Texte intégral
Madame la Présidente,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de commencer l'année 2000 en ouvrant les troisièmes rencontres de FARRE, le forum pour une agriculture raisonnée et respectueuse de l'environnement.
Vous le savez, ma politique, celle du Gouvernement est inscrite dans la récente Loi d'orientation, et veut permettre à l'agriculture de mieux répondre aux nouvelles attentes de la société, dans le domaine de l'emploi, de la qualité des produits et de l'environnement. Les CTE, outils privilégiés de cette politique impliquent d'ailleurs et naturellement, logiquement, une pratique raisonnée dans le cadre d'un projet global, économique d'une part, territorial et environnemental d'autre part. CTE et agriculture raisonnée sont donc faits pour vivre ensemble mais, vous avez raison Mme la Présidente, pour vivre ensemble une union liste et spontanée, pas un mariage forcé.
L'environnement est bien un enjeu majeur pour l'ensemble de notre agriculture. Elle doit réduire ses effets négatifs et faire reconnaître les services qu'elle rend à la société, notamment en matière de préservation des ressources naturelles, de biodiversité et d'entretien des paysages.
De la même manière que tous les produits agricoles doivent respecter les normes sanitaires, ils devront tous à l'avenir avoir été produits en respectant l'environnement. Telle est, en tout cas, ma conception de l'agriculture de notre pays, ma conception d'une agriculture citoyenne.
Ceci ne signifie pas que cette démarche soit facile et peu exigeante. Bien au contraire, car elle nécessite un engagement personnel des agriculteurs vis-à-vis de leurs concitoyens à raisonner leurs pratiques.
Je sais bien que votre réseau uvre depuis de nombreuses années au développement de l'agriculture raisonnée en popularisant les bonnes pratiques agricoles.
FARRE a beaucoup contribué à cette prise de conscience et je tiens à vous féliciter de votre travail dans toutes vos " fermes de rencontre " qui sont un lieu de diffusion des bonnes pratiques agricoles.
Permettez-moi de rendre hommage à votre Présidente, Madame Christiane LAMBERT, qui est fidèle à sa réputation de pionnière de la réflexion sur l'avenir et l'évolution de l'agriculture, et à son prédécesseur, le regretté Monsieur Alain FORNI. Permettez moi aussi de souligner la qualité du travail réalisé par votre comité scientifique sous la conduite de son président Claude Gleize, en relation avec les organismes de recherche et d'enseignement.
Cet effort de diffusion des bonnes pratiques agricoles doit être largement soutenu et encouragé. Pour sa part, le Ministère de l'agriculture et de la pêche dispose grâce à ses établissements d'enseignement agricole d'un outil de diffusion des pratiques de l'agriculture raisonnée. Je leur ai demandé, tant au travers de la formation initiale et de la formation continue que de la recherche et de l'expérimentation, de prendre part à la réalisation de ce nouveau défi pour une agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement.
Depuis plusieurs mois, pour répondre aux inquiétudes justifiées des consommateurs sur la qualité des produits qu'ils achètent, la plupart des enseignes de la distribution communiquent sur le terme de l'agriculture raisonnée. C'est le signe incontournable que ce terme est "porteur" voire vendeur. Mais cette multitude d'initiatives nous pose des questions et pas seulement des questions déontologiques. Je profite de cette occasion et de cette allusion à la Grande Distribution pour dire un mot des Assises de la Distribution de la semaine prochaine. Un mot pour vous rassurer : ce sont les agriculteurs qui ont ouvert ce grand débat cet été. C'est avec eux et leurs organisations professionnelles que nous avons mis en place le double étiquetage. C'est avec eux et leurs organisations professionnelles que nous avons réuni la première table ronde le 21 septembre. C'est avec eux et leurs organisations professionnelles que nous avons travaillé tout l'automne dans cinq groupes de travail. C'est donc avec eux et leurs organisations professionnelles, avec d'autres aussi, que le Premier Ministre conclura ce travail la semaine prochaine.
C'est pourquoi j'ai confié en septembre dernier une mission sur le concept d'agriculture raisonnée à monsieur Guy Paillotin, personnalité reconnue pour sa compétence scientifique et sa bonne connaissance des filières agricoles.
