Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, à l'occasion de la commémoration du 11 novembre 1918, Paris le 11 novembre 2004.

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Texte intégral

Général,
Mesdames et messieurs les officiers et sous-officiers,
Mesdames, messieurs,
Ce 11 novembre 2004, la France commémore la signature de l'armistice qui, il y a 86 ans de cela, a mis fin au premier conflit mondial, après plus de quatre années de combats acharnés, et après avoir entraîné la mort de plus de huit millions de combattants. A l'instar des années précédentes, il m'a semblé que ce moment de commémoration nationale devait être pour notre ministère, l'occasion de rendre plus particulièrement hommage à ceux de nos morts originaires de nos collectivités d'outre-mer. Je vous remercie donc d'avoir répondu à mon invitation pour vous associer à ce bref moment de recueillement, sobre et solennel.
Cette imposante plaque sous laquelle je viens de déposer une gerbe tricolore illustre l'ampleur du sacrifice consenti alors. Derrière chacun de ces noms gravés dans le marbre, se cache en effet une vie brisée qui fut alors donnée pour la France, une vie donnée pour la sauvegarde de l'intégrité de notre territoire, pour notre liberté et pour notre quiétude d'aujourd'hui. La diversité des fonctions exercées par tous ces morts issus des rangs de notre ministère illustre aussi combien cette guerre fut l'affaire de tous, depuis l'administrateur jusqu'au commis des douanes, de l'agent de travaux au magistrat ou au professeur. Tous ont su répondre à l'appel du pays menacé par l'agression extérieure, dans cet esprit d'union nationale qui doit prévaloir lorsque les valeurs essentielles de notre République sont en jeu. Et au-delà même de tous ces fonctionnaires, n'oublions pas tous ceux qui, plus nombreux encore, sont venus de ces territoires souvent lointains pour secourir la métropole qu'il n'avait pour la plupart jamais vue, et parfois pour y mourir dans le froid et la boue des tranchées.
Ayons une pensée émue pour toute cette jeunesse sacrifiée, et souvenons-nous de l'atrocité de ces combats dans les tranchées : l'humidité, les maladies, le froid, la faim et surtout la boue finissaient par y faire corps avec les soldats attendant l'obus, l'explosion de mine ou la prochaine offensive sanglante. Tous ces combats ont glorifié quelques champs de bataille dont les noms sont devenus intemporels : la Marne, la Somme, ou bien encore Verdun.
A l'heure de la victoire finale, le 11 novembre 1918, le maréchal Foch, commandant en chef des armées alliées, pouvait légitimement s'adresser à ses soldats en ces termes élogieux : " vous avez gagné la plus grande bataille de l'histoire et sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers. D'une gloire immortelle, vous avez paré vos drapeaux. La postérité vous gardera sa reconnaissance."
C'est donc bien cet esprit de sacrifice qu'il nous faut rappeler aujourd'hui, car ce sont ces sacrifices communs, assumés par tous les différents territoires de la République, qui continuent à faire la force des liens qui unissent l'outre-mer à la métropole. Et la mémoire de ces épisodes tragiques surmontés conjointement peut - et doit - nous aider à trouver un sens aux actions que nous continuons de mener aujourd'hui, au sein de ce ministère, pour renouveler et fortifier encore ces liens privilégiés forgés par notre histoire commune.
Mais cette histoire commune trouve aussi son prolongement dans l'actualité la plus récente, qui est venue tragiquement nous rappeler le week-end dernier la contribution essentielle apportée par les originaires de l'outre-mer aux différents théâtres d'opérations extérieures où se déploient aujourd'hui nos armées. Je souhaite donc en cet instant rendre un hommage particulier à la mémoire du caporal-chef Patelissé Falevalu, originaire de Wallis et Futuna, militaire au 2ème Régiment d'Infanterie de Marine du Mans, et décédé le 7 novembre dans l'accomplissement de sa mission en faveur de la paix civile en Côte d'Ivoire.
Puisse donc cette cérémonie de ce jour honorer la mémoire de nos morts en leur exprimant notre reconnaissance, mais aussi réaffirmer notre détermination collective à continuer d'agir pour l'outre-mer, dans le respect de ces valeurs républicaines pour lesquelles tant des nôtres ont donné leur vie.

(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 15 novembre 2004)