Texte intégral
Charles Pasqua, bonjour.
Bonjour.
Vous auriez conseillé à Michèle Alliot Marie de sanctionner Jean Tibéri, c'est à dire de l'écarter de la fédération de Paris ?
Ecoutez, moi, j'ai quitté le RPR. Je ne me mêle pas des affaires du RPR. C'est leur problème. Je trouve cela assez affligeant et je considère qu'il y a une sorte d'acharnement et de complot, c'est clair, pour essayer d'éliminer Tibéri.
Tout cela n'a pas grand chose à voir avec le compagnonnage et les principes du gaullisme. C'est leur problème, ce n'est pas le mien.
C'est ce que vous appelez "l'évolution calamiteuse du RPR" ? Ca veut dire quoi, çà ?
Oui, exactement, c'est çà. C'est le jeu des ambitions. C'est le fait que les ambitions sont légitimes, la question n'est pas là, mais le fait que tout soit engagé pour déstabiliser le maire actuel un an avant les élections municipales, tout cela pour permettre à d'autres d'être candidats, cela a un côté à la fois dérisoire et lamentable.
Et vous pensez que Jean Tibéri, actuel maire de Paris, est le candidat naturel du RPR à la mairie de Paris ?
Je crois que le RPR n'a pas de candidat naturel et je crois que d'autre part, il n'a aucun titre particulier à détenir la mairie de Paris, pas plus le RPR que l'UDF, que le PS, etc. C'est aux Parisiens de choisir.
Vous avez beaucoup changé depuis que vous avez quitté le RPR ? Paris, ce n'est plus au RPR ?
Non, non, pas du tout. Je crois que c'est une erreur. Que le RPR souhaite qu'un des siens soit maire de Paris, çà c'est son problème, comme les socialistes d'ailleurs. Mais que l'on ait l'air de dire que c'est la propriété d'un mouvement politique, quel qu'il soit, c'est une insulte au suffrage universel et aux Parisiens eux mêmes. C'est à eux de décider. Ce qui est affligeant dans tout çà, c'est que naturellement, si cela continue, on voit mal d'ailleurs mal pour quelle raison Tibéri ne se présenterait pas quoiqu'il arrive, étant donné qu'il a un bon bilan.
On dit qu'il a une mauvaise image. Cà, c'est leur affaire. Mais si Tibéri est candidat et s'il y a plusieurs candidats du même côté, il est à peu près évident que la mairie sera perdue pour l'opposition actuelle. J'imagine mal d'ailleurs le Président de la république jouer les Ponce Pilate et regarder comment les choses se passent.
Ne dîtes pas tout à la fois. Alors, on reprend point par point. Jacques Chirac a-t-il lâché Tibéri ? A-t-il eu tort et ,effectivement, le Président de la république doit il se mêler du choix des candidats pour la mairie de Paris ?
Ecoutez, en tous les cas, il s'en est mêlé autrefois, n'est ce pas. C'est bien lui qui a installé Tibéri où il est, et personne d'autre.
Oui, mais aujourd'hui, la situation est un peu différente. Il doit dire "Oui, il y a Tibéri" ou "Philippe Séguin" ?
Ce n'est pas le Président de la république qui doit désigner les candidats. Mais j'imagine mal qu'il s'en désintéresse, voilà !
Vous l'encouragez à s'y intéresser ?
Non, je ne l'encourage à rien du tout. Je ne suis pas son conseiller.
Vous dîtes que Jean Tibéri a une légitimité. Alors, on se dit s'il n'a pas l'investiture du RPR, pourquoi vous Charles Pasqua, au nom du RPF, vous ne lui donneriez pas cette investiture ?
Parce que nous avons créé, nous, un mouvement politique avec Philippe de Villiers, que ce mouvement s'est donné un certain nombre d'objectifs.
Le premier d'entre eux, c'est de rétablir la souveraineté nationale et de défendre l'indépendance de la France, et dans le même temps c'est de rétablir les institutions dans leur plénitude. On ne peut pas dire que le RPR, en ce qui nous concerne, soit sur la même ligne. Et par conséquent
Oui mais s'il n'est plus, s'il n'est pas candidat du RPR, Jean Tibéri ?
Non, non, attendez. Cà, c'est son problème.
Nous ne ferons d'alliance avec personne. Nous serons candidats nous mêmes sous nos couleurs au premier tour de scrutin. Nous avons condamné le comportement des partis politiques de l'opposition actuelle dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont accepté la cohabitation avec ses conséquences lamentables pour le fonctionnement des institutions, quelle que soit l'amitié que j'ai avec Jean Tibéri. Je l'aime bien, il n'y a aucun problème.
