Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux d'avoir l'occasion de vous saluer ce matin, car votre réunion s'inscrit au coeur de mes préoccupations actuelles.
Au cours des siècles, la France et le Royaume-Uni, si proches géographiquement, ont souvent été en concurrence. Mais nos deux pays ont toujours su aussi faire face ensemble aux situations les plus critiques. La célébration du centième anniversaire de l'Entente cordiale est l'occasion de nous rappeler que la collaboration entre nos deux pays s'est toujours soldée par des résultats remarquables.
Vaincre le cancer est un nouveau défi que nos deux pays ont décidé relever, d'abord en développant chacun une structuration nationale de leur effort et plus récemment en articulant ces deux démarches à travers une collaboration bilatérale renforcée. Votre réunion d'aujourd'hui en est un vivant témoignage !
Au cours des dix dernières années la nature de la recherche en biologie à profondément changé. Le séquençage des génomes a conduit à appréhender l'ensemble des processus du vivant et à mener ainsi des projets à grande échelle. Différentes plate-formes, essentielles pour les nouvelles études de génomique fonctionnelle, ont dû être développées.
Étudier l'expression d'un gène et la fonction de son produit a ainsi conduit à des résultats remarquables dans certains domaines, mais s'est souvent aussi avéré insuffisant. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine du cancer.
Dans certains cancers, les lymphomes notamment, un simple dérèglement d'un gène conduit à la prolifération d'un seul type cellulaire. Des processus thérapeutiques ont pu être élaborés, qui ont donné des résultats remarquables, la cible unique visée étant définie et caractérisée.
En revanche, dans le cas des tumeurs solides, rien de tel n'a pu être mis en oeuvre, la complexité des systèmes abordés étant en général infiniment plus grande. Si des marqueurs pronostiques ont pu être caractérisés, de grands progrès restent à réaliser, mettant en jeu recherche cognitive et recherche clinique.
Pour faire face à ces enjeux nos deux pays se sont donnés les moyens pour réorganiser leurs systèmes de recherche en cancérologie. Le Royaume-Uni, au travers du National Cancer Research Institute (NCRI), a regroupé dès 2001 tous les acteurs impliqués : chercheurs, cliniciens, associations caritatives, ministères.
En France, il y a un an, le Président de la République a lancé le Plan Cancer et la création de l'Institut National du Cancer.
La première étape du Plan Cancer a été la structuration de sept cancéropôles qui regroupent les forces vives impliquées dans la recherche et le traitement des cancers. Cette initiative a suscité une réelle mobilisation des acteurs et des institutions. De très nombreux projets, qui regroupent chercheurs de laboratoire et cliniciens, sont en cours d'évaluation aujourd'hui même. Les ministères concernés ont consenti un effort financier important pour cette action, dans un contexte budgétaire difficile.
Parallèlement à cet effort thématique, le ministère chargé de la recherche souhaite promouvoir une politique volontariste de soutien à la recherche fondamentale, visant à élucider les différents mécanismes du vivant. C'est de là qu'émergeront la connaissance, la compréhension, la caractérisation de nouvelles cibles pharmacologiques, préalables essentiels au développement de nouveaux médicaments et de nouvelles stratégies diagnostiques ou thérapeutiques. De l'excellence du tissu de recherche fondamentale dépend la qualité des soins de demain !
La recherche biomédicale représente l'un des défis majeurs du 21ème siècle. Quoi de plus exaltant pour vous, jeunes chercheurs, que de faire avancer la connaissance afin de décrypter les mécanismes du vivant et d'aboutir à des avancées majeures dans le domaine de la santé humaine. Vaincre le cancer est un objectif lointain, mais la mobilisation des plus brillants des jeunes esprits, que vous représentez cependant, nous permettra de faire de grands pas sur ce long chemin.
Votre mobilisation, conjointe en France et au Royaume-Uni, doit être un signe fort, à la fois pour la construction d'une Europe de la recherche et pour la place que les chercheurs doivent occuper dans notre société. Elle doit être mieux reconnue, car vous portez les espoirs de demain !
Votre métier est difficile, en compétition permanente dans un monde où de plus en plus de moyens sont affectés à la recherche biomédicale. Il nous faut donc pour rester compétitif établir des coopérations et mettre en place des réseaux de recherche. Dans le cadre des appels d'offre de l'Union Européenne, les résultats dans le domaine " Cancer " ont été en deçà de nos espoirs. Il m'apparaît donc essentiel que de jeunes chercheurs puissent se rencontrer plus souvent, afin de mieux se connaître et de mieux préparer des projets de collaboration pour les futurs appels d'offre.
Cette réunion de travail, organisée dans le cadre de la célébration du centenaire de l'Entente Cordiale, doit être le point de départ de futur projets compétitifs menés conjointement par nos deux pays.
Je vous souhaite à tous un bon séjour à Paris et un colloque très fructueux.
(Source http://www.recherche.gouv.fr,le 11 juin 2004)