Déclaration de M. Alain Juppé, Premier ministre, sur l'assainissement des finances publiques, les tensions sur le franc et les rapports du gouvernement et de la Banque de France, Paris le 14 août 1996.

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Texte intégral

Je vous livre mon sentiment en deux mots.
Tout d'abord, ma confiance dans les possibilités de l'économie française aujourd'hui et d'autre part ma détermination à assumer les engagements que nous avons pris, à la fois parce que ce sont des engagements mais surtout parce que c'est notre intérêt de les tenir.
Donc, confiance et détermination en ce qui concerne les possibilités de l'économie française. Nous sommes certes dans un contexte général de faible croissance en Europe mais cela ne doit pas dissiper quelques réalités fondamentales qui sont bonnes, à savoir que nos entreprises sont compétitives sur les marchés mondiaux et qu'elles le montrent en réalisant des excédents commerciaux substantiels.
D'autre part, nos prix sont stables. Nous ne sommes pas en situation de déflation mais de stabilité des prix puisque cette année nous aurons quelque chose qui sera inférieur à 2 % vraisemblablement.
Donc, ces deux éléments - compétitivité à l'exportation et stabilité des prix - me renforcent dans la conviction que l'économie française est bien armée. (...)
Évidemment les choses ne sont pas faciles et il faudra en particulier insister sur un élément de nos difficultés qui est la situation de nos finances publiques. Depuis une décennie elles se sont très gravement détériorées parce qu'on a laissé déraper les dépenses, parce que les déficits ont grossi les dettes qui elles-mêmes grossissent les dépenses.
Ma détermination et celle du gouvernement à rompre ce cercle vicieux est plus totale que jamais.
En 95, nous avons marqué un coup d'arrêt qui n'a été ni facile ni populaire en augmentant les impôts. Lorsqu'il y a urgence c'est la manière la plus rapide de boucher les trous.
96 marquera un progrès dans l'assainissement de nos finances et je voudrais plus particulièrement insister sur la loi de finances pour l'année écoulée, et puis 97, qui nous permettra de franchir une nouvelle étape. C'est passé un petit peu inaperçu mais le succès que nous avons remporté dans le bouclage des dépenses 97 est sans précédent.
Cela n'a pas été facile d'arriver à l'objectif de bouclage des dépenses. Nous avons veillé à ce que les efforts soient équitablement répartis parce que les sacrifices demandés doivent être évidemment demandés à tout le monde.
Voilà quelques réflexions sur le fond de la situation.
Ce qui m'amène à considérer que les quelques fluctuations observées au cours des jours précédents relèvent plus d'une tempête dans un verre d'eau que d'autre chose.
J'ajoute qu'il n'y a aucune sorte de conflit, de différend, entre le gouvernement et la Banque de France. Chacun joue son rôle, la Banque de France a son statut, elle est indépendante. Le gouvernement mène la politique économique, budgétaire et fiscale. Tout se passe dans le meilleur esprit possible.
Voilà les quelques réflexions que je voulais livrer.