Aidé des différentes directions de mon ministère et en concertation étroite avec les différentes organisations concernées, il réalise un rapport dont il me remettra les conclusions pour le 1er mars prochain.
J'attends de ce rapport des propositions permettant d'éclairer l'élaboration d'une stratégie nationale vis à vis de l'agriculture raisonnée tant sur le plan technique qu'en terme de communication, avec pour objectif d'inscrire l'agriculture dans une véritable démarche de progrés.
Je ne suis donc pas en mesure de vous présenter aujourd'hui ces conclusions, ni les choix stratégiques qui en découleront. J'en déciderai après concertation avec tous les acteurs concernés : les agriculteurs et leurs organisations, les industriels, la distribution, mais aussi les associations de consommateurs et de protection de la nature. Compte tenu de votre expérience dans ce domaine et de la richesse de votre réseau, je serai Mme la présidente très attentif à l'avis de votre organisation.
Je souhaite néanmoins vous faire part aujourd'hui de quelques réflexions qui me guident sur ce thème.
Des signes officiels de qualité existent déjà, les AOC, les labels rouges, les certificats de conformité et l'agriculture biologique. Ils sont une chance tant pour nos agriculteurs qui en bénéficient que pour les consommateurs qui leur font confiance pour effectuer leurs achats. Ces signes de reconnaissance ne doivent pas être déstabilisés par d'autres mentions valorisantes qui seraient mal définies et difficilement contrôlables.
Pour répondre aux attentes des consommateurs les mentions valorisant la nature et les pratiques respectueuses de l'environnement sont de plus en plus souvent utilisées. Leur multiplication non maîtrisée et leur utilisation parfois abusive peut conduire à des distorsions de concurrence entre producteurs. Elle conduirait aussi à une répartition inéquitable de la valeur ajoutée entre les secteurs de la production et de la distribution. De ce point de vue, les pouvoirs publics ne peuvent pas rester inactifs.
La définition des règles communes pour l'agriculture raisonnée, me paraît tout à fait nécessaire. S'accorder sur des principes, définir des règles techniques pour harmoniser véritablement le sens et le contenu de ces termes est devenu une priorité. C'est l'intérêt de tous dès lors que l'on souhaite se tourner vers l'avenir.
FARRE a déjà largement engagé ces travaux. Je considère cette contribution comme tout a fait essentielle. Je crois cependant , que nous serons nécessairement conduit à élargir le débat, pour prendre en compte les avis de toutes les parties concernées en assurer une validation scientifique, en vue de créer une véritable référence nationale.
Il est inéluctable qu'un jour ou l'autre, compte tenu du marché unique, la question de l'agriculture raisonnée soit aussi abordée au niveau communautaire. Je pense qu'une initiative de notre pays sur ce sujet est nécessaire auprès de la Commission européenne pour éviter l'utilisation de mentions abusives et faire en sorte que le concept d'agriculture raisonnée ne corresponde pas à des niveaux d'exigences différents entre les Etats membres.
Je voudrais terminer mon intervention sur la nécessaire mobilisation de la profession agricole pour promouvoir une agriculture respectant son environnement et valorisant ses territoires.
Je pense en effet que les démarches incitatives et volontaires sont toujours préférables aux démarches obligatoires et subies. Même si l'Etat doit assumer ses responsabilités en la matière, je ne suis pas partisan d'une logique qui serait exclusivement fondée sur toujours plus de réglementation, toujours plus de contraintes.
Je ne souhaite pas non plus que la définition des modes de production respectueux de l'environnement échappe aux agriculteurs au profit de leurs partenaires de l'aval industriel et de la distribution.
Je pense que la liberté des agriculteurs qui est un des intérêts du métier et qui est à l'origine de la richesse et la diversité de nos produits et de nos paysages doit être préservée. Tel est à mon avis l'enjeu principal qui justifie de bien fondé des démarches prises par la profession agricole et ses partenaires.
Voilà, vous souhaitez être reconnu comme interlocuteur privilégié. Vous l'êtes. Vous souhaitez un partenariat. vous l'avez. Vous l'avez compris, je compte beaucoup sur vos rencontres.
