Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, lors du point de presse conjoint avec M. John Kufuor, Président du Ghana, sur la situation du Liberia, Accra, le 27 juin 2003.

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Circonstance : Visite au Ghana le 27 juin 2003

Texte intégral

Nous pensons, et je suis parfaitement d'accord avec ce que le président Kufuor a dit, que l'essentiel, le plus urgent, est de faire cesser la guerre. C'est la priorité absolue. Bien sûr, les pays de la région ont discuté de la manière de régler le problème, ils se sont consultés. La communauté internationale a un rôle à jouer. Le Conseil de sécurité suit l'affaire de très près, une mission du Conseil de sécurité doit se rendre dans la région pour s'entretenir avec les différentes parties et les représentants des différents pays. L'Union européenne est très active elle aussi. Je pense que nous devons donner toutes leurs chances aux médiations africaines et, quelles que soient leurs demandes, nous soutiendrons pleinement leurs efforts.
Q - Si la communauté internationale décide d'envoyer des troupes pour venir en aide à la CEDEAO, la France le fera-t-elle ?
R - La communauté internationale doit prendre ses responsabilités en prenant l'avis des représentants des pays de la région de la CEDEAO. Si le besoin de cette force internationale est réel, si elle est nécessaire pour faire véritablement appliquer un cessez-le-feu dans la région, alors il faudra voir quels pays sont disposés à y participer. Vous connaissez la situation dans la région, vous savez que nous sommes très présents en Côte d'Ivoire : 15.000 soldats des forces de maintien de la paix des Nations unies sont présents au Sierra Leone.
Nous avons besoin d'une approche régionale, de voir ce qu'il convient de faire au Liberia, quels pays sont prêts à participer, ce que les Etats-Unis ou d'autres pays sont prêts à faire, comment la CEDEAO entend s'y prendre. Il importe que nous ayons cet échange de vue pour voir comment nous pouvons suivre, soutenir et aider ce processus.
La France, vis-à-vis de l'ensemble de la région de l'Afrique de l'Ouest, a pris ses responsabilités, elle les a prises avec beaucoup de courage. Vous connaissez notre présence et notre soutien à la Côte d'Ivoire, il faut faire en sorte maintenant que la situation du Liberia puisse se stabiliser. C'est une condition essentielle si l'on veut que la sécurité dans cette région soit renforcée.
Il faut le faire en liaison avec l'ensemble des membres de la CEDEAO, le président Kufuor l'a dit, il faut le faire en liaison avec les Nations unies et une mission des Nations unies va se rendre ici dans quelques jours.
A partir de là, nous verrons quelles sont les conditions nécessaires, qui est le mieux placé pour participer, ce que les différents pays qui ont une tradition dans cette région, je pense en particulier aux Etats-Unis, sont prêts à faire. Nous soutiendrons bien évidemment ce processus.
Ne préjugeons pas des questions, ne préjugeons pas de la participation de tel ou tel ; vous savez à quel point nous sommes déjà engagés en Côte d'Ivoire ; ce que je souhaite, c'est que nous ayons une approche régionale de cette région. Puisqu'il y a ces soldats de la paix des Nations unies au Sierra Leone et près de 4.000 Français en Côte d'Ivoire avec des représentants de la force de la CEDEAO, il faut faire quelque chose. Il faut qu'il y ait une présence internationale au Liberia et que la responsabilité de cette force soit équitablement répartie entre les différents représentants de la communauté internationale en soutien de la CEDEAO.
Q - Mais, c'est oui ou c'est non ?
R - La question, une fois de plus, ne se pose pas en ces termes aujourd'hui. La clef, c'est le cessez-le-feu, il faut que la réconciliation s'engage au Liberia et il faut établir cette priorité de façon très claire. Pour parvenir à une réconciliation, un processus politique dynamique est nécessaire et nous soutenons les efforts de la médiation africaine en ce sens
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juillet 2003)