Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Parlons clair : l'Union européenne n'est qu'un pseudopode des Etats-Unis. Ceux-ci, qui considèrent que la Turquie, comme elle l'a été pendant la Guerre Froide, est une pièce maîtresse de leur géostratégie, pèsent de tout leur poids sur leurs satellites européens pour imposer son entrée dans l'Union.
Même le "religieux" Monsieur Bush raille ceux qui voudraient faire de l'Europe un "club chrétien".
Les politiciens européistes sont sensibles à cette insistante et ferme pression du Grand Frère, mais en est-il de même des peuples ?
Les Français savent, en tous cas, eux, que le report de l'adhésion aux calendes turques est un subterfuge et ils voteront NON à la Constitution sachant que s'ils votaient OUI, l'adhésion leur serait imposée dans quelques années.
Mais il est un pays européen par toutes ses fibres qui lui, ne peut manquer de mémoire même si ses dirigeants sont décérébrés, c'est la Grèce.
Sans même remonter en 1922, où l'armée turque jeta à la mer les grecs d'Asie Mineure dans des conditions terribles comme à Smyrne devenue Izmir.
Sans évoquer l'occupation de Chypre, les fils d'Ulysse manquent-ils à ce point d'imagination qu'ils ne soient capables de savoir que leur territoire sera submergé par l'immigration légale d'un peuple dix fois plus nombreux, alors que la Thrace grecque est déjà majoritairement turque ?
L'heure de vérité a sonné. Les supputations stériles et hypocrites : adhésion pleine et entière ou "partenariat privilégié", ont fait long feu.
Avant que les 25 chefs d'Etat et de gouvernement ne répondent à l'unanimité le 17 décembre, à Bruxelles, à la double question : Voulons-nous ouvrir des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et si oui, en fixer la date d'ouverture ?
Recep Erdogan, le Premier ministre turc, leur a déjà répondu. En affirmant ce qui suit, Erdogan ne se présente pas comme un simple candidat à l'adhésion, soumis aux conditions qu'on lui pose mais comme le véritable "patron" de la négociation mettant l'Union Européenne devant ses propres contradictions et fixant lui-même les limites à ne pas franchir.
Que dit-il ?
1) Il est hors de question que nous acceptions un "partenariat privilégié". En 1999, le Conseil européen d'Helsinki a reconnu que la Turquie était candidate à une adhésion, pas à un "partenariat privilégié" !
2) Non seulement, il n'est pas question que nous reconnaissions la République de Chypre, mais nous considérons qu'après le referendum négatif à Chypre (75 % des chypriotes grecs ont voté contre le plan Annan), l'Union européenne a commis une faute en acceptant pourtant l'adhésion de Chypre le 1er mai 2004.
3) L'union européenne n'a pas à être un "club chrétien" (la Turquie s'était opposée en compagnie de M. Chirac à l'inscription de la mention des racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule de la Constitution européenne) ; si l'Union européenne n'est pas un "club chrétien" le caractère musulman de la population turque ne doit pas lui poser de problème.
Une promesse, une faute, une menace, tel est l'ultimatum posé par Erdogan au nom de la Turquie aux 25 pays de l'Union européenne, dont la France, estimant qu'il ne fera pas de concessions supplémentaires.
Ceux-ci ont trois solutions : se coucher, négocier ou finasser.
Se coucher : c'est accepter d'ouvrir les négociations d'adhésion en fixant une date avec l'illusion de ne pas les conclure un jour, comme l'a écrit la Commission dans sa recommandation, pour rassurer les pleutres ou les naïfs ;
Négocier : dire franchement mais fermement à la Turquie qu'une adhésion n'est pas raisonnable ni pour elle, ni pour nous, et qu'elle déstabiliserait à la fois la vieille Europe et la jeune Turquie.
Finasser : c'est la solution de Jacques Chirac, c'est-à-dire repousser la date du début des négociations à l'automne 2005 pour lui permettre de gagner son referendum sur la Constitution européenne au printemps 2005. Cette dernière solution est la pire et la plus hypocrite car elle n'évite ni l'adhésion, ni la colère des Turcs, ni le déshonneur.
