Texte intégral
Q - Vous venez à Pont-à-Mousson pour soutenir la liste de Gérard Longuet en Lorraine. Est-ce que, chef du gouvernement et chef de la majorité, vous êtes aussi le chef de la campagne électorale UMP ?
R - L'enjeu de l'élection est institutionnel et non pas partisan et on se trompe si on veut en faire un enjeu politicien. Quelles sont les questions de ces élections : est-ce que les projets pour la région sont crédibles ? l'équipe sortante a-t-elle bien travaillé ? Les impôts vont-ils baisser ou augmenter ? Voilà quelques vrais sujets, région par région. L'UMP participe à des listes ouvertes ; elle ne s'engage pas dans ces régionales au nom d'un parti national mais au nom d'un projet régional autour d'un leader régional. Elle met ses valeurs au service des territoires et de leur avenir spécifique.
Q - Les élections locales n'ont-elles pas quand même une signification politique, surtout lorsque 19 ministres sont candidats ?
R - Les ministres sont candidats parce que ce sont des élus enracinés dans leur territoire. Prenez l'exemple de mon ami Jean-Jacques AILLAGON, son engagement, rapide et total, pour reconstruire le Château de Luneville est une preuve concrète de son attachement à la Lorraine. Mais vous pouvez être favorable à un TGV, une route, un projet de théâtre ou de pôle technologique sans que ces infrastructures soient de gauche ou de droite. Quelqu'un peut avoir légitimement un engagement national mais, localement, son choix est pour sa région.
C'est pour cela que les divisions partisanes peuvent fragiliser l'avenir d'une région.
En Lorraine, le vote Longuet dépasse les clivages politiques parce qu'il se porte sur une personnalité de grande qualité, forte de projets, qui a du charisme. C'est une forme de rassemblement pour la Lorraine. Plus généralement, la République décentralisée que nous mettons en uvre n'est pas une République qui se décalque de Paris jusqu'à Metz. La région complète la nation mais ne se confond pas avec elle.
Q - Les enjeux régionaux peinent pourtant à s'imposer. Comment l'expliquez-vous ?
R - La campagne commence et il y aura une prise de conscience progressive. Grâce à la décentralisation, la région est en train de devenir le premier acteur public de l'emploi. Les enjeux sont les projets : passeport pour l'emploi des jeunes, stages en entreprises, insertion des femmes dans la vie professionnelle, Transport Express Régional Il n'y a aucune raison que la Bretagne ait le même projet que la Lorraine pour ce qui est de l'interrégional européen, par exemple. La pensée parisienne ne peut s'appliquer au fait régional qui relève de la diversité.
Q - Vous parlez de listes ouvertes mais les personnes issues de l'immigration reprochent à l'UMP de ne pas les avoir mis en position éligible.
R - C'est très difficile de faire des listes. Il faut des dosages départementaux, la parité homme-femme, les sortants et les nouveaux, la représentation des catégories socio-professionnelles, des âges Par définition, il y a plus de mécontents que de satisfaits. J'ajoute qu'en politique, il faut du temps pour s'imposer et être reconnu pour sa personne mais aussi pour son travail. L'important, c'est la capacité d'une équipe à se rassembler sur un projet autour d'un leader.
Q - Les lobbies, eux, se mobilisent. Est-il possible d'échapper à une politique électoraliste ?
R - Je ne fais pas de politique électoraliste, je tiens mes engagements. Pour les restaurateurs, je m'étais engagé bien avant ces régionales. Nous avons eu des discussions complexes avec nos amis allemands ; ils ont entendu ma déception et levé leur veto. Le temps du chemin qu'il reste à faire, j'ai décidé un programme d'allègement des charges car il y a assez peu de professions aussi disponibles pour créer des emplois. A terme, il y aura 40.000 créations d'emplois et nous allons passer un accord avec la profession pour partager le produit de la TVA, entre la baisse de prix pour le consommateur, les hausses des salaires et l'entreprise et ses investissements.
Q - Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de "casse sociale" ?
R - Si les socialistes avaient socialement réussi, l'un d'entre eux serait à ma place aujourd'hui. La politique sociale du socialisme a été un échec. Il ne s'agit plus de diminuer la durée du travail de ceux qui en ont déjà un ; il s'agit d'ouvrir le travail pour y intégrer ceux qui n'en ont pas. Les socialistes déposent une motion de censure sur ce sujet, ce sera pour nous une belle occasion de répondre à leur propagande qui est une caricature.
Q - Qu'allez-vous dire ?
