Texte intégral
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames et messieurs les auditeurs,
C'est une réelle satisfaction pour moi d'être devant vous aujourd'hui à l'occasion de la clôture de cette 36ème session nationale du Centre des Hautes Etudes de l'Armement (CHEAr). C'est aussi avec un grand intérêt que j'ai pris connaissance de vos réflexions sur un thème, " la mondialisation et l'armement ", qui est au coeur des réflexions du ministère.
Aborder le thème de la mondialisation, c'est en effet réfléchir sur les nouvelles réalités contemporaines, qui s'affirment depuis quelques années aux plans géostratégique, économique, social ou encore technologique : la politique de défense de la France, c'est-à-dire à la fois la posture stratégique du pays et l'organisation de nos forces militaires, doit désormais les prendre en compte.
Une évolution majeure nous concerne au premier chef, c'est celle de la mondialisation et de la globalisation des activités de tout ordre - et le principal enjeu de cette session a été d'éclairer la portée de ce phénomène sur notre politique de défense et sur notre armement. Cette tendance lourde existe dans tous les domaines.
De nouvelles menaces et de nouvelles formes de conflits s'affirment, consécutives à l'instabilité de sociétés en transition qui entraînent notamment des réactions identitaires violentes, influencées aussi par l'accroissement de la prolifération des armes et la persistance des terrorismes.
La multiplicité des potentialités de crises exige donc de nouveaux modes de surveillance, de prévention et de gestion des crises. Ainsi, Le contexte stratégique d'emploi de nos forces se caractérise par des missions de plus en plus diversifiées et complexes, allant du combat classique en haute intensité dont il faut conserver le savoir faire, jusqu'aux actions de maîtrise de la violence et de soutien à la prévention et à la sécurité, dans le cadre d'objectifs politico-humanitaires.
Pour répondre à ce contexte stratégique nouveau, les Etats européens ont décidé de doter l'Union européenne d'une capacité d'action autonome soutenue par des forces militaires crédibles. Concrètement, les Etats membres se sont fixé comme objectif global d'être en mesure, d'ici 2003, de déployer en 60 jours sur une durée au moins égale à un an et hors du territoire de l'Union, une force de réaction rapide de l'importance d'un corps d'armée, soit cinquante à soixante mille hommes. Ce nombre représente pour nous le besoin plausible de déploiement de forces terrestres par l'Union dans une crise régionale, et comprend les unités de combat, d'appui et de soutien en vue de mener à bien l'ensemble des missions dites de Petersberg, c'est-à-dire le maintien de la paix, le rétablissement de la paix ou encore des missions humanitaires. Cette démarche ne remet pas en cause le rôle de l'OTAN qui reste le fondement de notre défense collective.
Dans ce cadre, le premier objectif de la présidence française de l'Union Européenne qui débutera en juillet sera de terminer la définition des capacités opérationnelles concrètes nécessaires à la mise en place de cette force européenne. Ces travaux préliminaires devraient ensuite aboutir à l'automne à une " conférence " de génération de force qui verra les différents pays s'engager concrètement et de manière coordonnée sur leur contribution militaire à l'objectif global. A partir de cet accord, nous pourrons tracer les jalons pour la mise en place de la totalité de nos capacités. Au terme de cet exercice, la comparaison des capacités et des forces requises avec l'existant fera apparaître des " lacunes " qu'il conviendra de combler. En cela, la mise en place d'une force européenne de réaction rapide aura donc un impact sur les politiques d'acquisition et donc sur l'industrie de défense. Je compte donc mener une concertation avec mes homologues dans le cadre de l'élaboration de la prochaine loi de programmation militaire pour commencer à tenir compte du résultat de cette conférence de génération de forces.
Le lien entre la politique des Etats en matière d'Europe de la Défense et une démarche volontariste en matière d'armement est donc direct et déterminant.
La dimension industrielle doit nécessairement accompagner la dimension politico-militaire ; elle donnera à l'Europe de la défense le fondement technique et industriel qui lui est indispensable pour jouer son rôle dans l'Alliance et dans le monde, et contribuera à sa cohérence. Elle doit donc faire l'objet d'une approche commune, et ce pour trois raisons essentielles.
C'est d'abord une nécessité opérationnelle, qui garantira l'interopérabilité et favorisera la mise en place d'une logistique commune dans les interventions (l'exemple de l'A400M l'illustre parfaitement) ; c'est une nécessité économique, car elle permettra de faire face aux réductions des dépenses consacrées à l'armement ; c'est enfin une nécessité industrielle pour donner à nos industriels un marché européen et leur permettre de faire face au renforcement de la concurrence sur le marché internationale, notamment américaine.
