Déclaration de M. François d'Aubert, ministre délégué à la recherche, sur la recherche thérapeutique, Paris le 4 mai 2004.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Premier forum du Leem Recherche à Paris le 4 mai 2004

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de venir aujourd'hui participer à ce premier forum du Leem Recherche et je voudrais remercier Monsieur Pierre Le Sourd pour son sympathique accueil. Je tiens, par ma présence ce matin, à marquer d'emblée mon plus grand intérêt et mon total soutien à cette initiative du Leem, de créer en France une structure spécifique dédiée l'encouragement de la recherche thérapeutique.
Cette nouvelle entité, le Leem Recherche, à la fois " think tank " à l'anglo-saxonne et force de promotion, intervient sur un terrain où nous avons le plus grand besoin des propositions concrètes et de la mobilisation conjointe des acteurs publics et privés. Dès ce matin, les intervenants individuels, puis les participants aux différents ateliers, contribueront à une réflexion qui est plus que jamais nécessaire. En cette période délicate où nous constatons un affaiblissement relatif du secteur de la recherche pharmaceutique en France et une croissance économique globale faible, ce qui limite la capacité d'intervention publique, les vraies bonnes idées, à la fois ambitieuses et pragmatiques, sont les bienvenues.
Au cours des deux dernières années, le Gouvernement a déjà démontré sa volonté de créer un environnement plus favorable à la recherche thérapeutique, notamment vis-à-vis des acteurs industriels.
Je pense d'abord au Plan innovation, élaboré par Claudie Haigneré et Nicole Fontaine, qui a promu des mesures fortes concernant notamment le crédit impôt recherche et le statut de la jeune entreprise innovante, statut qui peut bénéficier en particulier au secteur des biotechnologies.
Je pense aussi à l'accord cadre récemment signé, entre le Leem et le Comité Economique des Produits de Santé (CEPS), qui, par une politique de prix adaptée, conforte la recherche sur les médicaments innovants utilisés à l'hôpital.
Enfin, sur un autre plan, la loi de bioéthique et la loi sur la politique de santé publique, qui sont en passe d'être adoptées, vont moderniser le dispositif réglementant les essais cliniques, mieux l'adapter au contexte international et vont ouvrir de nouveaux champs de recherche. [Par exemple, en ce qui concerne les cellules souches embryonnaires humaines, les premières applications à court terme pourraient concerner le criblage de molécules thérapeutiques et leur analyse toxicologique sur des modèles cellulaires mieux adaptés.]
Mais je suis bien conscient, après à peine un mois passé dans mes nouvelles fonctions, que ces premières dispositions sont encore insuffisantes pour créer en France toutes les conditions d'une relance énergique de l'innovation thérapeutique.
Certaines voies d'action doivent être amplifiées. D'autres leviers doivent aussi être identifiés et actionnés, et je compte naturellement sur la contribution du Leem Recherche dans cette tâche ardue. Déjà, des propositions intéressantes sont à l'étude pour permettre de mieux catalyser la synergie entre la recherche publique, source de nouveaux concepts et de ruptures technologiques, et la recherche privée, qui allie le professionnalisme et les moyens financiers requis pour le développement industriel des nouveaux médicaments.
Que ce soit par le biais de fondations dédiées, dans lesquelles l'État a décidé de mettre des moyens significatifs en 2004, ou par le biais de nouvelles sociétés d'interface, une meilleure articulation apparaît indispensable entre le monde des savants, qui travaillent dans les laboratoires publics, et le monde de l'innovation thérapeutique industrielle.
L'amélioration de cette articulation ne nous exonérera cependant pas d'un travail d'optimisation, centré cette fois sur la recherche publique.
La recherche et l'innovation dans le domaine du médicament, et plus généralement dans le domaine de la santé, répondent à une attente aiguë, largement exprimée par nos concitoyens. Afin de mieux répondre à cette demande, et afin de maintenir la forte dynamique économique qui en résulte, les laboratoires pharmaceutiques ont su entreprendre de formidables restructurations, dont l'exemple le plus récent est la fusion annoncée entre les champions français Sanofi-Synthélabo et Aventis.
La recherche publique, bien que soumise à des logiques d'évolution différentes, doit savoir aussi conduire une modernisation d'ampleur. François Fillon et moi-même nous sommes déjà attelés à cette tâche, en rétablissant d'abord un dialogue plus serein avec la communauté scientifique. Comme beaucoup d'entre vous, je crois au rôle déterminant de l'attractivité de la recherche publique pour l'essor de la recherche pharmaceutique. Je suis donc convaincu que la dynamique de modernisation de la recherche publique française, qui sera inscrite dans la loi d'orientation et de programmation pour la recherche, est un facteur essentiel pour relancer l'innovation thérapeutique dans notre pays.
Je serai particulièrement attentif aux propositions qui sortiront de vos échanges et de vos réflexions, et je les attends avec grand intérêt et, j'ose le dire, impatience.
Je voudrais maintenant vous souhaiter une bonne matinée de travail et je renouvelle tous mes voeux de succès au tout jeune Leem Recherche.
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 mai 2004)