Texte intégral
Vous attendez-vous à une rentrée sociale agitée ?
" Il est toujours difficile de prévoir comment sera la rentrée sociale car beaucoup d'éléments entrent en ligne de compte et rien n'est automatique. Cependant, cette année, il y a de nombreux dossiers lourds : les 35 heures, l'avenir du service public, le SMIC, les discussions autour du projet de loi de cohésion sociale. Et la réforme de l'assurance-maladie n'est pas terminée, puisque les décrets ne sont pas parus et qu'il doit encore y avoir une loi organique. Ce que l'on sent chez les salariés, c'est de l'inquiétude, du mécontentement et de l'amertume. Il faudra bien que cela s'exprime sous une forme ou une autre ".
L'amélioration de l'économie peut-elle entraîner celle de la situation sociale ?
" Les attentes sociales sont importantes et, généralement, plus l'économie se porte bien, plus les salariés sont revendicatifs. Il semble qu'il y ait une reprise timide de la croissance. Mais on n'en voit toujours pas les effets sur l'emploi et sur le pouvoir d'achat. Par ailleurs, plusieurs incertitudes pèsent sur cette croissance, liées au prix du pétrole ou au niveau de la consommation. Aujourd'hui, les gens tirent sur leur épargne pour consommer. Mais ce n'est pas un signe de confiance, plutôt celui d'une insuffisance de pouvoir d'achat et de besoins non satisfaits ".
Faut-il redistribuer les fruits de la croissance ?
" La question est plus que jamais d'actualité, dans le privé comme dans le public. Les salariés sortent d'une période de modération salariale due aux 35 heures. Ils doivent pouvoir retrouver du pouvoir d'achat, d'autant qu'ils subissent actuellement la pression à la hausse des prix de l'immobilier et des loyers. Et pas seulement à Paris. Dans toutes les villes, le poste logement pèse de plus en plus lourd dans le budget des salariés ".
Le blocage des rémunérations des fonctionnaires associé à la baisse des effectifs en 2005 conduira-t-il à des mouvements sociaux dans la fonction publique ?
L "a fonction publique subit de manière particulièrement marquée les contraintes du Pacte de stabilité et de croissance. Cela se traduit par des baisses d'effectifs, un refus d'ouvrir des négociations sur les salaires. Par ailleurs, le dialogue social est complètement bloqué dans la fonction publique. Nous avons un ministre, Renaud Dutreil, qui a tendance à faire beaucoup d'idéologie libérale et qui n'écoute pas les syndicats ".
Partagez-vous l'orientation du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, auquel on reproche de faire du traitement social ?
" On ne peut qu'approuver l'objectif affiché d'aider les plus exclus, bénéficiaires du RMI, allocataires de l'ASS, à retrouver un emploi en leur donnant une formation. Mais il faut bien reconnaître que c'est du traitement social du chômage, qui avait été abandonné ces deux dernières années, avec les résultats que l'on connaît. Reste à en discuter les modalités et, là encore, le diable est dans les détails ".
Vous attendez-vous à une nouvelle dégradation du marché de l'emploi ?
" Cela dépend de la réalité de la croissance et de sa richesse en création d'emplois. L'élément privilégié pour la dynamiser, c'est la politique salariale. Même si le gouvernement table sur une amélioration de l'emploi à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine, on ne peut qu'être très prudent. Rappelons aussi qu'aujourd'hui plus de la moitié des sorties du chômage se font vers des emplois précaires. L'objectif, c'est d'obtenir un vrai travail avec un vrai salaire ".
Faut-il s'attendre, sur la question de l'étalement du SMIC, à une initiative intersyndicale ?
" Nous n'en avons pas parlé entre confédérations. Ce qui est clair, c'est que nous demandons au gouvernement de tenir ses engagements. La parole de l'Etat doit être respectée. L'harmonisation des SMIC doit s'achever en 2005. Au-delà se posera la question du mode de fixation du SMIC ; nous souhaitons qu'il soit toujours défini de la même manière ".
