Texte intégral
Je voudrais vous dire combien je suis honoré d'être avec vous. Je mesure ce que c'est que deux siècles d'histoire. Je mesure ce votre société a bâti depuis Bonaparte, toutes les initiatives qu'elle a pu prendre avec les Pasteur, les Curie et tous les industriels que vous avez pu encourager. Et donc, je voudrais vous dire sincèrement, que l'initiative que vous prenez, aujourd'hui, en saluant, à la fois, un industriel et un philosophe économiste, est très importante. Au fond, c'est peut-être ce qu'il y a de plus important dans notre Occident, aujourd'hui, réconcilier la pensée et l'action. Car au fond, je crois que c'est Goethe qui disait que "la pensée est facile, agir est difficile, mais le plus difficile c'est d'agir selon sa pensée". Et ce qui fait le plus souvent défaut dans l'action c'est la pensée. C'est le manque de clarté dans la pensée, c'est le manque de vision.
Monsieur le professeur, j'ai beaucoup apprécié vos propos et les travaux auxquels j'ai pu avoir accès. Ce qui me paraît essentiel aujourd'hui, c'est de restructurer une pensée économique, sociale, libre, une pensée un peu à la française du XVIII ème, adaptée à la modernité, c'est-à-dire, au fond, cette pensée qui, autour des humanismes libéraux, s'oppose aux autres types de pensées qui, au XIX siècle notamment, ont mis le déterminisme au coeur de toutes les formes de pensées philosophiques. Et comment peut-on aller chercher l'énergie humaine, si on considère par définition, qu'elle est pré-déterminée et que l'homme est innocent de lui-même.
Le fond de notre civilisation, c'est d'abord de croire en l'Homme, en ses capacités de dépassement, ce goût de l'effort, ce goût de l'initiative dont vous avez parlé tout à l'heure, cher président Lachmann. Et je crois qu'il est très important, notamment pour les jeunes, de leur montrer qu'il y a un certain nombre de valeurs dans votre appel à l'action. Et ces valeurs, sont celles d'un humanisme libéral, qui croit en la personne, et qui croit, finalement, que la personne a en elle-même les ressources de son dépassement, et que c'est cela le vrai chemin, de la liberté et du bonheur. Ce n'est pas un petit Livre Rouge, un petit Livre Vert qui viendront penser et agir à notre place, qui apporteront vraiment la voie du bonheur. Le bonheur est à l'intérieur, encore faut-il pouvoir le libérer et lui donner accès, notamment à l'action, et ce avec un peu de clarté.
J'aime beaucoup une phrase de M. Serre, qui dit : "L'honnête homme du XXI ème siècle, est celui qui jardine sa mémoire, sa connaissance jusqu'à la clarté". Eh bien, il nous faut jardiner jusqu'à cette clarté qui mobilise pour l'action.
Ce que je crains quelquefois pour notre économie, c'est une dérive à la britannique. J'aime bien T. Blair - je l'aime beaucoup, surtout depuis qu'il pense du bien de moi -, mais au-delà de cela, je vois l'économie britannique évoluer dans le sens économie d'un service dominant, c'est très important d'avoir des services, évidemment. Il faut développer les activités de services. Je le dis à tous les commerçants qui sont ici. Mais il faut aussi une activité de production ; il nous faut aussi une colonne vertébrale industrielle. Parce que la vraie valeur de la France dans l'économie de demain, c'est la création. C'est notre capacité, nous-mêmes, à créer, à ajouter de la valeur, à faire en sorte que nous puissions défendre notre système social. Mais comment pourrons-nous défendre l'un des meilleurs systèmes sociaux au monde, si nous ne sommes pas capables de créer de la valeur ?
De la valeur, c'est de l'innovation, de la recherche, du brevet, de l'invention, c'est tout ce qui peut se faire dans l'entreprise, qui peut se faire aussi en créant l'entreprise, cette capacité-là à ajouter de la valeur à notre processus économique. Au fond, c'est "injecter de l'humain" dans l'économie, parce que la valeur est dans l'intelligence. Et je rejoins là, vos préoccupations sur la formation qui rejoignent nos préoccupations sur la recherche. C'est cette qualité-là qu'il nous faut jouer. La France ne gagnera pas forcément tous les combats en jouant les cartes de la concentration, du gigantisme, de la standardisation et de la banalisation. Elle gagnera en jouant la carte de la qualité, la carte des labels, la carte de tout ce qui est finalement reconnaissable, comme étant de la valeur ajoutée, et notamment, donc, une capacité supplémentaire de commercialisation et de financement de nos progrès sociaux.
