Texte intégral
Une épidémie encore incontrôlée et sous estimée dans ses conséquences
- Aujourd'hui, près de 40 millions de personnes vivent avec le virus du VIH/SIDA dans le monde. Et 8000 en décèdent chaque jour. La maladie a balayé toute la planète, n'épargnant aucun pays ni aucune couche sociale, et a déjà tué plus de 20 millions de personnes.
- L'Afrique est le continent le plus sinistré -le Sida a fait chuter à 49 ans l'espérance de vie en Afrique australe-- mais l'Europe de l'Est connaît aussi une explosion des contaminations et l'Asie --Inde et Chine en tête-- est une préoccupation croissante.
- En plus de ce bilan humain, l'impact de l'épidémie a été largement sous estimé au plan économique et politique. En Afrique où la banque mondiale affirme que trente années de développement ont déjà été perdues à cause du sida, l'impact démographique et économique du Sida devient une des premières causes du retard de développement.
- A coté du SIDA, le paludisme tue également 3000 personnes chaque jour, dont 90 % en Afrique et 20 % d'enfants de moins de 5 ans. Sur ce continent, on estime à 1,3 points le retard de croissance engendré par la morbidité du paludisme.
- Je remercie mon homologue centre-africain le professeur Nestor Mamadounali, de venir témoigner de la mobilisation des dirigeants africains pour ces deux fléaux.
La mobilisation internationale : les atouts du fonds mondial
- A fléau mondial, remède mondial. En plus des efforts bilatéraux de chaque Etat, la communauté internationale ne cesse de se mobiliser pour enrayer l'épidémie, en particulier dans les pays émergents. Ainsi, le 6eme objectif du millénaire auquel a souscrit la communauté internationale pour les pays en développement consiste à réduire de moitié la progression de l'épidémie du VIH/ SIDA et du paludisme d'ici 2015.
- Pour cela L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé en 2003 un plan "3X5", qui prévoit la fourniture d'Anti RetroViraux à trois millions de malades des pays en développement d'ici la fin 2005.
- Et en 2002, a été créé le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, dont j'aimerai saluer le directeur général, le Dr Richard Feachem, ici présent. En deux ans, il a réussi le tour de force de réunir 4,7 milliards de dollars. Le Fonds est l'outil financier qui autorise des espoirs nouveaux dans ce domaine et nous sommes fiers d'avoir été dès l'origine parmi ceux qui ont défendu la création de cet instrument efficace et fondé sur le pragmatisme.
- Ce n'est pas un soutien moral. Le 16 juillet 2003, le Président de la République a annoncé le triplement de notre contribution au Fonds, qui passe ainsi, à compter de 2004, de 50 à 150 millions d'euros.
- Je voudrais ici rendre hommage à notre compatriote Michel Kazatchkine, qui a présidé le TRP (technical review panel) et qui est malheureusement retenu à l'étranger ce matin. Le rôle de ce comité d'examen des projets a été décisif pour asseoir la crédibilité du Fonds: 130 projets ont déjà été sélectionnés dans autant de pays, permettant de traiter 1,6 millions de personnes; au total, trois milliards de dollars a déjà été engagé dont 65 % sur le SIDA et 60 % en Afrique.
- En plus de sa contribution au fonds, la France a également lancé en 2002 un GIP baptisé Esther, dont mon ami Bernard Kouchner nous a fait l'honneur de prendre la présidence avec énergie et efficacité. Ce GIP délivre des traitements gratuits, avec une prise en charge totale du patient et de ses proches dans les pays émergents. En trois ans, près de 14 millions d'euros lui ont été confiés, venant s'ajouter aux 20 millions d'euros d'aide bilatérale que la coopération française du ministère des affaires étrangères consacre à cet enjeu.
- Le paludisme, lui aussi, fait l'objet d'une dotation de 256 millions d'euros du fonds mondial, et de 120 millions d'euros de l'OMS à travers l'initiative Roll Back Malaria.
Mais il reste tant à faire !
- La mobilisation de la communauté internationale est sans précédent, mais malheureusement, encore tellement insuffisante. Dans le monde, pour faire face à l'épidémie et traiter les malades, il faudrait de 7 à 10 milliards d'euros par, selon les calculs de l'ONUSIDA et de la commission macroéconomique de l'OMS.
Malgré nos efforts, nous en sommes encore loin.
- L'épidémie court toujours : le virus a encore été contracté l'an dernier par 4,8 millions de personnes, ce qui constitue la plus forte progression depuis l'apparition de la maladie. Le 21 septembre prochain, Jean-Pierre Raffarin se rendra à New York à l'assemblée générale de l'ONU, et tirera la sonnette d'alarme, alors que l'assemblée générale suivante, en septembre 2005, fera le compte de nos résultats dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.
- A ce sommet, la France portera également ce message : alors que l'épidémie est limitée dans les pays développés, elle continue de se répandre dans le monde en développement. Nous sommes là face à un enjeu majeur de développement et de cohésion Nord/Sud ; Xavier Darcos vous exposera ce clivage en détail tout à l'heure.