Que pensez-vous du report du projet d'amnistie fiscale des capitaux rapatriés ?
" Ç'aurait été légaliser ce qui est illégal, donner un blanc-seing à des capitaux sortis frauduleusement. Cela aurait quand même été une formidable provocation au moment où l'on cherche à réduire les indemnités journalières des assurés sociaux en laissant entendre qu'ils fraudent la Sécurité sociale ! "
FO est-elle favorable à des mesures contre les délocalisations dans le projet de loi de Finances ?
" S'il s'agit de constituer de nouvelles zones franches avec une fiscalité et des cotisations sociales allégées, nous disons : " Attention, danger. " La technique de zone franche est, qu'on le veuille ou non, une technique de dumping. Et puis, cela peut faire revenir certaines entreprises mais cela n'empêchera pas d'autres de partir, y compris pour retourner, plus tard, dans une autre zone franche ou développer le chantage à l'emploi. Nous plaidons plus pour une stratégie d'évaluation et de contrôle des aides publiques accordées à toutes les entreprises ".
Sur les 35 heures, le gouvernement semble disposé à permettre aux salariés qui le souhaitent de travailler plus en gagnant plus. Pourquoi y êtes-vous opposé ?
" On voit ressortir les idées du rapport Novelli dont nous avions demandé qu'il soit mis au congélateur. Dire que l'on ne touche pas à la durée légale mais que l'on offre aux salariés la possibilité de travailler plus, c'est un leurre. De fait, cela remettrait en cause la durée légale. Et c'est faire croire que le salarié a la liberté de fixer sa durée du travail, ce qui est faux. Dans la grande distribution, par exemple, nombre de salariés à temps partiel aimeraient bien passer à temps plein, mais ils ne le peuvent pas. Enfin, cela veut dire que, pour gagner plus, il n'y a pas d'autre choix que de travailler plus. Où est la liberté de négociation des salaires dans tout cela ? Derrière cela, il y a surtout la volonté de moins payer les heures supplémentaires et de développer les dérogations ".
(source http://www.force-ouvriere.org, le 25 août 2004)
" Il est toujours difficile de prévoir comment sera la rentrée sociale car beaucoup d'éléments entrent en ligne de compte et rien n'est automatique. Cependant, cette année, il y a de nombreux dossiers lourds : les 35 heures, l'avenir du service public, le SMIC, les discussions autour du projet de loi de cohésion sociale. Et la réforme de l'assurance-maladie n'est pas terminée, puisque les décrets ne sont pas parus et qu'il doit encore y avoir une loi organique. Ce que l'on sent chez les salariés, c'est de l'inquiétude, du mécontentement et de l'amertume. Il faudra bien que cela s'exprime sous une forme ou une autre ".
L'amélioration de l'économie peut-elle entraîner celle de la situation sociale ?
" Les attentes sociales sont importantes et, généralement, plus l'économie se porte bien, plus les salariés sont revendicatifs. Il semble qu'il y ait une reprise timide de la croissance. Mais on n'en voit toujours pas les effets sur l'emploi et sur le pouvoir d'achat. Par ailleurs, plusieurs incertitudes pèsent sur cette croissance, liées au prix du pétrole ou au niveau de la consommation. Aujourd'hui, les gens tirent sur leur épargne pour consommer. Mais ce n'est pas un signe de confiance, plutôt celui d'une insuffisance de pouvoir d'achat et de besoins non satisfaits ".
Faut-il redistribuer les fruits de la croissance ?
" La question est plus que jamais d'actualité, dans le privé comme dans le public. Les salariés sortent d'une période de modération salariale due aux 35 heures. Ils doivent pouvoir retrouver du pouvoir d'achat, d'autant qu'ils subissent actuellement la pression à la hausse des prix de l'immobilier et des loyers. Et pas seulement à Paris. Dans toutes les villes, le poste logement pèse de plus en plus lourd dans le budget des salariés ".
Le blocage des rémunérations des fonctionnaires associé à la baisse des effectifs en 2005 conduira-t-il à des mouvements sociaux dans la fonction publique ?
