Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Il n'y a pas une journée sans que le dernier de mes enfants -qui a trois ans- ne me dise : " Dis papa, comment ça marche ? "
S'il est parfois difficile d'apporter l'explication qui assouvit la soif de savoir, la question illustre bien la singularité de l'Homme dont toute l'Histoire est fondée sur deux interrogations : pourquoi et comment ?
Cette curiosité naturelle de l'enfant pour les " choses " de son environnement doit être cultivée et entretenue. Et l'École, dès le primaire, doit en être le vecteur.
Nous le savons, cet enseignement de la science et de la technologie a parfois été conçu comme trop abstrait, voire académique, ne laissant pas suffisamment de place à l'imagination de l'élève...
C'est de ce constat qu'est née " La main à la pâte ". Portée avec passion par le professeur Charpak, cette formidable initiative part du principe qu'une démarche assise sur la curiosité enracine l'enfant dans le monde qui l'entoure et lui offre les premières clefs de la culture scientifique.
Le soutien de l'Académie des sciences -puis celle des technologies- à ce projet a été précieux... L'éducation nationale sait pouvoir compter sur les académiciens lorsqu'il s'agit de s'engager au service de l'École et de l'enseignement des sciences.
Mesdames, Messieurs,
À un moment où la crise des vocations scientifiques se fait sentir dans notre pays, au moment où cet enseignement régresse, nous devons faire aimer la science. Celle-ci doit retrouver toutes ses lettres de noblesse.
Pour cela, le projet d'orientation pour l'avenir de l'École fixe deux objectifs ambitieux, qui devront être atteints d'ici 2010 :
- la proportion d'étudiants suivant une formation supérieure scientifique, hors formation de santé, devra augmenter de 15% ;
- la proportion de jeunes filles dans les séries scientifiques, générales et technologiques devra, pour sa part, augmenter de 20%.
En la matière, nous savons qu'il existe une sorte de barrière psychologique et culturelle qui dissuade une large partie des jeunes filles à s'engager dans ces filières. Il faut faire tomber cette barrière !
Pour atteindre nos objectifs, il faut, c'est un préalable, réconcilier les Français avec la science... Nous vivons un étrange paradoxe : celui d'une science qui bouleverse notre vie quotidienne, qui est à l'origine de conséquences extraordinaires, mais dont la perception est souvent superficielle, voire caricaturale.
Cette approche réductrice de notre société n'est pas sans risque :
- risque de voir le progrès scientifique tiraillé entre deux camps inconciliables : celui qui attend tout de la recherche et celui, à l'inverse, qui craint tout d'elle ;
- risque aussi d'une communauté scientifique engagée dans la course de ses découvertes et livrée à elle-même devant des questions sociales et éthiques qui ne sont pas de son seul ressort.
C'est dire combien la réconciliation de nos concitoyens avec leur recherche est vitale.
C'est précisément l'ambition de notre loi sur la recherche. Celle-ci a une double vocation : redonner de l'élan et de l'espoir à la communauté scientifique et replacer la recherche au cur de la société française.
Dans ce contexte, donner le goût des sciences aux enfants et éveiller leur curiosité est un enjeu particulièrement important. C'est pourquoi, j'ai d'ailleurs inscrit la culture humaniste et scientifique dans le socle des connaissances et des compétences qui doivent être impérativement maîtrisées à l'issue de la scolarité obligatoire.
Placée au service de cette culture scientifique, je crois dans la démarche préconisée par " La main à la pâte ".
Contournant l'écueil d'une maîtrise parfois trop désincarnée des connaissances, elle invite à construire, pas à pas, les différentes étapes de la démarche scientifique. En plaçant l'enfant au centre de celle-ci, elle l'engage à observer, à raisonner, à réagir à partir de phénomènes et d'objets empruntés à son environnement.
Je trouve cette initiative remarquable car en faisant des élèves d'apprentis chercheurs, on les encourage à se respecter, à se poser des questions, et à formuler des réponses.