Alors, à vos deux lauréats, je voudrais exprimer ma profonde gratitude et dire combien la France, aujourd'hui, est face aux défis qu'ils ont exprimés, notamment, le défi de l'effort. Vous avez souhaité que l'on réforme sur ce sujet : le travail. Nous le ferons, nous expliquerons, progressivement, avec le plus de pédagogie possible - parce que le tissu français a ses sensibilités, mais qu'il est illusoire de faire croire aux jeunes Français qu'ils trouveront les chemins de la réussite en-dehors de la route de l'effort. Car il y a évidemment, un certain nombre de règles pour pouvoir accéder à l'épanouissement, pour pouvoir accéder à cette liberté à laquelle chacun a droit d'accéder. Cette égalité des chances que nous voulons promouvoir, cette équité qui fait partie de votre démarche, aux uns et aux autres, nous pouvons l'assumer que si nous mettons en avant les vraies valeurs que sont les valeurs du travail, de la mobilisation personnelle, du travail aussi, en équipe, et de toute la capacité managériale qu'il faut pouvoir mettre en avant, notamment dans nos entreprises.
En résumé, je voudrais vous dire que, j'ai confiance en la capacité que peut avoir notre pays à s'adapter au XXI ème siècle. Je crois vraiment que nous avons aujourd'hui des conditions qui sont des conditions difficiles. Il est évident que je préférerais que les réformes aient pu être faites quand il y avait un peu de croissance. Faire des réformes sans croissance, c'est souvent difficile. Mais c'est aussi l'occasion de faire prendre conscience aux Français que l'effort est en nous-mêmes, dans notre lucidité, regarder notre avenir, et notamment pour ce qui concerne l'évolution démographique. Ce que je dis, est valable pour les retraites, mais c'est valable pour la santé, pour l'éducation, pour l'emploi. C'est valable pour un certain nombre de grandes politiques. Il faut intégrer les changements qui sont ceux de la société.
Il y a des changements qui sont très positifs. Le fait que la retraite ne soit pas forcément la vieillesse, c'est plutôt un bonheur, c'est plutôt une opportunité. A nous de l'intégrer, à nous de nous adapter dans nos politiques publiques à ces nouvelles donnes. Je crois vraiment que, si on explique aux Français les chances qui sont celles de notre pays, on pourra les convaincre de pouvoir tracer la route de la France à l'intérieur de l'Union européenne vers cet avenir du XXI ème siècle qui est aujourd'hui face à nous.
Je crois vraiment qu'il est possible aujourd'hui que la France retrouve des forces. On a vu au plan international, on a vu que le président de la République avait la force de faire entendre la voix de la France. Nous pouvons également au plan intérieur, avec une dynamique de réformes, avec une dynamique d'humanité, mais aussi de détermination. Parce qu'il est évident qu'il faut être déterminé. On n'agit pas sans avoir une ligne directrice, sans avoir conscience dans sa propre action, parce qu'à ce moment-là, on ne mène pas une action. Cela ne veut pas dire qu'on n'est pas attentif aux autres, que l'on n'est pas évidemment tourné vers les autres pour adapter en permanence le chemin qui doit être le nôtre. Mais nous devons avoir cette ligne de mobilisation. Car au fond, les Français aiment la France et veulent son succès.
Merci d'en donner, ici, de très beaux exemples.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juin 2003)
Monsieur le professeur, j'ai beaucoup apprécié vos propos et les travaux auxquels j'ai pu avoir accès. Ce qui me paraît essentiel aujourd'hui, c'est de restructurer une pensée économique, sociale, libre, une pensée un peu à la française du XVIII ème, adaptée à la modernité, c'est-à-dire, au fond, cette pensée qui, autour des humanismes libéraux, s'oppose aux autres types de pensées qui, au XIX siècle notamment, ont mis le déterminisme au coeur de toutes les formes de pensées philosophiques. Et comment peut-on aller chercher l'énergie humaine, si on considère par définition, qu'elle est pré-déterminée et que l'homme est innocent de lui-même.
Le fond de notre civilisation, c'est d'abord de croire en l'Homme, en ses capacités de dépassement, ce goût de l'effort, ce goût de l'initiative dont vous avez parlé tout à l'heure, cher président Lachmann. Et je crois qu'il est très important, notamment pour les jeunes, de leur montrer qu'il y a un certain nombre de valeurs dans votre appel à l'action. Et ces valeurs, sont celles d'un humanisme libéral, qui croit en la personne, et qui croit, finalement, que la personne a en elle-même les ressources de son dépassement, et que c'est cela le vrai chemin, de la liberté et du bonheur. Ce n'est pas un petit Livre Rouge, un petit Livre Vert qui viendront penser et agir à notre place, qui apporteront vraiment la voie du bonheur. Le bonheur est à l'intérieur, encore faut-il pouvoir le libérer et lui donner accès, notamment à l'action, et ce avec un peu de clarté.
J'aime beaucoup une phrase de M. Serre, qui dit : "L'honnête homme du XXI ème siècle, est celui qui jardine sa mémoire, sa connaissance jusqu'à la clarté". Eh bien, il nous faut jardiner jusqu'à cette clarté qui mobilise pour l'action.
