Interview de M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, dans " Le Monde" le 30 mars 2004, sur le résultat des élections régionales et cantonales de mars 2004.

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Circonstance : Second tour des élections régionales et cantonnales le 28 mars 2004

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Rémi Barroux .- Que vous inspirent les résultats des élections régionales et cantonales ?
Jean-Claude Mailly .- " Sans me prononcer sur l'aspect plus politique de ces élections, il est clair que la situation économique et sociale a pesé sur le scrutin. L'inquiétude et le mécontentement se sont manifestés dans différents secteurs - chercheurs, éducation nationale, hôpitaux publics - et dans de nombreux conflits d'entreprise. Le contrecoup du dossier des retraites a aussi pesé. Le passage en force du gouvernement, au printemps 2003, sans tenir compte du fort mouvement d'opposition, a joué a contrario. Aujourd'hui, les salariés comprennent qu'ils vont devoir travailler plus ou partir avec une retraite amputée. Et que l'on est en train de mettre en place des fonds de pension. Ils ont sanctionné la non-prise en considération de leurs mécontentements, le 0 % d'augmentation des salaires des fonctionnaires et la politique salariale en général. Ils ont exprimé leurs craintes sur l'emploi ou l'assurance-maladie. "
Qu'est-ce qui peut changer, selon vous, après ces scrutins ?
" Il existe un faux débat sur la réforme ou le statu quo. Il faut certes des réformes, sur l'assurance-maladie en particulier, mais le problème est de savoir quel contenu on doit leur donner et quelle méthode on doit employer. Le gouvernement va-t-il écouter? Il nous dit que oui, mais ce n'est pas suffisant, il doit nous entendre.
Je n'ai pas de commentaire particulier sur un remaniement ministériel. Un syndicat ne choisit pas ses interlocuteurs, on fera avec ceux que l'on aura en face de nous. Le programme social est très chargé, avec des dossiers qui sont porteurs de tensions: décentralisation, assurance-maladie, changement du statut d'EDF-GDF, éducation nationale, loi sur l'emploi... "
Les négociations sur les restructurations et l'emploi peuvent-elles déboucher sur un accord ?
" Les choses n'ont guère avancé. FO a fait des propositions, notamment sur un fonds de mutualisation en cas de suppression d'emploi. On verra ce qui se passera lors de la prochaine séance de négociation, le 8 avril. Par ailleurs, le gouvernement restera-t-il sur la même ligne de conduite, notamment en ce qui concerne la simplification du code du travail? Ou va-t-on s'orienter, comme le réclame FO, vers des dispositifs en matière de stratégie industrielle, de taxation des profits non réinvestis ? "
Et sur l'assurance-maladie ?
" Ce qu'on expliquait avant le scrutin n'a pas changé. Le gouvernement n'a pas annoncé grand-chose, il attendait les élections. Le calendrier qui prévoit un passage de la réforme au Parlement en juillet est-il maintenu? Il nous apparaît important que le gouvernement ne mène pas cette réforme à la hussarde, comme il l'a fait pour les retraites. Outre le problème de la méthode employée, il est clair que FO refusera toute diminution du taux de couverture sociale, du taux de remboursement et toute amorce de privatisation de l'assurance-maladie. FO a développé ses positions pour une réforme synonyme de progrès. Il appartient au gouvernement, celui-là ou un autre, d'annoncer ses orientations. Dans ces conditions, aujourd'hui tout est possible ".

(source http://www.force-ouvriere.org, le 23 avril 2004)

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