Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, Ministre des solidarités, de la santé et de la famille, sur les études menées dans le cadre de la recherche sur le sommeil, Paris le 23 mars 2005.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "Dormir et vivre, remettre les pendules à l'heure" à l'espace santé de la Maison de Solenn, hôpital Cochin, Paris le 23 mars 2005

Texte intégral

Madame la Présidente, Chère Bernadette Chirac,
Madame la Directrice générale de l'AP-HP,
Monsieur le Président de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie de Paris,
Chers confrères,
Mesdames et Messieurs,
Je suis tout particulièrement heureux de visiter avec vous cette exposition sur le sommeil à l'espace santé de la Maison de Solenn, seulement quelques mois après son inauguration.
Vous aviez souhaité, Madame la Présidente, privilégier l'ouverture de la Maison de Solenn sur l'extérieur, afin de permettre aux adolescents et à leur famille de venir sans contrainte s'informer, se confier et quelquefois pouvoir être orienté vers une équipe soignante attentive. Vous avez voulu supprimer au maximum les obstacles au dialogue, à leur écoute et à la prise en compte de leurs souffrances, petites ou grandes.
Cet espace santé, privilégié aussi dans le choix architectural, est une réponse, comme nous pouvons aujourd'hui le constater, à une priorité nationale de santé publique. Je veux parler de la santé de l'adolescent. Si cette période de la vie est le moment où l'on consulte naturellement le moins, c'est aussi un temps où les interrogations sur soi se bousculent, et où l'expression de la souffrance, tant physique que psychologique, est particulièrement difficile à identifier.
Les difficultés de l'adolescence s'associent aussi bien aux problèmes scolaires, au surpoids, à la sous-nutrition, à la dérégulation des rythmes du sommeil, ou encore à l'entrée dans la sexualité sur un fond de sur-médiatisation et de sous-information.
La Maison de Solenn répond à cette exigence de qualité d'information, complément naturel de la prise en charge médicale, médico-sociale et de recherche. Chacune de ces activités constitue l'architecture du projet médical de cet ensemble.
Vous avez choisi aujourd'hui d'aborder un enjeu de santé publique aussi méconnu qu'essentiel. Ces effets sur la santé sont multiples, tant sur le plan individuel que collectif : un Français sur cinq souffre d'insomnie chronique et 10 % d'entre eux sont atteints d'une forme sévère d'insomnie. L'insomnie nous concerne tous. Chacun de nous sait bien que le manque de sommeil est préjudiciable, en particulier au développement de l'adolescent.
A l'aide de schémas simples et attractifs, d'explications précises et étayées, les interactions liées aux troubles du sommeil sont expliquées tout au long de cette exposition, avec une approche pédagogique particulièrement intéressante. La physiologie du sommeil y est abordée, tout comme le processus de croissance et d'apprentissage, les répercussions de l'insomnie sur l'alimentation, sur l'humeur ou sur la violence sociale, ou encore les modifications des rythmes du sommeil Vous n'avez pas non plus oublié l'importance du repos lors de la conduite automobile, si essentielle lorsque l'on sait qu'un accident de la route sur trois est dû au manque de sommeil.
En réalité, la plupart d'entre nous méconnaissent la physiologie du sommeil et ne mesurent pas toujours les conséquences de ses troubles, même lorsqu'ils appartiennent au corps médical. Oui, nous sous-estimons trop les problèmes liés au sommeil, ce qui nuit à la qualité de leur prise en charge ! L'insomnie est trop souvent traitée symptomatiquement par des hypnotiques ou des anti-dépresseurs. Notre pays est parmi les plus gros consommateurs de ces substances. C'est pourquoi j'ai demandé à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, l'AFSSAPS, d'étudier les possibilités d'encadrer et de restreindre la prescription et l'usage de ces médicaments chez l'enfant et l'adolescent. J'ai chargé un collège d'experts de me remettre des conclusions et je prendrai rapidement toutes les mesures qui s'avèreront nécessaires.
Je souhaite également renforcer les connaissances épidémiologiques et promouvoir la recherche clinique sur le sommeil, afin d'améliorer les pratiques médicales dans ce domaine.
La Maison de Solenn se prête tout naturellement au développement de ces connaissances ; je sais que vous avez déjà établi un partenariat avec l'unité INSERM et le département des politiques et des services de prévention de la Caisse d'Assurance Maladie de Paris, et je vous en félicite.
Je sais aussi qu'une étude sur le sommeil des franciliens, réalisée en lien avec le service d'exploration du sommeil de l'Hôtel-Dieu, devrait prochainement être publiée. Je me réjouis que d'autres travaux sur la chronobiologie chez l'adolescent soient en cours de réalisation dans cette maison. La recherche dans le domaine du sommeil est très prometteuse et doit être amplifiée. Elle aura - je l'espère - les retombées thérapeutiques qu'elle mérite.
C'est à partir d'études de ce type, effectuées tant chez l'adolescent que chez l'adulte, que nous pourrons développer les traitements par luminothérapie afin de corriger le décalage des phases du sommeil, ou par orthèses de protrusions mandibulaires afin de prévenir l'apnée du sommeil.
Le sommeil est au cur de nos vies, puisque nous passons un tiers de notre existence à dormir.
Mieux encore, il est source de vie. L'ignorer serait aujourd'hui une perte de chance tant pour les jeunes que pour leur avenir.
Cette exposition a vocation à se déplacer dans d'autres maisons des adolescents. C'est l'occasion pour moi de rappeler, comme je l'ai précisé lors de l'annonce du plan "Psychiatrie et Santé mentale" le 4 février dernier, mon souhait de poursuivre la mise en place de maisons des adolescents, comme celle-ci, en partenariat avec la Fondation Hôpitaux de Paris - Hôpitaux de France.
De nombreux projets seront étudiés, Chère Madame, en lien avec la Fondation que vous présidez, afin de mieux répondre à la souffrance de certains adolescents.
Je vous remercie.

(Source http://www.sante.gouv.fr, le 24 mars 2005)