Messieurs les présidents, les directeurs,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de me trouver parmi vous cet après-midi et très honoré d'ouvrir ces assises consacrées à la Charte de l'environnement. Je serai naturellement très attentif aux résultats des travaux que vous allez conduire, le sujet qui nous réunit aujourd'hui s'avérant de plus en plus crucial pour l'avenir de nos sociétés. Je crois que nous sommes nombreux sans doute à penser à ce drame consternant qui se déroule non loin d'ici, à ce pétrole charrié, marée après marée, sur les plages basques et landaises. Plus que jamais il est urgent et impératif qu'une action déterminée soit conduite pour préserver et léguer intact aux générations futures notre patrimoine le plus précieux.
Si l'environnement est affaire d'information, de réglementation et de politique, je crois qu'il est d'abord affaire d'éducation. C'est pourquoi, depuis les années 70, les instances internationales ont très régulièrement appelé l'Ecole à apporter sa contribution pour relever les grands défis environnementaux qui se posent à nos sociétés. Ainsi, le coup d'envoi de l'éducation à l'environnement a été donné par la conférence des Nations Unies de Stockholm en juin 1972 ; chaque conférence, de Rio à Johannesburg en passant par Kyoto, a amené son lot de préconisations.
En même temps, les analyses et les problématiques ont évolué, intégrant de façon plus explicite les volets sociaux et économiques aux aspects environnementaux, les mots ont changé : après le rapport Bruntland, le terme de "développement durable" s'est imposé progressivement, et a gagné aussi le terrain de l'éducation.
Voici donc trente années qu'un travail pédagogique, appelé dans un premier temps "pédagogie de l'environnement", puis "éducation à l'environnement", a été mis en place dans notre système éducatif, reposant sur des textes dont la production correspond plus ou moins au rythme de ces grandes conférences mondiales.
Au terme de cette période, il m'a paru nécessaire de faire le point. C'est pourquoi, j'ai demandé à l'inspection générale de l'Education nationale d'effectuer un état des lieux de la situation existante et de tracer des perspectives et des propositions. Le rapport d'étape de cette mission, qui associe le groupe d'histoire-géographie et celui des sciences de la vie et de la terre, vient de m'être remis. Le constat d'ensemble qui en ressort est que, malgré l'existence de réussites ponctuelles brillantes reposant sur des académies pilotes et des équipes passionnées, il n'existe pas de véritable éducation à l'environnement dans notre système éducatif.
Pour quelles raisons ? Tout d'abord, l'éducation à l'environnement repose aujourd'hui sur des textes fondateurs désormais anciens. C'est notamment une circulaire de 1977 qui définit le cadrage pédagogique toujours en vigueur. Celui-ci a d'ailleurs le mérite d'être extrêmement clair et de proposer une approche à la fois " instruite " et interdisciplinaire, qui privilégie le recours aux projets et invite à développer des partenariats hors de l'école. L'importance du partenariat a de nouveau été soulignée par le protocole interministériel de 1993, qui insiste également sur la dimension patrimoniale de l'environnement et son lien avec l'éducation civique.
Si ces approches restent pertinentes dans leurs principes, les textes ne suffisent pas à fonder une véritable politique nationale d'éducation à l'environnement, notamment parce que cette dernière n'y est pas affirmée comme un domaine à part entière. En outre, on peut s'étonner qu'aucun texte-cadre n'ait été publié depuis dix ans, ce qui pourrait laisser supposer une relative indifférence de l'institution à l'égard de cette question.
S'agissant en deuxième lieu des programmes, il faut souligner que, si les références à l'environnement y sont nombreuses, il n'existe pas explicitement de cohérence verticale à l'intérieur de chaque discipline concernée, notamment la géographie et les SVT. Ni les élèves, ni les enseignants n'ont l'impression, au travers des différents niveaux d'enseignement, de suivre un parcours cohérent, à l'instar de celui que nous voulons mettre en évidence en matière d'éducation civique. Par ailleurs, les incitations aux approches interdisciplinaires sont peu suivies.
Aussi l'application des programmes permet-elle bien l'acquisition d'un certain nombre de connaissances, mais d'une façon globalement trop dispersée pour constituer un corpus robuste, bien défini et identifié par les élèves comme constituant la base de ce qu'il faut savoir sur l'environnement.