Et pourtant tout a été fait pour convaincre les opinions publiques récalcitrantes que l'intérêt de l'Europe était d'avoir la Turquie dans l'Union. Un bref retour en arrière :
* Première étape : la Commission européenne, depuis longtemps favorable à l'adhésion de la Turquie, émet le 6 octobre 2004 une recommandation à l'intention du Conseil dans laquelle il est écrit : "compte tenu des avancées globales en matière de réformes et sous réserve de la mise en vigueur par la Turquie de la législation en suspens, la Commission considère que la Turquie satisfait suffisamment aux critères politiques et recommande l'ouverture de négociations d'adhésion".
* 2ème étape : le rapport Eurlings, du nom du rapporteur démocrate-chrétien hollandais, sur la Turquie qui est une mascarade. Non seulement, il ne parle pas du génocide arménien de 1915 pour ne pas déplaire aux autorités turques mais il a subi de fortes pressions de la part de la Turquie, selon des collègues allemands de son groupe.
Le rapport Eurlings préconise l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie "sans délai inutile", en rejetant l'option du "partenariat privilégié". Seule concession du rapporteur qui figurait déjà dans la recommandation de la Commission et dont j'ai expliqué la motivation : l'ouverture des négociations d'adhésion résulte "d'un processus ouvert qui ne conduit pas a priori et automatiquement à l'adhésion".
C'est également la stratégie Chirac de dire que le peuple français sera consulté par referendum dans 10 ou 15 ans avant la signature de l'acte d'adhésion. C'est parfaitement malhonnête car cela ne s'est jamais produit pour aucun pays candidat et l'on imagine mal dans 10 ans les Turcs ayant poursuivi leurs réformes pour se mettre au diapason de l'acquis communautaire être soudain privés d'adhésion pour quelque raison que ce soit ! Même par un referendum. L'honnêteté eût commandé que le referendum ait lieu avant le début des négociations mais c'était trop demander à Chirac le Turc.
* 3ème étape : M. Borrell, le Président du Parlement européen, accompagné de M. Eurlings, est sorti de son rôle en allant devant le Parlement turc défendre le 5 décembre la candidature d'Ankara à l'Union européenne avant que l'institution, dont il est le président, se soit prononcée. Quel mépris pour les députés européens ! M. Borrell, vous auriez dû attendre le vote du Parlement européen le 15 décembre à Strasbourg avant d'engager l'institution. Il est vrai qu'avec notre collègue Bruno Gollnisch, vous vous étiez déjà exprimé prématurément, sur la base de rumeurs avant d'avoir une connaissance circonstanciée de l'affaire.
* 4ème et dernière étape : la Présidence du Conseil néerlandaise, favorable à l'adhésion de la Turquie, ajoute deux conditions, non prévues dans la recommandation de la Commission, à l'ouverture des négociations d'adhésion :
- la reconnaissance de la République de Chypre par la Turquie ;
- le règlement des différends maritimes avec la Grèce.
Il est clair que ces conditions ajoutées au dernier moment, à l'heure où la négociation entre les 25 entre dans le vif du sujet, n'ont pour seul objectif que de faire céder les plus récalcitrants comme l'Autriche ou la Hongrie.
Les responsables européens ont pris un maximum de précautions, ils ont réuni une kyrielle de garanties. Ils ont seulement oublié un détail : la Turquie n'est pas un Etat européen au sens de l'article 49 des Traités actuels et ne respecte que partiellement les critères de Copenhague !
Bagatelle, me direz-vous !
Et pourtant, pour employer un euphémisme, la situation est beaucoup plus contrastée que ce que les thuriféraires de l'adhésion affirment, en particulier en matière de laïcité de la société turque (70 % des femmes sont voilées), de droits des minorités, de droits des femmes, de liberté religieuse ou même de la place de la Turquie dans le monde arabo-musulman.
Comment les tenants de l'adhésion démocratique peuvent-ils raisonnablement envisager une adhésion de la Turquie alors qu'elle occupe toujours militairement la partie nord de Chypre avec 30 000 hommes, qu'elle ne reconnaît pas la République de Chypre, qu'elle persécute les minorités politiques et religieuses (combien d'églises byzantines ont-elles été détruites ?), qu'elle n'a pas reconnu le génocide arménien de 1915 et que la torture n'a pas été abolie, pour ne prendre que quelques exemples.
C'est à un véritable marché de dupes auquel nous assistons. Le Conseil a été pris à son propre piège : à force de proclamer urbi et orbi la vocation de la Turquie à devenir membre de la Communauté Economique Européenne puis de l'Union européenne. Il ne peut plus revenir en arrière, ou du moins ne s'en donne pas les moyens, à moins qu'il n'en ait plus la force !