Au plan industriel, la mondialisation conduit également à de profonds changements et de nombreuses restructurations : je partage vos conclusions sur la nécessité pour nos industries d'avoir désormais une approche mondiale des marchés et de développer des stratégies d'alliances, en premier lieu européennes sans exclure des coopérations au-delà de l'Europe.
Le bilan des restructurations de l'industrie française et européenne depuis 3 ans est très largement positif : la création d'EADS sera effective dans les prochaines semaines ; le pôle d'électronique professionnel et de défense Thomson CSF conforte quant à lui son assise européenne par son rapprochement avec le groupe Racal. L'annonce de l'alliance commerciale, de THOMSON et de la DCN, en vue d'améliorer leur capacité d'exportation et de réaliser les programmes européens en coopération est un autre signe de la poursuite de cette dynamique. Désormais, nos groupes européens peuvent faire entendre leur voix dans la compétition mondiale, en particulier avec nos partenaires d'outre-atlantique. Des perspectives de collaboration s'ouvrent avec des groupes américains ce dont je me réjouis.
Dans ce contexte renouvelé, l'Etat doit revoir le mode d'exercice de sa tutelle sur une industrie de défense devenue européenne. C'est une de mes priorités. Vos contributions sont dans ce contexte très utiles à la réflexion commune. J'ai en particulier noté vos recommandations quant à la nécessité pour l'Etat de garder la capacité d'agir sur les entreprises de défense (directement en tant qu'actionnaire ou indirectement par le soutien à l'export et la politique de R D). Je partage votre sentiment tout en considérant que cette " tutelle modernisée " ne doit pas conduire l'Etat à s'impliquer dans la gestion quotidienne de ces entreprises mais plutôt à orienter leur stratégie et à veiller au maintien des capacités technologiques nécessaires pour préparer l'avenir.
S'il est vrai que les industriels doivent s'organiser, il importe aussi que les Etats accompagnent de leur côté ce mouvement de restructuration.
Un premier axe de l'action de l'Etat consiste à réduire les barrières administratives, qui freinent la constitution de sociétés transnationales de défense. Nous avons entendu les demandes en ce sens des industriels. La démarche induite par la LoI (Letter of Intent) signée par les 6 pays européens les plus concernés par l'industrie de défense, (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Suède), devrait aboutir, sans doute à l'occasion du salon de Farnborough.
En matière de programmes en coopération, des avancées récentes sont à souligner, avec les décisions positives prises récemment sur de grands programmes ou projets en coopération (NH90, A400M, Méteor) ou la montée en puissance de l'OCCAR, qui mène une conduite efficace et intégrée des programmes en coopération.
Je souhaiterais enfin vous sensibiliser sur l'importance de maintenir la part des investissements consacrés à la R D. En effet, dans le contexte de décroissance des budgets, il est important de rester vigilants sur la part des investissements de R D : c'est la garantie du maintien du haut niveau technologique et donc de notre capacité à disposer des technologies nécessaires pour préparer l'avenir. Dans ce domaine également, les Etats européens devront davantage harmoniser leurs besoins afin de mettre en commun leurs dépenses et leurs potentiels d'innovation, notamment à travers l'OCCAR.
Vous avez également étudié au cours de cette 36e session nationale les contraintes de respect de l'environnement dans le monde de la défense et les NTIC.
En matière d'environnement, je cherche à minimiser dans tous les cas les spécificités liées aux impératifs de la défense. Le ministère doit en effet appliquer dans toute la mesure du possible les politiques générales du Gouvernement en matière d'environnement. C'est un complément nécessaire pour la solidité de notre outil de défense. J'ai en particulier déjà pris des initiatives dans le domaine du nucléaire pour renforcer l'information et la transparence. Vos différentes propositions sont intéressantes, en particulier en ce qui concerne le développement au sein du Ministère de la Défense de démarches de management de l'environnement (norme ISO 1400).
Pour ce qui concerne les NTIC, j'ai bien noté vos recommandations qui visent toutes à proposer un renforcement de nos efforts pour maîtriser ces technologies. Tirées par les développements civils, les NTIC demandent le maintien d'une expertise forte au sein de l'Etat, ce qui n'est pas facile sur un marché de l'emploi très compétitif dans ce domaine. La protection de nos systèmes, qui ne peuvent pas être tous " fermés " par rapports aux supports de communication, dont Internet, demande une attention toujours plus forte à la sécurité, notamment en terme de cryptologie.
