Texte intégral
A. Hausser-. On va parler de l'UDF et de l'UMP ; ça grince ces jours-ci. On assiste à un discours un peu "jusqu'au-boutiste" dans les deux camps. Vous êtes dans quel camp ?
- "Dans le camp de l'Union. Je pense que nous avons été, à l'UMP, les premiers à tirer les leçons du premier tour de l'élection présidentielle, où les Françaises et les Français qui nous soutiennent, souhaitent que nous soyons rassemblés, que nous soyons unis. Cela n'a pas été toujours la position de F. Bayrou. F. Bayrou pensait qu'entre les deux tours de l'élection présidentielle, il pourrait négocier avec J. Chirac ; tel n'a pas été le cas. Ensuite, il pensait qu'il pourrait peser sur la composition du gouvernement issu des élections législatives ; cela n'a pas été le cas. Et c'est nous, l'UMP, qui avons permis à F. Bayrou d'avoir un groupe UDF à l'Assemblée nationale, car dans quarante circonscriptions - faut-il inlassablement le répéter -, l'UMP n'avait pas présenté de candidat contre les amis de F. Bayrou. Depuis, nous n'avons pas changé d'attitude ; nous tendons la main à F. Bayrou pour les échéances qui arrivent - régionales et cantonales."
Il dit qu'on ne prend pas en considération ses propositions...
- "Je ne sais pas ce qu'il faut faire pour le prendre en considération. Aujourd'hui, l'UDF a, en tout et pour tout, la présidence d'une seule région, la région Rhône-Alpes."
Mais là, on parle du Parlement...
- "Nous parlons de la préparation des régionales ; c'est en tout cas ce dont je m'occupe avec B. Accoyer, G. Tron et quelques autres amis, et ce n'est pas quelque chose de très facile. Nous disons à nos amis de l'UDF qu'il y a au moins trois régions, où si nous gagnons, ce sont des amis de F. Bayrou qui pourraient présider ces régions. C'est une proposition de départ avec d'autres négociations qui pourraient venir. Mais bien entendu, nous voulons un accord général. Or nous avons le sentiment que F. Bayrou souhaiterait faire un accord à la carte. Or il faut être très attentif à cela, car dans notre pays, peut-être F. bayrou pense-t-il qu'aujourd'hui, son parti progresse parce que le gouvernement de J.-P. Raffarin connaît quelques difficultés. Mais cela, au moment d'un vote, cela ne se produit pas ; le clivage gauche-droite se refait. Et ce n'est pas parce qu'il y a des difficultés aujourd'hui dues à l'héritage et à la politique imprévoyante des socialistes, auxquels J.-P. Raffarin essaye de faire face avec beaucoup de conviction, beaucoup de sérénité et beaucoup de courage, que cela profitera à monsieur Bayrou et aux amis de monsieur Bayrou. Ce n'est pas comme cela que les choses se font en politique."
Vous dites : accord général et pas d'accord à la carte... Je crois que dans votre région, en PACA, l'UDF était prête à s'allier avec l'UMP...
- "Je suis de ceux qui disent : attention ! Le 21 avril 2002, Le Pen est arrivé premier dans neuf régions de France. Il faut que nous tenions compte de cette réalité. Certes, nous avons un bon ministre de l'Intérieur, qui fait un travail extraordinaire pour la sécurité, etc, et sans doute fait-il reculer le Front national. Mais la vérité, c'est que nous ne le verrons que le soir du premier tour. Et il appartient aux responsables politiques, dont je fais partie, de prendre un certain nombre de précautions. Et nous disons à nos amis de l'UDF... L'UDF, ce n'est pas l'UDF d'il y a quelques années, c'est beaucoup moins."
Vous diriez, comme C. Boutin, que c'est une "secte" ?
- "Non. Mais je crois qu'effectivement, on ne peut pas empêcher F. Bayrou d'avoir des idées pour l'avenir et de vouloir se positionner pour l'avenir. Mais attention, ce que l'UMP propose me paraît tout à fait convenable, c'est-à-dire une union en respectant nos sensibilités. Nous avons tendu la main ; visiblement, monsieur Bayrou nous laisse la main tendue, ce n'est pas non plus très agréable."
Vous lui tendez la main jusqu'à quand ?
- "C'est lui-même qui prendra cette décision. Si vraiment, il veut présenter des listes, qu'il présente des listes. Sans doute il affaiblira la majorité présidentielle, mais après le vote de l'autre soir, ce n'est pas sa préoccupation première. Mais j'aime autant vous dire que l'UDF perdra beaucoup dans cette affaire-là, parce qu'il y a beaucoup de régions où le parti de monsieur Bayrou n'est pas aussi fort que ce que monsieur Bayrou le prétend."
L'abstention de l'UDF, c'est un véritable affaiblissement pour la majorité...