C'est un ami mais je n'envisage pas du tout de faire une liste avec lui. Nous irons à la bataille sous notre drapeau
Mais alors, on va vous dire "Vous êtes drôlement divisés"
Au second tour, nous verrons bien.
Charles Pasqua, vous dîtes vous même qu'il y a des risques. Alors, une liste RPR, DL, UDF, des listes de Jean Tibéri, des listes du RPF. La droite, elle va perdre, non ?
Vous avez l'air bien paniquée
Non, moi je pose une question. Est ce qu'on ne va pas dire "Vous êtes diviseur", Charles Pasqua. L'intérêt national, vous dîtes l'intérêt général
Non, non, ne mélangeons pas tout.
Les élections municipales à Paris, comme ailleurs, sont des élections à deux tours. Selon le vieux principe républicain, au premier tour on choisit, au second tour on élimine.
Nous n'avons pas du tout l'intention d'entrer dans une discussion et de nous trouver autour d'une table pour nous partager les postes.
Nous n'avons pas créé le RPF pour donner des postes d'adjoints au maire ou de conseillers municipaux. Donc, nous dirons aux Parisiens la vision qui est la nôtre de Paris et de la gestion de la ville. Et puis, au second tour, en fonction des résultats obtenus par les uns et les autres, nous ne serons pas du tout hostiles à ce que se constitue un rassemblement. Mais si nous ne faisions pas ce que nous faisons, nous diminuerions au contraire les chances parce qu'il y a un certain nombre de gens qui n'iraient plus voter.
Monsieur Pasqua, il y a une chose qui est dingue. C'est que vous ne dîtes pas de bien de Philippe Séguin. Tout le monde se dit: "Tiens ! Si Philippe Séguin est candidat au RPR, Charles Pasqua, son compagnon". Vous avez fait campagne ensemble, y compris contre l'Europe de Maastricht, contre le traité, et logiquement vous devriez dire "Vive Philippe Séguin!", ce que certains disent déjà dans votre mouvement d'ailleurs, c'est le meilleur
Oui, ceux qui disent cela dans notre mouvement, n'ont pas à le dire parce que nous nous déterminons par nous mêmes. Est ce que Philippe Séguin a manifesté le désir de rejoindre le RPF? Non.
Eh bien, alors, Monsieur Séguin, il situe sa démarche à l'intérieur du RPR. Pas moi.
Il est bon ? Ce serait le meilleur pour la droite, à votre avis ?
La question n'est pas là. Philippe Séguin a des qualités, tout le monde les connaît. Mais je n'ai pas l'intention de mettre le mouvement derrière lui, pas plus derrière lui que derrière quiconque.
Question sur une autre ville. On dit qu'à Lyon, le RPF soutiendrait Charles Millon ?
Le RPF devra se déterminer le moment venu à Lyon, comme ailleurs. Je pense que nous irons à la bataille sous nos propres couleurs. C'est d'ailleurs une question que j'aurai l'occasion de poser à tous les adhérents du rassemblement à l'occasion d'une consultation que nous organiserons dans le courant du mois d'avril.
Un référendum auprès de vos militants pour savoir quelle est la stratégie ?
Oui, un référendum afin que tous les militants soient d'accord. Nous disons: "Voilà les différentes possibilités, à vous de décider". Nous, nous pensons qu'il serait préférable d'aller à la bataille au premier tour sous nos couleurs, mais je le répète une nouvelle fois, nous n'excluons pas les accords de deuxième tour pour empêcher que telle ou telle ville bascule.
Alors, rapidement. Lionel Jospin intervient ce soir à la télévision. Aujourd'hui, il y a une grande démonstration, manifestation, journée d'action dans l'éducation. Vous plaignez Claude Allègre ou vous dîtes "C'est de sa faute, il a accumulé tant de maladresses" ?
Non, moi je crois que Claude Allègre a un rôle extrêmement difficile. Ce que je constate, c'est que l'on n'a jamais dépensé autant d'argent pour l'Education nationale, il n'y a jamais eu autant de monde, autant de professeurs et cela n'a jamais aussi mal marché. Voilà. Alors il est évident qu'il y a un problème majeur.
Et quel conseil donnez vous au Premier ministre, ce soir ? Qu'attendez vous de lui ? Il est en vraie panne ou c'est simplement conjoncturel, à votre avis ?
Je crois qu'au bout de trois ans, il est normal que les faits l'emportent sur les mots. Alors jusqu'à présent, Monsieur Jospin s'est bien débrouillé dans la présentation des choses. Il a bénéficié d'une situation économique exceptionnelle mais il n'a rien décidé du tout. Aucune réforme réelle n'a été engagée. Il a essayé de mettre les problèmes au frigidaire. Ce n'est pas comme cela que l'on gouverne.
Charles Pasqua, merci
Merci.