Au delà de l'intérêt que je porte au contenu même de vos travaux, je voudrais vous dire l'importance que j'attache à des formations d'excellence comme celle qu'offrent les sessions du CHEAr. A une époque où les impératifs de la refonte de nos forces armées exigent encore plus de professionnalisme, de performance et d'efficacité, que ce soit dans les armées, l'administration ou l'industrie, la formation acquiert une importance fondamentale.
L'intérêt principal de la formation proposée par le CHEAr dans le cadre de cette session nationale réside à mon sens dans la réunion, autour de questions d'armement, de responsables, issus de domaines aussi divers que les armées, l'administration, les sciences et technologies, l'économie.
En échangeant ainsi leurs expériences et confrontant leurs points de vue, les auditeurs sont à l'origine d'une réflexion large et fertile. Cette grande diversité est également très précieuse dans la mesure où elle favorise l'établissement de relations harmonieuses entre les différents responsables du monde de l'armement.
Le CHEAr constitue donc un carrefour, un lieu de rencontre privilégié où les 3 ensembles majeurs du secteur de l'armement (officiers, ingénieurs de la DGA et industriels) peuvent approfondir leur connaissance mutuelle, ce qui favorise le développement de l'esprit de partenariat que le ministère cherche à promouvoir dans un souci d'efficacité.
Ces échanges sont encore enrichis par la présence d'acteurs extérieurs, en provenance d'autres ministères, de grands organismes publics, et de la société civile, dont les représentants au sein de la session nationale sont de plus en plus nombreux. C'est, à mon sens, le signe d'une ouverture de notre institution, et plus largement de la communauté de défense, sur la société.
Les différentes sessions internationales mises en oeuvre par le CHEAr, comme la session européenne des responsables d'armement (SERA), la session des pays d'Europe centrale, orientale et baltique (SECOB), et au-delà de l'Europe, les sessions internationales du CHEAr, notamment celles organisées au profit des pays de l'Asie, permettent le développement de relations de confiance et de partenariat avec les pays, fondées sur une analyse commune des enjeux et problématiques de défense et de sécurité mondiaux.
Je souhaite pour conclure vous remercier une nouvelle fois pour la qualité de vos travaux qui constituent de précieuses contributions aux réflexions qui sont en cours eu sein de mon ministère et plus largement au sein du monde de la défense.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 28 juin 2000)
Mesdames et messieurs les auditeurs,
C'est une réelle satisfaction pour moi d'être devant vous aujourd'hui à l'occasion de la clôture de cette 36ème session nationale du Centre des Hautes Etudes de l'Armement (CHEAr). C'est aussi avec un grand intérêt que j'ai pris connaissance de vos réflexions sur un thème, " la mondialisation et l'armement ", qui est au coeur des réflexions du ministère.
Aborder le thème de la mondialisation, c'est en effet réfléchir sur les nouvelles réalités contemporaines, qui s'affirment depuis quelques années aux plans géostratégique, économique, social ou encore technologique : la politique de défense de la France, c'est-à-dire à la fois la posture stratégique du pays et l'organisation de nos forces militaires, doit désormais les prendre en compte.
Une évolution majeure nous concerne au premier chef, c'est celle de la mondialisation et de la globalisation des activités de tout ordre - et le principal enjeu de cette session a été d'éclairer la portée de ce phénomène sur notre politique de défense et sur notre armement. Cette tendance lourde existe dans tous les domaines.
De nouvelles menaces et de nouvelles formes de conflits s'affirment, consécutives à l'instabilité de sociétés en transition qui entraînent notamment des réactions identitaires violentes, influencées aussi par l'accroissement de la prolifération des armes et la persistance des terrorismes.
La multiplicité des potentialités de crises exige donc de nouveaux modes de surveillance, de prévention et de gestion des crises. Ainsi, Le contexte stratégique d'emploi de nos forces se caractérise par des missions de plus en plus diversifiées et complexes, allant du combat classique en haute intensité dont il faut conserver le savoir faire, jusqu'aux actions de maîtrise de la violence et de soutien à la prévention et à la sécurité, dans le cadre d'objectifs politico-humanitaires.
Pour répondre à ce contexte stratégique nouveau, les Etats européens ont décidé de doter l'Union européenne d'une capacité d'action autonome soutenue par des forces militaires crédibles. Concrètement, les Etats membres se sont fixé comme objectif global d'être en mesure, d'ici 2003, de déployer en 60 jours sur une durée au moins égale à un an et hors du territoire de l'Union, une force de réaction rapide de l'importance d'un corps d'armée, soit cinquante à soixante mille hommes. Ce nombre représente pour nous le besoin plausible de déploiement de forces terrestres par l'Union dans une crise régionale, et comprend les unités de combat, d'appui et de soutien en vue de mener à bien l'ensemble des missions dites de Petersberg, c'est-à-dire le maintien de la paix, le rétablissement de la paix ou encore des missions humanitaires. Cette démarche ne remet pas en cause le rôle de l'OTAN qui reste le fondement de notre défense collective.
