Déclaration de M. François d'Aubert, ministre délégué à la recherche, sur la recherche en neurosciences et l'organisation de la recherche publique, Paris le 11 mai 2004.

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Circonstance : Colloque "Nouvelles approches en neurosciences et maladie du système nerveux central" à Paris le 11 mai 2004

Texte intégral

Monsieur le Président,
Madame la Secrétaire perpétuelle,
Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un immense plaisir que de vous rendre cette première visite, à l'Académie des sciences, à peine quelques semaines après ma prise de fonction. J'ai déjà rencontré certains d'entre vous, récemment au Ministère, mais j'ai voulu saisir l'occasion de ce prestigieux colloque, consacré aux Neurosciences et maladies du système nerveux central, pour venir m'adresser à un cercle plus large, à la fois d'Académiciens et de scientifiques renommés.
Je tiens donc à remercier Mme Nicole le Douarin pour son aimable invitation, ainsi que les organisateurs de ce superbe événement scientifique, qui associe aussi l'Académie nationale de médecine et l'Académie des sciences médicales du Royaume-Uni.
Que ce soit à travers l'organisation de colloques, tel celui qui nous réunit aujourd'hui, à travers la publication de ses comptes-rendus réguliers, ou encore à travers la préparation de rapports, dont ceux sur la science et la technologie élaborés à la demande du ministère chargé de la recherche, l'Académie des sciences remplit sa mission fondamentale d'animation au meilleur niveau de la communauté scientifique française.
Le récent rapport sur la science et la technologie, coordonné par le Professeur Henri Korn, consacré aux "Neurosciences et maladies du système nerveux", est un exemple parmi tant d'autres de l'excellent travail de bilan et de synthèse conduit au sein de l'Académie. L'autorité scientifique et l'indépendance de cette assemblée lui donnent la légitimité d'élaborer un corpus de connaissances validées et régulièrement mis à jour. Ces connaissances sont bien sûr d'abord destinées à vos pairs, pour leur travail de veille scientifique et d'accès à de nouveaux champs de recherche, mais elles doivent aussi bénéficier, dans une forme plus accessible, au grand public curieux et aux responsables politiques.
Sans sacrifier la rigueur scientifique, la qualité pédagogique de certains des rapports de l'Académie oeuvre très utilement pour la diffusion de la culture scientifique dans notre pays, à laquelle je suis particulièrement attaché. Je tiens à vous féliciter pour ce travail collectif et je souhaite vivement que cette mission tournée vers notre société et son avenir reste au coeur de vos préoccupations.
Ma visite d'aujourd'hui coïncide, à un jour près, avec la publication d'un nouveau rapport de l'Académie des sciences, consacré à la "Structure de la recherche scientifique publique". Ce texte de proposition, coordonné par le Professeur Jean-François Bach, comporte de nombreuses pistes pour une meilleure organisation de la recherche publique dans notre pays. Dans cette période de préparation de la loi d'orientation et de programmation pour la recherche, que le Président de la République a souhaitée pour la fin de l'année, cette contribution légitime de l'Académie des sciences est plus que jamais opportune. Elle s'inscrit naturellement dans le débat national coordonné par le comité d'initiative et de proposition, mis en place sous l'impulsion du Président et du Vice-Président de l'Académie.
Il est beaucoup trop tôt pour décerner un satisfecit à telle ou telle recommandation issue de ce rapport, mais je voudrais d'emblée souligner à quel point j'en partage le constat de base. Nos structures de recherches et nos modes de gestion, figés depuis de trop nombreuses années, doivent nécessairement évoluer pour nous adapter à une compétition internationale de plus en plus incontournable. Je tiens à remercier tous ceux qui ont participé à la préparation de ce nouveau rapport pour avoir su travailler sans idée préconçue et sans tabou.
Sachez que François Fillon et moi-même sommes déjà mobilisés pour analyser ce document, ainsi que tous ceux qui nous parviennent, provenant notamment des différentes instances scientifiques et des organismes de recherche du pays. Chacune de ces contributions enrichit le débat national piloté par le comité d'initiative et de proposition. A l'issue des États généraux de la recherche, qui se tiendront au cours de cette année, il nous appartiendra de proposer au Gouvernement, à la communauté scientifique et à nos concitoyens un projet de loi d'orientation et de programmation pour la recherche qui soit à la hauteur de l'ambition que chacun de nous souhaite pour la recherche française.
Cet immense travail de débat, de concertation et de préparation, sur le cadre général de l'évolution des structures et des moyens de la recherche scientifique de notre pays, cette réflexion générale ne doit pas nous exonérer d'une réflexion plus spécifique sur les champs thématiques de recherche qui nous paraissent devoir faire l'objet d'une attention particulière.
A l'occasion de la remise du rapport "Neurosciences et maladies du système nerveux", en novembre, Mme Claudie Haigneré vous avait déjà transmis un message d'encouragement, évoquant la place privilégiée des neurosciences dans la réflexion sur la recherche biomédicale.
Il me paraît inutile, devant le parterre prestigieux réuni pour ce colloque, qui est aux avant-postes de la recherche en neurosciences, de plaider le bien-fondé de cette initiative. Je résumerai donc notre conviction partagée par une simple formule : comprendre le cerveau et soigner ses maladies représentent un enjeu majeur pour le 21ème siècle, du triple point de vue de la connaissance, de la technologie et de la santé publique.
Je suis aussi venu aujourd'hui pour réaffirmer ma volonté de donner aux neurosciences et à leurs applications face aux maladies du cerveau un haut degré de priorité dans la programmation des moyens pour l'année 2005 et au-delà. Sur la base du rapport de novembre 2003, un groupe de travail a été mis en place sous l'égide du ministère pour préciser les pistes d'action qui pourront redonner à la France une place de choix dans les neurosciences fondamentales et appliquées. Ce groupe de travail m'a remis cette semaine ses premières recommandations, que je vais analyser avec beaucoup d'attention et d'intérêt.
Je laisse maintenant la place à la science en marche et vous souhaite encore, après la journée d'hier et la matinée d'aujourd'hui, deux belles demi-journées d'interaction fructueuse. Bon colloque et bon travail !
(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 12 mai 2004)