Monsieur Erdogan, habile tacticien, a bien manoeuvré : c'est l'adhésion ou rien, dit-il ; il se permet même de menacer de claquer la porte de l'Europe si des conditions supplémentaires lui étaient imposées. Il joue sur du velours ou sur un tapis d'Orient : l'Europe est trop couarde pour bouger, paralysée qu'elle est par son impuissance.
Au reste, la responsabilité de cet imbroglio repose exclusivement sur les européistes et sur les ambiguïtés dont ils ont nourri la marche sournoise vers l'Etat européen, féal des Etats-Unis.
En ce qui nous concerne, nous avions dit notre opposition claire, à l'entrée dans les organismes européens des pays qui n'étaient pas européens ni par la géographie, ni par l'histoire ni par la culture.
Ceci, n'avait rien d'outrageant, ni pour la Turquie ni pour le Maroc ni quiconque puisqu'il s'agissait d'une impossibilité de fait comme de droit.
Dès 1986, je rappelais dans un discours que ni le Maroc, ni la Turquie qui étaient postulants à l'entrée dans la CEE ne le pouvaient puisqu'ils n'étaient européens ni par la géographie, ni par l'histoire, ni par la culture, mais, qu'en revanche, toutes les coopérations étaient souhaitables dans le cadre euro-méditerranéen.
Un dernier mot, Mesdames et Messieurs, avant de vous céder la parole : une adhésion de la Turquie, en voie de réislamisation, contrairement à ce que MM. Chirac ou Rocard nous disent, comme l'ont été récemment avant elle, les états laïcs qu'étaient, l'Iran, l'Afghanistan et l'Irak, ne démocratiserait pas la Turquie mais serait un formidable accélérateur pour une islamisation rapide de l'Europe qui perdrait peu à peu sa culture, ses racines, sa religion, son histoire. C'est contre tout cela que nous luttons au nom et pour le peuple français, et pour la France de demain, celle de nos enfants et petits-enfants.
(Source http://www.frontnational.com, le 16 décembre 2004)
Parlons clair : l'Union européenne n'est qu'un pseudopode des Etats-Unis. Ceux-ci, qui considèrent que la Turquie, comme elle l'a été pendant la Guerre Froide, est une pièce maîtresse de leur géostratégie, pèsent de tout leur poids sur leurs satellites européens pour imposer son entrée dans l'Union.
Même le "religieux" Monsieur Bush raille ceux qui voudraient faire de l'Europe un "club chrétien".
Les politiciens européistes sont sensibles à cette insistante et ferme pression du Grand Frère, mais en est-il de même des peuples ?
Les Français savent, en tous cas, eux, que le report de l'adhésion aux calendes turques est un subterfuge et ils voteront NON à la Constitution sachant que s'ils votaient OUI, l'adhésion leur serait imposée dans quelques années.
Mais il est un pays européen par toutes ses fibres qui lui, ne peut manquer de mémoire même si ses dirigeants sont décérébrés, c'est la Grèce.
Sans même remonter en 1922, où l'armée turque jeta à la mer les grecs d'Asie Mineure dans des conditions terribles comme à Smyrne devenue Izmir.
Sans évoquer l'occupation de Chypre, les fils d'Ulysse manquent-ils à ce point d'imagination qu'ils ne soient capables de savoir que leur territoire sera submergé par l'immigration légale d'un peuple dix fois plus nombreux, alors que la Thrace grecque est déjà majoritairement turque ?
L'heure de vérité a sonné. Les supputations stériles et hypocrites : adhésion pleine et entière ou "partenariat privilégié", ont fait long feu.
Avant que les 25 chefs d'Etat et de gouvernement ne répondent à l'unanimité le 17 décembre, à Bruxelles, à la double question : Voulons-nous ouvrir des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et si oui, en fixer la date d'ouverture ?
Recep Erdogan, le Premier ministre turc, leur a déjà répondu. En affirmant ce qui suit, Erdogan ne se présente pas comme un simple candidat à l'adhésion, soumis aux conditions qu'on lui pose mais comme le véritable "patron" de la négociation mettant l'Union Européenne devant ses propres contradictions et fixant lui-même les limites à ne pas franchir.
Que dit-il ?
