Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, à l'occasion du bicentenaire de la mort du général Desaix, Ayat-sur-Sioule le 17 juin 2000.

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Circonstance : Bicentenaire de la mort du général Desaix, Ayat-sur-Sioule (Puy-de-Dôme) le 17 juin 2000

Texte intégral

Monsieur le ministre,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du conseil général,
Messieurs les députés,
Monsieur le Maire,
(Monsieur le Prince Napoléon ?)
Mesdames et messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer un homme remarquable, qui était à la fois un général brillant et un citoyen exemplaire. Mort en 1800, à seulement 32 ans, sur le champ de bataille de Marengo, dont il a permis d'assurer la victoire, le général DESAIX était promis à un carrière exceptionnelle après avoir déjà accompli nombre d'exploits et de missions pour la France et la République.
Il est de notre devoir de raviver la mémoire d'un tel homme, qui par son engagement pour la Nation, a incarné des valeurs qui restent aujourd'hui pour nous des exemples : au delà de sa valeur militaire, je voudrais réfléchir sur le courage et les vertus morales de ce chef militaire, loyal, droit et épris de justice.
Aujourd'hui, au moment où la France se dote d'une armée professionnelle en symbiose étroite avec notre société, l'exemple du général DESAIX est comme un symbole du lien qui existe entre les armées et la Nation. Célébrer la mémoire d'un général exceptionnel et d'un citoyen loyal, ce n'est pas seulement accomplir un devoir de mémoire, c'est aussi entretenir, par une mémoire vivante, le lien entre la Nation, et en particulier sa jeunesse, et les armées.
C'est ce qu'ont bien compris tous ceux qui ont joint leurs efforts pour organiser les commémorations du bicentenaire. Je veux leur rendre hommage et leur dire qu'ils sont un exemple d'engagement civique et de clairvoyance.
Formé à l'art militaire dès son plus jeune âge, sous-lieutenant à l'âge de 15 ans, le jeune et brillant officier Louis-charles Des Aix, déjà remarqué pour ses qualités, choisit en 1789 de servir le nouveau régime, dans lequel il retrouve les idéaux de justice qui ne cesseront de l'animer.
Ayant rejoint l'état-major de l'armée du Rhin, il se signale rapidement par son courage et ses capacités de tacticien, ce qui lui vaut d'être en 1793, à 25 ans général de brigade, puis l'année suivante général de division. Ses qualités militaires remarquables le font accéder à de hautes responsabilités dans la campagne d'Egypte, lors de laquelle il s'illustre de manière brillante en remportant une victoire décisive sur les Mamelouks de Mourad Bey, lors de la fameuse bataille des pyramides.
Après ces hauts faits militaires, on retrouve en Desaix le responsable républicain guidé par le sens de l'égalité et de la justice, car, chargé d'organiser l'Egypte qu'il a conquise, dans une aventure politique, administrative et scientifique, qui continue de passionner les historiens, il se révèle un administrateur et un organisateur hors pair. Son sens de l'équité et son humanité impressionnent les Egyptiens, dont certains le surnomment alors le " sultan juste ".
Sa modestie et ses qualités militaires, associant courage et sens tactique, lui valent la confiance de Napoléon Bonaparte, devenu Premier Consul, qui lui confie le commandement de deux divisions. De retour en France, engagé aussitôt dans la nouvelle campagne d'Italie, il va cependant voir son élan brisé : le 14 juin, quittant ses positions, marchant au canon vers le champ de bataille, il transforme un début de défaite à Marengo en victoire, mais il est tué d'une balle au cur au combat.
Loyal avant tout à la France, le général DESAIX n'a eu de cesse que de servir la patrie avec courage et sagesse, démontrant dès le plus jeune âge une rare aptitude aux hautes responsabilités. Dans une époque troublée, et en assumant une rupture avec son milieu, il a fait un choix sans équivoque en faveur de la République, en mettant ses qualités à son service.
Nous célébrons aujourd'hui, près de son lieu de naissance, le parcours exemplaire de cet officier qui fut aussi un citoyen modèle. Nous aurions pu également le célébrer au pied de l'Arc de Triomphe, où son nom est inscrit.
En rendant aujourd'hui hommage au général DESAIX, j'ai souhaité aider ceux qui uvrent à maintenir sa mémoire vivante et souligner son dévouement à la patrie et son sacrifice car ils font partie de notre histoire commune : ils méritent d'être rappelés aux jeunes car ce sont de tels hommes et de tels actes qui ont construit le lien qui aujourd'hui unit les armées et la nation.
Je remercie les organisateurs de la commémoration d'aujourd'hui. Je leur souhaite plein succès dans leur manifestation, et je leur redis la volonté du Gouvernement de mettre en pratique les valeurs républicaines qu'ils servent avec dévouement.
(Seul le prononcé fait foi)

(source http://www.defense.gouv.fr, le 21 juin 2000)