R - Les socialistes ont fait du " social éphémère ", nous nous construisons une politique sociale durable.
- Nous avons engagé des réformes importantes : le RMA, qui est une étape entre le RMI et l'emploi ; les Contrats Jeunes en Entreprises sans charges mais à durée indéterminée (CDI) ; l'aide aux seniors avec une prime de 500 euros par mois aux entreprises qui les recrutent ; l'harmonisation et l'augmentation du SMIC C'est notre gouvernement qui va donner, en trois ans, l'équivalent d'un treizième mois à un million de personnes qui sont au SMIC !
Qui a réglé le problème des retraites ? Qui a donné des droits nouveaux aux salariés qui avaient commencé à travailler à 14, 15 ou 16 ans ? Qui s'est préoccupé du surendettement des ménages ? Qui a dû faire face aux déficits des entreprises publiques ? Les socialistes devraient être plus modestes. J'attends le débat avec impatience.
Q - Face à la croissance, n'êtes-vous pas comme sur Anne qui veut la voir venir ? Les Français vont-ils la sentir ?
R - Oui, sans doute, puisque la consommation de janvier, + 2 %, est bien meilleure qu'attendue. Depuis 2000, le taux de croissance a été divisé par deux chaque année. Au dernier trimestre, nous l'avons redressé à + 0,5 %, c'est-à-dire à un rythme annuel de + 2 %. C'est celui à partir duquel se créent des emplois. Le chômage a engagé sa décrue dès janvier avec un peu d'avance sur ce que nous avions prévu. Nous avons préparé la France pour le retour de la croissance. Les investissements redémarrent, notamment grâce à l'exonération de la taxe professionnelle. Tous les indicateurs économiques sont meilleurs que nos estimations, que j'avais voulues prudentes. Le souffle de l'optimisme peut à nouveau dynamiser la France.
Q - Vous accuser de "divorce avec l'intelligence" semble particulièrement vous irriter. Pourquoi ?
R - Diviser la France entre les intelligents et les non-intelligents est un raccourci méprisant. Et cette forme de réduction de la pensée est dangereuse car elle nourrit les extrêmes. Cela rappelle les campagnes de Jack Lang pour François Mitterrand, au siècle dernier.
Q - S'il y a risque des extrêmes ou du vote-sanction, l'UDF constitue-t-elle une soupape à l'intérieur de la majorité ou un facteur de division dangereux ?
R - Nous verrons dans le temps quelle est la stratégie de l'UDF : un projet collectif ou un projet personnel ? Si l'UDF choisit la diversité pour construire, elle pourra trouver sa place. Si elle choisit la concurrence pour affaiblir, c'est un projet politique contraire au nôtre. Je ne suis pas un opposant systématique de l'UDF. Je ne souhaite pas que l'UDF soit un opposant systématique de l'UMP. En toutes circonstances nationales et régionales je condamne fermement toutes les divisions. J'ai trop de mauvais souvenirs avec les guerres des clans.
Q - Alors que la succession d'Alain Juppé à la tête de l'UMP est ouverte, le parti majoritaire est-il en ordre de marche ?
R - Dans chaque région, oui. L'UMP a tenu sa réunion nationale puis a délégué le travail à chacun des directeurs de campagne sur le terrain. Au niveau national, puisqu'Alain Juppé a formulé le souhait de quitter la présidence, il faudra renouveler nos instances dans l'UMP. Nous le ferons sereinement dans l'avenir. L'union est la condition de l'action. Au niveau du Pays nous avons encore un gros travail à accomplir pour les Françaises et les Français. Au Printemps nous avons 3 priorités fixées par le Président de la République : loi sur la mobilisation pour l'emploi ; réforme de l'assurance-maladie ; charte de l'environnement Ces réformes ont besoin d'une UMP rassemblée. Elle le sera.
Q - Si vous gagnez des régions et des départements, résisterez-vous à la tentation d'affirmer qu'il s'agit d'une victoire nationale de l'UMP ?
R - Je ne tomberai pas dans ce piège-là car je suis trop attaché au fait régional pour voler nationalement les victoires à ceux qui les ont gagnées régionalement. Ce que je dis maintenant, je le dirai après : ce ne sont pas des élections de mi-quinquennat comme le sont les élections américaines. Comme le dit Christian Poncelet, cela ne signifie pas que les cantonales et les régionales sont des élections secondaires. Leur enjeu territorial est majeur. Je souhaite donc que la participation électorale soit la plus forte possible. Dans le nouveau rythme du quinquennat les élections locales sont une étape pas une échéance.