Et à ceux qui considèrent qu'un enfant de 7, 8 ou 9 ans n'est pas prêt à une telle démarche, je les invite à regarder les travaux primés aujourd'hui. Je pense par exemple à " L'île du naufragé " par lequel les élèves de Saint-Malo ont réalisé un distillateur solaire; je pense aussi aux " Robots ", un travail qui a permis aux élèves de Neuville-lès-Dieppe de réaliser de petits robots mobiles pilotés par ordinateurs Et je m'excuse ici de n'en relever que deux alors que tous mériteraient que je les cite
Je souhaite féliciter tous les élèves. Du haut de votre jeune âge, vous démontrez votre capacité à aborder, ensemble, des thèmes aussi riches et variés que " La Terre et son manège ", " La mission astronomique européenne Mars express ", " le pendule ", " Un jardin à l'école "...
Un tel succès, Mesdames et Messieurs, serait impossible sans l'engagement et l'enthousiasme des maîtres.
En acceptant d'engager leur classe dans cette belle aventure scientifique, ils ont fait la preuve d'une grande maîtrise professionnelle.
Mesdames, Messieurs,
Le succès de " La main à la pâte " se mesure également aux émules qu'elle fait de part le monde... Bien que d'origine américaine, la démarche a été " apprivoisée " et retravaillée par la France et inspire aujourd'hui nombre de pays en Europe ou encore en Chine.
La France participe ainsi activement à de nombreux échanges à l'échelle internationale... Et je veux ici mentionner tout particulièrement le lancement par le professeur Charpak, en juin 2004, du prix international Purkwa pour l'alphabétisation scientifique des enfants de la planète.
Mesdames, Messieurs,
La science et la recherche font la fierté d'une nation.
Si elles représentent, pour toutes les générations, un facteur d'espoir, elles sont d'abord pour les plus jeunes, un vecteur de rêve.
Cette part de rêve, les enfants qui sont ici l'ont touchée.
Et je forme le voeu que l'expérience qu'ils ont vécue, avec ses moments d'émerveillement, de découverte, et de réalisation préservera leur curiosité et développera, pourquoi pas, des vocations...
Je n'ai pas de plus beau projet à imaginer pour eux !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 1e février 2005)
Il n'y a pas une journée sans que le dernier de mes enfants -qui a trois ans- ne me dise : " Dis papa, comment ça marche ? "
S'il est parfois difficile d'apporter l'explication qui assouvit la soif de savoir, la question illustre bien la singularité de l'Homme dont toute l'Histoire est fondée sur deux interrogations : pourquoi et comment ?
Cette curiosité naturelle de l'enfant pour les " choses " de son environnement doit être cultivée et entretenue. Et l'École, dès le primaire, doit en être le vecteur.
Nous le savons, cet enseignement de la science et de la technologie a parfois été conçu comme trop abstrait, voire académique, ne laissant pas suffisamment de place à l'imagination de l'élève...
C'est de ce constat qu'est née " La main à la pâte ". Portée avec passion par le professeur Charpak, cette formidable initiative part du principe qu'une démarche assise sur la curiosité enracine l'enfant dans le monde qui l'entoure et lui offre les premières clefs de la culture scientifique.
Le soutien de l'Académie des sciences -puis celle des technologies- à ce projet a été précieux... L'éducation nationale sait pouvoir compter sur les académiciens lorsqu'il s'agit de s'engager au service de l'École et de l'enseignement des sciences.
Mesdames, Messieurs,
À un moment où la crise des vocations scientifiques se fait sentir dans notre pays, au moment où cet enseignement régresse, nous devons faire aimer la science. Celle-ci doit retrouver toutes ses lettres de noblesse.
Pour cela, le projet d'orientation pour l'avenir de l'École fixe deux objectifs ambitieux, qui devront être atteints d'ici 2010 :
- la proportion d'étudiants suivant une formation supérieure scientifique, hors formation de santé, devra augmenter de 15% ;
- la proportion de jeunes filles dans les séries scientifiques, générales et technologiques devra, pour sa part, augmenter de 20%.
En la matière, nous savons qu'il existe une sorte de barrière psychologique et culturelle qui dissuade une large partie des jeunes filles à s'engager dans ces filières. Il faut faire tomber cette barrière !
