Texte intégral
Rémi Barroux .- Que vous inspirent les résultats des élections régionales et cantonales ?
Bernard Thibault.- " Dès lors que la majorité avait fait le choix d'animer ses listes avec des ministres, exemples et symboles de la politique gouvernementale, il était inéluctable qu'apparaisse le côté national de la consultation. J'avais déclaré entre les deux tours, et cela apparaît encore plus évident au lendemain du 28 mars, que la critique de cette politique était au centre du scrutin. On peut y voir l'appel à un changement de cap dans la politique économique et sociale. Que le gouvernement soit composé des mêmes ou que d'autres se retrouvent aux manettes, cela est secondaire au regard des exigences de nos concitoyens. Il apparaît néanmoins opportun de changer l'équipe même si cela n'est pas le point essentiel. Le gouvernement traîne comme un boulet le fait d'avoir légiféré à l'abri de sa majorité parlementaire pour la réforme des retraites. Il s'est voilé la face sur les conditions exceptionnelles dans lesquelles le président de la République a été élu en 2002. Il ne pouvait pas se prévaloir d'une majorité d'adhésion à sa politique économique et sociale ".
Quels vont être les changements dans la situation sociale, selon vous ?
" Les représentants du gouvernement entretiennent un faux débat entre les partisans de la réforme et les immobilistes. On en revient en permanence à ce même rituel : déjà, en 1995, c'était "le plan Juppé ou la fin du monde". Ce qui revient à dire que seules les réformes défendues par le gouvernement sont crédibles. Qu'il y ait des réformes à faire, bien sûr, mais pour quel objectif ? Tout n'est pas à réformer. Il n'y a aucune raison objective de s'orienter vers la privatisation d'une entreprise publique comme EDF, ou encore d'élaguer les droits des salariés prévus dans le code du travail ".
La négociation en cours sur le traitement social des restructurations peut-elle aboutir ?
" Je ne vois pas, au stade actuel, quel syndicat peut accepter le chantage qu'exerce le Medef. "
Les discussions sur l'assurance maladie vont-elles se trouver modifiées par les élections ?
" Premier aspect, il faut que soit intégrée la dimension de la négociation. Et que le gouvernement ne reprenne pas le schéma des retraites, qui consiste à nous écouter mais à définir les orientations sans tenir compte de l'avis des organisations syndicales qui représentent la majorité des salariés. La Sécurité sociale appartient bien aux salariés. Aucun gouvernement, quel qu'il soit, ne peut s'arroger le droit de définir seul ce qui est bon ou mauvais en termes d'assurance maladie.
Nous souhaitons pouvoir négocier sur l'amélioration d'un dispositif solidaire. Nous ne sommes pas prêts à rejoindre ceux qui estiment qu'il faut expliquer aux Français que le système de protection sociale doit être moins protecteur. Au coeur de cette négociation, il y aura les questions du financement, de la responsabilisation de tous à l'intérieur du système, de l'équilibre à trouver... "
La CGT va-t-elle modifier son attitude et augmenter ses exigences revendicatives ?
" Il y a un appel clair à changer d'orientation de la politique économique et sociale. Dans ce contexte nouveau, il est évident que les organisations syndicales ont une responsabilité particulière. Mais notre action n'est pas indexée sur les échéances politiques. J'ai pris contact avec mes homologues afin de nous rencontrer dans les prochains jours, pour discuter de la situation et évaluer nos capacités d'initiative unitaire. Si le gouvernement maintient son cap, et ce quoi qu'en pensent les Français, nous aurons des conflits majeurs dans la prochaine période. C'est ce qu'indiqueront les manifestations du samedi 3 avril pour la défense des droits sociaux en Europe ".
(source http://www.tresor.cgt.fr, le 31 mars 2004)
Bernard Thibault.- " Dès lors que la majorité avait fait le choix d'animer ses listes avec des ministres, exemples et symboles de la politique gouvernementale, il était inéluctable qu'apparaisse le côté national de la consultation. J'avais déclaré entre les deux tours, et cela apparaît encore plus évident au lendemain du 28 mars, que la critique de cette politique était au centre du scrutin. On peut y voir l'appel à un changement de cap dans la politique économique et sociale. Que le gouvernement soit composé des mêmes ou que d'autres se retrouvent aux manettes, cela est secondaire au regard des exigences de nos concitoyens. Il apparaît néanmoins opportun de changer l'équipe même si cela n'est pas le point essentiel. Le gouvernement traîne comme un boulet le fait d'avoir légiféré à l'abri de sa majorité parlementaire pour la réforme des retraites. Il s'est voilé la face sur les conditions exceptionnelles dans lesquelles le président de la République a été élu en 2002. Il ne pouvait pas se prévaloir d'une majorité d'adhésion à sa politique économique et sociale ".
Quels vont être les changements dans la situation sociale, selon vous ?
" Les représentants du gouvernement entretiennent un faux débat entre les partisans de la réforme et les immobilistes. On en revient en permanence à ce même rituel : déjà, en 1995, c'était "le plan Juppé ou la fin du monde". Ce qui revient à dire que seules les réformes défendues par le gouvernement sont crédibles. Qu'il y ait des réformes à faire, bien sûr, mais pour quel objectif ? Tout n'est pas à réformer. Il n'y a aucune raison objective de s'orienter vers la privatisation d'une entreprise publique comme EDF, ou encore d'élaguer les droits des salariés prévus dans le code du travail ".
La négociation en cours sur le traitement social des restructurations peut-elle aboutir ?
" Je ne vois pas, au stade actuel, quel syndicat peut accepter le chantage qu'exerce le Medef. "
Les discussions sur l'assurance maladie vont-elles se trouver modifiées par les élections ?
" Premier aspect, il faut que soit intégrée la dimension de la négociation. Et que le gouvernement ne reprenne pas le schéma des retraites, qui consiste à nous écouter mais à définir les orientations sans tenir compte de l'avis des organisations syndicales qui représentent la majorité des salariés. La Sécurité sociale appartient bien aux salariés. Aucun gouvernement, quel qu'il soit, ne peut s'arroger le droit de définir seul ce qui est bon ou mauvais en termes d'assurance maladie.
Nous souhaitons pouvoir négocier sur l'amélioration d'un dispositif solidaire. Nous ne sommes pas prêts à rejoindre ceux qui estiment qu'il faut expliquer aux Français que le système de protection sociale doit être moins protecteur. Au coeur de cette négociation, il y aura les questions du financement, de la responsabilisation de tous à l'intérieur du système, de l'équilibre à trouver... "
La CGT va-t-elle modifier son attitude et augmenter ses exigences revendicatives ?
" Il y a un appel clair à changer d'orientation de la politique économique et sociale. Dans ce contexte nouveau, il est évident que les organisations syndicales ont une responsabilité particulière. Mais notre action n'est pas indexée sur les échéances politiques. J'ai pris contact avec mes homologues afin de nous rencontrer dans les prochains jours, pour discuter de la situation et évaluer nos capacités d'initiative unitaire. Si le gouvernement maintient son cap, et ce quoi qu'en pensent les Français, nous aurons des conflits majeurs dans la prochaine période. C'est ce qu'indiqueront les manifestations du samedi 3 avril pour la défense des droits sociaux en Europe ".
(source http://www.tresor.cgt.fr, le 31 mars 2004)