(source http://www.rpfie.org, le 17 mars 2000)
Bonjour.
Vous auriez conseillé à Michèle Alliot Marie de sanctionner Jean Tibéri, c'est à dire de l'écarter de la fédération de Paris ?
Ecoutez, moi, j'ai quitté le RPR. Je ne me mêle pas des affaires du RPR. C'est leur problème. Je trouve cela assez affligeant et je considère qu'il y a une sorte d'acharnement et de complot, c'est clair, pour essayer d'éliminer Tibéri.
Tout cela n'a pas grand chose à voir avec le compagnonnage et les principes du gaullisme. C'est leur problème, ce n'est pas le mien.
C'est ce que vous appelez "l'évolution calamiteuse du RPR" ? Ca veut dire quoi, çà ?
Oui, exactement, c'est çà. C'est le jeu des ambitions. C'est le fait que les ambitions sont légitimes, la question n'est pas là, mais le fait que tout soit engagé pour déstabiliser le maire actuel un an avant les élections municipales, tout cela pour permettre à d'autres d'être candidats, cela a un côté à la fois dérisoire et lamentable.
Et vous pensez que Jean Tibéri, actuel maire de Paris, est le candidat naturel du RPR à la mairie de Paris ?
Je crois que le RPR n'a pas de candidat naturel et je crois que d'autre part, il n'a aucun titre particulier à détenir la mairie de Paris, pas plus le RPR que l'UDF, que le PS, etc. C'est aux Parisiens de choisir.
Vous avez beaucoup changé depuis que vous avez quitté le RPR ? Paris, ce n'est plus au RPR ?
Non, non, pas du tout. Je crois que c'est une erreur. Que le RPR souhaite qu'un des siens soit maire de Paris, çà c'est son problème, comme les socialistes d'ailleurs. Mais que l'on ait l'air de dire que c'est la propriété d'un mouvement politique, quel qu'il soit, c'est une insulte au suffrage universel et aux Parisiens eux mêmes. C'est à eux de décider. Ce qui est affligeant dans tout çà, c'est que naturellement, si cela continue, on voit mal d'ailleurs mal pour quelle raison Tibéri ne se présenterait pas quoiqu'il arrive, étant donné qu'il a un bon bilan.
On dit qu'il a une mauvaise image. Cà, c'est leur affaire. Mais si Tibéri est candidat et s'il y a plusieurs candidats du même côté, il est à peu près évident que la mairie sera perdue pour l'opposition actuelle. J'imagine mal d'ailleurs le Président de la république jouer les Ponce Pilate et regarder comment les choses se passent.
Ne dîtes pas tout à la fois. Alors, on reprend point par point. Jacques Chirac a-t-il lâché Tibéri ? A-t-il eu tort et ,effectivement, le Président de la république doit il se mêler du choix des candidats pour la mairie de Paris ?
Ecoutez, en tous les cas, il s'en est mêlé autrefois, n'est ce pas. C'est bien lui qui a installé Tibéri où il est, et personne d'autre.
Oui, mais aujourd'hui, la situation est un peu différente. Il doit dire "Oui, il y a Tibéri" ou "Philippe Séguin" ?
Ce n'est pas le Président de la république qui doit désigner les candidats. Mais j'imagine mal qu'il s'en désintéresse, voilà !
Vous l'encouragez à s'y intéresser ?
Non, je ne l'encourage à rien du tout. Je ne suis pas son conseiller.
Vous dîtes que Jean Tibéri a une légitimité. Alors, on se dit s'il n'a pas l'investiture du RPR, pourquoi vous Charles Pasqua, au nom du RPF, vous ne lui donneriez pas cette investiture ?
Parce que nous avons créé, nous, un mouvement politique avec Philippe de Villiers, que ce mouvement s'est donné un certain nombre d'objectifs.
Le premier d'entre eux, c'est de rétablir la souveraineté nationale et de défendre l'indépendance de la France, et dans le même temps c'est de rétablir les institutions dans leur plénitude. On ne peut pas dire que le RPR, en ce qui nous concerne, soit sur la même ligne. Et par conséquent
Oui mais s'il n'est plus, s'il n'est pas candidat du RPR, Jean Tibéri ?
Non, non, attendez. Cà, c'est son problème.
Nous ne ferons d'alliance avec personne. Nous serons candidats nous mêmes sous nos couleurs au premier tour de scrutin. Nous avons condamné le comportement des partis politiques de l'opposition actuelle dont le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont accepté la cohabitation avec ses conséquences lamentables pour le fonctionnement des institutions, quelle que soit l'amitié que j'ai avec Jean Tibéri. Je l'aime bien, il n'y a aucun problème.
C'est un ami mais je n'envisage pas du tout de faire une liste avec lui. Nous irons à la bataille sous notre drapeau
Mais alors, on va vous dire "Vous êtes drôlement divisés"
Au second tour, nous verrons bien.