En ce qui concerne la démarche de projet préconisée par les textes, je tiens à souligner que c'est là une démarche d'un grand intérêt éducatif, parce qu'elle favorise l'investissement personnel des élèves, leur responsabilisation et le développement de leur sens de la solidarité, et qui peut fortement s'appuyer sur les dispositifs mis en place, comme les itinéraires de découverte au collège ou les travaux personnels encadrés au lycée. Mais, si cette démarche aboutit à des actions parfois remarquables, celles-ci s'avèrent difficiles à généraliser, en raison notamment de l'investissement considérable qu'elles exigent de la part des équipes pédagogiques. Elles ne prendraient tout leur sens que si elles s'intégraient, à chaque niveau, dans une véritable politique cohérente d'éducation à l'environnement.
Un mot enfin des partenariats. En matière d'éducation à l'environnement, ceux-ci s'avèrent indispensables et l'Education nationale a réussi à fortement les développer, aussi bien avec d'autres structures ministérielles qu'avec les collectivités territoriales ou les associations. Ces partenaires de l'Ecole contribuent activement à la réalisation des projets et font montre de pratiques pédagogiques souvent pertinentes. Mais leurs disponibilités sont inégales, mal identifiées et donc difficiles à solliciter. Par ailleurs, ils se trouvent le plus souvent en situation d'initiative et proposent donc des actions qui correspondent davantage à leurs objectifs propres qu'à ceux de l'Education nationale. Il faudrait donc définir plus nettement les rôles et les responsabilités de chacun et parvenir à contractualiser les actions construites en partenariat.
Tel est, retracé dans ses grandes lignes, le bilan que l'on peut faire de la situation actuelle. Malgré d'indéniables réussites, celle-ci n'est pas vraiment satisfaisante et ne permet pas une réelle visibilité en matière d'éducation à l'environnement. C'est pourquoi il nous faut parvenir à une véritable généralisation de cette éducation, en lui assignant des finalités claires et ambitieuses, s'appuyant sur l'existant.
Le but n'est évidemment pas de créer une nouvelle discipline pas plus que de nouveaux dispositifs. L'objectif est de délimiter, dans le système éducatif, un " domaine " réservé à l'environnement, comme nous le faisons actuellement pour l'éducation civique. Il est surtout de définir une politique nationale d'éducation relative à l'environnement, avec des objectifs en termes de contenus et de méthodes, permettant de fixer de façon cohérente l'acquisition progressive d'une culture de l'environnement et d'en intégrer les implications dans les comportements.
Cette véritable éducation à l'environnement qu'il me semble nécessaire de mettre en oeuvre doit s'ancrer dans les territoires, afin de s'appuyer à la fois sur les problématiques et sur les compétences locales. Elle doit être pleinement transversale et interdisciplinaire et se relier étroitement à l'éducation à la santé, aux risques, à la sécurité ainsi qu'à l'éducation civique. Elle doit être également progressive et cohérente, à chaque niveau d'enseignement comme sur l'ensemble de la scolarité primaire et secondaire. Elle doit enfin pouvoir s'accompagner d'une validation : des contenus, des connaissances, des comportements et des savoir-faire.
Par ailleurs, elle implique de mettre plus fortement en cohérence les ressources et de développer, de mieux structurer et gérer les partenariats.
Afin de redéfinir une politique nationale claire, qui couvre tous les niveaux de l'enseignement scolaire et envisage une approche globale de la démarche éducative, afin également de remobiliser l'ensemble des acteurs du monde éducatif, à l'intérieur et à l'extérieur de l'Education nationale, autour de ce grand projet, je souhaite pouvoir lancer un plan national d'action, qui s'appuiera sur les conclusions du rapport de mission de l'inspection générale mais aussi, bien évidemment, sur les résultats des assises qui nous réunissent aujourd'hui. Il va de soi que vous serez prioritairement informés de l'ensemble des mesures qui seront alors envisagées.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire brièvement en ouverture de vos débats. J'espère que mon propos contribuera à nourrir la réflexion que vous allez conduire au sein des différents ateliers et je vous souhaite d'y mener un travail fructueux.
(source http://www.education.gouv.fr, le 24 février 2003)