(source http://www.dialogue-initiative.com, le 4 mars 2004)
R - L'enjeu de l'élection est institutionnel et non pas partisan et on se trompe si on veut en faire un enjeu politicien. Quelles sont les questions de ces élections : est-ce que les projets pour la région sont crédibles ? l'équipe sortante a-t-elle bien travaillé ? Les impôts vont-ils baisser ou augmenter ? Voilà quelques vrais sujets, région par région. L'UMP participe à des listes ouvertes ; elle ne s'engage pas dans ces régionales au nom d'un parti national mais au nom d'un projet régional autour d'un leader régional. Elle met ses valeurs au service des territoires et de leur avenir spécifique.
Q - Les élections locales n'ont-elles pas quand même une signification politique, surtout lorsque 19 ministres sont candidats ?
R - Les ministres sont candidats parce que ce sont des élus enracinés dans leur territoire. Prenez l'exemple de mon ami Jean-Jacques AILLAGON, son engagement, rapide et total, pour reconstruire le Château de Luneville est une preuve concrète de son attachement à la Lorraine. Mais vous pouvez être favorable à un TGV, une route, un projet de théâtre ou de pôle technologique sans que ces infrastructures soient de gauche ou de droite. Quelqu'un peut avoir légitimement un engagement national mais, localement, son choix est pour sa région.
C'est pour cela que les divisions partisanes peuvent fragiliser l'avenir d'une région.
En Lorraine, le vote Longuet dépasse les clivages politiques parce qu'il se porte sur une personnalité de grande qualité, forte de projets, qui a du charisme. C'est une forme de rassemblement pour la Lorraine. Plus généralement, la République décentralisée que nous mettons en uvre n'est pas une République qui se décalque de Paris jusqu'à Metz. La région complète la nation mais ne se confond pas avec elle.
Q - Les enjeux régionaux peinent pourtant à s'imposer. Comment l'expliquez-vous ?
R - La campagne commence et il y aura une prise de conscience progressive. Grâce à la décentralisation, la région est en train de devenir le premier acteur public de l'emploi. Les enjeux sont les projets : passeport pour l'emploi des jeunes, stages en entreprises, insertion des femmes dans la vie professionnelle, Transport Express Régional Il n'y a aucune raison que la Bretagne ait le même projet que la Lorraine pour ce qui est de l'interrégional européen, par exemple. La pensée parisienne ne peut s'appliquer au fait régional qui relève de la diversité.
Q - Vous parlez de listes ouvertes mais les personnes issues de l'immigration reprochent à l'UMP de ne pas les avoir mis en position éligible.
R - C'est très difficile de faire des listes. Il faut des dosages départementaux, la parité homme-femme, les sortants et les nouveaux, la représentation des catégories socio-professionnelles, des âges Par définition, il y a plus de mécontents que de satisfaits. J'ajoute qu'en politique, il faut du temps pour s'imposer et être reconnu pour sa personne mais aussi pour son travail. L'important, c'est la capacité d'une équipe à se rassembler sur un projet autour d'un leader.
Q - Les lobbies, eux, se mobilisent. Est-il possible d'échapper à une politique électoraliste ?
R - Je ne fais pas de politique électoraliste, je tiens mes engagements. Pour les restaurateurs, je m'étais engagé bien avant ces régionales. Nous avons eu des discussions complexes avec nos amis allemands ; ils ont entendu ma déception et levé leur veto. Le temps du chemin qu'il reste à faire, j'ai décidé un programme d'allègement des charges car il y a assez peu de professions aussi disponibles pour créer des emplois. A terme, il y aura 40.000 créations d'emplois et nous allons passer un accord avec la profession pour partager le produit de la TVA, entre la baisse de prix pour le consommateur, les hausses des salaires et l'entreprise et ses investissements.
Q - Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de "casse sociale" ?
R - Si les socialistes avaient socialement réussi, l'un d'entre eux serait à ma place aujourd'hui. La politique sociale du socialisme a été un échec. Il ne s'agit plus de diminuer la durée du travail de ceux qui en ont déjà un ; il s'agit d'ouvrir le travail pour y intégrer ceux qui n'en ont pas. Les socialistes déposent une motion de censure sur ce sujet, ce sera pour nous une belle occasion de répondre à leur propagande qui est une caricature.
Q - Qu'allez-vous dire ?
R - Les socialistes ont fait du " social éphémère ", nous nous construisons une politique sociale durable.