Ce que je crains quelquefois pour notre économie, c'est une dérive à la britannique. J'aime bien T. Blair - je l'aime beaucoup, surtout depuis qu'il pense du bien de moi -, mais au-delà de cela, je vois l'économie britannique évoluer dans le sens économie d'un service dominant, c'est très important d'avoir des services, évidemment. Il faut développer les activités de services. Je le dis à tous les commerçants qui sont ici. Mais il faut aussi une activité de production ; il nous faut aussi une colonne vertébrale industrielle. Parce que la vraie valeur de la France dans l'économie de demain, c'est la création. C'est notre capacité, nous-mêmes, à créer, à ajouter de la valeur, à faire en sorte que nous puissions défendre notre système social. Mais comment pourrons-nous défendre l'un des meilleurs systèmes sociaux au monde, si nous ne sommes pas capables de créer de la valeur ?
De la valeur, c'est de l'innovation, de la recherche, du brevet, de l'invention, c'est tout ce qui peut se faire dans l'entreprise, qui peut se faire aussi en créant l'entreprise, cette capacité-là à ajouter de la valeur à notre processus économique. Au fond, c'est "injecter de l'humain" dans l'économie, parce que la valeur est dans l'intelligence. Et je rejoins là, vos préoccupations sur la formation qui rejoignent nos préoccupations sur la recherche. C'est cette qualité-là qu'il nous faut jouer. La France ne gagnera pas forcément tous les combats en jouant les cartes de la concentration, du gigantisme, de la standardisation et de la banalisation. Elle gagnera en jouant la carte de la qualité, la carte des labels, la carte de tout ce qui est finalement reconnaissable, comme étant de la valeur ajoutée, et notamment, donc, une capacité supplémentaire de commercialisation et de financement de nos progrès sociaux.
Alors, à vos deux lauréats, je voudrais exprimer ma profonde gratitude et dire combien la France, aujourd'hui, est face aux défis qu'ils ont exprimés, notamment, le défi de l'effort. Vous avez souhaité que l'on réforme sur ce sujet : le travail. Nous le ferons, nous expliquerons, progressivement, avec le plus de pédagogie possible - parce que le tissu français a ses sensibilités, mais qu'il est illusoire de faire croire aux jeunes Français qu'ils trouveront les chemins de la réussite en-dehors de la route de l'effort. Car il y a évidemment, un certain nombre de règles pour pouvoir accéder à l'épanouissement, pour pouvoir accéder à cette liberté à laquelle chacun a droit d'accéder. Cette égalité des chances que nous voulons promouvoir, cette équité qui fait partie de votre démarche, aux uns et aux autres, nous pouvons l'assumer que si nous mettons en avant les vraies valeurs que sont les valeurs du travail, de la mobilisation personnelle, du travail aussi, en équipe, et de toute la capacité managériale qu'il faut pouvoir mettre en avant, notamment dans nos entreprises.
En résumé, je voudrais vous dire que, j'ai confiance en la capacité que peut avoir notre pays à s'adapter au XXI ème siècle. Je crois vraiment que nous avons aujourd'hui des conditions qui sont des conditions difficiles. Il est évident que je préférerais que les réformes aient pu être faites quand il y avait un peu de croissance. Faire des réformes sans croissance, c'est souvent difficile. Mais c'est aussi l'occasion de faire prendre conscience aux Français que l'effort est en nous-mêmes, dans notre lucidité, regarder notre avenir, et notamment pour ce qui concerne l'évolution démographique. Ce que je dis, est valable pour les retraites, mais c'est valable pour la santé, pour l'éducation, pour l'emploi. C'est valable pour un certain nombre de grandes politiques. Il faut intégrer les changements qui sont ceux de la société.
Il y a des changements qui sont très positifs. Le fait que la retraite ne soit pas forcément la vieillesse, c'est plutôt un bonheur, c'est plutôt une opportunité. A nous de l'intégrer, à nous de nous adapter dans nos politiques publiques à ces nouvelles donnes. Je crois vraiment que, si on explique aux Français les chances qui sont celles de notre pays, on pourra les convaincre de pouvoir tracer la route de la France à l'intérieur de l'Union européenne vers cet avenir du XXI ème siècle qui est aujourd'hui face à nous.
Je crois vraiment qu'il est possible aujourd'hui que la France retrouve des forces. On a vu au plan international, on a vu que le président de la République avait la force de faire entendre la voix de la France. Nous pouvons également au plan intérieur, avec une dynamique de réformes, avec une dynamique d'humanité, mais aussi de détermination. Parce qu'il est évident qu'il faut être déterminé. On n'agit pas sans avoir une ligne directrice, sans avoir conscience dans sa propre action, parce qu'à ce moment-là, on ne mène pas une action. Cela ne veut pas dire qu'on n'est pas attentif aux autres, que l'on n'est pas évidemment tourné vers les autres pour adapter en permanence le chemin qui doit être le nôtre. Mais nous devons avoir cette ligne de mobilisation. Car au fond, les Français aiment la France et veulent son succès.
Merci d'en donner, ici, de très beaux exemples.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juin 2003)