Déclaration de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, en réponse à une question d'actualité à l'Assemblée nationale sur l'aide humanitaire française apportée à Haïti après le passage de la tempête Jeanne du 19 septembre et l'appui de la France au maintien de la paix civile dans ce pays, Paris le 6 octobre 2004.

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Circonstance : Questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le 6 octobre 2004

Texte intégral

Vous savez comme moi le tragique bilan après le passage de la tempête Jeanne en Haïti (19 septembre 2004) : 1.514 morts, 952 disparus, 2.600 blessés ; 300.000 personnes touchées par les inondations.
Et au plan politique, la situation est préoccupante avec des attaques de groupes armés proches d'Aristide les 29 et 30 septembre à Port-au-Prince qui ont causé 9 morts.
Comme vous le savez, des liens historiques et forts unissent la France et Haïti. C'est pourquoi nous sommes résolument intervenus aussi bien au plan humanitaire que politique :
I / Au plan humanitaire
Quels sont les besoins actuellement ?
- Le rétablissement de l'ordre et de la sécurité pour permettre la distribution de l'aide à ceux qui en ont le plus besoin ;
- la sécurisation par les casques bleus de la MINUSTAH des points de distribution de l'aide à Gonaïves ;
- il faut surtout de l'eau potable, c'est dans ce secteur que la France a décidé principalement d'agir ;
- il faut aussi de la nourriture : le Programme alimentaire mondial (PAM) a besoin de 8 000 tonnes pour les 6 mois à venir.
S'agissant de la contribution française, la France a apporté une aide totale à Haïti de 516 000 euros, dont 226 000 euros ont été financés directement par le Fonds d'urgence humanitaire, dont j'ai la responsabilité.
Nous avons livré :
- des rations alimentaires ;
- du matériel de traitement de l'eau grâce à l'aide d'Aquassistance, de Carrefour, de Véolia, que je tiens à remercier ;
- et des kits médicaux (366 000 euros).
Je tiens à souligner le fort engagement de nos départements de la Guadeloupe et de la Martinique : des tentes et du matériel d'urgence qui étaient stockés sur place ont été transportés en Haïti.
II / Au plan politique
Vous connaissez les efforts que la France a accomplis, d'abord pour hâter le dénouement de la crise puis pour aider Haïti à s'engager sur la voie de la réconciliation et de la reconstruction.
Nous nous sommes résolument engagés à aider Haïti à sortir de la crise.
Nous soutenons le travail courageux de l'équipe de transition dirigée par le Premier ministre Latortue.
Nous avons été les premiers à solliciter du Conseil de sécurité de l'ONU l'envoi d'une force multinationale. C'est pourquoi nous avons fortement appuyé, avec les Etats-Unis et le Canada, la résolution 1542 qui a permis la mise en place des Casques bleus des Nations Unies (MINUSTAH) en juin dernier. De nombreux policiers et gendarmes français - environ 80 - y participent.
Nous contribuons à l'effort de redressement économique. J'ai annoncé notre contribution de 70 millions d'euros lors de la conférence des donateurs à Washington, à laquelle j'ai participé en juillet dernier.
Les visites françaises en Haïti se sont succédées au cours de ces derniers mois, ce qui témoigne de notre forte implication pour ce pays : ma collègue la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, y est allée en avril. Le ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, s'y est rendu deux fois au mois de mai.
Je me suis moi-même rendu à Port-au-Prince début septembre, dans les conditions que vous savez. J'y ai confirmé le total appui de la France et le suivi que nous apportons à l'évolution de la situation haïtienne.
III / Les Caraïbes
Concernant la Grenade, la Jamaïque, et la République Dominicaine, la France a réagi immédiatement. L'ensemble des services de l'Etat se sont mobilisés (Marine nationale, département d'outre-mer...).
Entre les actions menées sous l'impulsion du Quai d'Orsay, les dons collectés en Martinique et en Guadeloupe, et les contributions françaises se montent respectivement à 225 000 euros (Grenade), 236 000 euros (Jamaïque) et 24 000 euros (République Dominicaine).
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 octobre 2004)