Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur l'organisation du Territoire des Terres australes et antarctiques françaises, son rôle de protection de l'environnement, la mise en valeur des terres et le projet de création d'une réserve naturelle, Saint-Pierre le 19 février 2005.

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Circonstance : Déplacement à La Réunion du 18 au 22 février 2005-lancement de l'année du cinquantenaire de la création du Territoire conférant l'autonomie administrative et financière aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), à Saint-Pierre le 19

Texte intégral

Monsieur le préfet, administrateur supérieur,
Monsieur le préfet de La Réunion,
Monsieur le député-maire,
Mesdames, messieurs les élus,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Vous le savez, c'est toujours pour moi un plaisir particulier que de retrouver les TAAF auxquels m'unissent tant de souvenirs personnels. C'est donc avec émotion que je retrouve aujourd'hui le siège de ce Territoire si exceptionnel et si attachant, pour lequel je me suis tant battue en son temps. Je revois aussi avec toujours autant de plaisir les visages d'anciens collaborateurs auxquels je veux adresser un message de fidélité et d'amitié.
Merci à vous, Monsieur le Préfet, pour vos aimables propos de bienvenue. Ma visite intervient quelques semaines à peine après votre prise de fonctions, c'est donc aussi pour moi l'occasion de vous installer officiellement, en vous réaffirmant publiquement ma confiance pour la délicate mission que je vous ai confiée à la tête de ce Territoire.
Aujourd'hui, ma venue coïncide avec le lancement officiel de l'année du cinquantenaire de la création du Territoire. C'est en effet la loi du 6 août 1955 qui a conféré l'autonomie administrative et financière aux Terres australes et antarctiques françaises, et c'est cette même loi fondatrice qui a fixé les règles qui prévalent encore aujourd'hui pour son organisation. Ce cinquantenaire, j'ai donc souhaité qu'il puisse avoir le maximum de résonance, afin de mieux faire connaître ces Terres lointaines et extraordinaires, afin aussi de mettre en lumière les actions qui y sont menées, dans tous les domaines, administratif, scientifique, économique, ou même touristique.
Il faut en effet rappeler combien ce Territoire original constitue pour la France au sud de l'océan Indien et sur le continent antarctique un enjeu stratégique, économique, scientifique et écologique. Avec une immense zone économique exclusive aux ressources halieutiques importantes, avec la présence du CEA à Crozet, du CNES à Kerguelen, avec de nombreux programmes d'études et de recherches scientifiques, notre pays affirme quotidiennement sa présence dans cette région du monde. Mais c'est aussi, pour la France, une responsabilité d'ampleur internationale en terme de protection de l'environnement, compte tenu des caractéristiques particulières de la flore et de la faune. Notre engagement à défendre cette biodiversité, notamment les ressources halieutiques, est d'ailleurs parfaitement illustré par les premiers résultats de notre lutte contre la pêche illégale à la légine depuis 2002, notamment avec l'installation d'un système de surveillance par satellite et le renforcement récent de notre coopération avec nos partenaires australiens.
Tous ces efforts méritent d'être connus, et mieux encore d'être reconnus.
Cette année 2005 sera donc marquée par toute une série de manifestations, ici à La Réunion, mais aussi à Paris, afin de sensibiliser nos compatriotes à la richesse de ces terres françaises encore largement ignorées du plus grand nombre.
Bien sûr, il est important que cet événement soit d'abord fêté ici à La Réunion, puisque c'est ici qu'est installé depuis 2000 le siège officiel des TAAF. Il importe en effet que les Réunionnais s'approprient pleinement cette implantation encore récente, et dont la logique s'imposait en terme de rapprochement géographique. Plusieurs manifestations seront donc organisées, notamment autour de la mise en circulation progressive des différents timbres appelés à constituer le carnet philatélique du cinquantenaire.