L "a fonction publique subit de manière particulièrement marquée les contraintes du Pacte de stabilité et de croissance. Cela se traduit par des baisses d'effectifs, un refus d'ouvrir des négociations sur les salaires. Par ailleurs, le dialogue social est complètement bloqué dans la fonction publique. Nous avons un ministre, Renaud Dutreil, qui a tendance à faire beaucoup d'idéologie libérale et qui n'écoute pas les syndicats ".
Partagez-vous l'orientation du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, auquel on reproche de faire du traitement social ?
" On ne peut qu'approuver l'objectif affiché d'aider les plus exclus, bénéficiaires du RMI, allocataires de l'ASS, à retrouver un emploi en leur donnant une formation. Mais il faut bien reconnaître que c'est du traitement social du chômage, qui avait été abandonné ces deux dernières années, avec les résultats que l'on connaît. Reste à en discuter les modalités et, là encore, le diable est dans les détails ".
Vous attendez-vous à une nouvelle dégradation du marché de l'emploi ?
" Cela dépend de la réalité de la croissance et de sa richesse en création d'emplois. L'élément privilégié pour la dynamiser, c'est la politique salariale. Même si le gouvernement table sur une amélioration de l'emploi à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine, on ne peut qu'être très prudent. Rappelons aussi qu'aujourd'hui plus de la moitié des sorties du chômage se font vers des emplois précaires. L'objectif, c'est d'obtenir un vrai travail avec un vrai salaire ".
Faut-il s'attendre, sur la question de l'étalement du SMIC, à une initiative intersyndicale ?
" Nous n'en avons pas parlé entre confédérations. Ce qui est clair, c'est que nous demandons au gouvernement de tenir ses engagements. La parole de l'Etat doit être respectée. L'harmonisation des SMIC doit s'achever en 2005. Au-delà se posera la question du mode de fixation du SMIC ; nous souhaitons qu'il soit toujours défini de la même manière ".
Que pensez-vous du report du projet d'amnistie fiscale des capitaux rapatriés ?
" Ç'aurait été légaliser ce qui est illégal, donner un blanc-seing à des capitaux sortis frauduleusement. Cela aurait quand même été une formidable provocation au moment où l'on cherche à réduire les indemnités journalières des assurés sociaux en laissant entendre qu'ils fraudent la Sécurité sociale ! "
FO est-elle favorable à des mesures contre les délocalisations dans le projet de loi de Finances ?
" S'il s'agit de constituer de nouvelles zones franches avec une fiscalité et des cotisations sociales allégées, nous disons : " Attention, danger. " La technique de zone franche est, qu'on le veuille ou non, une technique de dumping. Et puis, cela peut faire revenir certaines entreprises mais cela n'empêchera pas d'autres de partir, y compris pour retourner, plus tard, dans une autre zone franche ou développer le chantage à l'emploi. Nous plaidons plus pour une stratégie d'évaluation et de contrôle des aides publiques accordées à toutes les entreprises ".
Sur les 35 heures, le gouvernement semble disposé à permettre aux salariés qui le souhaitent de travailler plus en gagnant plus. Pourquoi y êtes-vous opposé ?
" On voit ressortir les idées du rapport Novelli dont nous avions demandé qu'il soit mis au congélateur. Dire que l'on ne touche pas à la durée légale mais que l'on offre aux salariés la possibilité de travailler plus, c'est un leurre. De fait, cela remettrait en cause la durée légale. Et c'est faire croire que le salarié a la liberté de fixer sa durée du travail, ce qui est faux. Dans la grande distribution, par exemple, nombre de salariés à temps partiel aimeraient bien passer à temps plein, mais ils ne le peuvent pas. Enfin, cela veut dire que, pour gagner plus, il n'y a pas d'autre choix que de travailler plus. Où est la liberté de négociation des salaires dans tout cela ? Derrière cela, il y a surtout la volonté de moins payer les heures supplémentaires et de développer les dérogations ".
(source http://www.force-ouvriere.org, le 25 août 2004)