Charles Pasqua, vous dîtes vous même qu'il y a des risques. Alors, une liste RPR, DL, UDF, des listes de Jean Tibéri, des listes du RPF. La droite, elle va perdre, non ?
Vous avez l'air bien paniquée
Non, moi je pose une question. Est ce qu'on ne va pas dire "Vous êtes diviseur", Charles Pasqua. L'intérêt national, vous dîtes l'intérêt général
Non, non, ne mélangeons pas tout.
Les élections municipales à Paris, comme ailleurs, sont des élections à deux tours. Selon le vieux principe républicain, au premier tour on choisit, au second tour on élimine.
Nous n'avons pas du tout l'intention d'entrer dans une discussion et de nous trouver autour d'une table pour nous partager les postes.
Nous n'avons pas créé le RPF pour donner des postes d'adjoints au maire ou de conseillers municipaux. Donc, nous dirons aux Parisiens la vision qui est la nôtre de Paris et de la gestion de la ville. Et puis, au second tour, en fonction des résultats obtenus par les uns et les autres, nous ne serons pas du tout hostiles à ce que se constitue un rassemblement. Mais si nous ne faisions pas ce que nous faisons, nous diminuerions au contraire les chances parce qu'il y a un certain nombre de gens qui n'iraient plus voter.
Monsieur Pasqua, il y a une chose qui est dingue. C'est que vous ne dîtes pas de bien de Philippe Séguin. Tout le monde se dit: "Tiens ! Si Philippe Séguin est candidat au RPR, Charles Pasqua, son compagnon". Vous avez fait campagne ensemble, y compris contre l'Europe de Maastricht, contre le traité, et logiquement vous devriez dire "Vive Philippe Séguin!", ce que certains disent déjà dans votre mouvement d'ailleurs, c'est le meilleur
Oui, ceux qui disent cela dans notre mouvement, n'ont pas à le dire parce que nous nous déterminons par nous mêmes. Est ce que Philippe Séguin a manifesté le désir de rejoindre le RPF? Non.
Eh bien, alors, Monsieur Séguin, il situe sa démarche à l'intérieur du RPR. Pas moi.
Il est bon ? Ce serait le meilleur pour la droite, à votre avis ?
La question n'est pas là. Philippe Séguin a des qualités, tout le monde les connaît. Mais je n'ai pas l'intention de mettre le mouvement derrière lui, pas plus derrière lui que derrière quiconque.
Question sur une autre ville. On dit qu'à Lyon, le RPF soutiendrait Charles Millon ?
Le RPF devra se déterminer le moment venu à Lyon, comme ailleurs. Je pense que nous irons à la bataille sous nos propres couleurs. C'est d'ailleurs une question que j'aurai l'occasion de poser à tous les adhérents du rassemblement à l'occasion d'une consultation que nous organiserons dans le courant du mois d'avril.
Un référendum auprès de vos militants pour savoir quelle est la stratégie ?
Oui, un référendum afin que tous les militants soient d'accord. Nous disons: "Voilà les différentes possibilités, à vous de décider". Nous, nous pensons qu'il serait préférable d'aller à la bataille au premier tour sous nos couleurs, mais je le répète une nouvelle fois, nous n'excluons pas les accords de deuxième tour pour empêcher que telle ou telle ville bascule.
Alors, rapidement. Lionel Jospin intervient ce soir à la télévision. Aujourd'hui, il y a une grande démonstration, manifestation, journée d'action dans l'éducation. Vous plaignez Claude Allègre ou vous dîtes "C'est de sa faute, il a accumulé tant de maladresses" ?
Non, moi je crois que Claude Allègre a un rôle extrêmement difficile. Ce que je constate, c'est que l'on n'a jamais dépensé autant d'argent pour l'Education nationale, il n'y a jamais eu autant de monde, autant de professeurs et cela n'a jamais aussi mal marché. Voilà. Alors il est évident qu'il y a un problème majeur.
Et quel conseil donnez vous au Premier ministre, ce soir ? Qu'attendez vous de lui ? Il est en vraie panne ou c'est simplement conjoncturel, à votre avis ?
Je crois qu'au bout de trois ans, il est normal que les faits l'emportent sur les mots. Alors jusqu'à présent, Monsieur Jospin s'est bien débrouillé dans la présentation des choses. Il a bénéficié d'une situation économique exceptionnelle mais il n'a rien décidé du tout. Aucune réforme réelle n'a été engagée. Il a essayé de mettre les problèmes au frigidaire. Ce n'est pas comme cela que l'on gouverne.
Charles Pasqua, merci
Merci.
(source http://www.rpfie.org, le 17 mars 2000)