Texte intégral
Q - Cet accord américano-européen sur la question iranienne signifie-t-il qu'il y a eu des concessions mutuelles ?
R - Cela veut surtout dire que la réunion de Bruxelles -lors de la visite du président Bush, le 22 février- a permis d'avancer sur ce dossier où, au départ, il y avait deux points de vue radicalement différents. La menace de sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU reste présente, tout le monde en est d'accord, mais ce qui est fait, c'est un geste tendant à convaincre le gouvernement iranien de revenir dans le jeu international, avec une aide au développement et à l'intégration économique, laquelle pourrait se manifester par l'acceptation de son entrée au sein de l'Organisation mondiale du commerce -OMC- et par d'autres mesures pour aider au développement énergétique de l'Iran. Nous donnons une chance à l'Iran. Si celui-ci ne joue pas le jeu et n'accepte pas cette offre en échange de son renoncement à une capacité d'enrichissement de l'uranium qui pourrait donner lieu à la fabrication d'une arme nucléaire, alors on en reviendra à la procédure pouvant déboucher sur des sanctions du Conseil de sécurité.
Q - Quelles sont les raisons qui ont incité les Américains à rejoindre l'approche européenne ?
R - Comme les Européens et les Russes, ils sont soucieux d'éviter une nouvelle source de prolifération nucléaire : c'est leur préoccupation majeure. Ensuite, je pense qu'ils cherchent sincèrement la meilleure solution. Enfin, je pense que les Européens ont pu leur expliquer l'opposition qui existe entre une partie de la population, notamment les jeunes, qui aspire à davantage de liberté, de démocratie et de développement économique, et des religieux extrêmement conservateurs qui essaient de refermer l'Iran par rapport au progrès.
Q - Les Iraniens estiment que le Traité de non-prolifération ne leur interdit pas de procéder à des activités d'enrichissement et les Russes tiennent à leur commerce nucléaire avec l'Iran. Tout ceci ne relativise-t-il pas la portée de cet accord ?
R - Tout dépend de qui s'exprime à ce sujet à Téhéran, mais les données du problème sont présentées très clairement aux Iraniens: à eux de prendre leurs responsabilités. Il est sûr que le geste des Américains pèse plus du côté des avantages offerts aux Iraniens en échange de leur renoncement -aux activités d'enrichissement-. Ce qui renforce les chances d'une solution négociée, qui est celle du bon sens et de l'apaisement des relations internationales. Quant à la Russie, elle a, elle aussi, fait des gestes importants en ce qui concerne le contrôle de sa coopération avec Téhéran. Lorsqu'elle se dit prête à fournir du combustible nucléaire à l'Iran, tout en insistant pour le récupérer, c'est un signe extrêmement fort.
Propos recueillis par Laurent Zecchini
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 mars 20005)
R - Cela veut surtout dire que la réunion de Bruxelles -lors de la visite du président Bush, le 22 février- a permis d'avancer sur ce dossier où, au départ, il y avait deux points de vue radicalement différents. La menace de sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU reste présente, tout le monde en est d'accord, mais ce qui est fait, c'est un geste tendant à convaincre le gouvernement iranien de revenir dans le jeu international, avec une aide au développement et à l'intégration économique, laquelle pourrait se manifester par l'acceptation de son entrée au sein de l'Organisation mondiale du commerce -OMC- et par d'autres mesures pour aider au développement énergétique de l'Iran. Nous donnons une chance à l'Iran. Si celui-ci ne joue pas le jeu et n'accepte pas cette offre en échange de son renoncement à une capacité d'enrichissement de l'uranium qui pourrait donner lieu à la fabrication d'une arme nucléaire, alors on en reviendra à la procédure pouvant déboucher sur des sanctions du Conseil de sécurité.
Q - Quelles sont les raisons qui ont incité les Américains à rejoindre l'approche européenne ?
R - Comme les Européens et les Russes, ils sont soucieux d'éviter une nouvelle source de prolifération nucléaire : c'est leur préoccupation majeure. Ensuite, je pense qu'ils cherchent sincèrement la meilleure solution. Enfin, je pense que les Européens ont pu leur expliquer l'opposition qui existe entre une partie de la population, notamment les jeunes, qui aspire à davantage de liberté, de démocratie et de développement économique, et des religieux extrêmement conservateurs qui essaient de refermer l'Iran par rapport au progrès.
Q - Les Iraniens estiment que le Traité de non-prolifération ne leur interdit pas de procéder à des activités d'enrichissement et les Russes tiennent à leur commerce nucléaire avec l'Iran. Tout ceci ne relativise-t-il pas la portée de cet accord ?
R - Tout dépend de qui s'exprime à ce sujet à Téhéran, mais les données du problème sont présentées très clairement aux Iraniens: à eux de prendre leurs responsabilités. Il est sûr que le geste des Américains pèse plus du côté des avantages offerts aux Iraniens en échange de leur renoncement -aux activités d'enrichissement-. Ce qui renforce les chances d'une solution négociée, qui est celle du bon sens et de l'apaisement des relations internationales. Quant à la Russie, elle a, elle aussi, fait des gestes importants en ce qui concerne le contrôle de sa coopération avec Téhéran. Lorsqu'elle se dit prête à fournir du combustible nucléaire à l'Iran, tout en insistant pour le récupérer, c'est un signe extrêmement fort.
Propos recueillis par Laurent Zecchini
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 mars 20005)