- "Non. Dans le paysage parlementaire, ce n'est pas quelque chose qui se fait. La preuve, vous voyez, il y a déjà quelques minutes que nous parlons entre l'UMP et l'UDF, alors qu'il vaudrait mieux que nous parlions de nos adversaires. Nous allons passer une campagne électorale en nous disputant entre nous, face à nos adversaires qui vont progresser. Allez, ce n'est pas très sérieux tout ça !"
Je vais vous parler d'un sondage qui fait grand bruit ce matin, puisqu'il s'agit d'une étude comparée : qui serait le meilleur candidat pour la présidentielle de 2007 ? Il ressort de ce sondage que ce serait N. Sarkozy qui devance de 10 points J. Chirac... Cela vous fait penser à quoi ?
- "Cela me fait penser au fait que, les sondages font toujours plaisir lorsqu'ils sont bons pour des personnalités politiques. N. Sarkozy se démène d'une manière extraordinaire au Gouvernement, et visiblement, il a acquis une notoriété et une sympathie dans le pays, que nous retrouvons dans ce sondage. Et la majorité présidentielle doit se féliciter de savoir qu'il y a plusieurs personnalités qui sont susceptibles, le moment venu, de faire obstacle à la gauche. C'est ce qui compte pour nous. Si c'est Nicolas qui apparaît, au fur et à mesure des années, comme étant le meilleur candidat, bien entendu ce sera un soulagement pour la droite républicaine dans ce pays ; il n'y aura pas le vide, il y aura un bon candidat."
Vous ne croyez pas à une troisième candidature de J. Chirac ?
- "Le président de la République, lui aussi, fait un travail extraordinaire ; cela devrait d'ailleurs impressionner monsieur Bayrou, lui qui est un authentique Européen. Est-ce que vous aviez vu le président de la République française parler au nom de l'Allemagne, comme il a pu le faire l'autre jour ? Cela, c'est un symbole très fort."
Beaucoup de gens disent qu'il ferait mieux de s'occuper des affaires françaises...
- "Il tient sa place. Le président de la République a été d'un courage extraordinaire dans l'affaire de l'Irak, où on n'a pas supporté le joug des Américains, la puissance des Américains, la force que Bush voulait faire sur l'Europe pour obtenir l'accord de la France pour la guerre - la guerre est toujours un malheur. Le président de la République ne voulait pas la guerre, et là, il s'est montré un homme politique de haut niveau. Il redonne à notre diplomatie française un élan extraordinaire."
Est-ce que c'est assez pour lui demander de revenir, continuer ?
- "Nous verrons. Nous sommes quand même très loin de l'élection présidentielle. Les sondages font plaisir quand ils sont bons, pour les personnalités, encore une fois, qui en sont justement bénéficiaires. Nous verrons un peu plus tard après comment les choses se présentent."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 octobre 2003)
- "Dans le camp de l'Union. Je pense que nous avons été, à l'UMP, les premiers à tirer les leçons du premier tour de l'élection présidentielle, où les Françaises et les Français qui nous soutiennent, souhaitent que nous soyons rassemblés, que nous soyons unis. Cela n'a pas été toujours la position de F. Bayrou. F. Bayrou pensait qu'entre les deux tours de l'élection présidentielle, il pourrait négocier avec J. Chirac ; tel n'a pas été le cas. Ensuite, il pensait qu'il pourrait peser sur la composition du gouvernement issu des élections législatives ; cela n'a pas été le cas. Et c'est nous, l'UMP, qui avons permis à F. Bayrou d'avoir un groupe UDF à l'Assemblée nationale, car dans quarante circonscriptions - faut-il inlassablement le répéter -, l'UMP n'avait pas présenté de candidat contre les amis de F. Bayrou. Depuis, nous n'avons pas changé d'attitude ; nous tendons la main à F. Bayrou pour les échéances qui arrivent - régionales et cantonales."
Il dit qu'on ne prend pas en considération ses propositions...
- "Je ne sais pas ce qu'il faut faire pour le prendre en considération. Aujourd'hui, l'UDF a, en tout et pour tout, la présidence d'une seule région, la région Rhône-Alpes."
Mais là, on parle du Parlement...
- "Nous parlons de la préparation des régionales ; c'est en tout cas ce dont je m'occupe avec B. Accoyer, G. Tron et quelques autres amis, et ce n'est pas quelque chose de très facile. Nous disons à nos amis de l'UDF qu'il y a au moins trois régions, où si nous gagnons, ce sont des amis de F. Bayrou qui pourraient présider ces régions. C'est une proposition de départ avec d'autres négociations qui pourraient venir. Mais bien entendu, nous voulons un accord général. Or nous avons le sentiment que F. Bayrou souhaiterait faire un accord à la carte. Or il faut être très attentif à cela, car dans notre pays, peut-être F. bayrou pense-t-il qu'aujourd'hui, son parti progresse parce que le gouvernement de J.-P. Raffarin connaît quelques difficultés. Mais cela, au moment d'un vote, cela ne se produit pas ; le clivage gauche-droite se refait. Et ce n'est pas parce qu'il y a des difficultés aujourd'hui dues à l'héritage et à la politique imprévoyante des socialistes, auxquels J.-P. Raffarin essaye de faire face avec beaucoup de conviction, beaucoup de sérénité et beaucoup de courage, que cela profitera à monsieur Bayrou et aux amis de monsieur Bayrou. Ce n'est pas comme cela que les choses se font en politique."