- Nous avons engagé des réformes importantes : le RMA, qui est une étape entre le RMI et l'emploi ; les Contrats Jeunes en Entreprises sans charges mais à durée indéterminée (CDI) ; l'aide aux seniors avec une prime de 500 euros par mois aux entreprises qui les recrutent ; l'harmonisation et l'augmentation du SMIC C'est notre gouvernement qui va donner, en trois ans, l'équivalent d'un treizième mois à un million de personnes qui sont au SMIC !
Qui a réglé le problème des retraites ? Qui a donné des droits nouveaux aux salariés qui avaient commencé à travailler à 14, 15 ou 16 ans ? Qui s'est préoccupé du surendettement des ménages ? Qui a dû faire face aux déficits des entreprises publiques ? Les socialistes devraient être plus modestes. J'attends le débat avec impatience.
Q - Face à la croissance, n'êtes-vous pas comme sur Anne qui veut la voir venir ? Les Français vont-ils la sentir ?
R - Oui, sans doute, puisque la consommation de janvier, + 2 %, est bien meilleure qu'attendue. Depuis 2000, le taux de croissance a été divisé par deux chaque année. Au dernier trimestre, nous l'avons redressé à + 0,5 %, c'est-à-dire à un rythme annuel de + 2 %. C'est celui à partir duquel se créent des emplois. Le chômage a engagé sa décrue dès janvier avec un peu d'avance sur ce que nous avions prévu. Nous avons préparé la France pour le retour de la croissance. Les investissements redémarrent, notamment grâce à l'exonération de la taxe professionnelle. Tous les indicateurs économiques sont meilleurs que nos estimations, que j'avais voulues prudentes. Le souffle de l'optimisme peut à nouveau dynamiser la France.
Q - Vous accuser de "divorce avec l'intelligence" semble particulièrement vous irriter. Pourquoi ?
R - Diviser la France entre les intelligents et les non-intelligents est un raccourci méprisant. Et cette forme de réduction de la pensée est dangereuse car elle nourrit les extrêmes. Cela rappelle les campagnes de Jack Lang pour François Mitterrand, au siècle dernier.
Q - S'il y a risque des extrêmes ou du vote-sanction, l'UDF constitue-t-elle une soupape à l'intérieur de la majorité ou un facteur de division dangereux ?
R - Nous verrons dans le temps quelle est la stratégie de l'UDF : un projet collectif ou un projet personnel ? Si l'UDF choisit la diversité pour construire, elle pourra trouver sa place. Si elle choisit la concurrence pour affaiblir, c'est un projet politique contraire au nôtre. Je ne suis pas un opposant systématique de l'UDF. Je ne souhaite pas que l'UDF soit un opposant systématique de l'UMP. En toutes circonstances nationales et régionales je condamne fermement toutes les divisions. J'ai trop de mauvais souvenirs avec les guerres des clans.
Q - Alors que la succession d'Alain Juppé à la tête de l'UMP est ouverte, le parti majoritaire est-il en ordre de marche ?
R - Dans chaque région, oui. L'UMP a tenu sa réunion nationale puis a délégué le travail à chacun des directeurs de campagne sur le terrain. Au niveau national, puisqu'Alain Juppé a formulé le souhait de quitter la présidence, il faudra renouveler nos instances dans l'UMP. Nous le ferons sereinement dans l'avenir. L'union est la condition de l'action. Au niveau du Pays nous avons encore un gros travail à accomplir pour les Françaises et les Français. Au Printemps nous avons 3 priorités fixées par le Président de la République : loi sur la mobilisation pour l'emploi ; réforme de l'assurance-maladie ; charte de l'environnement Ces réformes ont besoin d'une UMP rassemblée. Elle le sera.
Q - Si vous gagnez des régions et des départements, résisterez-vous à la tentation d'affirmer qu'il s'agit d'une victoire nationale de l'UMP ?
R - Je ne tomberai pas dans ce piège-là car je suis trop attaché au fait régional pour voler nationalement les victoires à ceux qui les ont gagnées régionalement. Ce que je dis maintenant, je le dirai après : ce ne sont pas des élections de mi-quinquennat comme le sont les élections américaines. Comme le dit Christian Poncelet, cela ne signifie pas que les cantonales et les régionales sont des élections secondaires. Leur enjeu territorial est majeur. Je souhaite donc que la participation électorale soit la plus forte possible. Dans le nouveau rythme du quinquennat les élections locales sont une étape pas une échéance.
(source http://www.dialogue-initiative.com, le 4 mars 2004)