Dans ce cadre, le premier objectif de la présidence française de l'Union Européenne qui débutera en juillet sera de terminer la définition des capacités opérationnelles concrètes nécessaires à la mise en place de cette force européenne. Ces travaux préliminaires devraient ensuite aboutir à l'automne à une " conférence " de génération de force qui verra les différents pays s'engager concrètement et de manière coordonnée sur leur contribution militaire à l'objectif global. A partir de cet accord, nous pourrons tracer les jalons pour la mise en place de la totalité de nos capacités. Au terme de cet exercice, la comparaison des capacités et des forces requises avec l'existant fera apparaître des " lacunes " qu'il conviendra de combler. En cela, la mise en place d'une force européenne de réaction rapide aura donc un impact sur les politiques d'acquisition et donc sur l'industrie de défense. Je compte donc mener une concertation avec mes homologues dans le cadre de l'élaboration de la prochaine loi de programmation militaire pour commencer à tenir compte du résultat de cette conférence de génération de forces.
Le lien entre la politique des Etats en matière d'Europe de la Défense et une démarche volontariste en matière d'armement est donc direct et déterminant.
La dimension industrielle doit nécessairement accompagner la dimension politico-militaire ; elle donnera à l'Europe de la défense le fondement technique et industriel qui lui est indispensable pour jouer son rôle dans l'Alliance et dans le monde, et contribuera à sa cohérence. Elle doit donc faire l'objet d'une approche commune, et ce pour trois raisons essentielles.
C'est d'abord une nécessité opérationnelle, qui garantira l'interopérabilité et favorisera la mise en place d'une logistique commune dans les interventions (l'exemple de l'A400M l'illustre parfaitement) ; c'est une nécessité économique, car elle permettra de faire face aux réductions des dépenses consacrées à l'armement ; c'est enfin une nécessité industrielle pour donner à nos industriels un marché européen et leur permettre de faire face au renforcement de la concurrence sur le marché internationale, notamment américaine.
Au plan industriel, la mondialisation conduit également à de profonds changements et de nombreuses restructurations : je partage vos conclusions sur la nécessité pour nos industries d'avoir désormais une approche mondiale des marchés et de développer des stratégies d'alliances, en premier lieu européennes sans exclure des coopérations au-delà de l'Europe.
Le bilan des restructurations de l'industrie française et européenne depuis 3 ans est très largement positif : la création d'EADS sera effective dans les prochaines semaines ; le pôle d'électronique professionnel et de défense Thomson CSF conforte quant à lui son assise européenne par son rapprochement avec le groupe Racal. L'annonce de l'alliance commerciale, de THOMSON et de la DCN, en vue d'améliorer leur capacité d'exportation et de réaliser les programmes européens en coopération est un autre signe de la poursuite de cette dynamique. Désormais, nos groupes européens peuvent faire entendre leur voix dans la compétition mondiale, en particulier avec nos partenaires d'outre-atlantique. Des perspectives de collaboration s'ouvrent avec des groupes américains ce dont je me réjouis.
Dans ce contexte renouvelé, l'Etat doit revoir le mode d'exercice de sa tutelle sur une industrie de défense devenue européenne. C'est une de mes priorités. Vos contributions sont dans ce contexte très utiles à la réflexion commune. J'ai en particulier noté vos recommandations quant à la nécessité pour l'Etat de garder la capacité d'agir sur les entreprises de défense (directement en tant qu'actionnaire ou indirectement par le soutien à l'export et la politique de R D). Je partage votre sentiment tout en considérant que cette " tutelle modernisée " ne doit pas conduire l'Etat à s'impliquer dans la gestion quotidienne de ces entreprises mais plutôt à orienter leur stratégie et à veiller au maintien des capacités technologiques nécessaires pour préparer l'avenir.
S'il est vrai que les industriels doivent s'organiser, il importe aussi que les Etats accompagnent de leur côté ce mouvement de restructuration.
Un premier axe de l'action de l'Etat consiste à réduire les barrières administratives, qui freinent la constitution de sociétés transnationales de défense. Nous avons entendu les demandes en ce sens des industriels. La démarche induite par la LoI (Letter of Intent) signée par les 6 pays européens les plus concernés par l'industrie de défense, (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Suède), devrait aboutir, sans doute à l'occasion du salon de Farnborough.
