Interviews de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, à l'AFP le 21 mai 2003 et au "Journal du Dimanche" le 25 mai 2003, sur la mobilisation contre le projet de réforme des retraites, notamment la manifestation prévue le 25 mai 2003.

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Média : Journal du Dimanche

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Question AFP - Comment voyez-vous la manifestation du 25 à Paris ?
Bernard Thibault .- " La participation s'annonce importante : nous nous heurtons aux limites de capacités des transports collectifs, avec déjà quelque 62 000 inscrits en province, et on peut craindre que beaucoup ne puissent faire le déplacement. Cette manifestation a une portée symbolique en permettant aux salariés de se faire entendre dans la capitale, à deux jours du conseil des ministres qui examinera le projet de loi. D'ores et déjà il apparaît que plusieurs organisations et syndiqués de la CFTC, mais aussi de la CFDT, seront partie prenante. La mobilisation sera ample et largement unitaire et elle permettra notamment à beaucoup de salariés du privé, un dimanche, de s'exprimer pour la première fois. "
François Chérèque dénonce une "manifestation politique"
- " Je suis surpris de l'argument d'une prétendue politisation. Classiquement il est utilisé quand on ne veut plus discuter du fond. Continuons de débattre du fond et évitons d'agiter des chiffons rouges. Soyons sérieux ! Qui peut dire que la mobilisation sociale aujourd'hui est organisée, ou pourrait être récupérée par un parti politique, quel qu'il soit ?
C'est comme si j'affirmais que la position de la CFDT, que je ne partage pas, résultait d'une posture de soutien à la majorité de droite.
Après le congrès du PS, il y a eu bien des commentaires surprenants, alors que d'autres délégations syndicales étaient présentes, dont celle de la CFDT.
Assumons simplement le fait que nous sommes des interlocuteurs des partis politiques: des interlocuteurs indépendants. "
Que pensez-vous de la proposition de FO d'un nouveau temps fort le 27 ?
- " Les 4 organisations qui appellent à la manifestation de dimanche se verront vendredi. Nous allons voir les suites à donner au 25. Il y a déjà des décisions locales ou professionnelles, une mobilisation unitaire prévue à Marseille. Nous n'excluons pas de multiplier les initiatives pour amener le gouvernement à renoncer à son intention de porter son projet en l'état à l'Assemblée. Sous réserve d'un accord sur modalités et objectifs, cette proposition peut s'inscrire dans notre volonté d'encourager l'action.
Quoi qu'il en soit il faut tout faire pour conduire le gouvernement au constat de bon sens que son projet est très largement rejeté : actions des salariés, notamment le 13 mai, et enquêtes d'opinion l'ont montré.
Chaque moment perdu pour rediscuter enferme le gouvernement un peu plus dans sa nasse. S'il reste figé dans ses certitudes, il y aura une réelle situation de blocage. La sortie ne dépend que de lui, le courage politique c'est de ne pas attendre l'épreuve de force. "

(source http://www.cgt.fr, le 22 mai 2003)