Pour atteindre nos objectifs, il faut, c'est un préalable, réconcilier les Français avec la science... Nous vivons un étrange paradoxe : celui d'une science qui bouleverse notre vie quotidienne, qui est à l'origine de conséquences extraordinaires, mais dont la perception est souvent superficielle, voire caricaturale.
Cette approche réductrice de notre société n'est pas sans risque :
- risque de voir le progrès scientifique tiraillé entre deux camps inconciliables : celui qui attend tout de la recherche et celui, à l'inverse, qui craint tout d'elle ;
- risque aussi d'une communauté scientifique engagée dans la course de ses découvertes et livrée à elle-même devant des questions sociales et éthiques qui ne sont pas de son seul ressort.
C'est dire combien la réconciliation de nos concitoyens avec leur recherche est vitale.
C'est précisément l'ambition de notre loi sur la recherche. Celle-ci a une double vocation : redonner de l'élan et de l'espoir à la communauté scientifique et replacer la recherche au cur de la société française.
Dans ce contexte, donner le goût des sciences aux enfants et éveiller leur curiosité est un enjeu particulièrement important. C'est pourquoi, j'ai d'ailleurs inscrit la culture humaniste et scientifique dans le socle des connaissances et des compétences qui doivent être impérativement maîtrisées à l'issue de la scolarité obligatoire.
Placée au service de cette culture scientifique, je crois dans la démarche préconisée par " La main à la pâte ".
Contournant l'écueil d'une maîtrise parfois trop désincarnée des connaissances, elle invite à construire, pas à pas, les différentes étapes de la démarche scientifique. En plaçant l'enfant au centre de celle-ci, elle l'engage à observer, à raisonner, à réagir à partir de phénomènes et d'objets empruntés à son environnement.
Je trouve cette initiative remarquable car en faisant des élèves d'apprentis chercheurs, on les encourage à se respecter, à se poser des questions, et à formuler des réponses.
Et à ceux qui considèrent qu'un enfant de 7, 8 ou 9 ans n'est pas prêt à une telle démarche, je les invite à regarder les travaux primés aujourd'hui. Je pense par exemple à " L'île du naufragé " par lequel les élèves de Saint-Malo ont réalisé un distillateur solaire; je pense aussi aux " Robots ", un travail qui a permis aux élèves de Neuville-lès-Dieppe de réaliser de petits robots mobiles pilotés par ordinateurs Et je m'excuse ici de n'en relever que deux alors que tous mériteraient que je les cite
Je souhaite féliciter tous les élèves. Du haut de votre jeune âge, vous démontrez votre capacité à aborder, ensemble, des thèmes aussi riches et variés que " La Terre et son manège ", " La mission astronomique européenne Mars express ", " le pendule ", " Un jardin à l'école "...
Un tel succès, Mesdames et Messieurs, serait impossible sans l'engagement et l'enthousiasme des maîtres.
En acceptant d'engager leur classe dans cette belle aventure scientifique, ils ont fait la preuve d'une grande maîtrise professionnelle.
Mesdames, Messieurs,
Le succès de " La main à la pâte " se mesure également aux émules qu'elle fait de part le monde... Bien que d'origine américaine, la démarche a été " apprivoisée " et retravaillée par la France et inspire aujourd'hui nombre de pays en Europe ou encore en Chine.
La France participe ainsi activement à de nombreux échanges à l'échelle internationale... Et je veux ici mentionner tout particulièrement le lancement par le professeur Charpak, en juin 2004, du prix international Purkwa pour l'alphabétisation scientifique des enfants de la planète.
Mesdames, Messieurs,
La science et la recherche font la fierté d'une nation.
Si elles représentent, pour toutes les générations, un facteur d'espoir, elles sont d'abord pour les plus jeunes, un vecteur de rêve.
Cette part de rêve, les enfants qui sont ici l'ont touchée.
Et je forme le voeu que l'expérience qu'ils ont vécue, avec ses moments d'émerveillement, de découverte, et de réalisation préservera leur curiosité et développera, pourquoi pas, des vocations...
Je n'ai pas de plus beau projet à imaginer pour eux !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 1e février 2005)