Bons travaux.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 janvier 2000)
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de commencer l'année 2000 en ouvrant les troisièmes rencontres de FARRE, le forum pour une agriculture raisonnée et respectueuse de l'environnement.
Vous le savez, ma politique, celle du Gouvernement est inscrite dans la récente Loi d'orientation, et veut permettre à l'agriculture de mieux répondre aux nouvelles attentes de la société, dans le domaine de l'emploi, de la qualité des produits et de l'environnement. Les CTE, outils privilégiés de cette politique impliquent d'ailleurs et naturellement, logiquement, une pratique raisonnée dans le cadre d'un projet global, économique d'une part, territorial et environnemental d'autre part. CTE et agriculture raisonnée sont donc faits pour vivre ensemble mais, vous avez raison Mme la Présidente, pour vivre ensemble une union liste et spontanée, pas un mariage forcé.
L'environnement est bien un enjeu majeur pour l'ensemble de notre agriculture. Elle doit réduire ses effets négatifs et faire reconnaître les services qu'elle rend à la société, notamment en matière de préservation des ressources naturelles, de biodiversité et d'entretien des paysages.
De la même manière que tous les produits agricoles doivent respecter les normes sanitaires, ils devront tous à l'avenir avoir été produits en respectant l'environnement. Telle est, en tout cas, ma conception de l'agriculture de notre pays, ma conception d'une agriculture citoyenne.
Ceci ne signifie pas que cette démarche soit facile et peu exigeante. Bien au contraire, car elle nécessite un engagement personnel des agriculteurs vis-à-vis de leurs concitoyens à raisonner leurs pratiques.
Je sais bien que votre réseau uvre depuis de nombreuses années au développement de l'agriculture raisonnée en popularisant les bonnes pratiques agricoles.
FARRE a beaucoup contribué à cette prise de conscience et je tiens à vous féliciter de votre travail dans toutes vos " fermes de rencontre " qui sont un lieu de diffusion des bonnes pratiques agricoles.
Permettez-moi de rendre hommage à votre Présidente, Madame Christiane LAMBERT, qui est fidèle à sa réputation de pionnière de la réflexion sur l'avenir et l'évolution de l'agriculture, et à son prédécesseur, le regretté Monsieur Alain FORNI. Permettez moi aussi de souligner la qualité du travail réalisé par votre comité scientifique sous la conduite de son président Claude Gleize, en relation avec les organismes de recherche et d'enseignement.
Cet effort de diffusion des bonnes pratiques agricoles doit être largement soutenu et encouragé. Pour sa part, le Ministère de l'agriculture et de la pêche dispose grâce à ses établissements d'enseignement agricole d'un outil de diffusion des pratiques de l'agriculture raisonnée. Je leur ai demandé, tant au travers de la formation initiale et de la formation continue que de la recherche et de l'expérimentation, de prendre part à la réalisation de ce nouveau défi pour une agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement.
Depuis plusieurs mois, pour répondre aux inquiétudes justifiées des consommateurs sur la qualité des produits qu'ils achètent, la plupart des enseignes de la distribution communiquent sur le terme de l'agriculture raisonnée. C'est le signe incontournable que ce terme est "porteur" voire vendeur. Mais cette multitude d'initiatives nous pose des questions et pas seulement des questions déontologiques. Je profite de cette occasion et de cette allusion à la Grande Distribution pour dire un mot des Assises de la Distribution de la semaine prochaine. Un mot pour vous rassurer : ce sont les agriculteurs qui ont ouvert ce grand débat cet été. C'est avec eux et leurs organisations professionnelles que nous avons mis en place le double étiquetage. C'est avec eux et leurs organisations professionnelles que nous avons réuni la première table ronde le 21 septembre. C'est avec eux et leurs organisations professionnelles que nous avons travaillé tout l'automne dans cinq groupes de travail. C'est donc avec eux et leurs organisations professionnelles, avec d'autres aussi, que le Premier Ministre conclura ce travail la semaine prochaine.
C'est pourquoi j'ai confié en septembre dernier une mission sur le concept d'agriculture raisonnée à monsieur Guy Paillotin, personnalité reconnue pour sa compétence scientifique et sa bonne connaissance des filières agricoles.