Vous dites : accord général et pas d'accord à la carte... Je crois que dans votre région, en PACA, l'UDF était prête à s'allier avec l'UMP...
- "Je suis de ceux qui disent : attention ! Le 21 avril 2002, Le Pen est arrivé premier dans neuf régions de France. Il faut que nous tenions compte de cette réalité. Certes, nous avons un bon ministre de l'Intérieur, qui fait un travail extraordinaire pour la sécurité, etc, et sans doute fait-il reculer le Front national. Mais la vérité, c'est que nous ne le verrons que le soir du premier tour. Et il appartient aux responsables politiques, dont je fais partie, de prendre un certain nombre de précautions. Et nous disons à nos amis de l'UDF... L'UDF, ce n'est pas l'UDF d'il y a quelques années, c'est beaucoup moins."
Vous diriez, comme C. Boutin, que c'est une "secte" ?
- "Non. Mais je crois qu'effectivement, on ne peut pas empêcher F. Bayrou d'avoir des idées pour l'avenir et de vouloir se positionner pour l'avenir. Mais attention, ce que l'UMP propose me paraît tout à fait convenable, c'est-à-dire une union en respectant nos sensibilités. Nous avons tendu la main ; visiblement, monsieur Bayrou nous laisse la main tendue, ce n'est pas non plus très agréable."
Vous lui tendez la main jusqu'à quand ?
- "C'est lui-même qui prendra cette décision. Si vraiment, il veut présenter des listes, qu'il présente des listes. Sans doute il affaiblira la majorité présidentielle, mais après le vote de l'autre soir, ce n'est pas sa préoccupation première. Mais j'aime autant vous dire que l'UDF perdra beaucoup dans cette affaire-là, parce qu'il y a beaucoup de régions où le parti de monsieur Bayrou n'est pas aussi fort que ce que monsieur Bayrou le prétend."
L'abstention de l'UDF, c'est un véritable affaiblissement pour la majorité...
- "Non. Dans le paysage parlementaire, ce n'est pas quelque chose qui se fait. La preuve, vous voyez, il y a déjà quelques minutes que nous parlons entre l'UMP et l'UDF, alors qu'il vaudrait mieux que nous parlions de nos adversaires. Nous allons passer une campagne électorale en nous disputant entre nous, face à nos adversaires qui vont progresser. Allez, ce n'est pas très sérieux tout ça !"
Je vais vous parler d'un sondage qui fait grand bruit ce matin, puisqu'il s'agit d'une étude comparée : qui serait le meilleur candidat pour la présidentielle de 2007 ? Il ressort de ce sondage que ce serait N. Sarkozy qui devance de 10 points J. Chirac... Cela vous fait penser à quoi ?
- "Cela me fait penser au fait que, les sondages font toujours plaisir lorsqu'ils sont bons pour des personnalités politiques. N. Sarkozy se démène d'une manière extraordinaire au Gouvernement, et visiblement, il a acquis une notoriété et une sympathie dans le pays, que nous retrouvons dans ce sondage. Et la majorité présidentielle doit se féliciter de savoir qu'il y a plusieurs personnalités qui sont susceptibles, le moment venu, de faire obstacle à la gauche. C'est ce qui compte pour nous. Si c'est Nicolas qui apparaît, au fur et à mesure des années, comme étant le meilleur candidat, bien entendu ce sera un soulagement pour la droite républicaine dans ce pays ; il n'y aura pas le vide, il y aura un bon candidat."
Vous ne croyez pas à une troisième candidature de J. Chirac ?
- "Le président de la République, lui aussi, fait un travail extraordinaire ; cela devrait d'ailleurs impressionner monsieur Bayrou, lui qui est un authentique Européen. Est-ce que vous aviez vu le président de la République française parler au nom de l'Allemagne, comme il a pu le faire l'autre jour ? Cela, c'est un symbole très fort."
Beaucoup de gens disent qu'il ferait mieux de s'occuper des affaires françaises...
- "Il tient sa place. Le président de la République a été d'un courage extraordinaire dans l'affaire de l'Irak, où on n'a pas supporté le joug des Américains, la puissance des Américains, la force que Bush voulait faire sur l'Europe pour obtenir l'accord de la France pour la guerre - la guerre est toujours un malheur. Le président de la République ne voulait pas la guerre, et là, il s'est montré un homme politique de haut niveau. Il redonne à notre diplomatie française un élan extraordinaire."
Est-ce que c'est assez pour lui demander de revenir, continuer ?
- "Nous verrons. Nous sommes quand même très loin de l'élection présidentielle. Les sondages font plaisir quand ils sont bons, pour les personnalités, encore une fois, qui en sont justement bénéficiaires. Nous verrons un peu plus tard après comment les choses se présentent."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 octobre 2003)