Mais il importait également que cet événement soit célébré au plan national, et c'est pourquoi je prévois de clôturer à Paris cette année du cinquantenaire par une série de manifestations destinées au grand public, et qui auront pour cadre prestigieux le Muséum d'histoire naturelle. Au travers d'une exposition de plusieurs semaines, mais aussi de projections de films ou de reportages, ou encore de cycles de conférences, il s'agira d'illustrer l'originalité et la richesse des TAAF, que ce soit pour rappeler l'histoire tumultueuse de leur découverte, expliquer la diversité de leur faune et de leur flore, présenter les spécificités de la pêche australe, ou encore détailler leur intérêt scientifique pour les recherches menées par exemple dans le domaine de la climatologie.
Pour ma part, je suis persuadée que de telles manifestations peuvent rencontrer l'intérêt du plus grand nombre. Pour s'en convaincre, il n'est qu'à voir le succès récent en métropole d'un film documentaire comme " la marche de l'Empereur ", ou encore l'intérêt manifesté par les média pour les expéditions scientifiques comme celle actuellement menée par Jean-Louis Etienne à Clipperton. Ce regain pour le lointain, pour l'extrême, pour l'inconnu ou l'inaccessible, nul doute que les TAAF peuvent magnifiquement l'incarner, et il nous faut savoir en profiter.
Mais cet anniversaire ne doit pas être seulement l'occasion de mieux faire connaître les TAAF. Ce doit être aussi un motif supplémentaire pour faire progresser les principaux chantiers entamés pour leur mise en valeur. A cet égard, je relève avec satisfaction l'accroissement régulier des ressources propres, notamment celles d'origine philatélique, que révèle le budget primitif du Territoire pour 2005. Ce budget permet ainsi de poursuivre le plan pluriannuel de rénovation de nos bases australes, entamé en 2000, et dont la visibilité sur le terrain devient palpable. L'existence de nos quatre bases se trouve également confortée par les liens toujours plus étroits que nouent, année après année, le Territoire avec différents organismes comme le CEA, le CNES, Météo France, le Muséum d'histoire naturelle, l'IPEV et de nombreux laboratoires scientifiques.
Mais puisqu'il nous faut encore aller de l'avant, j'ai récemment attiré l'attention de mon collègue Serge Lepeltier, ministre de l'Écologie et du Développement durable, sur mon souhait de voir aboutir en cette année du cinquantenaire deux projets d'importance pour l'avenir du Territoire.
Il s'agit en premier lieu du projet de réserve naturelle des TAAF, actuellement au stade final de sa préparation. Sa création prochaine apportera à l'administrateur supérieur l'expertise d'un comité de gestion pluridisciplinaire, afin de mieux encadrer les activités qui se déroulent sur les îles.
En second lieu, le projet de décret pris en application de la loi du 15 avril 2003 relative à la protection de l'environnement en Antarctique se trouve actuellement en examen au Conseil d'État. Sa publication prochaine permettra donc d'établir précisément le régime d'autorisation des activités en Antarctique, en application du Protocole de Madrid de 1991.
Au-delà, je souhaite également mentionner l'arrêté que je viens de signer le 3 janvier dernier, et par lequel j'ai décidé de confier dorénavant l'administration des îles Éparses à l'administrateur supérieur des TAAF. Là encore, ce rattachement aux TAAF des îles Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas de India s'imposait d'évidence, tant les similitudes existant entre ces îles appellent une politique de mise en valeur déjà engagée au sein des TAAF. Il s'agit donc d'un nouveau chantier pour vous, Monsieur l'Administrateur supérieur, et je compte d'ailleurs en mesurer sur place avec vous toute l'importance lors du bref déplacement que j'effectuerai demain sur ces îles Eparses. Ce sera pour moi l'occasion d'aller saluer les quelques militaires et agents de Météo-France qui y assurent une présence permanente, en les remerciant de leur engagement.
A ceux qui en douteraient encore, les TAAF constituent donc bel et bien une entité à part, certes originale, mais qui a toute sa place dans notre République. Depuis 2003, leur existence se trouve même explicitement reconnue par la Constitution, dont l'article 72-3 prévoit que " la loi détermine le régime législatif et l'organisation particulière des Terres australes et antarctiques françaises ".
Pour conclure, c'est donc cette particularité si attachante que je vous invite toutes et tous à faire partager autour de vous en cette année du cinquantenaire, que je souhaite de tout cur pleine de réussite, mais aussi riche d'avenir pour les TAAF.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 22 février 2005)