En matière de programmes en coopération, des avancées récentes sont à souligner, avec les décisions positives prises récemment sur de grands programmes ou projets en coopération (NH90, A400M, Méteor) ou la montée en puissance de l'OCCAR, qui mène une conduite efficace et intégrée des programmes en coopération.
Je souhaiterais enfin vous sensibiliser sur l'importance de maintenir la part des investissements consacrés à la R D. En effet, dans le contexte de décroissance des budgets, il est important de rester vigilants sur la part des investissements de R D : c'est la garantie du maintien du haut niveau technologique et donc de notre capacité à disposer des technologies nécessaires pour préparer l'avenir. Dans ce domaine également, les Etats européens devront davantage harmoniser leurs besoins afin de mettre en commun leurs dépenses et leurs potentiels d'innovation, notamment à travers l'OCCAR.
Vous avez également étudié au cours de cette 36e session nationale les contraintes de respect de l'environnement dans le monde de la défense et les NTIC.
En matière d'environnement, je cherche à minimiser dans tous les cas les spécificités liées aux impératifs de la défense. Le ministère doit en effet appliquer dans toute la mesure du possible les politiques générales du Gouvernement en matière d'environnement. C'est un complément nécessaire pour la solidité de notre outil de défense. J'ai en particulier déjà pris des initiatives dans le domaine du nucléaire pour renforcer l'information et la transparence. Vos différentes propositions sont intéressantes, en particulier en ce qui concerne le développement au sein du Ministère de la Défense de démarches de management de l'environnement (norme ISO 1400).
Pour ce qui concerne les NTIC, j'ai bien noté vos recommandations qui visent toutes à proposer un renforcement de nos efforts pour maîtriser ces technologies. Tirées par les développements civils, les NTIC demandent le maintien d'une expertise forte au sein de l'Etat, ce qui n'est pas facile sur un marché de l'emploi très compétitif dans ce domaine. La protection de nos systèmes, qui ne peuvent pas être tous " fermés " par rapports aux supports de communication, dont Internet, demande une attention toujours plus forte à la sécurité, notamment en terme de cryptologie.
Au delà de l'intérêt que je porte au contenu même de vos travaux, je voudrais vous dire l'importance que j'attache à des formations d'excellence comme celle qu'offrent les sessions du CHEAr. A une époque où les impératifs de la refonte de nos forces armées exigent encore plus de professionnalisme, de performance et d'efficacité, que ce soit dans les armées, l'administration ou l'industrie, la formation acquiert une importance fondamentale.
L'intérêt principal de la formation proposée par le CHEAr dans le cadre de cette session nationale réside à mon sens dans la réunion, autour de questions d'armement, de responsables, issus de domaines aussi divers que les armées, l'administration, les sciences et technologies, l'économie.
En échangeant ainsi leurs expériences et confrontant leurs points de vue, les auditeurs sont à l'origine d'une réflexion large et fertile. Cette grande diversité est également très précieuse dans la mesure où elle favorise l'établissement de relations harmonieuses entre les différents responsables du monde de l'armement.
Le CHEAr constitue donc un carrefour, un lieu de rencontre privilégié où les 3 ensembles majeurs du secteur de l'armement (officiers, ingénieurs de la DGA et industriels) peuvent approfondir leur connaissance mutuelle, ce qui favorise le développement de l'esprit de partenariat que le ministère cherche à promouvoir dans un souci d'efficacité.
Ces échanges sont encore enrichis par la présence d'acteurs extérieurs, en provenance d'autres ministères, de grands organismes publics, et de la société civile, dont les représentants au sein de la session nationale sont de plus en plus nombreux. C'est, à mon sens, le signe d'une ouverture de notre institution, et plus largement de la communauté de défense, sur la société.
Les différentes sessions internationales mises en oeuvre par le CHEAr, comme la session européenne des responsables d'armement (SERA), la session des pays d'Europe centrale, orientale et baltique (SECOB), et au-delà de l'Europe, les sessions internationales du CHEAr, notamment celles organisées au profit des pays de l'Asie, permettent le développement de relations de confiance et de partenariat avec les pays, fondées sur une analyse commune des enjeux et problématiques de défense et de sécurité mondiaux.
Je souhaite pour conclure vous remercier une nouvelle fois pour la qualité de vos travaux qui constituent de précieuses contributions aux réflexions qui sont en cours eu sein de mon ministère et plus largement au sein du monde de la défense.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 28 juin 2000)