1) Il est hors de question que nous acceptions un "partenariat privilégié". En 1999, le Conseil européen d'Helsinki a reconnu que la Turquie était candidate à une adhésion, pas à un "partenariat privilégié" !
2) Non seulement, il n'est pas question que nous reconnaissions la République de Chypre, mais nous considérons qu'après le referendum négatif à Chypre (75 % des chypriotes grecs ont voté contre le plan Annan), l'Union européenne a commis une faute en acceptant pourtant l'adhésion de Chypre le 1er mai 2004.
3) L'union européenne n'a pas à être un "club chrétien" (la Turquie s'était opposée en compagnie de M. Chirac à l'inscription de la mention des racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule de la Constitution européenne) ; si l'Union européenne n'est pas un "club chrétien" le caractère musulman de la population turque ne doit pas lui poser de problème.
Une promesse, une faute, une menace, tel est l'ultimatum posé par Erdogan au nom de la Turquie aux 25 pays de l'Union européenne, dont la France, estimant qu'il ne fera pas de concessions supplémentaires.
Ceux-ci ont trois solutions : se coucher, négocier ou finasser.
Se coucher : c'est accepter d'ouvrir les négociations d'adhésion en fixant une date avec l'illusion de ne pas les conclure un jour, comme l'a écrit la Commission dans sa recommandation, pour rassurer les pleutres ou les naïfs ;
Négocier : dire franchement mais fermement à la Turquie qu'une adhésion n'est pas raisonnable ni pour elle, ni pour nous, et qu'elle déstabiliserait à la fois la vieille Europe et la jeune Turquie.
Finasser : c'est la solution de Jacques Chirac, c'est-à-dire repousser la date du début des négociations à l'automne 2005 pour lui permettre de gagner son referendum sur la Constitution européenne au printemps 2005. Cette dernière solution est la pire et la plus hypocrite car elle n'évite ni l'adhésion, ni la colère des Turcs, ni le déshonneur.
Et pourtant tout a été fait pour convaincre les opinions publiques récalcitrantes que l'intérêt de l'Europe était d'avoir la Turquie dans l'Union. Un bref retour en arrière :
* Première étape : la Commission européenne, depuis longtemps favorable à l'adhésion de la Turquie, émet le 6 octobre 2004 une recommandation à l'intention du Conseil dans laquelle il est écrit : "compte tenu des avancées globales en matière de réformes et sous réserve de la mise en vigueur par la Turquie de la législation en suspens, la Commission considère que la Turquie satisfait suffisamment aux critères politiques et recommande l'ouverture de négociations d'adhésion".
* 2ème étape : le rapport Eurlings, du nom du rapporteur démocrate-chrétien hollandais, sur la Turquie qui est une mascarade. Non seulement, il ne parle pas du génocide arménien de 1915 pour ne pas déplaire aux autorités turques mais il a subi de fortes pressions de la part de la Turquie, selon des collègues allemands de son groupe.
Le rapport Eurlings préconise l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie "sans délai inutile", en rejetant l'option du "partenariat privilégié". Seule concession du rapporteur qui figurait déjà dans la recommandation de la Commission et dont j'ai expliqué la motivation : l'ouverture des négociations d'adhésion résulte "d'un processus ouvert qui ne conduit pas a priori et automatiquement à l'adhésion".
C'est également la stratégie Chirac de dire que le peuple français sera consulté par referendum dans 10 ou 15 ans avant la signature de l'acte d'adhésion. C'est parfaitement malhonnête car cela ne s'est jamais produit pour aucun pays candidat et l'on imagine mal dans 10 ans les Turcs ayant poursuivi leurs réformes pour se mettre au diapason de l'acquis communautaire être soudain privés d'adhésion pour quelque raison que ce soit ! Même par un referendum. L'honnêteté eût commandé que le referendum ait lieu avant le début des négociations mais c'était trop demander à Chirac le Turc.
* 3ème étape : M. Borrell, le Président du Parlement européen, accompagné de M. Eurlings, est sorti de son rôle en allant devant le Parlement turc défendre le 5 décembre la candidature d'Ankara à l'Union européenne avant que l'institution, dont il est le président, se soit prononcée. Quel mépris pour les députés européens ! M. Borrell, vous auriez dû attendre le vote du Parlement européen le 15 décembre à Strasbourg avant d'engager l'institution. Il est vrai qu'avec notre collègue Bruno Gollnisch, vous vous étiez déjà exprimé prématurément, sur la base de rumeurs avant d'avoir une connaissance circonstanciée de l'affaire.