Nous devons réagir : Il faut accroître notre mobilisation ; pour cela la France s'engage :
- Par sa contribution au fonds mondial de 150 millions d'euros par an, qui fait de nous le deuxième pays donateur au monde après les Etats-Unis.
- Par son action bilatérale, dans le cadre du GIP Esther de B Kouchner, et de l'ensemble du réseau associatif et des professions de santé. A ce titre, j'en profite pour saluer l'action de l'association AIDS dont la directrice générale Hélène Rossert-Blavier est d'ailleurs la vice-présidente du conseil du fonds mondial, comme elle l'expliquera elle-même tout à l'heure.
- Par son plaidoyer pour un accès pour tous au traitement, plaidoyer lancé par le Président de la République dès 1997 dans son appel d'Abidjan: il n'y a pas de prévention et de dépistage efficace si les personnes infectées n'ont aucun espoir de traitement. En particulier, comment espérer que les mères assument leur séropositivité pendant leur grossesse et protègent leur enfant, si elles savent qu'une fois le nouveau né arrivé, elles ne pourront plus bénéficier de ce traitement ! La France se fera donc l'apôtre, sans relâche, dans l'ensemble des institutions internationales de la nécessité de ne plus opposer prévention et traitement.
- Par ailleurs, j'ai mis en place cette semaine sous l'autorité du Pr Kazatchine un groupe de haut niveau qui sera chargé de me faire des propositions, ainsi qu'au ministre délégué à la Recherche François d'Aubert, sur la coordination des efforts français et européens en matière de recherche d'un vaccin contre le SIDA. Cette initiative s'inscrit dans le prolongement des décisions prises par le G8 à Sea Island en juin dernier, en vue de la coordination des efforts internationaux dans ce domaine. La France et l'Europe doivent en effet mettre en uvre toutes leurs capacités pour y contribuer pleinement.
- Enfin, et c'est tout le sens de ma présence ici, ce matin, nous défendrons l'action du Fonds mondial à travers le Monde, en particulier dans sa capacité à réunir les efforts de tous, institutionnels ou privés, bilatéraux ou multilatéraux, pour enrayer les épidémies du VIH/ SIDA et du paludisme dans les pays émergents. Je tiens à remercier le groupe Publicis pour son engagement, et derrière lui, l'investissement personnel de son Président, Maurice Levy pour la campagne sur le Fonds Mondial qu'il vous présentera tout à l'heure.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 6 septembre 2004)
- Aujourd'hui, près de 40 millions de personnes vivent avec le virus du VIH/SIDA dans le monde. Et 8000 en décèdent chaque jour. La maladie a balayé toute la planète, n'épargnant aucun pays ni aucune couche sociale, et a déjà tué plus de 20 millions de personnes.
- L'Afrique est le continent le plus sinistré -le Sida a fait chuter à 49 ans l'espérance de vie en Afrique australe-- mais l'Europe de l'Est connaît aussi une explosion des contaminations et l'Asie --Inde et Chine en tête-- est une préoccupation croissante.
- En plus de ce bilan humain, l'impact de l'épidémie a été largement sous estimé au plan économique et politique. En Afrique où la banque mondiale affirme que trente années de développement ont déjà été perdues à cause du sida, l'impact démographique et économique du Sida devient une des premières causes du retard de développement.
- A coté du SIDA, le paludisme tue également 3000 personnes chaque jour, dont 90 % en Afrique et 20 % d'enfants de moins de 5 ans. Sur ce continent, on estime à 1,3 points le retard de croissance engendré par la morbidité du paludisme.
- Je remercie mon homologue centre-africain le professeur Nestor Mamadounali, de venir témoigner de la mobilisation des dirigeants africains pour ces deux fléaux.
La mobilisation internationale : les atouts du fonds mondial
- A fléau mondial, remède mondial. En plus des efforts bilatéraux de chaque Etat, la communauté internationale ne cesse de se mobiliser pour enrayer l'épidémie, en particulier dans les pays émergents. Ainsi, le 6eme objectif du millénaire auquel a souscrit la communauté internationale pour les pays en développement consiste à réduire de moitié la progression de l'épidémie du VIH/ SIDA et du paludisme d'ici 2015.
- Pour cela L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé en 2003 un plan "3X5", qui prévoit la fourniture d'Anti RetroViraux à trois millions de malades des pays en développement d'ici la fin 2005.
- Et en 2002, a été créé le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, dont j'aimerai saluer le directeur général, le Dr Richard Feachem, ici présent. En deux ans, il a réussi le tour de force de réunir 4,7 milliards de dollars. Le Fonds est l'outil financier qui autorise des espoirs nouveaux dans ce domaine et nous sommes fiers d'avoir été dès l'origine parmi ceux qui ont défendu la création de cet instrument efficace et fondé sur le pragmatisme.
