Texte intégral
LE POINT : Pensez-vous, comme le suggèrent certains membres du gouvernement, qu'il vaut mieux que José Bové soit hors de la prison plutôt que dedans ?
RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : La seule chose que je souhaite est que José Bové respecte le contenu du travail d'intérêt général auquel il a été condamné au sein d'une association qui - n'est-ce pas ? - commercialise ses produits, car il serait paradoxal que le chantre de l'égalitarisme absolu ne s'applique pas à lui-même des règles valables pour chacun.
L. P. : Mais n'est-il pas bouffon de croire un seul instant qu'il va les suivre, alors que, déjà, il prépare la manifestation du Larzac, à la fin de la semaine ?
R. D. DE V. : Il y a une double personnalité chez José Bové. Derrière l'apôtre très symbolique de la ruralité et de la contestation de la mondialisation apparaît très vite le militant d'extrême gauche, rompu à toutes les techniques d'utilisation des médias et de la justice. On peut donc effectivement se demander s'il ne détournera pas, une fois de plus, la procédure à laquelle il est soumis.
L. P. : Etes-vous favorable à ce qu'il puisse se rendre à Cancun ?
R. D. DE V. : Les activités et les déplacements de José Bové, aujourd'hui, sont soumis à l'appréciation du juge d'application des peines, avec qui il a une sorte de lien contractuel.
L. P. : José Bové n'est-il pas devenu le principal opposant au gouvernement, et même l'opposant institutionnel de la majorité actuelle ?
R. D. DE V. : Le Parti socialiste n'est pas redevenu une force d'alternative politique crédible ; on a donc le sentiment que l'opposition est aujourd'hui incarnée par l'extrême gauche et par des associations qui, au fond, occupent la ruche. José Bové participe à cette lutte politique, avec évidemment une démarche symbolique très particulière, parce qu'il se fait le chantre de thèmes qui sont très populaires et que d'ailleurs chacun, à droite comme à gauche, a le droit de partager...
L. P. : Vous pensez au président de la République...
R. D. DE V. : Le respect de la nature, le souci de la qualité de l'alimentation, de la promotion des produits du terroir, le souci d'un équilibre économique international sont ceux de José Bové, mais je note en effet, en le disant, que ce sont également ceux du président de la République et de la majorité présidentielle. Cependant, Bové utilise des armes extraordinairement violentes qui sont celles, en fait, de son combat politique au sein de l'extrême gauche.
L. P. : Le Larzac va vivre la nostalgie de ses grandes heures ; n'avez-vous pas le sentiment que le climat aujourd'hui évoque celui de 68 ?
R. D. DE V. : Je crois, en ce qui concerne l'héritage de Mai 68, qu'il y a un aspect positif qu'il faut préserver, qui est la liberté individuelle, la libéralisation des moeurs, et puis il y a un slogan qu'il faut bannir, c'est celui qui proclame qu'" il est interdit d'interdire ". Je dis cela pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas, d'un côté, se plaindre de la violence partout, du racisme et de l'antisémitisme qui parfois renaissent, de la difficulté qu'il y a à vivre tranquille dans un immeuble ou dans un quartier et, en même temps, rester les bras croisés et les yeux fermés, sans faire partager à nos concitoyens un certain nombre de règles indispensables à la vie en société.
(source http://www.rddv.com, le 2 septembre 2003)
RENAUD DONNEDIEU DE VABRES : La seule chose que je souhaite est que José Bové respecte le contenu du travail d'intérêt général auquel il a été condamné au sein d'une association qui - n'est-ce pas ? - commercialise ses produits, car il serait paradoxal que le chantre de l'égalitarisme absolu ne s'applique pas à lui-même des règles valables pour chacun.
L. P. : Mais n'est-il pas bouffon de croire un seul instant qu'il va les suivre, alors que, déjà, il prépare la manifestation du Larzac, à la fin de la semaine ?
R. D. DE V. : Il y a une double personnalité chez José Bové. Derrière l'apôtre très symbolique de la ruralité et de la contestation de la mondialisation apparaît très vite le militant d'extrême gauche, rompu à toutes les techniques d'utilisation des médias et de la justice. On peut donc effectivement se demander s'il ne détournera pas, une fois de plus, la procédure à laquelle il est soumis.
L. P. : Etes-vous favorable à ce qu'il puisse se rendre à Cancun ?
R. D. DE V. : Les activités et les déplacements de José Bové, aujourd'hui, sont soumis à l'appréciation du juge d'application des peines, avec qui il a une sorte de lien contractuel.
L. P. : José Bové n'est-il pas devenu le principal opposant au gouvernement, et même l'opposant institutionnel de la majorité actuelle ?
R. D. DE V. : Le Parti socialiste n'est pas redevenu une force d'alternative politique crédible ; on a donc le sentiment que l'opposition est aujourd'hui incarnée par l'extrême gauche et par des associations qui, au fond, occupent la ruche. José Bové participe à cette lutte politique, avec évidemment une démarche symbolique très particulière, parce qu'il se fait le chantre de thèmes qui sont très populaires et que d'ailleurs chacun, à droite comme à gauche, a le droit de partager...
L. P. : Vous pensez au président de la République...
R. D. DE V. : Le respect de la nature, le souci de la qualité de l'alimentation, de la promotion des produits du terroir, le souci d'un équilibre économique international sont ceux de José Bové, mais je note en effet, en le disant, que ce sont également ceux du président de la République et de la majorité présidentielle. Cependant, Bové utilise des armes extraordinairement violentes qui sont celles, en fait, de son combat politique au sein de l'extrême gauche.
L. P. : Le Larzac va vivre la nostalgie de ses grandes heures ; n'avez-vous pas le sentiment que le climat aujourd'hui évoque celui de 68 ?
R. D. DE V. : Je crois, en ce qui concerne l'héritage de Mai 68, qu'il y a un aspect positif qu'il faut préserver, qui est la liberté individuelle, la libéralisation des moeurs, et puis il y a un slogan qu'il faut bannir, c'est celui qui proclame qu'" il est interdit d'interdire ". Je dis cela pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas, d'un côté, se plaindre de la violence partout, du racisme et de l'antisémitisme qui parfois renaissent, de la difficulté qu'il y a à vivre tranquille dans un immeuble ou dans un quartier et, en même temps, rester les bras croisés et les yeux fermés, sans faire partager à nos concitoyens un certain nombre de règles indispensables à la vie en société.
(source http://www.rddv.com, le 2 septembre 2003)