* 4ème et dernière étape : la Présidence du Conseil néerlandaise, favorable à l'adhésion de la Turquie, ajoute deux conditions, non prévues dans la recommandation de la Commission, à l'ouverture des négociations d'adhésion :
- la reconnaissance de la République de Chypre par la Turquie ;
- le règlement des différends maritimes avec la Grèce.
Il est clair que ces conditions ajoutées au dernier moment, à l'heure où la négociation entre les 25 entre dans le vif du sujet, n'ont pour seul objectif que de faire céder les plus récalcitrants comme l'Autriche ou la Hongrie.
Les responsables européens ont pris un maximum de précautions, ils ont réuni une kyrielle de garanties. Ils ont seulement oublié un détail : la Turquie n'est pas un Etat européen au sens de l'article 49 des Traités actuels et ne respecte que partiellement les critères de Copenhague !
Bagatelle, me direz-vous !
Et pourtant, pour employer un euphémisme, la situation est beaucoup plus contrastée que ce que les thuriféraires de l'adhésion affirment, en particulier en matière de laïcité de la société turque (70 % des femmes sont voilées), de droits des minorités, de droits des femmes, de liberté religieuse ou même de la place de la Turquie dans le monde arabo-musulman.
Comment les tenants de l'adhésion démocratique peuvent-ils raisonnablement envisager une adhésion de la Turquie alors qu'elle occupe toujours militairement la partie nord de Chypre avec 30 000 hommes, qu'elle ne reconnaît pas la République de Chypre, qu'elle persécute les minorités politiques et religieuses (combien d'églises byzantines ont-elles été détruites ?), qu'elle n'a pas reconnu le génocide arménien de 1915 et que la torture n'a pas été abolie, pour ne prendre que quelques exemples.
C'est à un véritable marché de dupes auquel nous assistons. Le Conseil a été pris à son propre piège : à force de proclamer urbi et orbi la vocation de la Turquie à devenir membre de la Communauté Economique Européenne puis de l'Union européenne. Il ne peut plus revenir en arrière, ou du moins ne s'en donne pas les moyens, à moins qu'il n'en ait plus la force !
Monsieur Erdogan, habile tacticien, a bien manoeuvré : c'est l'adhésion ou rien, dit-il ; il se permet même de menacer de claquer la porte de l'Europe si des conditions supplémentaires lui étaient imposées. Il joue sur du velours ou sur un tapis d'Orient : l'Europe est trop couarde pour bouger, paralysée qu'elle est par son impuissance.
Au reste, la responsabilité de cet imbroglio repose exclusivement sur les européistes et sur les ambiguïtés dont ils ont nourri la marche sournoise vers l'Etat européen, féal des Etats-Unis.
En ce qui nous concerne, nous avions dit notre opposition claire, à l'entrée dans les organismes européens des pays qui n'étaient pas européens ni par la géographie, ni par l'histoire ni par la culture.
Ceci, n'avait rien d'outrageant, ni pour la Turquie ni pour le Maroc ni quiconque puisqu'il s'agissait d'une impossibilité de fait comme de droit.
Dès 1986, je rappelais dans un discours que ni le Maroc, ni la Turquie qui étaient postulants à l'entrée dans la CEE ne le pouvaient puisqu'ils n'étaient européens ni par la géographie, ni par l'histoire, ni par la culture, mais, qu'en revanche, toutes les coopérations étaient souhaitables dans le cadre euro-méditerranéen.
Un dernier mot, Mesdames et Messieurs, avant de vous céder la parole : une adhésion de la Turquie, en voie de réislamisation, contrairement à ce que MM. Chirac ou Rocard nous disent, comme l'ont été récemment avant elle, les états laïcs qu'étaient, l'Iran, l'Afghanistan et l'Irak, ne démocratiserait pas la Turquie mais serait un formidable accélérateur pour une islamisation rapide de l'Europe qui perdrait peu à peu sa culture, ses racines, sa religion, son histoire. C'est contre tout cela que nous luttons au nom et pour le peuple français, et pour la France de demain, celle de nos enfants et petits-enfants.
(Source http://www.frontnational.com, le 16 décembre 2004)