- Ce n'est pas un soutien moral. Le 16 juillet 2003, le Président de la République a annoncé le triplement de notre contribution au Fonds, qui passe ainsi, à compter de 2004, de 50 à 150 millions d'euros.
- Je voudrais ici rendre hommage à notre compatriote Michel Kazatchkine, qui a présidé le TRP (technical review panel) et qui est malheureusement retenu à l'étranger ce matin. Le rôle de ce comité d'examen des projets a été décisif pour asseoir la crédibilité du Fonds: 130 projets ont déjà été sélectionnés dans autant de pays, permettant de traiter 1,6 millions de personnes; au total, trois milliards de dollars a déjà été engagé dont 65 % sur le SIDA et 60 % en Afrique.
- En plus de sa contribution au fonds, la France a également lancé en 2002 un GIP baptisé Esther, dont mon ami Bernard Kouchner nous a fait l'honneur de prendre la présidence avec énergie et efficacité. Ce GIP délivre des traitements gratuits, avec une prise en charge totale du patient et de ses proches dans les pays émergents. En trois ans, près de 14 millions d'euros lui ont été confiés, venant s'ajouter aux 20 millions d'euros d'aide bilatérale que la coopération française du ministère des affaires étrangères consacre à cet enjeu.
- Le paludisme, lui aussi, fait l'objet d'une dotation de 256 millions d'euros du fonds mondial, et de 120 millions d'euros de l'OMS à travers l'initiative Roll Back Malaria.
Mais il reste tant à faire !
- La mobilisation de la communauté internationale est sans précédent, mais malheureusement, encore tellement insuffisante. Dans le monde, pour faire face à l'épidémie et traiter les malades, il faudrait de 7 à 10 milliards d'euros par, selon les calculs de l'ONUSIDA et de la commission macroéconomique de l'OMS.
Malgré nos efforts, nous en sommes encore loin.
- L'épidémie court toujours : le virus a encore été contracté l'an dernier par 4,8 millions de personnes, ce qui constitue la plus forte progression depuis l'apparition de la maladie. Le 21 septembre prochain, Jean-Pierre Raffarin se rendra à New York à l'assemblée générale de l'ONU, et tirera la sonnette d'alarme, alors que l'assemblée générale suivante, en septembre 2005, fera le compte de nos résultats dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement.
- A ce sommet, la France portera également ce message : alors que l'épidémie est limitée dans les pays développés, elle continue de se répandre dans le monde en développement. Nous sommes là face à un enjeu majeur de développement et de cohésion Nord/Sud ; Xavier Darcos vous exposera ce clivage en détail tout à l'heure.
Nous devons réagir : Il faut accroître notre mobilisation ; pour cela la France s'engage :
- Par sa contribution au fonds mondial de 150 millions d'euros par an, qui fait de nous le deuxième pays donateur au monde après les Etats-Unis.
- Par son action bilatérale, dans le cadre du GIP Esther de B Kouchner, et de l'ensemble du réseau associatif et des professions de santé. A ce titre, j'en profite pour saluer l'action de l'association AIDS dont la directrice générale Hélène Rossert-Blavier est d'ailleurs la vice-présidente du conseil du fonds mondial, comme elle l'expliquera elle-même tout à l'heure.
- Par son plaidoyer pour un accès pour tous au traitement, plaidoyer lancé par le Président de la République dès 1997 dans son appel d'Abidjan: il n'y a pas de prévention et de dépistage efficace si les personnes infectées n'ont aucun espoir de traitement. En particulier, comment espérer que les mères assument leur séropositivité pendant leur grossesse et protègent leur enfant, si elles savent qu'une fois le nouveau né arrivé, elles ne pourront plus bénéficier de ce traitement ! La France se fera donc l'apôtre, sans relâche, dans l'ensemble des institutions internationales de la nécessité de ne plus opposer prévention et traitement.
- Par ailleurs, j'ai mis en place cette semaine sous l'autorité du Pr Kazatchine un groupe de haut niveau qui sera chargé de me faire des propositions, ainsi qu'au ministre délégué à la Recherche François d'Aubert, sur la coordination des efforts français et européens en matière de recherche d'un vaccin contre le SIDA. Cette initiative s'inscrit dans le prolongement des décisions prises par le G8 à Sea Island en juin dernier, en vue de la coordination des efforts internationaux dans ce domaine. La France et l'Europe doivent en effet mettre en uvre toutes leurs capacités pour y contribuer pleinement.
- Enfin, et c'est tout le sens de ma présence ici, ce matin, nous défendrons l'action du Fonds mondial à travers le Monde, en particulier dans sa capacité à réunir les efforts de tous, institutionnels ou privés, bilatéraux ou multilatéraux, pour enrayer les épidémies du VIH/ SIDA et du paludisme dans les pays émergents. Je tiens à remercier le groupe Publicis pour son engagement, et derrière lui, l'investissement personnel de son Président, Maurice Levy pour la campagne sur le Fonds Mondial qu'il vous présentera tout à l'heure.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 6 septembre 2004)