Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la remise du prix du Trombinoscope à l'amiral Philippe de Gaulle pour son livre "de Gaulle, mon père", au Sénat le 3 février 2004.

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Circonstance : Remise des prix du Trombinoscope au Sénat, le 3 février 2004.

Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Mesdames et Messieurs,
Chère Arlette Chabot, c'est pour moi une joie et un honneur d'accueillir au Sénat, une fois encore, dans ces Salons de Boffrand, la douzième édition des Prix du Trombinoscope dont vous présidez le Jury.
La joie tout d'abord, Cher Jean-Marie Simon, que ce rendez-vous désormais traditionnel - toujours organisé avec maestria - soit l'occasion de retrouver des visages familiers auxquels me lie souvent une amitié affectueuse.
Et puis l'honneur des sénatrices et des sénateurs, dont je veux me faire l'interprète ce soir, que le Sénat, l'un des deux poumons de la démocratie française, soit le lieu naturel de l'hommage rendu aux acteurs de notre vie publique.
C'est un Sénat revivifié, un Sénat revigoré, un Sénat requinqué, en un mot, un Sénat qui a retrouvé toute sa place dans nos institutions qui vous accueille ce soir.
J'imagine que votre décision de créer cette année un prix distinct du " sénateur de l'année " ne doit de ce point de vue rien au hasard. Et sans trahir le secret de délibérations du jury déjà largement publiées par la presse, je serai donc le premier à féliciter ce soir notre collègue l'amiral Philippe de Gaulle dont le livre " de Gaulle mon père " a suscité l'enthousiasme du grand public avec déjà plus de 450.000 exemplaires diffusés.
Au risque de l'auto-congratulation -mais après tout ces Prix du Trombinoscope participent un peu de ce péché mignon de l'auto-satisfaction " microcosmienne ", vous ne m'en voudrez pas d'attribuer au Sénat qui s'est volontairement auto-réformé ces derniers mois un Trombinoscope d'honneur !
Cette autoréforme vient en quelque sorte parachever la politique délibérée d'ouverture sur le monde qui vit et bouge sans cesse, que j'ai voulue pour cette Maison de la République.
Ouverture sur le monde culturel avec la relance du Musée du Luxembourg où chaque exposition attire plusieurs centaines de milliers de visiteurs, et les expositions photographiques sur les grilles du Jardin du Sénat où les Unes de l'Express nous entraînent dans le tourbillon des cinquante dernières années d'histoire de l'humanité, avec ses moments de petits bonheurs et ses séquences plus douloureuses.
Ouverture sur le monde de l'entreprise, qui a d'ores et déjà accueilli 250 sénateurs en stage. Ouverture sur l'économie avec la Semaine de l'Entrepreneur, Tremplin Entreprises et le Club Sénat Point fr.
Ouverture sur le monde judiciaire, à destination duquel nous avons créé en 2003 une formule de stage, d'emblée couronnée de succès, avec 50 sénateurs s'étant mis à l'écoute d'une autorité qui peine -semble-t-il- à panser ses plaies et à refermer dans la sérénité la parenthèse grise de la mise en uvre des nouvelles lois sur le financement des partis dans notre pays.
Il ne m'appartient évidemment pas de commenter une décision de justice, aussi cruelle soit-elle.
Qu'il me soit simplement permis de dire publiquement toute l'affection et le respect que je porte à Alain Juppé, dont chacun loue l'honnêteté personnelle et les qualités, si rares en ces temps de crise du politique, d'homme d'Etat.
Pour terminer je voudrais dire à cette promotion 2003 des Prix du Trombinoscope que, par-delà les légitimes différences de sensibilité politique, nous avons tous en commun le service de notre belle République.
De ce point de vue, il m'apparaît essentiel que les femmes et les hommes de bonne volonté s'assignent comme objectif de réinventer la République, de restituer un sens à ses valeurs et de redonner corps et âme, dans un contexte nouveau, à la trilogie fondatrice et unificatrice de sa devise.
Cette République, que nous voulons réinventer, doit être conçue et vécue non pas comme une fédération de communautés mais comme une communauté de citoyens.
Dans cette perspective, il était temps, sans pour autant rouvrir une boite de Pandore, rallumer la guerre des deux France ou ranimer la querelle scolaire, il était temps de donner, par une refondation du principe de laïcité, un coup d'arrêt à la dérive communautariste et au repli identitaire, exacerbés par les intégrismes religieux.
Principe fondamental, à tous les sens du terme, la laïcité, qui sépare l'espace public de la sphère privée, est, en effet, l'un des piliers essentiels de la citoyenneté, du vouloir vivre ensemble et donc du pacte républicain.
Je vous remercie de votre attention

(source http://www.senat.fr, le 2 mars 2004)

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