Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, accordée aux radios françaises le 4 février 2000, sur l'attitude adoptée par la France face au nouveau gouvernement autrichien et sur la situation de l'Autriche par rapport à l'Union européenne.

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Q - Le président Chirac fait notamment savoir que l'idéologie au pouvoir à Vienne est à l'opposé des principes de notre démocratie. La réaction d'Hubert Védrine, interrogé à Moscou par François Clémenceau.
R - Nous regrettons et nous déplorons que les responsables autrichiens n'aient pas entendu les avertissements et les mises en garde solennelles qui leur avaient été adressées par les 14 autres membres de l'Union européenne. Donc comme nous l'avions annoncé, nous allons suspendre les rencontres officielles bilatérales au niveau politique. D'autre part, nous nous abstiendrons de soutenir des candidats autrichiens dans les organisations internationales, cela veut dire que nous allons geler en pratique, au plus bas niveau possible, toutes nos relations politiques bilatérales avec l'Autriche puisqu'elle a persévéré dans cette voie dont nous pensons que c'est une profonde erreur.
Q - Et qu'est-ce qui va se passer maintenant aussi au niveau européen à Bruxelles ? Est-ce qu'il y a main tendue, un boycott notamment avec les ministres autrichiens d'extrême-droite ?
R - Les institutions européennes doivent continuer à fonctionner parce qu'il n'est pas question de les laisser mettre en péril, uniquement en raison de cette situation, l'Europe, qui pourrait aussi montrer sa force globalement, c'est-à-dire sa capacité à continuer à être ce qu'elle est et à travailler, et à avancer dans ses projets et dans ses programmes. La situation de l'Autriche par rapport à l'Union européenne, en terme juridique est qu'elle est membre de l'Union sauf si elle transgresse les valeurs fondamentales de l'Union européenne, de démocratie et de respects des Droits de l'Homme, tel que c'est rappelé notamment dans l'article 6 du traité en cas de violation persistante et grave, cette procédure peut aboutir à une suspension de droits de vote. Mais il peut y avoir une façon d'être présent dans des réunions communautaires qui continuent à montrer même dans les comportements individuels la distance et la réprobation.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 février 2000)