Aidé des différentes directions de mon ministère et en concertation étroite avec les différentes organisations concernées, il réalise un rapport dont il me remettra les conclusions pour le 1er mars prochain.
J'attends de ce rapport des propositions permettant d'éclairer l'élaboration d'une stratégie nationale vis à vis de l'agriculture raisonnée tant sur le plan technique qu'en terme de communication, avec pour objectif d'inscrire l'agriculture dans une véritable démarche de progrés.
Je ne suis donc pas en mesure de vous présenter aujourd'hui ces conclusions, ni les choix stratégiques qui en découleront. J'en déciderai après concertation avec tous les acteurs concernés : les agriculteurs et leurs organisations, les industriels, la distribution, mais aussi les associations de consommateurs et de protection de la nature. Compte tenu de votre expérience dans ce domaine et de la richesse de votre réseau, je serai Mme la présidente très attentif à l'avis de votre organisation.
Je souhaite néanmoins vous faire part aujourd'hui de quelques réflexions qui me guident sur ce thème.
Des signes officiels de qualité existent déjà, les AOC, les labels rouges, les certificats de conformité et l'agriculture biologique. Ils sont une chance tant pour nos agriculteurs qui en bénéficient que pour les consommateurs qui leur font confiance pour effectuer leurs achats. Ces signes de reconnaissance ne doivent pas être déstabilisés par d'autres mentions valorisantes qui seraient mal définies et difficilement contrôlables.
Pour répondre aux attentes des consommateurs les mentions valorisant la nature et les pratiques respectueuses de l'environnement sont de plus en plus souvent utilisées. Leur multiplication non maîtrisée et leur utilisation parfois abusive peut conduire à des distorsions de concurrence entre producteurs. Elle conduirait aussi à une répartition inéquitable de la valeur ajoutée entre les secteurs de la production et de la distribution. De ce point de vue, les pouvoirs publics ne peuvent pas rester inactifs.
La définition des règles communes pour l'agriculture raisonnée, me paraît tout à fait nécessaire. S'accorder sur des principes, définir des règles techniques pour harmoniser véritablement le sens et le contenu de ces termes est devenu une priorité. C'est l'intérêt de tous dès lors que l'on souhaite se tourner vers l'avenir.
FARRE a déjà largement engagé ces travaux. Je considère cette contribution comme tout a fait essentielle. Je crois cependant , que nous serons nécessairement conduit à élargir le débat, pour prendre en compte les avis de toutes les parties concernées en assurer une validation scientifique, en vue de créer une véritable référence nationale.
Il est inéluctable qu'un jour ou l'autre, compte tenu du marché unique, la question de l'agriculture raisonnée soit aussi abordée au niveau communautaire. Je pense qu'une initiative de notre pays sur ce sujet est nécessaire auprès de la Commission européenne pour éviter l'utilisation de mentions abusives et faire en sorte que le concept d'agriculture raisonnée ne corresponde pas à des niveaux d'exigences différents entre les Etats membres.
Je voudrais terminer mon intervention sur la nécessaire mobilisation de la profession agricole pour promouvoir une agriculture respectant son environnement et valorisant ses territoires.
Je pense en effet que les démarches incitatives et volontaires sont toujours préférables aux démarches obligatoires et subies. Même si l'Etat doit assumer ses responsabilités en la matière, je ne suis pas partisan d'une logique qui serait exclusivement fondée sur toujours plus de réglementation, toujours plus de contraintes.
Je ne souhaite pas non plus que la définition des modes de production respectueux de l'environnement échappe aux agriculteurs au profit de leurs partenaires de l'aval industriel et de la distribution.
Je pense que la liberté des agriculteurs qui est un des intérêts du métier et qui est à l'origine de la richesse et la diversité de nos produits et de nos paysages doit être préservée. Tel est à mon avis l'enjeu principal qui justifie de bien fondé des démarches prises par la profession agricole et ses partenaires.
Voilà, vous souhaitez être reconnu comme interlocuteur privilégié. Vous l'êtes. Vous souhaitez un partenariat. vous l'avez. Vous l'avez compris, je compte beaucoup sur vos rencontres.
Bons travaux.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 13 janvier 2000)